Champollion et Fourier

Champollion et Fourier

Auxerre – 8 octobre 2022

Ahmed Youssef

   Pierre Bouchard, découvreur de la Pierre de Rosette, par Ahmed Youssef,

 

 

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Jean Dhombres

Joseph Fourier, les Champollion, l’Égyptologie et le déchiffrement des hiéroglyphes, par Jean Dhombres

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Tadeusz Sliwa

    De l’expédition d’Égypte au changement climatique, l’héritage Bourguignon,

    par Tadeusz Sliwa,

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Quelque quatre-vingts auditeurs sont venus samedi 8 octobre 2022 dans la salle de conférence de l’Abbaye Saint-Germain d’Auxerre d’une part écouter les trois conférenciers dérouler l’intrication de la vie des frères Champollion et de Joseph Fourier autour du thème DE L’EXPÉDITION d’ÉGYPTE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, d’autre part découvrir l’exposition qui accompagnait l’événement avec une présentation d’objets dont certains remar­quables et exceptionnels.

L’exposition

Les objets présentés à l’exposition, dont certains remarquables, ont plusieurs sources publiques et privées :

Les fonds du Musée d’Auxerre :

Toile de Gautherot, an XI

la toile de Gautherot (très fragile, sa sortie est exceptionnelle) récemment retrouvée et restaurée

 

 

le buste de Joseph Fourier signé Fessard, Paris, 1830 (dont la réplique ornera prochainement l’enfeu de la tombe du Père Lachaise)

Les fonds du Muséum d’histoire naturelle :

 

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panneaux pédagogiques qui font partie des expos itinérantes

 

Les fonds de la Bibliothèque municipale :

Jean-Baptiste-Joseph FOURIER, Description de l’Egypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’armée française : Préface. Ouvrage publié sous la direction de M. Jomard Paris : Impr. Impériale et Royale, 1809-1822. Dim. livre ouvert : 73 x 112 cm ; Cote : C 2993 in Fol. des collections de la Bibliothèque municipale Jacques-Lacarrière d’Auxerre

Pour les liens vers un accès Internet et une présentation de l’ouvrage, un monument éditorial à classer parmi les plus onéreuses publications de tous les temps, voir ici

Jean-Baptiste-Joseph FOURIER, Théorie analytique de la chaleur, Paris, Firmin Didot, 1822, Dédicace de l’auteur à la Bibliothèque d’Auxerre, Dim. livre ouvert : 27 x 44 cm, Cote : SZ 85 des collections de la Bibliothèque municipale Jacques-Lacarrière d’Auxerre

J.F CHAMPOLLION LE JEUNE, –Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique ; Publié par M. Champollion-Figeac. – Paris : Firmin-Didot, 1841. Dim. livre ouvert : 34 x 42 cm ; Cote : C 3463 in Fol. des collections de la Bibliothèque municipale Jacques-Lacarrière d’Auxerre.

Les fonds personnels du Président de la Société des Sciences que nous remercions chaleureusement ici pour le prêt de sa collection égyptienne.

(dans les vitrines)

 

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De nombreux objets liés à l’Égypte dont chacun mériterait une analyse approfondie.

  Funérailles de Kleber en Egypte, signé par Eloi Firmin FERON     (1802-1876), huile sur papier, 34x42cm

 

 

Buste de Fourier signé Nacera Kainou

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Nous avons invité les conférenciers à nous transmettre le texte de leur intervention, nous comptons le mettre à disposition des lecteurs dès que possible de sorte que ceux qui n’ont pu se déplacer pourront recevoir une partie de l’information.

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8 octobre 2022 à Auxerre

La Société Joseph-Fourier tient à marquer le retour à plus de normalité dans la vie publique et, en cette année 2022, tricentenaire de l’université de Bourgogne, 200e anniversaire de la mort du découvreur de la Pierre de Rosette, de la compréhension des hiéroglyphes et de la publication de la théorie de la Chaleur, en vous proposant trois exposés concernant ces derniers sujets.

Elle organise le samedi 8 octobre 2022, de 16 h-18 h à l’Abbaye Saint-Germain, à Auxerre

DE L’EXPÉDITION D’ÉGYPTE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Commémorations Joseph Fourier, Jean-François Champollion, P.-F.-X. Bouchard

Conférences et exposition à l’Abbaye Saint-Germain d’Auxerre

  • Ahmed Youssef > Membre de l’Institut d’Égypte au Caire
  • 16h20 – Le découvreur de la Pierre de Rosette,
  • Jean Dhombres > Chaire d’histoire des sciences exactes à l’EHESS
  • 17h00 – Joseph Fourier, les Champollion, l’Égyptologie et le déchiffrement des hiéroglyphes
  • Tadeusz Sliwa > Président de la Société des amis de Joseph Fourier
  • 17h40 – De l’expédition d’Égypte au changement climatique, l’héritage Bourguignon

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fêter Fourier

Continuons à fêter Fourier

en 2024

     Quand l’avant-propos d’un ouvrage s’ouvre, à sa première phrase, par « Dans deux ans, nous fêterons (ou pas !) la découverte de l’effet de serre en 1824 par Joseph Fourier. », nous ne pouvons pas ne pas relever.

  Les lecteurs qui nous suivent savent combien, à la Société Joseph-Fourier, nous sommes attachés à rappeler l’œuvre du savant. Cette préoccupation n’est pas une lubie. Elle prend sa source dans le double constat de l’importance, de la modernité, de l’originalité, de la qualité logique de la pensée de Fourier d’une part ; de la méconnaissance de sa personne dans le public d’autre part.

     Nous avons rendu-compte sur ce site des deux dernières commémorations concernant Joseph Fourier : le 250e anniversaire de sa naissance (2018), le 200e anniversaire de la publication de son ouvrage majeur « la Théorie de la chaleur » (2022). D’éminents chercheurs, mathématiciens, scientifiques, savants divers se sont démenés pour exposer la filiation entre leurs études et les intuitions, travaux, publications originelles de Joseph Fourier… Force est de constater qu’ils ont souvent prêchés devant un public convaincu d’avance sans traverser la frontière d’indifférence qui les sépare de l’auditeur moyen.

Le bilan des célébrations passées

     Pour ce qui est du socle dur de la pensée de Joseph Fourier, les exemples de 2018 et 2022 indiquent que ce n’est pas par l’analyse des contenus scientifiques que Fourier gagnera en notoriété : ses travaux ne commencent à être abordés dans le cursus scolaire qu’à bac+2 ; ils apparaissent dans divers domaines, qui peuvent sembler déconnectés les uns des autres (tels la téléphonie, l’acoustique, la spectroscopie, l’imagerie…) pour ceux qui ne possèdent pas les bases de la théorie du signal ou tout du moins de la physique mathématique, et qui donnent lieu aujourd’hui, à des études de pointe au cœur des préoccupations des derniers prix Nobel et qui restent toujours exigeants. L’analyse harmonique n’est pas à la veille d’être publiée en feuilleton dans les tabloïds.

Alors, 2024, « fêter  » ?

     C’est « fêter » qui risque de poser problème : la phrase du début de cet article apparaît sous la plume de Jean-Marc Jancovici, qui a développé le concept de « bilan carbone » à destination des entreprises. Elle introduit « The shift project (climat, crises : le plan de transformation de l’économie française) »1. Rien qui prédispose à la fête.

Visionnaire, à sa manière, sans se départir de la mesure et d’avancer rien qu’il ne puisse démontrer, Fourier n’est pas un romantique soumis aux caprices de son imagination. Du décès de Joseph Fourier (1830) à aujourd’hui, en suivant les pierres noires posées par Claude Pouillet (183Smilie: 8), Eunice Foote (1856), John Tyndall (1859), Svante Arrhenius (1912), la presse de 1912, Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann (2021) on aboutit à l’analyse actuelle donné par Jancovici.

Faut-il se glorifier que ce soit Fourier qui nous ait mis sur cette piste ? Oui, car comme ont pu nous l’enseigner nombre de philosophes ou scientifiques héritiers des lumières de la raison, ce n’est pas l’espoir mais la lucidité qui sauve !

1     11,90 €, 264 pages, Odile Jacob, février 2022

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Maryna Viazovska et Fourier

Maryna Viazovska et Fourier

     Des quatre médailles Fields de la cuvée 2022, (Hugo Duminil-Copin, Maryna Viazovska, June Huh, James Maynard), nous nous intéresserons ici à la récompense reçue par l’ukrainienne Maryna Viazovska.

Un vieux problème revisité…

     Maryna Viazovska s’est penchée sur un problème vieux de cinq siècles puisqu’il a été formulé par Kepler en 1611 : « Combien de balles peut-on faire entrer dans une très grande boîte ? » Les producteurs de fruits et les fabricants de boulets de canons ont vite compris que le meilleur empilement suivait une forme pyramidale.

Une étude expérimentale montre qu’un empilement orthogonal est moins efficace qu’un empilement hexagonal ; dès l’époque de Képler, on connaît assez rapidement la densité maximale (dmax= ? / ?18), mais la démonstration résiste.

et complété…

C’est en 1998 que le mathématicien américain Thomas Hales a prouvé pour trois dimensions que l’empilement pyramidal était optimal. Son résultat présenté dans quelque 250 pages, a nécessité de nombreux calculs informatiques. Une démonstration longue et compliquée donc.

Maryna Viazovska, au cours de son post-doc à Berlin, a inclus le problème des sphères dans sa proposition de recherche. Elle est arrivée avec une simplicité étonnante et une élégance admirable à prouver le résultat pour des sphères de dimension 8, puis 24.

Pourquoi ces dimensions et pas les autres ? Parce que, d’une certaine manière, les choses s’arrangent bien dans ces dimensions particulières, une sorte d’agencement miracle sans que l’on en comprenne la raison profonde. Depuis quelques décennies, les indices numériques s’accumulaient sur le fait que le réseau E8 et celui de Leech étaient bien les empilements plus compacts en dimension 8 et 24. Seulement, tous les indices du monde ne constituent pas une preuve… Le 14 mars 2016, alors chercheuse postdoctorante à l’université Humboldt de Berlin, elle poste un article exhibant une fonction permettant de calculer la densité de sphères permise la plus grande pour la dimension 8, déclenchant l’enthousiasme de ses confrères et consœurs.

     Depuis la Suisse, Özlem Imamoglu, professeur au département de mathématiques de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), note que la solution à laquelle Viazovska est parvenue « en construisant des fonctions dites magiques était une réussite spectaculaire » : « L’existence de telles fonctions avait été conjecturée par (Henry) Cohn et (Noam) Elkies en 2003, mais elle est restée insaisissable malgré les efforts de nombreux mathématiciens brillants », explique-t-il à BBC Mundo. « Sa démonstration, considérée comme un chef-d’œuvre, a permis à ses collègues de bien comprendre le problème et de le généraliser pour résoudre un problème similaire, mais encore plus difficile », explique Mme Hidalgo.

…avec élégance

Elle précise que le problème de l’emballage optimal en haute dimension est toujours ouvert, car seules les configurations pour les dimensions 8 et 24 ont été trouvées.

« Il s’est avéré que c’était plus facile que je ne le pensais. » dit Maryna Viazovska lors d’une interview. Les mathématiques qu’elle a utilisées pour arriver à sa réponse sont cependant très complexes.

« Alors que Viazovska a fait, pour le problème à huit dimensions, un papier de 25 pages. Si nous enlevons l’introduction, les références bibliographiques et d’autres aspects de forme, elle a 10 ou 15 pages de mathématiques, rien de plus, et avec elles elle prouve un problème dans une dimension supérieure [à la dimension 3 démontrée par Hales], de sorte que nous pourrions dire qu’il est plus difficile que celui que Hales a prouvé… [le] travail très méticuleux, si exact, qu’il donne une démonstration plus facile à comprendre que la précédente, qui occupait des dizaines de pages… Cela ne signifie pas que ses pages de mathématiques sont simples, elles sont complexes, » dit Mme Hidalgo. Mais pour les experts, il s’agit de 10 pages de mathématiques pures.

Merci à Maryna Viazovska d’avoir jeté un pont en la théorie de nombre et la théorie analytique

Les experts soulignent qu’une des beautés de la démonstration de Maryna Viazovska est le pont qui interconnecte différents domaines des mathématiques. Son résultat d’emballage de la sphère a beaucoup à voir avec l’analyse du signal ou l’analyse de Fourier.

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Fourier et les prix ATOS-GENCI 2022

Fourier et les prix ATOS-GENCI 2022

      La Société Joseph-Fourier est attentive aux résultats des prix attribués sous l’égide de Joseph Fourier ; ils révèlent les orientations de la recherche qui exploite les méthodes de Fourier. Ces dernières années, les domaines pour lesquels ces méthodes s’avèrent indispensables se sont multipliés.

