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ecoleL’école Algérienne en l’absence d’évaluation

 

L’école est une institution qui régule la marche d’une nation soit vers le progrès, soit vers des abîmes incertains et obscurs. Nulle personne, ne voudrait confier ses enfants à l’incertain. Chacun de nous porte l’espoir de voir ses enfants réussir leurs études, des études solides, sérieuses et performantes. Cela ne peut se faire qu’à travers une école qui remplit correctement sa fonction. Une école qui a la capacité d’influer positivement sur son environnement. Qu’en est-il du quotidien de notre système éducatif ?

 

Réalité de l’école Algérienne

Le sujet de l’école concerne tout le monde. A voir de près la situation, ce sujet divise plus qu’il ne rassemble. Il y a les tenants du constat d’échec de l’école et les tenants d’une école Algérienne, performante et qui fait même des envieux par ailleurs dans le monde. Chacun se reconnaitra. L’optimisme des uns, et le « pessimisme » des autres créent une confrontation frontale sourde et improductive. Il est important de s’écouter les uns et les autres. L’affirmation qui  parle d’une école en faillite, d’une école en crise, de déperdition et d’une forêt de pratiques  pédagogiques diverses, ne peut être ni neutre ni infondée. La preuve on parle de réformes. Pour ceux qui défendent la thèse d’une école algérienne performante, faire abstraction de l’existence de problèmes, entraîne nécessairement, vers un nivellement et ce n’est certainement pas l’objectif recherché.  Comment peut-on connaître réellement la valeur de l’école Algérienne ? Est-ce à travers ce que dit la rue, est ce à travers le discours officiel ou est ce, à travers les résultats d’examens ou autres. Tout reste relatif, car un examen peut être modulé au vu des niveaux et des situations en présence. A ce moment il ne donne en aucune manière le niveau de performance de l’école car il a été biaisé au départ.

 

La commission de la réforme du système éducatif et des interrogations

Dès le début de son mandat le Président de la République a installé une commission nationale pour réformer le système éducatif. Ce qui incitait à penser que l’école était malade.  J’ai été un témoin des débats très riches, variés et parfois tumultueux de cette commission. Au terme de son mandat la commission a rédigé un rapport qui a été remis aux instances dirigeantes du pays. Il n’y a pas lieu à rentrer dans le débat de contour, qui a suivi le travail de cette commission ou les uns rejetaient tout le mal de l’école sur les autres, sur le mode de pensée ou l’alignement de certains. Il n’y a pas à faire un jugement de valeur sur les idées de chacun. Les choses qui préoccupent concernent le présent et l’avenir de l’école Algérienne avec un regard sur l’état des lieux laissé par le passé. Chacun de nous, est en droit de se poser les questions : que sera l’avenir de mon enfant ? Reçoit-il une éducation et une formation digne de faire de lui un citoyen responsable et éclairé et non un courtisan malléable à souhait ? Quel devenir pour la nation en regard de la formation ? La réforme préconisée a-t-elle apporté des réponses, a-t-elle contribué à tirer vers le haut la qualité et le niveau de l’école Algérienne ? D’autres se posent même la question est ce que la réforme a été réellement appliquée ? A-t-elle réussi à extirper le mal qui rongeait l’école algérienne ? On peut continuer à se poser une multitude de questions aussi fondamentales les unes autant que les autres. Toutes ces interrogations méritent un débat et ce débat concerne toute la nation et son devenir.

 

Se donner les moyens pour permettre l’émergence d’une école performante

Les constats sont faits au quotidien par chacun de nous. Même si ces constats, qui semblent dans la majeur partie des cas, synonymes d’échecs, de cas sans issues, de niveau de plus en plus nivelé, de pourcentage de réussite qui ne cadrent pas avec le réel, gênent, il est pourtant essentiel d’écouter ces porteurs de constats et surtout leur montrer par des moyens cartésiens et des actions concrètes que leurs constats ou appréhension restent loin de la vérité. Sinon la conviction de l’échec sera présente à la base de toute la société. L’écoute et les preuves cartésiennes de la viabilité et de la fiabilité du système éducatif Algérien dont il est fait référence, ne résident pas dans de bonnes paroles ou une information de ciblage « tout va bien » tronqué de sa sève, mais plutôt dans des moyens qui permettent d’évaluer de façon continuelle la performance de l’école Algérienne. Certes l’administration  en charge de la gestion du système éducatif,  va affirmer que l’école Algérienne est dotée de toutes les structures et de toute une armada d’inspecteurs, de directions et d’institutions spécialisées pour faire ce travail. Ce travail interne est nécessaire mais doit être confronté à une évaluation externe autonome et indépendante, basée sur des indicateurs connus et éprouvés. Il est très clair qu’on ne peut être évalué par soi même pour des raisons évidentes.

 

Evaluation externe : pour les besoins internes et externes

L’évaluation autonome, doit avoir au moins deux utilités, une utilité interne et surtout une utilité externe. L’utilité externe est destinée à informer tous les citoyens qu’ils soient parent d’élèves, enseignants, décideurs sur l’état de l’école Algérienne, sur son fonctionnement,  sur sa performance par rapport à des niveaux jugés de qualité,  sur les résultats qu’elle produit sur la société et aussi, sur les investissements et les coûts liés à cette école.

L’utilité interne va permettre à tous les acteurs du système éducatif d’avoir un point de vue indépendant sans complaisance de leur secteur pour une remise en question quand il y a problème, et pour une plus grande amélioration quand les choses vont dans le bon sens. Cette aide externe est nécessaire pour faire réfléchir les acteurs du système éducatif sur le sens des actions entreprises et à entreprendre, sur les possibilités de correction et d’amélioration. Un système quand il n’est pas autorégulé risque d’aller vers une instabilité totale. Le sens qu’on donne à l’évaluation externe peut être un moyen ou une force de régulation. L’évaluation externe parait aujourd’hui, comme étant pratiquement le seul moyen de régulation, le  plus approprié et le plus sûr dans une société très exigeante, quand à la qualité du système éducatif qu’elle souhaite. Les questions qui restent sans réponses et qui méritent débat pour un aboutissement et non une confrontation frontale sont : Est-ce que la qualité du système éducatif Algérien est performante ? Existe-t-il des moyens d’évaluations externes, indépendants et autonomes pour y répondre ? Au jour d’aujourd’hui,  il n’existe pas une évaluation du système éducatif, autonome et crédible, connue par le grand public. Ce qui ouvre la porte aux appréhensions justifiées les plus sombres.

N’est-il pas temps d’oublier les confrontations idéologiques pour un positionnement par rapport à ses propres souhaits et sensibilités pour se consacrer à l’élément fondamental qui concerne la formation de nos enfants et futurs moteurs de développement de tout un pays. L’école doit absolument agir sur l’environnement pour corriger ses imperfections et non subir cet environnement difficile qui l’empêche de s’épanouir. A chacun de faire son travail et pour commencer ayons le courage d’évaluer notre école par un moyen autonome, externe et sans complaisance pour positionner l’indicateur confiance à son réel niveau.

 

       *Prof. Brahim Haraoubia         

         Ancien vice-président de la commission

de la réforme du système éducatif (CNRSE)

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