L’orientation est un sujet compliqué, à la fois pour les élèves, les familles et pour les enseignants. C’est un sujet central qui se construit tout au long de la scolarité des élèves et qui aura des conséquences sur leur parcours d’avenir. Parmi les difficultés qu’un enseignant doit gérer face à l’orientation : les préjugés des élèves. Je constate une amélioration à ce sujet – ce qui est un bon signe d’évolution de notre société – mais la question reste d’actualité.

Dans le tour d’horizon des préjugés : les préjugés liés au genre, à la catégorie sociale, au niveau scolaire, au physique… Personnellement, il s’agit principalement de ceux liés au genre que je dois combattre. Le rôle de l’enseignant, principal ou non, est alors de casser ces préjugés afin de laisser la possibilité aux élèves de réfléchir une nouvelle fois à leur orientation sans se priver d’une voie, d’une filière ou d’un métier. C’est ce qui me tient à cœur : éviter qu’un élève ne choisisse une orientation par défaut à cause d’un ou plusieurs préjugés.

Comment peut-on faire pour casser ces préjugés ?

Il n’existe pas de méthode universelle et chaque enseignant puise dans son expérience mais il est possible de partager nos pratiques pour s’armer plus efficacement face aux préjugés des élèves. C’est ainsi qu’en tant qu’enseignant d’histoire-géographie, j’ai pour habitude de puiser dans mes références historiques. Je me suis ainsi créé un répertoire mental d’exemples à citer selon les situations !

Voici quelques exemples dans deux thématiques (le genre et le physique) :

J’utilise des exemples témoignant une réussite : Citer Marie Curie pour les sciences avec ses deux prix Nobel, en physique et en chimie. Citer Ada Lovelace (XIXe siècle) pour l’informatique car c’est tout de même la première personne à avoir réalisé un codage considéré comme l’ancêtre du codage informatique. Elle a d’ailleurs donné son nom à un langage actuel de programmation.

Citer Charlie Chaplin pour celles et ceux qui estiment que leur taille est un frein dans le monde des arts. Bon, pour certains élèves la référence est un peu vieille alors ensuite je leur parle de Daniel Radcliffe pour Harry Potter est là c’est directement plus parlant ! Pour le sport, j’ai toujours sous le coude la référence à Lionel Messi ! Pour la politique, il faut parler de Vladimir Poutine (mais je dois avouer que les demandes sont plus rares dans ce domaine-là) !

Il est important pour moi de ne pas citer ces références uniquement au cas par cas lors d’entretien individuel sur l’orientation. J’essaye d’évoquer une vastitude de parcours et d’exemples dans mes cours d’histoire et géographie. Par exemple sur la question des préjugés de genre face aux métiers, je fais attention à varier les sources utilisées afin d’avoir une représentativité mixte : une vidéo en géographie sur le Grand Paris où c’est une ouvrière qui parle, par exemple. J’utilise aussi énormément les séances d’EMC (éducation morale et civique) pour aborder ces questions de préjugés : débats, exemple de parcours, études de statistiques, reportages… Il ne faut pas hésiter à réfléchir avec les élèves sur l’origine de ces préjugés. Je sais que mes collègues en sciences économiques et sociales travaillent énormément sur le processus de socialisation, la reproduction sociale, les stéréotypes de genre par l’éducation…

Dans la réflexion, j’insiste aussi sur le fait que les préjugés ont une histoire et que c’est à eux d’influencer le cours actuel de l’histoire du temps présent et à venir. Il ne faut pas oublier que les stéréotypes sont une variable dans la responsabilité des inégalités femmes/hommes (oui, je préfère inverser l’expression !). Casser ces stéréotypes et préjugés est ainsi un moyen pour tendre vers davantage d’égalité.

 

Une chronique de Sylvain Gérard

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