     Ce mercredi 6 juillet, Atos a annoncé, en partenariat avec GENCI (Grand Équipement National de Calcul Intensif), les lauréats de l’édition 2022 de sa compétition scientifique annuelle, le Prix Joseph Fourier.

Le Prix Atos-Joseph Fourier a été lancé en France en 2009 par Bull, qui fait maintenant partie d’Atos, et par GENCI. Ce Prix a pour objectif de contribuer à une accélération positive de la recherche et de l’innovation en récompensant des travaux dans les domaines de l’Advanced Computing (supercalcul, calcul quantique, edge computing) et de l’IA, en accordant une importance toute particulière à la décarbonation. Le jury, composé de personnalités indépendantes, représentantes du monde scientifique et industriel français, a choisi de récompenser plusieurs projets novateurs :

1er prix en calcul avancé pour le chercheur Jean-Christophe Hoarau, post-doctorant à l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) pour ses recherches sur l’atomisation des jets liquides.

Les applications sont nombreuses, notamment : une dispersion plus économique de l’eau dans des champs, ou encore une meilleure combustion d’essence ou d’hydrogène. Le travail récompensé a permis de faire des simulations jusqu’à 86 000 cœurs et de générer une énorme quantité de données simulées sur laquelle pourront se reposer d’autres chercheurs.

Le second prix en calcul avancé à Ivan Duchemin de la Direction de la Recherche Fondamentale du CEA.

Sa recherche concerne la description de la matière au moyen de calculs dits « ab-initio », c’est-à-dire basés exclusivement sur les principes fondamentaux de la mécanique quantique. Ses travaux permettent de développer des algorithmes fondamentalement plus efficaces, tout en les implémentant sur des machines parallèles jusqu’à 23 000 cœurs.

Le 1er prix en intelligence artificielle récompense conjointement le chercheur junior Danilo Carastan-Santos et le chercheur senior Denis Trystram de l’Université Grenoble Alpes.

Ils s’intéressent à améliorer l’exploitation des plateformes de calcul à hautes performances, en utilisant notamment l’apprentissage automatique pour optimiser l’ordre, le placement et la configuration des application à exécuter. La consommation énergétique est un paramètre clé dans cette optimisation.

Philippe Lavocat, PDG de GENCI, déclare :

« Cette édition 2022 du Prix Joseph Fourier montre une fois encore l’importance de l’apport de la recherche fondamentale et de la science pour la résolution des défis sociétaux, et aujourd’hui particulièrement, celui de la décarbonation. Cette orientation démontre l’attention constante portée à l’optimisation énergétique des processus de simulation par les chercheurs côté applicatif, et par les constructeurs et agences comme GENCI sur l’aspect matériel. L’ambition de mettre la puissance de calcul au service de l’excellence scientifique est partagée par GENCI et Atos. C’est aussi pour cela que nous collaborons dans le cadre d’EuroHPC aux projets EUPEX et à l’initiative EPI, destinés à optimiser les architectures des futures machines de classe Exascale ».

Illustrations : captures d’écrans extraites de la remise des prix 2022.

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Fourier à Edimbourg

Fourier à Edimbourg

     Jean Dhombres, notre président d’honneur, a donné, le 28 juin 2022, une conférence publique à Edimbourg, capitale de l’Écosse, avec pour sujet « Les hiéroglyphes de Fourier : ceux de l’Egypte, de la politique et des mathématiques » faisant partie de l’atelier Fourier Analysis @200 à l’ICMS.

   La vie de Fourier se lit comme un roman d’aventures : l’orphelin à 10 ans devient moine bénédictin affranchi par la Révolution en 1789, puis acteur de la Terreur en 1793, professeur d’Analyse à l’Ecole polytechnique à la fin de 1795 alors qu’il n’avait encore rien publié, chargé d’un voyage d’exploration en Haute-Egypte avant 1800, puis préfet de l’Empire jusqu’en 1814. Sa vie scientifique n’en est pas moins contrastée, avec une implication très sérieuse pendant trois ans à partir de fin 1804, alors qu’il avait déjà atteint l’âge de trente-cinq ans….

     En raison de l’augmentation rapide du nombre de cas de COVID-19 en Écosse, il a été décidé que l’événement aurait finalement lieu en ligne. Malheureusement, nous n’avons pas à ce jour connaissance de la mise à disposition en ligne d’un enregistrement

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Fourier analyse la lumière

… l’analyseur de Mader-Ott

Pour un mathématicien, la vie est simple :

1/ On énonce le théorème

2/ On le démontre

3/ On l’applique, ce qui est toujours possible grâce à la démonstration du point 2.

     Il y a tout juste deux siècles cette année 2022, Joseph Fourier a publié la « Théorie analytique de la chaleur » où il rassemble en un volume les points 1/ et 2/ concernant le théorème fondateur de l’analyse harmonique :

« Toute fonction peut être décrite par une somme infinie de fonctions harmoniques*. »

[* : des fonctions sinus et cosinus]

La Théorie analytique de la chaleur, un volume, assez épais, contient quelques applications que Fourier a faites lui-même, à la main. D’autres après lui ont peu à peu amélioré ses propositions.

Mais revenons au point 1/. Les images ci-dessous sont décrites par des fonctions (stockées sous forme de fichier dans nos ordinateurs).

image 1

Le point 2/ n’indique pas que le théorème admette des exceptions, ces fonctions peuvent donc être très finement décrites par une transformation de Fourier. Point 3/, voici donc l’image 1, la fonction 1 après transformation de Fourier où chaque point représente le coefficient d’une des fonctions harmoniques qui décrivent l’image. C’est le spectre de la fonction. Il est réversible ; on peut donc, connaissant ce spectre retrouver l’image.

Spectre de l’image 1

Les points 1/ et 2/ sont théoriques. Passer au point 3/ pour une fonction différente demande de gros moyens de calcul et avant l’ère de l’ordinateur, nombreux sont les scientifiques qui ont proposé chacun sa solution. Aux XIXe et XXe siècles plusieurs analyseurs [Koenig, Helmholtz, Harvey…] ont permis mécaniquement de déterminer les coefficients qui gouvernent la transformation.

Luc Froehly, chargé de recherche CNRS à l’Institut femto-st présente dans une vidéo de 6 minutes, l’analyseur de Mader-Ott, relégué maintenant au musée mais qui fut très utile au XXe siècle, à l’époque où Pierre-Michel Duffieux développait la théorie de Fourier pour l’optique.

Analyseur de Mader-Ott

Luc Froehly

 

 

 

 

 

 

 

 

Note : On peut voir dans un autre article de ce blog comment l’analyse de Fourier permet et restituer un tracé.

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Fourier face à l’effet de serre

Fourier face à l’effet de serre

(actualité)

     Les lecteurs de ce blog savent que Joseph Fourier a étudié l’effet de serre ; nous en avons rendu compte dans un article de 2012. Le lecteur attentif de ce blog a depuis longtemps remarqué que ce blog renvoie au Mathouriste dès que les explications dérivent vers des concepts mathématiques trop pointus et naturellement, le Mathouriste lui aussi a traité de l’effet de serre ; si ma mémoire est bonne, c’était vers mi-2019, mais l’article a été mis a jour en 2021, lorsque les Prix Nobel ont été décernés cette année là.

     Vous aviez oublié ? Alors, si vous êtes inscrit à Toulouse, il vous reste une possibilité de rattrapage du 19 au 21 mai 2022 la CIIÉHM (1)…

tiendra son XXIVe colloque et au cours de ce colloque à l’Université Toulouse III, Paul-Sabatier, le vendredi 20 mai, Alain Juhel interviendra à 17 heures dans une conférence qui a pour thème « Fourier, de l’effet de serre à la spectroscopie : deux siècles pour le climat ». Trop tard pour vous inscrire (les inscriptions sont closes depuis le 3 mai). Cependant, si vous disposez d’une salle dans un coin de France et d’un public pour la remplir (dans le respect des conditions sanitaires), vous pourriez tenter d’inviter Alain Juhel (et, pourquoi pas, négocier un texte sans formules mathématiques). En effet, il ne sera pas seulement question, à l’amphi Fermat, de ressasser les vieilles lunes. Le résumé accessible sur la page du colloque nous a permis d’accéder à quelques éléments des propos que tiendra Alain Juhel :

« De la conférence Nobel 2021 au Canard enchaîné à l’occasion de la COP26, tout le monde le proclame : c’est Joseph Fourier le précurseur de la climatologie moderne en 1820.

Si la spectroscopie chimique fut inventée peu après (Kirchoff et Bunsen 1859), il fallut attendre encore un siècle pour un accès (relativement) commode aux signatures spectrales des composés chimiques, grâce à l’interféromètre de Michelson… et à la transformation de Fourier !

Relativement, car les ordinateurs, pourtant en plein essor (1960-70) étaient à la peine devant le volume des calculs. Tout change avec l’invention de la FFT (1964), et la miniaturisation aidant, de plus en plus de satellites embarquent des spectromètres infrarouges à transformée de Fourier, qu’il s’agisse d’étudier les atmosphères d’autres planètes ou les gaz à effet de serre de la nôtre.

Ce sont quelques jalons et protagonistes, connus (Bragg, Michelson, Cooley & Tuckey…) et moins connus (Duffieux, J. & P. Connes…Smilie: ;) de cette histoire commune des mathématiques, de l’informatique et de la chimie que nous aimerions parcourir et faire découvrir. »

Alors ? Alain Juhel damera-t-il le pion au Matouriste ? Réponse le 19 mai 2022 à Toulouse !

(1) Pas de panique, vous avez le droit d’ignorer le petit nom de la Commission Inter Institut-de-Recherche-sur-l’Enseignement-des-Mathématiques d’Épistémologie et Histoire des Mathématiques, il est réservé aux familiers qui l’utilisent rarement et toujours en privé.

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Fourier et le dechiffrement des hieroglyphes

Fourier et le déchiffrement des hiéroglyphes

      Le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion est l’occasion d’étudier comment Joseph Fourier y a participé, encourageant la vocation du chercher et la favorisant par l’accès au matériel de recherche. Nous en suggérons deux accès :

– par le blog de la bibliothèque Gallica qui propose un important dossier illustré de nombreux documents issus de ses fonds.

– par un ouvrage (présenté ci-dessous) rassemblant des correspondances entre les frères Champollion, dont nous donnons ci-après quelques extraits qui donnent à voir les relation Champollion/Fourier par un œil extérieur à celui adopté sur ce blog qui se place habituellement du point de vue de Joseph Fourier.

L’Aventure du déchiffrement des hiéroglyphes

Correspondance

Textes réunis par : Karine Madrigal, Notes de : Karine Madrigal, Préface de : Jean-Claude Goyo

Éditions Les Belles Lettres · J.F & J.J CHAMPOLLION –

Un adolescent de 17 ans s’attaque à la Pierre de Rosette et perce un mystère millénaire : tel est le mythe Champollion, mais quelle en fut la réalité ? Comment a-t-il fait ?

La réponse dans les mots-mêmes de Champollion grâce à cette sélection inédite puisée dans la correspondance de Jean-François et de son frère Jacques-Joseph, mentor bienveillant et rigoureux, aîné protecteur et exigeant. Vivants, émouvants, riches en détails pittoresques, les échanges entre les deux frères donnent à voir leurs liens affectifs et intellectuels, mais également leurs raisonnements et leurs recherches. C’est en travaillant main dans la main qu’a été déchiffré puis traduit le système hiéroglyphique.

Présentées, annotées et enrichies d’encarts contextuels les rendant très accessibles, ces lettres invitent le lecteur à un voyage fascinant, un périple dans l’intimité d’une des découvertes les plus spectaculaires de l’histoire : après 1 500 ans, l’Égypte antique a parlé de nouveau.

Ce sont des documents précieux que renferme ce livre. II contient en effet l’importante correspon­dance entretenue entre l’aîné et le cadet Champollion. Elle renseigne sur la force de leurs liens affectifs et intellectuels, mais aussi sur leur cheminement vers le déchiffrement des hiéroglyphes. Présentées, annotées et enrichies, ces lettres éclairent de façon abordable et vivante cette géniale découverte.

Table des matières

Chapitre Ier. La pierre de Rosette et les études sur l’antique Égypte avant Champollion

Chapitre II. Les frères Champollion dans la bataille des hiéroglyphes

Chapitre III. Champollion le Jeune et les études parisiennes (1807-1809)

Chapitre IV. Les dernières marches (1811-1821)

Chapitre V.Le podium et la palme (1821-1822)

extraits (sélection de passages en rapport avec Joseph Fourier) :

p. 40 [encadré] L’Institut d’Égypte et l’édition de la Description de l’Égypte

L’Institut d’Égypte est fondé le 22 août 1798 par le général en chef Bonaparte à l’image de l’Institut de France et doit, en premier lieu, s’occuper du « progrès et de la propagation des Lumières en Égypte ». Son siège est le palais d’Hassan-Kashef dans les environs du Caire. Le travail de l’Institut est organisé en sections qui regroupent à peu près tous les sujets d’intérêt et d’étude de la Commission des sciences et des arts : les mathématiques, la physique, l’économie politique, la littérature et les arts. Gaspard Monge est le président de l’Institut, Bonaparte le vice-président et Joseph Fourier le secrétaire.

