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Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Ce que parler veut dire – Bourdieu

Déjà Ovide, exilé sur les bords de la mer Noire, déplorait qu’incapable de se faire comprendre, il se sentait comme un barbare, un étranger de genre humain, n’ayant pour seule langue qu’un bafouillage inarticulé, chant d’oiseau qu’on méprise pour sa mauvaise élocution. Les barbarismes renvoient à l’étymologie du mot barbare qui évoque d’abord celui qui ne parle grec mais tout au plus crie. La parole semble donc, à l’image de l’épisode de la Tour de Babel, être un facteur de division, bien plus qu’un moyen de rapprocher les hommes.

Mais ce phénomène ne concerne pas seulement des langues différentes mais est présent également au sein d’une même langue.

En effet,« Nous pensons un univers que notre langue a d’abord modelé » Benveniste  Or la langue n’est pas neutre. Par exemple, certaines langues d’Afrique ne distinguent pas l’arc en ciel le meme nombre de couleurs que le français. Le lexique l’ensemble des mots découpe arbitrairement le réel.

On distinguait jusqu’à la Révolution trois ordres : la noblesse le clergé et le tiers état  dans lequel se rassemblaient pile mêle les exclus de la vie politique, depuis le serf le plus misérable jusqu’au négociant le plus puissant. Les découpages langagiers arbitraires peuvent aussi être partisans.  

Les valorisations qu’effectuent les mots sont encore plus nettement sociales : les mêmes personnes seront nommés « résistants » ou « terroristes » selon le point de vue. Plus radicalement, nos valeurs n’étaient peut être  à l’origine que des noms de groupes sociaux : La « liberté » était à Athènes un statut social, opposé à l’esclavage; Nietzsche découvre que dans la plupart des langues européennes, les équivalents du mot « bon » signifiaient à l’origine « noble ». Nietzsche Généalogie de la morale I p6

langue reflet de vision du monde, rapports de forces socio économiques

Il est possible et nécessaire de changer les valorisations et le contenu de certains maitres mots qui doivent cesser d’être des mots de maitres. Les féministes par exemple, ont su créer un rapport de forces où le mot « femme » a pu être extirpé d’expressions traditionnelles phallocrates (« intuition féminine, instinct maternel, éternel feminin, coquetterie féminine) pour être parce dans expressions neuves qui lui donnent une valorisation positive : « condition des femmes, libération de la femme, féminisme. cette valorisation contextuelle nouvelle pèse à son tour dans le rapport des forces idéologique et social.

On pourrait donc voir à la limite dans le langage notre manière de part en part sociale de nous représenter le réel : l’homme est-il par nature capable de parole ou devient-il humain en apprenant, avec la parole, ce que la société juge désirable et indésirable ? 

 

A l’occasion de la publication de « Ce que parler veut dire« ,
in Libération, 19 octobre 1982, p. 28.

http://adonnart.free.fr/doc/parler.htm

« Le discours quel qu’il soit, est le produit de la rencontre entre un habitus linguistique, c’est-à-dire une compétence inséparablement technique et sociale (à la fois la capacité de parler et la capacité de parler d’une certaine manière, socialement marquée) et d’un marché, c’est-à-dire le système de « règles » de formation des prix qui vont contribuer à orienter par avance la production linguistique. Cela vaut pour le bavardage avec des amis, pour le discours soutenu des occasions officielles, ou pour l’écriture philosophique comme j’ai essayé de le montrer à propos de Heidegger. Or, tous ces rapports de communication sont aussi des rapports de pouvoir (1) et il y a toujours eu, sur le marché linguistique, des monopoles, qu’il s’agisse de langues secrètes en passant par les langues savantes. »…

(thèse sous-jacente) : servitude volontaire, inconsciente « complicité subie » »Le pouvoir symbolique est un pouvoir qui est en mesure de se faire reconnaître, d’obtenir la reconnaissance ; c’est-à-dire un pouvoir (économique, politique, culturel ou autre) qui a le pouvoir de se faire méconnaître dans sa vérité de pouvoir, de violence et d’arbitraire. »…

LIBÉRATION. – Vous considérez donc que le langage devrait être au centre de toute analyse politique ?
P.B. – Là encore, il faut se garder des alternatives ordinaires. Ou bien on parle du langage comme s’il n’avait d’autres fonction que de communiquer ; ou bien on se met à chercher dans les mots, le principe du pouvoir qui s’exerce, en certains cas, à travers eux (je pense par exemple aux ordres ou aux mots d’ordres). En fait les mots exercent un pouvoir typiquement magique : ils font croire, ils font agir. Mais, comme dans le cas de la magie, il faut se demander où réside le principe de cette action ; ou plus exactement quelles sont les conditions sociales qui rendent possible l’efficacité magique des mots. Le pouvoir des mots ne s’exerce que sur ceux qui ont été disposés à les entendre et à les écouter, bref à les croire. En béarnais, obéir se dit crede, qui veut dire aussi croire. C’est toute la prime éducation – au sens large – qui dépose en chacun les ressorts que les mots (une bulle du pape, un mot d’ordre du parti, un propos de psychanalyste, etc.) pourront, un jour ou l’autre, déclencher. Le principe du pouvoir des mots réside dans la complicité qui s’établit, au travers des mots, entre un corps social incarné dans un corps biologique, celui du porte-parole, et des corps biologiques socialement façonnés à reconnaître ses ordres, mais aussi ses exhortations, ses insinuations ou ses injonctions, et qui sont les « sujets parlés », les fidèles, les croyants. C’est tout ce qu’évoque, si on y songe, la notion d’esprit de corps : formule sociologiquement fascinante, et terrifiante.

Si le travail politique est, pour l’essentiel, un travail sur les mots, c’est que les mots contribuent à faire le monde social. Il suffit de penser aux innombrables circonlocutions, périphrases ou euphémismes qui ont été inventés, tout au long de la guerre d’Algérie, dans le souci d’éviter d’accorder la reconnaissance qui est impliquée dans le fait d’appeler les choses par leur nom au lieu de les dénier par l’euphémisme. En politique, rien n’est plus réaliste que les querelles de mots. (2) Mettre un mot pour un autre, c’est changer la vision du monde social, et par là, contribuer à le transformer. Parler de la classe ouvrière, faire parler la classe ouvrière (en parlant pour elle), la représenter, c’est faire exister autrement, pour lui même et pour les autres, le groupe que les euphémismes de l’inconscient ordinaire annulent symboliquement (les « humbles », les « gens simples », « l’homme de la rue », « le français moyen », ou chez certains sociologues « les catégories modestes ». …

Les groupes (et en particulier les classes sociales) sont toujours, pour une part, des artefacts : ils sont le produit de la logique de la représentation qui permet à un individu biologique, ou un petit nombre d’individus biologiques, secrétaire général ou comité central, pape ou évêques, etc., de parler au nom de tout le groupe, de faire parler et marcher le groupe « comme un seul homme », de faire croire – et d’abord au groupe qu’ils représentent – que le groupe existe. Groupe fait homme, le porte-parole incarne une personne fictive, cette sorte de corps mystique qu’est un groupe ; il arrache les membres du groupe à l’état de simple agrégat d’individus séparés, leur permettant d’agir et de parler d’une seule voix à travers lui. En contrepartie, il reçoit le droit d’agir et de parler au nom du groupe, de se prendre pour le groupe qu’il incarne (la France, le peuple…) de s’identifier à la fonction à laquelle il se donne corps et âme, donnant ainsi un corps biologique à un corps constitué. La logique de la politique est celle de la magie ou si l’on préfère, du fétichisme.

http://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1975_num_1_4_3417

 

4è de couverture de l’édition Fayard

« Le discours n’est pas seulement un message destiné à être déchiffré; c’est aussi un produit que nous livrons à l’appréciation des autres et dont la valeur se définira dans sa relation avec d’autres produits plus rares ou plus communs. L’effet du marché linguistique, qui se rappelle à la conscience dans la timidité ou dans le trac des prises de parole publiques, ne cesse pas de s’exercer jusque dans les échanges les plus ordinaires de l’existence quotidienne: témoins les changements de langue que, dans les situations de bilinguisme, sans même y penser, les locuteurs opèrent en fonction des caractéristiques sociales de leur interlocuteur; ou, plus simplement, les corrections que doivent faire subir à leur accent, dès qu’ils sont placés en situation officielle, ceux qui sont ou se sentent les plus éloignés de la langue légitime.

Instrument de communication, la langue est aussi signe extérieur de richesse et un instrument du pouvoir. Et la science sociale doit essayer de rendre raison de ce qui est bien, si l’on y songe, un fait de magie: on peut agir avec des mots, ordres ou mots d’ordre. La force qui agit à travers les mots est-elle dans les paroles ou dans les porte-parole? On se trouve ainsi affronté à ce que les scolastiques appelaient le mystère du ministère, miracle de la transsubstantiation qui investit la parole du porte-parole d’une force qu’elle tient du groupe même sur lequel elle l’exerce.

Ayant ainsi renouvelé la manière de penser le langage, on peut aborder le terrain par excellence du pouvoir symbolique, celui de la politique, lieu de la prévision comme prédiction prétendant à produire sa propre réalisation. Et comprendre, dans leur économie spécifique, les luttes les plus éloignées, en apparence, de toute rationalité économique, comme celles du régionalisme ou du nationalisme. Mais on peut aussi, à titre de vérification, porter au jour l’intention refoulée de textes philosophiques dont la rigueur apparente n’est souvent que la trace visible de la censure particulièrement rigoureuse du marché auquel ils se destinent.

P. B. »

Cet ouvrage examine la fonction sociale du langage et ses possibilités de violences symboliques, anticipant d’éventuels châtiments physiques ou contraintes dégradantes à terme. Aux défenseurs d’une esthétique littéraire, supposée communicable et porteuse de valeurs universelles, cette vision du langage oppose un usage de la parole moins pour dire quelque chose sur le monde que pour servir le prestige réel ou supposé du ou des locuteurs dominants. En ressortent des effets de surenchère, de bourse des valeurs des mots où la notion de sens se perd et où tout discours finit par se résumer à un échange de signes plus ou moins valorisants : la fonction principale du discours est alors de signifier l’importance de celui qui le tient dans le cadre d’un système hiérarchique convenu et ainsi renforcé.

 

Intervention au Congrès de l’AFEF, Limoges, 30 octobre 1977, parue dans Le français aujourd’hui, 41, mars 1978, pp. 4-20 et Supplément au n° 41, pp. 51-57. Repris dans Questions de sociologie, Les éditions de Minuit, 1980, pp 95- 112.

Le discours que nous produisons, selon le modèle que je propose, est une « résultante » de la compétence du locuteur et du marché sur lequel passe son discours; le discours dépend pour une part (qu’il faudrait apprécier plus rigoureusement) des conditions de réception.
Toute situation linguistique fonctionne donc comme un marché sur lequel le locuteur place ses produits et le produit qu’il produit pour ce marché dépend de l’anticipation qu’il a des prix que vont recevoir ses produits. Sur le marché scolaire, que nous le voulions ou non, nous arrivons avec une anticipation des profits et des sanctions que nous recevrons. Un des grands mystères que la socio-linguistique doit résoudre, c’est cette espèce de sens de l’acceptabilité. Nous n’apprenons jamais le langage sans apprendre, en même temps, les conditions d’acceptabilité de ce langage. C’est-à-dire qu’apprendre un langage, c’est apprendre en même temps que ce langage sera payant dans telle ou telle situation.
Nous apprenons inséparablement à parler et à évaluer par anticipation le prix que recevra notre langage; sur le marché scolaire —et en cela le marché scolaire offre une situation idéale à l’analyse— ce prix c’est la note, la note qui implique très souvent un prix matériel (si vous n’avez pas une bonne note à votre résumé de concours de Polytechnique, vous serez administrateur à l’INSEE et vous gagnerez trois fois moins…). Donc, toute situation linguistique fonctionne comme un marché dans lequel quelque chose s’échange. Ces choses sont bien sûr des mots, mais ces mots ne sont pas seulement faits pour être compris; le rapport de communication n’est pas un simple rapport de communication, c’est aussi un rapport économique où se joue la valeur de celui qui parle : a-t-il bien ou mal parlé ? Est-il brillant ou non ? Peut-on l’épouser ou non ?…(…)

