Parfois, les élèves n’ont pas l’impression de harceler. Alors… Parlons-en ! Imaginez des CM2, un peu foufous, avec un groupe de garçons très soudé, très excluant, rajoutez des nouveaux dans la classe, des histoires de filles (copines, plus copines…), les hormones, la pression de la sixième… Shakez ! Un beau cocktail prêt à s’embraser… souvent. Alors, parlons : de la violence à l’école – pas seulement physique – du harcèlement, des influences, des apparences, du racket… pour faire le point, se mettre d’accord sur les comportements acceptables, construire une ambiance de classe meilleure, devenir citoyen.

harcelement

Il existe des kits d’animation très bien faits pour parler de ces sujets en classe (association Les Petits Citoyens par exemple), mais on n’a pas toujours ce matériel à l’école. On trouve juste en ligne  des vidéos de situation (exemple ici) et c’est déjà une bonne base de discussion et de travail. Bref, visionner ces petites séquences très courtes a permis à mes élèves de :

  1. Trouver quel était le problème dans chaque saynète.
  2. De s’écouter parler, même si il fallait faire le médiateur… souvent.
  3. Se rendre compte qu’ils pouvaient être harceleurs sans le savoir ou le vouloir vraiment. Manuela nous a dit : « J’en ai marre qu’on me traite d’intello, c’est tout le temps, c’est toujours les mêmes. » Réactions : « Ben ce n’est pas du harcèlement, c’est rien, c’est juste qu’on lui dit qu’elle est intello [sous-entendu elle a des bonnes notes tout le temps] ». « Alors, est-ce du harcèlement ? Pourquoi ? » « C’est du harcèlement parce que ça la blesse d’entendre cela tout le temps », « c’est du harcèlement parce que c’est répété souvent », etc.
  4. Libérer la parole : une autre élève a dit qu’elle se sentait aussi harcelée à cause de ses dents de travers et de ses vêtements. Là encore, les réflexions récurrentes la heurtaient.
  5. Comprendre que se donner des coups dans la cour, c’est de la violence ; s’insulter c’est de la violence.
  6. Essayer d’aller regarder par-dessus ou par-dessous la porte des toilettes (souvent pour voir un camarade du sexe opposé), c’est violent, c’est une atteinte à la pudeur ; tout comme essayer de descendre les pantalons dans la cour. C’est grave, ça peut être traumatisant pour l’élève concerné.
  7. Être excluant parce qu’on refuse de jouer avec certains camarades,c’est dur pour les exclus et c’est dommage de ne pas donner à la chance à quelqu’un de le connaître.
  8. Bref, ces discussions – menées sur plusieurs séances – ont permis de crever plein d’abcès et de faire correspondre des mots et des actes. Dans un deuxième temps, les élèves ont joué une dizaine de saynètes que j’avais préparée.

Exemples

Saynète n°1

Manu, Sam et Jade jouent dans la cour à s’attraper. Tout à coup, Elise se vexe.

Jade : Tu es vraiment nul ! Tu n’as pas le droit de faire ça ! [elle s’en va très fâchée]
Sam : Ben qu’est ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’elle a Elise ?
Manu [gêné] : C’est rien, je lui ai juste soulevé son t-shirt…

Saynète n°2

Dans la cour de récréation, les enfants décident de faire une partie de football. Pour faire les équipes, Patrick et Bob discutent :

Bob : Moi je veux pas jouer avec des filles !
Patrick : Pourquoi ?
Bob : Parce que le football c’est un sport de garçons !

Puis, sous forme de théatre forum, ils ont rejoué les saynètes et corriger les pratiques. Cette phase m’a parue utile pour qu’ils se mettent dans la peau du personnage exclu, excluant, harcelé, harceleur … Ils ont bien aimé et n’ont pas trouvé l’exercice toujours facile.

Loin de moi l’idée de dire que cette séquence a tout résolu dans la classe, mais cela a aidé, et surtout cela a montré l’importance de la discussion pour résoudre des problèmes. Puis, cela a libéré la parole.

Une chronique de Sophie Dupré

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