A Paris, le 6 février 1802, il est arrêté que « tous les mémoires, plans, dessins et généralement tous les résultats relatifs aux science et arts, obtenus pendant le cours de l’expédition d’Égypte, seront publiés aux frais du gouvernement ». C’est la naissance de la Description de l’Égypte. Il s’agit d’un ouvrage monumental composé de 10 volume de textes et 13 volumes de planches. Commencée sous Napoléon Bonaparte Premier Consul, poursuivie sans relâche sous l’Empire, l’édition mise en œuvre par la Commission d’Égypte à l’imprimerie impériale s’achèvera à l’imprimerie royale sous le règne de Charles X. La préface est rédigée par Joseph Fourier.

Le bâtiment actuel de l’Institut d’Égypte qui a continué à exister depuis 1799 est situé à proximité de la place Tahrir ; Il a été incendié le 17 décembre 2011, lors de la révolution en Égypte. Dans ce bâtiment étaient conservés 200 000 ouvrages, certains rarissimes, concernant l’histoire et la démographie de l’Égypte. Les archives et ces ouvrages historiques ont été détruits, dont huit volumes faisant partie de l’édition originale, tirée à mille exemplaires, de la Description de l’Égypte.

Page 52 [encadré] Les Champollion et le milieu intellectuel grenoblois

Dès son arrivée à Grenoble en 1802, le préfet Fourier demande à Champollion-Figeac de travailler sur les antiquités de Grenoble. Pour cela, il va parcourir la ville et ses alentours, probablement en compagnie de son jeune frère. Ses recherches aboutissent à la publication en 1803 d’une note sur la crypte de l’église Saint-Laurent. En parcourant les sous-sols de l’église, Champollion-Figeac réussit à démontrer qu’il s’agit d’une église paléochrétienne du VIIIe siècle et non d’un monument païen comme on le croit à l’époque.

Bien introduit dans le milieu intellectuel grenoblois, Jacques-Joseph est élu le 24 décembre 1803, membre de la Société des science et des arts de Grenoble (qui deviendra par la suite l’Académie delphinale). Les liens entre l’aîné des Champollion et le préfet de l’Isère sont de plus en plus renforcés quand Fourier est nommé président le 13 décembre 1805 et Champollion-Figeac secrétaire le 3 janvier 1806. C’est grâce à eux que l’année suivante Jean-François peut présenter, devant la Société de Grenoble, son Essai de description géographique de l’Égypte. Fourier a sans doute apprécié le travail du jeune Champollion car cet essai vaut au jeune savant de devenir, le 28 janvier 1808, membre associé correspondant de la Société.

La Société des sciences et la bibliothèque de Grenoble /…./ vont permettre à Jean-François Champollion de faire ses premiers pas égyptologiques. En 1812, Jacques-Joseph est nommé conservateur en chef de la bibliothèque et Jean-François bibliothécaire adjoint. On leur doit notamment les premiers inventaires des collections dans lesquels on trouve la présence d’objet égyptiens que les Champollion étudieront…

/…/ La même année [1810] est ouverte la première faculté des lettres de Grenoble. Grâce à l’appui de Fourier, Jacques-Joseph devient professeur de littérature grecque et Jean-François professeur d’histoire ancienne. Ces deux nominations suscitent quelques remous et jalousies dans le milieu professoral grenoblois.