Pour revenir à ce qui était le point de départ de cette digression : Qui définit l’acceptabilité ?
Le professeur est libre d’abdiquer son rôle de « maître à parler » qui, en produisant un certain type de situation linguistique ou en laissant faire la logique même des choses (l’estrade, la chaise, le micro, la distance, l’habitus des élèves) ou en laissant faire les lois qui produisent un certain type de discours, produit un certain type de langage, non seulement chez lui-même, mais chez ses interlocuteurs. Mais dans quelle mesure le professeur peut-il manipuler les lois de l’acceptabilité sans entrer dans des contradictions extraordinaires, aussi longtemps que les lois générales de l’acceptabilité ne sont pas changées ? C’est pourquoi l’expérience de l’oral est tout à fait passionnante. On ne peut pas toucher à cette chose si centrale et en même temps si évidente sans poser les questions les plus révolutionnaires sur le système d’enseignement : est-ce qu’on peut changer la langue dans le système scolaire sans changer toutes les lois qui définissent la valeur des produits linguistiques des différentes classes sur le marché ; sans changer les rapports de domination dans l’ordre linguistique, c’est-à-dire sans changer les rapports de domination ?

J’en viens à une analogie que j’hésite à formuler bien qu’elle me semble nécessaire : l’analogie entre la crise de l’enseignement du français et la crise de la liturgie religieuse. La liturgie est un langage ritualisé qui est entièrement codé (qu’il s’agisse des gestes ou des mots) et dont la séquence est entièrement prévisible. La liturgie en latin est la forme limite d’un langage qui, n’étant pas compris, mais étant autorisé, fonctionne néanmoins, sous certaines conditions, comme langage, à la satisfaction des émetteurs et des récepteurs. En situation de crise, ce langage cesse de fonctionner : il ne produit plus son effet principal qui est de faire croire, de faire respecter, de faire admettre —de se faire admettre même si on ne le comprend pas.
La question que pose la crise de la liturgie, de ce langage qui ne fonctionne plus, qu’on n’entend plus, auquel on ne croit plus, c’est la question du rapport entre le langage et l’institution. Quand un langage est en crise et que la question de savoir quel langage parler se pose, c’est que l’institution est en crise et que se pose la question de l’autorité délégante —de l’autorité qui dit comment parler et qui donne autorité et autorisation pour parler.

Un des effets de la crise est de porter l’interrogation sur les conditions tacites, sur les présupposés du fonctionnement du système. On peut, lorsque la crise porte au jour un certain nombre de présupposés, poser la question systématique des présupposés et se demander ce que doit être une situation linguistique scolaire pour que les problèmes qui se posent en situation de crise ne se posent pas, La linguistique la plus avancée rejoint actuellement la sociologie sur ce point que l’objet premier de la recherche sur le langage est l’explicitation des présupposés de la communication. L’essentiel de ce qui se passe dans la communication n’est pas dans la communication : par exemple, l’essentiel de ce qui se passe dans une communication comme la communication pédagogique est dans les conditions sociales de possibilité de la communication. Dans le cas de la religion, pour que la liturgie romaine fonctionne, il faut que soit produit un certain type d’émetteurs et un certain type de récepteurs. Il faut que les récepteurs soient prédisposés à reconnaître l’autorité des émetteurs, que les émetteurs ne parlent pas à leur compte, mais parient toujours en délégués, en prêtres mandatés et ne s’autorisent jamais à définir eux-mêmes ce qui est à dire et ce qui n’est pas à dire.
Il en va de même dans l’enseignement : pour que le discours professoral ordinaire, énoncé et reçu comme allant de soi, fonctionne, il faut un rapport autorité-croyance, un rapport entre un émetteur autorisé et un récepteur prêt à recevoir ce qui est dit, à croire que ce qui est dit mérite d’être dit. Il faut qu’un récepteur prêt à recevoir soit produit, et ce n’est pas la situation pédagogique qui le produit.

