Qu’est-ce qu’une fake news ?

Faut-il employer le terme de fake news pour parler de fausse information ? L’expression, popularisée par Donald Trump dans plus de 200 tweets, est souvent utilisée à mauvais escient, de façon générique comme « passe-partout ».

Elle peut renvoyer ainsi à différents types d’informations trompeuses :

À cette typologie non exhaustive, on peut ajouter les fausses attributions d’images, de vidéos ou de citations, les contrefaçons de comptes Facebook ou Twitter, les contenus trompeurs en fonction du titre et de la légende[5] ou encore les contenus trafiqués avec les modifications de statistiques, de graphiques, d’images ou de vidéos[6].

La conscience ou non de diffuser une fausse information est aussi une donnée à prendre en considération. Si une personne relaie en toute connaissance de cause une fausse information, c’est de la désinformation. Dans le cas contraire, on parle de mésinformation.

Pour traduire l’expression chère à Donald Trump et clarifier par la même occasion son sens, le terme « infox » a été choisi par la Commission d’enrichissement de la langue française. Il est donc défini comme une information « mensongère ou délibérément biaisée », servant par exemple « à défavoriser un parti politique, à entacher la réputation d’une personnalité ou d’une entreprise, ou à contrer une vérité scientifique établie[7] ».

Les fausses informations et les élèves

Cette typologie présentée, comment concrètement l’utiliser en cours ? Il est intéressant de l’aborder sur deux plans, le théorique et le pratique. On peut commencer par demander aux élèves de définir le terme de fake news et de donner un exemple qui l’illustrerait. Le but de la manœuvre est ici d’amener les élèves à confronter leur point de vue pour arriver au constat que beaucoup n’ont pas la même définition. On présente ensuite la typologie en expliquant à chaque fois ce que l’on entend derrière chaque expression et on teste avec un diaporama s’ils ont bien compris. Dans celui-ci on aura pris soin de mettre un exemple significatif pour chaque type d’information, à charge pour eux de retrouver la bonne typologie.

Mais le plus formateur reste bien évidemment la mise en pratique avec l’analyse d’une fausse information – une infox – qu’on aura facilement dénichée sur Facebook, dans ses mails ou sur le forum de Hoaxbuster (une vraie mine d’or !). Oui, vous savez, ces textes à l’auteur inconnu et dont les sources ne sont jamais citées… On proposera ici une activité en salle informatique dans laquelle les élèves auront un ou deux paragraphes à vérifier scrupuleusement avec une grille d’analyse comportant cinq entrées – information fausse, information à nuancer, fait avéré, information invérifiable, jugement personnel de l’auteur – et l’obligation de citer les sources. Le but ici est de montrer qu’une infox contient de nombreux éléments faux ou douteux mais aussi – et surtout – des informations vraies. Et c’est pour cela qu’elle nous paraît fiable de prime abord, si l’on n’y prend pas garde… C’est ce que l’on peut appeler « l’effet Canada Dry » : une infox, ça a la couleur de l’info, le goût de l’info… mais ce n’est pas de l’info.

 

[1] Opération du KGB visant à accuser les États-Unis d’avoir créé en laboratoire le virus du VIH.

[2] Processus dans lequel une entreprise oriente ses actions marketing vers un positionnement écologique, comme par exemple les publicités de gros 4×4 dans de vertes forêts, ou encore la couleur de fond du logo de Mac Donald’s qui passe du rouge au vert.

[3] Un exemple d’article

[4] Au début de la révolution roumaine contre le dictateur Nicolae Ceausescu (décembre 1989), une vingtaine de corps ont été retrouvés et présentés par les médias internationaux comme les victimes de la répression policière. La réalité est tout autre puisqu’on découvrit quelques temps après qu’ils avaient été déterrés du cimetière des indigents de la ville de Timisoara et mis en scène pour faire tomber le pouvoir.

[5] Voir à ce propos l’exemple des affiches écrites en arabe à Cannes.

[6] Pour ces deux derniers éléments, consulter l’article sur les deepfakes paru dans The Atlantic, « The era of fake video begins », mai 2018

[7] Journal officiel, n°0229 du 4 octobre 2018, texte n°113

 

Une chronique de Boris Bettarel

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