Patrice LUMUMBA (1925-61)

Bac

Patrice Emery LUMUMBA

né le 2 juillet 1925 à Onalua (République Démocratique du Congo)

assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga (RDC)

Premier Ministre du Congo (juin-septembre 1960)

Leader nationaliste militant pour l’indépendance du Congo belge, colonie de triste mémoire où les belges s’y rendirent coupables des pires crimes, notamment à l’époque du Roi Léopold II (1875-1908), il obtient une indépendance négociée et rapide en 1960 et en deivient le premier ministre. Hélas, les intérêts économiques, les ambitions politiques du Président Kazavubu, la sécession du Katanga, la guerre civile attisée par les grandes puissances qui se méfient d’un homme jugé sympayhisant du bloc de l’est auront raison de lui,de la démocratie et de la paix au Congo. Son ignoble assassinant a de quoi faire réfléchir sur la décolonisation. La suite de la biographie avec des documents sur lesquels les élèves de Terminale ES ont à travailler pour la rentrée :

Autodidacte, il travaille comme employé d’une société minière au sud-Kivu puis comme journaliste avant de s’engager en politique. Militant anticolonialiste, il fonde en 1958 le MNC (Mouvement National Congolais) et lutte pour l’indépendance, ce qui lui vaut d’être arrêté puis libéré peu avant l’indépendance accordée par la Belgique à sa colonie le 30 juin 1960. Ce jour-là, il prononce un discours virulent contre les crimes coloniaux commis par la Belgique et devient alors le 1° Premier Ministre du Congo indépendant.

Lumumba, qui veut tourner la page du colonialisme, décrète l’africanisation de l’armée. Cependant, les cadres de l’armée restent belges, le temps de former des officiers noirs. Cela conduit à des violences commises par les noirs contre les belges militaires et civils. Le gouvernement belge du Roi Baudouin Ier réplique en envoyant des troupes pour protéger ses ressortissants et soutenir la rébellion de la province minière du Katanga au sud du pays où Moïse Tschombé s’est proclamé dirigeant avec le soutien politique, économique (les compagnies belges continuent d’y exploiter les minerais) et militaires (les gendarmes et officiers de l’armée katangaise sont des mercenaires belges).

A k’été 1960, la crise politique congolaise prend une autre ampleur. Face au centralisme de Lumumba, d’autres provinces coimme le sud-Kasaï font sécession. L’ONU sous la pression des Etats-Unis annule l’envoi de casques bleus promis à Lumumba pour rétablir la paix. Le conflit congolais devient un conflit de guerre froide puisque face à l’hostilité des grandes puissances occidentales (USA, Belgique, France, ONU), il doit se tourner vers l’URSS. Ainsi, le président Kasavubu, sous la pression internationale et à l’initiative du gouvernement blege, décide de rompre avec Lumumba et de le limoger. Lumumba en appelle au peule qui le soutient et au Parlement qui vote le renversement de Kasavubu.

La crise provoque l’émergence d’un officier de l’armée congolaise, soutenu par la France qui a des intérês dans la région, le Colonel Joseph-Désiré Mobutu qui rétablit l’ordre et prend le pouvoir. Dès décembre, Lumumba, menacé et en résidence surveillée tente de gagner Stanleyville, son fief où il a de nombreux partisans. Arrêté, il est livré par Mobutu aux autorités katangaises de Tschombé et transféré par avion à Elisabethville, capitale du Katanga. Torturé et humilié avec ses compagnons, il est alors assassiné par des « Tigres katangais » commandés par des officiers mercenaires belges. L’implication du gouvernement belge dans son assassinat a été reconnue en 2002. L’implication des Etats-Unis qui craignaient de voir le Congo et ses richesses basculer dans le bloc de l’est, semble aussi évidente. Sa mort fut très regrettée par le peuple congolais et par l’ensemble des pays non-alignés dont il était un leader. Mobutu, quant à lui, devint président à vie à partir de 1965 jusqu’à son renversement en 1997. Depuis, et sous la férule des Kabila père et fils, le Congo est toujours en guerre civile.

Documents :

Le rapport d’enquête parlementaire belge sur l’assassinat de Lumumba

Exceptionnel documentaire de France O sur l’assassinat de Lumumba. La qualité de l’enquête fait lmargement oublier la mauvaise qualité de l’image et du son. Passionnant. Parmi les images d’archives, celles du discouirs du 30 juin 1960 et de la crise de l’été 1960. D’exceptionnels témoignages des bourreaux belges de Lumumba.

[kml_flashembed movie= »http://www.dailymotion.com/swf/3NEwZVJDHKHaw3eum » width= »425″ height= »335″ wmode= »transparent » /]

Tout aussi intéressant, un documentaire (Histoire) de l’incontournable historien politique Alexandre Adler sue la décolonisation surprise du Congo belge en 1960, Lumumba et sa « révolution congolaise ».

[kml_flashembed movie= »http://www.dailymotion.com/swf/6vmU04S9MsWpFfX1l » width= »540″ height= »430″ wmode= »transparent » /]

Dernière lettre de Lumumba à sa femme Pauline (novembre 1960) :

« Ma compagne chérie, je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute
notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie
honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des NationsUnies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.
Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte.
C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir.
Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être
je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il
attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans
indépendance il n’y a pas d’hommes libres. Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi
inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité.
Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo ! Vive l’Afrique ! « 

Le discours de Lumumba le jour de l’indépendance du Congo (30 juin 1960) qui lui valut la haine de la Belgique et des Etats-Unis :

« Congolais et Congolaises,

Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais. A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés,je vous demande de faire de ce 30 juin 1960, une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceuxci, à leur tour, fassent connaître à leurs enfants l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, nos souffrances, ni notre sang.

Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin a l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonial, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire; Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim; ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir parce que nous étions des nègres.

Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs ? Nous avons connu que nos terres fussent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses, exiles dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu’il y avait des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes, ni dans les magasins dits européens, qu’un Noir voyageait a même la coque des péniches, aux pieds du Blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation.

Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini.

La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.

Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des Droits de l’homme. Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des coeurs et de bonnes volontés. Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.

Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis. Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo notre chère république que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous législateur et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces

Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger. Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République. Si par contre, leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.

L’indépendance du Congo marque un pas vers la libération de tout le continent africain. Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de ma race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, de se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique. Hommage aux combattants de la liberté nationale!

Vive le Congo indépendant et souverain! »

Clement Mabiala

Je suis d’origine congolaise (Congo-Brazaville) et je dois dire que le courage de cet homme me rend encore plus fier d’être congolais. Mon père qui connait très bien l’histoire de ce personnage aurait voulu venir temoigner en classe faute de temps …

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *