Qui est cette personne au fond de la classe ?
Oui, cette année, vous avez bien une nouvelle personne dans votre classe. Non, ce n’est pas un(e) élève, non plus un inspecteur/trice (je vais arrêter l’écriture inclusive !). Non, elle ne gagnera pas 2 000 euros à la fin du mois et ne rentrera pas dans son superbe appartement rue de la Paix. Mais qui est-ce ? Cette fois, à vous de deviner !
- Tu es en poste depuis combien de temps ?
Je suis en poste depuis 6 ans, en contrat à durée déterminée à 75 %.
- À 75% ? Est-ce volontaire ?
Non, c’est ce que l’on m’a proposé quand j’ai commencé.
- Alors heureuse ?
Oui et non.
- Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
Oui, je suis heureuse d’avoir pu me rendre utile auprès de ces élèves et d’avoir pu travailler au sein de l’Éducation nationale, et non, par rapport aux conditions qui restent à être améliorées et reconnues.
- Tes horaires ?
30 heures/semaine.
- Ton salaire, on en parle ?
Environ 900 euros /mois.
J’évite de faire un commentaire mais j’espère que tout le monde peut imaginer ma tête…
- Ton coup de griffe ?
Un manque de reconnaissance du métier, un statut précaire, un salaire avec lequel il n’est pas facile de finir les fins de mois !
- Cela paraît bien difficile, effectivement. Comment parviens-tu à t’en sortir ?
Pour ma part, je fais pas mal de choses à côté, des pâtisseries, de la couture, du tricot, de la peinture sur toile, à la demande et pour de bonnes âmes sympathiques et généreuses ! Et je rends des services parfois, comme la garde d’enfants à domicile, ou l’aide aux personnes âgées au sein de la famille et du voisinage. Il m’arrive de faire quelques brocantes aussi et puis parfois, je puise un peu dans les quelques économies que j’ai pu mettre de côté tout au long de ma vie professionnelle des années précédentes.
- « Manque de reconnaissance », peux-tu nous en dire plus ou préfères-tu garder le silence ?
Il faut rester positive car ce métier est en voie de reconnaissance, une formation, un diplôme sont en cours de validation.
- Ton coup de cœur ?
Le fait de pouvoir voir les élèves évoluer, progresser, s’intégrer et s’épanouir. Pouvoir participer à cela est valorisant et encourageant.
C’est un métier enrichissant sur le plan humain, pédagogique, médical et relationnel. Il est parfois éprouvant parce qu’il demande de la patience, de l’écoute, des capacités d’adaptation et aussi des capacités physiques.
- Les devoirs de ton métier ?
Accompagner l’élève en situation de handicap, dans sa vie quotidienne au sein de l’établissement scolaire ; accompagner et soutenir l’élève dans ses apprentissages, dans sa socialisation, en dehors d’activités en classe. Nous avons également un devoir de réserve.
- J’imagine que vous devez en entendre des bêtises (déjà rien que les miennes !). Merci au « devoir de réserve » !
- Le plus joli souvenir ?
Les sourires, les gentils mots, les petites lueurs dans leurs yeux, les jolis dessins, les confiseries, que j’ai reçus de ces élèves en signe de reconnaissance.
- Ton pire souvenir ?
Une maman en pleurs dans mes bras, face aux difficultés, aux épreuves éprouvantes et aux parcours du combattant par rapport au handicap de son enfant.
- Complète cette phrase : « Pour vivre heureux au collège, vivons… »
Tous ensemble, dans le respect et la bienveillance.
- Pour terminer, quelle chanson résumerait ton métier ?
« Prendre un enfant par la main » d’Yves DUTEIL.
Alors, avez-vous trouvé ce métier si précieux ?
Cette « petite dame au fond de la classe » (qui n’a rien d’une petite dame – ancienne basketteuse si vous voyez ce que je veux dire !) est d’un calme et d’une douceur à faire pâlir les anges. Nos élèves ont une chance… malheureusement le contrat prend fin… et M’dame douceur si professionnelle va s’en aller, elle aussi… Merci mille fois Lylie pour ton travail et merci à tous les autres Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap !