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Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Cours : Etat et Société

Introduction : expérience de pensée politique 

https://www.afterclasse.fr/fiche/67/la-societe-et-l-etat/plan

Les questions : que vous vous êtes peut-être posés quand vous avez travaillé sur votre société :

Les hommes ont-ils besoin d’être gouvernés ?  corrigé 1 / corrigé 2 

Si oui pourquoi ?

Si non pourquoi ?

À quoi sert en priorité l’Etat ?

Qu’est-ce que fonde, légitime l’autorité ?

Pour quelles raisons s’associer ?

tout pouvoir est-il une usurpation ? faut-il le limiter ?

Faut-il choisir entre liberté et sécurité ?

aller voir le corrigé intégral du sujet : La politique est-elle l’affaire de tous ?

Pour la rentrée vous ferez le sujet suivant : la loi est-elle une garantie contre l’injustice ?

Les conditions du « pouvoir de », moyen d’agir sur le monde qui nous entoure

Quand on parle de pouvoir, on peut distinguer les expressions qui signifient « le pouvoir de » de celles qui visent « le pouvoir sur ». Les premières désignent le pouvoir qui ne s’exerce pas sur les personnes, pas directement du moins. Il peut prendre deux formes :
– « le pouvoir de » comme capacité (en fait) de faire, de créer, d’agir. C’est la volonté qui est ici mise en avant comme faculté d’atteindre un but, d’élaborer une stratégie pour réaliser quelque chose. Ce sens peut désigner tout autant la possibilité logique, la capacité technique, physique que le fait de ne pas craindre les conséquences (si on est paralysé par la peur, on est dans l’impossibili- té). Ce sens du pouvoir est susceptible de degrés : on peut avoir plus ou moins de capacité à faire quelque chose.

-« le pouvoir de » comme avoir le droit de; être autorisé (en droit), avoir la permission. Ce sens pose donc la question des lois ou des règles et de ceux qui les font appliquer. Il n’est pas susceptible de degrés. Le droit, on l’a ou on ne l’a pas.

Il y a donc un ensemble de conditions pour avoir le pouvoir, c’est-à-dire avoir la possibilité de faire quelque chose.

« Connais toi toi-même » disait Socrate. Si je sais ce que je peux et sais faire, quand et comment le faire, je pourrai davantage agir sur mon environnement. Être capable d’anticiper les conséquences, de mesurer les risques de mes actions, me permet de devenir responsable et d’agir en connaissance de cause. C’est le libre-arbitre, la capacité de décider réellement par moi-même. Enfin m’interro- ger sur les fins que je poursuis à travers mes actions, m’amène à questionner mes valeurs, ce qui compte pour moi. Il est donc aussi intéressant de se demander quel(s) pouvoir(s) on aimerait avoir et dans quel but, toujours dans l’optique d’une plus grande connaissance de soi.

On a vu dans un premier temps qu’il ne suffisait pas de pouvoir (en fait) pour pouvoir (en droit). Les femmes en France au début du 20è siècle, par exemple, pouvait techniquement voter mais pas juridiquement. Pour pouvoir faire quelque chose, il faut donc certes en avoir la capacité mais aussi que mon action soit permise par la loi. Or cette loi, qui la décide ? Celui qui détient l’autorité ? Le chef ?

Et si tout le monde a la capacité de faire quelque chose et le désire, on risque de se heurter au pouvoir des autres voire de laisser à celui qui a le plus de pouvoir (de force ou de charisme par exemple) la possibilité d’imposer son pouvoir sur les autres.

Origine et fondement du « pouvoir sur » (politique)

Avoir le « pouvoir sur » un ou des individus c’est lorsqu’une personne exige, ordonne, demande et qu’une autre se soumette, obéisse, accepte quelqu’en soit les raisons ou les moyens. Le « pouvoir sur » peut donc se définir comme la faculté d’exercer sur un homme ou un groupe d’individus une domination telle qu’on obtienne de lui/d’eux des actes, un comportement qu’il(s) n’aurai(en)t pas adopter spontanément. Car ce que le pouvoir a d’énigmatique, c’est qu’il ne peut fonctionner sans une certaine volonté des « dominés » à obéir. La force (pouvoir de) peut être un moyen du pouvoir mais ne saurait être tenue comme le fondement et l’origine du pouvoir. En effet, comme l’a montré Rousseau dans Le contrat social LI, §3, « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. ». Il faut ainsi distinguer puissance et pouvoir. L’essence du pouvoir est à chercher dans la nécessité pour les hommes de gérer la cité et ce par un ensemble de règles qui aménage et organise le vivre-ensemble. Le pouvoir devient donc la puissance autorisée à légiférer et à prendre des décisions. Se pose alors la question du fondement de la légitimité de cette autorité : la tradition ? Une personne charismatique ? La légiti- mité du système (démocratie) ? Enfin, le « pouvoir sur » est lui aussi pluriels : le pouvoir des parents sur leurs enfants, des enseignants sur leurs élèves, du médecin sur ses patients, sur soi … Comment s’exerce-t-il ?

Utilisation du pouvoir et rapport avec la morale

« C’est moi le chef ! » Nombreuses sont les situations où l’enfant teste son pouvoir sur son en- tourage, cherche à l’imposer et pas toujours pour de bonnes raisons. Lorsque l’on prend conscience que son « pouvoir de » peut devenir un « pouvoir sur », il est tentant de l’utiliser dans son propre intérêt.

Ce phénomène se retrouve au sein du pouvoir politique. Une distinction intéressante pour éclairer la question est celle entre pouvoir et autorité. Celui qui a une autorité naturelle sur les autres a d’em- blée le pouvoir. L’inverse n’est pas forcément vrai. Mais quelqu’un qui a de l’autorité est-il nécessairement un bon chef ? Tout dépend du bien commun qui est visé. C’est pourquoi le pouvoir poli- tique doit se prémunir contre des dérives autoritaires. S’interroger sur le pouvoir, c’est donc recher- cher le meilleur pouvoir, le plus juste et le plus efficace; c’est réfléchir aux exigences ou aux con- ditions auxquelles devrait satisfaire celui qui détient et représente le pouvoir politique.

On peut penser à ce titre aux propos de Montesquieu dans De l’esprit des lois, IX, VI, « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites […], il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »

Mais comment bien gouverner ? Qu’est-ce qu’un bon chef ? Il n’est pas toujours aisé de déterminer

selon quel principe il faudrait gouverner étant donné la contingence des affaires humaines (fluctuations économiques, imprévus climatiques, guerres, épidémies, conflits sociaux…) ? La politique est,

en effet, selon Carl Schmitt, le régime permanent de l’exception. C’est ce que Machiavel nomme la fortune dans le Prince. On peut néanmoins s’assurer d’un droit de regard sur les décisions qui sont prises par ceux qui nous gouvernent car ces derniers ne possèdent pas le pouvoir mais le reçoivent de tous par délégation. Chacun consent à transférer son pouvoir naturel, son autorité dans les mains d’un représentant qui va être son porte-parole, sa procuration. Dès lors que ce contrat n’est pas respecté, il y a usurpation. Le pouvoir de (parler, décider, représenter) se transforme en pouvoir sur les hommes. Si la charge politique mute en récompense ou position avantageuse et que les compétences prétendues ne servent pas l’intérêt général alors le pouvoir politique n’est pas légitime et tous peuvent le contester. Cette contestation n’est pas systématique car beaucoup préfèrent ne pas avoir à décider par eux-mêmes. « Il est si aisé d’être mineur » disait Kant dans Qu’est-ce que 5les Lumières . C’est ce qui confère son sens et sa force au devoir de désobéissance théorisé par Thoreau dans son essai sur Le devoir de Désobéissance Civile, comme le refus de se soumettre à une loi jugée inique par ceux qui la contestent

Le tyran affirmait « Je suis le maître, je peux tout. ». Epictete lui répondait « Tu n’as aucun pouvoir sur moi » (Entretiens, Livre I, 52) : joli résumé des différents sens du pouvoir.
Le stoïcisme est une philosophie qui se construit autour de la notion de pouvoir, notamment par cette distinction fondamentale entre ce qui dépend de nous (l’usage de nos représentations, la pen- sée) et ce qui ne dépend pas de nous (tout le reste, notre corps, les autres, la mort…) qui permet d’une part d’affirmer de manière radicale la liberté de penser et d’autre part de rendre possible le bonheur face aux facticités de l’existence humaine. Ce qui trouble les hommes et les empêchent d’être heureux est le fait qu’ils désirent ce qu’ils ne peuvent changer et regrettent ce qu’ils ne peu- vent plus changer. Ainsi il y a déséquilibre entre désir, pouvoir et réalité. Il faut pour un stoï- cien proportionner ses désirs à son pouvoir, pouvoir qui se résume par la capacité de changer ses représentations et la valeur que l’on accorde aux choses. Le stoïcisme est donc cette prise de con- science d’une part que désirer l’impossible entraine la déception ou la frustration mais d’autre part que ceci n’est pas une raison pour être fataliste et accepter la soumission des hommes. Le pouvoir est donc avant tout le pouvoir sur soi, de s’affirmer et de défendre ses valeurs.

Or obéir à une loi que l’on juge inique n’est pas obéir, c’est se soumettre, c’est nier ses propres va- leurs. Ainsi le premier pouvoir, le plus important à développer, c’est celui de délibérer, condition du sens critique. Si obéissance et soumission sont deux choses différentes, c’est qu’il peut y avoir parfois de bonnes raisons de désobéir. Cette idée est déjà présente chez Saint Augustin lorsqu’il af- firmait :

« Oserons-nous dire que ces lois sont injustes, ou plutôt qu’elles ne sont pas des lois? Car à mon avis, une loi injuste n’est pas une loi. » Saint Augustin, Traité du Libre Arbitre, chapitre V

Face à l’arbitraire et le caractère oppressif de certains pouvoirs, il faut savoir sortir de son inertie, sa léthargie intellectuelle pour exercer son pouvoir de penser et de s’exprimer.

Demeure la question des moyens. Comment exprimer sa révolte ? Son désaccord ? Faut-il répondre à la force par la force au risque de se rendre coupable de ce que l’on condamne ?…

 

une autre question de fond à se poser à toute interrogation politique est :

l’homme est-il naturellement sociable ?

1-première hypothèse :

Si c’est dans sa nature de vivre ensemble, de rechercher la compagnie d’autrui, il réalisera son essence d’homme dans la société dont le politique est l’organisation.

Ainsi, les hommes, les individus sont redevables, sont « les obligés » de la société puisqu’ils lui doivent tout (leur essence !!). Pour toute question politique, on partira du tout, de la société mais pas de l’individu. Ainsi par exemple, Platon s’interroge dans La République, sur la Cité juste sans jamais se poser la question des droits des individus. L’injustice est un déséquilibre, une maladie interne. Par analogie, un homme sera injuste comme une Cité : la raison ne contrôle plus le désir et la fougue (force d’action) (attelage cocher deux chevaux Le Phèdre ). Ainsi pour Platon, le but de la punition c’est la guérison.

Une Cité sera juste si elle a à sa tête la raison, c’est-à-dire, le philosophe, une classe de gardiens (le coeur) et une classe productrice (artisans, paysans), chacun occupant la place que sa nature lui a destinée. Ceci n’est pas sans rappeler les dérives totalitaires du 20è siècle, ou des dystopies comme Le meilleur des monde d’Huxley.

Aristote, toujours dans une perspective holiste, fait la genèse, la généalogie de la Cité dans les Politiques. Il considère que « l’homme est un animal politique », c’est-à-dire que c’est dans sa nature, dans son essence de vivre avec ses congénères dans une société organisée.  En dehors de la Cité, il est « soit une brute soit un dieu » autrement dit il n’est pas un homme. Ainsi il décrit un processus passant de la famille au village à la Cité correspondant à la satisfaction toujours plus importante des besoins et leur complexification (survivre, vivre, bien vivre ). La Cité est le stade ultime : l’homme peut se consacrer à des activités proprement humaines libéré des tâches uniquement serviles (en partie grâce à l’esclavage). Il y a des dominés (faits pour) et des dominants (faits pour). La Cité est la fin chronologique du processus mais aussi la fin logique ( le but, la cause finale, ce qui était déjà en germe  dès le départ). L’homme ne réalise son essence que dans la Cité (polis en grec) ainsi il lui doit tout et ne vit pas cela comme une contrainte. D’ailleurs Aristote, en penseur finaliste, explique cela par la présence en l’homme de la parole : les hommes ont été dotés de la parole pour pouvoir échanger sur le juste et l’injuste et l’utile et le nuisible. CF. le mythe de Prométhée : justice et pudeur en plus du feu et de la connaissance des arts.