Pour récapituler de façon abstraite et rapide, la communication en situation d’autorité pédagogique suppose des émetteurs légitimes, des récepteurs légitimes, une situation légitime, un langage légitime.
Il faut un émetteur légitime, c’est-à-dire quelqu’un qui reconnaît les lois implicites du système et qui est, à ce titre, reconnu et coopté. Il faut des destinataires reconnus par l’émetteur comme dignes de recevoir, ce qui suppose que l’émetteur ait pouvoir d’élimination, qu’il puisse exclure « ceux qui ne devraient pas être là »; mais ce n’est pas tout : il faut des élèves qui soient prêts à reconnaître le professeur comme professeur, et des parents qui donnent une espèce de crédit, de chèque en blanc, au professeur. Il faut aussi qu’idéalement les récepteurs soient relativement homogènes linguistiquement (c’est-à-dire socialement), homogènes en connaissance de la langue et en reconnaissance de la langue, et que la structure du groupe ne fonctionne pas comme un système de censure capable d’interdire le langage qui doit être utilisé.

Dans certains groupes scolaires à dominante populaire, les enfants des classes populaires peuvent imposer la norme linguistique de leur milieu et déconsidérer ceux que Labov appelle les paumés et qui ont un langage pour les profs, le langage qui « fait bien », c’est- à-dire efféminé et un peu lécheur. Il peut donc arriver que la norme linguistique scolaire se heurte dans certaines structures sociales à une contre-norme (inversement, dans des structures à dominante bourgeoise, la censure du groupe des pairs s’exerce dans le même sens que la censure professorale : le langage qui n’est pas « châtié » est autocensuré et ne peut être produit en situation scolaire).

La situation légitime est quelque chose qui fait intervenir à la fois la structure du groupe et l’espace institutionnel à l’intérieur duquel ce groupe fonctionne. Par exemple, il y a tout l’ensemble des signes institutionnels d’importance, et notamment le langage d’importance (le langage d’importance a une rhétorique particulière dont la fonction est de dire combien ce qui est dit est important). Ce langage d’importance se tient d’autant mieux qu’on est en situation plus éminente, sur une estrade, dans un lieu consacré, etc. Parmi les stratégies de manipulation d’un groupe, il y a la manipulation des structures d’espace et des signes institutionnels d’importance.
Un langage légitime est un langage aux formes phonologiques et syntaxiques légitimes, c’est-à-dire un langage répondant aux critères habituels de grammaticalité, et un langage qui dit constamment, en plus de ce qu’il dit, qu’il le dit bien. Et par là, laisse croire que ce qu’à dit est vrai : ce qui est une des façons fondamentale s de faire passer le faux à la place du vrai. Parmi les effets politiques du langage dominant il y a celui- ci : « Il le dit bien, donc cela a des chances d’être vrai ».

Rien n’illustre mieux la liberté extraordinaire que donne à l’émetteur une conjonction de facteurs favorisants, que le phénomène de l’hypocorrection. Inverse de l’hypercorrection, phénomène caractéristique du parler petit-bourgeois, l’hypocorrection n’est possible que parce que celui qui transgresse la règle (Giscard par exemple lorsqu’il n’accorde pas le participe passé avec le verbe avoir) manifeste par ailleurs, par d’autres aspects de son langage, la prononciation par exemple, et aussi par tout ce qu’il est, par tout ce qu’il fait, qu’il pourrait parler correctement.

posted by charlierenard in HLP1ère,la parole,prépa and have Comment (1)

One comment

  1. Ping by II les pouvoirs et fonctions de la parole | PhiloStjo on 8 mars 2017 at 17 h 49 min

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