Pour la théorie de Machiavel, je vous renvoie au cours sur la morale.

Hobbes est un grand théoricien politique. Il présente un individualisme politique = l’individu est premier, la société seconde. L’homme est homme avant, indépendamment de sa place dans la société. La société n’existerait pas sans lui, ainsi elle lui doit protection, sécurité, assurance. Rousseau s’opposera à Hobbes car il considère qu’on ne peut sacrifier sa liberté contre la sécurité et donc s’oppose à un pouvoir absolu, arbitraire, au dessus des lois.he vous renvoie au cours sur la liberté et la vidéo.

Kant et Schopenhauer s’intéresseront à la sociabilité de l’homme. Kant ne considère pas comme Hobbes que l’homme vit comme une contrainte sa mise en société et qu’il est seulement égoïste et calculateur. Il reconnait sa part d’insociabilité mais aussi le plaisir qu’il a à côtoyer d’autres hommes pour développer ses facultés (pensée, dialogue..). Il met donc en évidence son « insociable sociabilité ». L’homme aime la compagnie des hommes mais ne la supporte pas !! paradoxe qui pour Kant est le moteur de l’histoire et est à l’origine des progrès de l’humanité. En effet, qu’est-ce qui pousse les hommes naturellement paresseux à se dépasser, à améliorer, progresser…? Non la vertu du travail, le gout de l’effort ! mais les vices, la cupidité, la jalousie, l’avarice… En vérité, l’homme cherche non pas être meilleur, mais meilleur qu’autrui. Ainsi le désir est encore une fois désir mimétique.

Schopenhauer soutient une thèse similaire en comparant les hommes à des porcs épics qui aiment la chaleur des autres pour se tenir chaud l’hiver mais ne supportent pas la proximité et le vivre-ensemble (ils se piquent avec leurs épines). Sans doute alors est-il question de juste milieu, bonne distance pour vivre ensemble…

Max Weber, en sociologue, s’interroge sur les croyances qui font considérer comme légitimes un régime politique, ou un chef d’Etat. Il en dégage trois principales :

-la tradition : « hérédité », ancêtres…

-le charisme : chef de guerre, héros…

-la justice du système : ex la démocratie

Il dit en outre que « l’Etat a le monopole de la violence légitime » : non qu’il justifie l’usage de la violence par l’Etat (il ne fait pas son Machiavel) mais plutôt que ce qui différencie une association, un groupe (ex: mafia) de l’Etat c’est la croyance des individus en la légitimité de cet usage et surtout la puissance que doit avoir cette force = l’Etat doit avoir la capacité de faire usage de sa force et protéger son peuple, il doit faire montre de sa puissance.

Enfin pour Stirner, un anarchiste, dans L’unique et sa propriété, « Tout Etat est par nature despotique ». Il justifie cela en disant que on peut très bien changer d’avis après le vote et devoir garder ce chef. Or ici ce qu’il reproche à l’Etat ne tient qu’à la faiblesse de sa propre volonté, de son incapacité à s’engager, choisir et s’y tenir (cf homme perdu dans la forêt Descartes). Néanmoins, ce qui est intéressant dans la théorie anarchiste, c’est non pas une glorification du chaos, du désordre (ce que l’on a trop tendance à croire) mais un éloge de l’autonomie, c’est-à-dire la capacité de l’homme à être raisonnable sans avoir besoin de lois (sans foi, ni loi/ ni dieu ni maitre). Ainsi non pas l’absence de lois mais la capacité de s’en donner et de les suivre.

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