p. xx [encadré] Les Champollion et l’Empereur Napoléon

Après son exil dur l’île d’Elbe, l’empereur Napoléon rentre en France le 1er mars 1815. /…/ Le 7 mars 1815, Napoléon fait son entrée à Grenoble et s’installe à l’auberge des Trois Dauphins, rue Montorge. Refusant de l’accueillir, le préfet Fourier quitte Grenoble pour Lyon tout en lui laissant une lettre dans laquelle il explique son attitude, son souci du devoir et son obéissance aux autorité légales. Napoléon le destitue officiellement, mais il a besoin d’un secrétaire qui connaisse les affaires de l’Isère, choisi parmi les commensaux de l’ancien préfet. Le maire de Grenoble indique au souverain la personne de Jacques-Joseph Champollion-Figeac, alors doyen de la Faculté des lettres. Le 9 mars, Napoléon quitte Grenoble pour se rendre à Paris. Ce départ est suivi par celui de l’aîné des Champollion qui se rend également à la capitale comme il le faisait régulièrement pour ses recherches. Les contemporains royalistes associent les deux événements et étiquettent les deux frères comme bonapartistes. Lors de l’abdication de Napoléon et du retour a la royauté avec Louis XVIII, des bandes ultraroyalistes pourchassent les bonapartistes, et plusieurs d’entre eux sont exécutés sans jugement : il s’agit de ce sombre épisode de l’histoire de France que l’on appelle « la Terreur blanche ». Les frères Champollion, quant à eux, sont exilés à Figeac en mars 1816.

L’ouvrage de Champollion-Figeac intitulé Fourier et Napoléon, l’Égypte et les Cent-Jours (ouvrage que nous avons présenté ici-même dans un post de juillet 2018) publié en 1844 rapporte fidèlement sa première entrevue avec l’Empereur….

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Fourier et Champollion

Fourier et Champollion

En cette année 2022 seront commémorés deux bicentenaires qui sont liés : celui de la publication de la Théorie de la chaleur par Joseph Fourier et celui du déchiffrage des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, ce qui n’est pas un hasard, les deux hommes se sont connus et appréciés, nous allons voir comment.

Jacques Joseph Champollion, frère aîné du découvreur des hiéroglyphes

Jean François Champollion

Fourier et l’Égypte

     Joseph Fourier a découvert l’Égypte en 1798. Le 19 mai 1798, en effet, il embarque sur le Franklin sans connaître la destination finale du voyage. Il a été convaincu par Monge de participer, comme scientifique, à une expédition dont le but se révélera être l’Égypte. A partir de ce moment, l’Égypte ne quittera plus Joseph Fourier. Pendant trois ans, il va découvrir le pays, interroger les traces des civilisations anciennes qui s’y trouvent ; il sera amené, au plus haut niveau, à partager les préoccupations des responsables de l’expédition militaro-scientifique.

     De retour en France, il va suivre et coordonner durant toute sa vie, l’édition du compte rendu du travail des scientifiques durant ces trois ans et en rédiger la présentation. Cette tâche va le préoccuper une grande partie de sa vie.

     Les anciens de la campagne d’Égypte auront en commun des souvenirs qui ne s’effaceront pas. Ainsi, le comte de Chabrol, saura aider Fourier lorsqu’il sera en disgrâce auprès de Louis XVIII, après les Cent-Jours, et lui trouver un emploi au service statistique de la ville de Paris.

     Sur la fin de sa vie, Joseph Fourier, qui cultivait volontiers l’art de la conversation, revenait souvent sur ses souvenirs d’Égypte ; Arago rapporte, dans l’éloge qu’il prononcera après le décès de Joseph Fourier, une anecdote : « …Fourier avait conservé dans sa vieillesse, la grâce, l’urbanité, les connaissances variées qui, un quart de siècle auparavant, donnèrent tant de charme à ses leçons de l’École polytechnique. On prenait plaisir à lui entendre raconter même l’anecdote qu’on savait par cœur, même les évènements auxquels on avait pris une part directe. Le hasard me rendit témoin de l’espèce de fascination qu’il exerçait sur ses auditeurs, dans une circonstance qui mérite, je crois, d’être connue, car elle prouvera que le mot dont je viens de me servir n’a rien de trop fort.

     Nous nous trouvions assis à la même table. Le convive dont je le séparais était un ancien officier. Notre confrère l’apprit, et la question : avez-vous été en Egypte ? servit à lier conversation. La réponse fut affirmative. Fourier s’empressa d’ajouter : quant à moi, je suis resté dans ce magnifique pays jusqu’à son entière évacuation. Quoique étranger au métier des armes, j’ai fait, au milieu de nos soldats, le coup de feu contre les insurgés du Kaire ; j’ai eu l’honneur d’entendre le canon d’Héliopolis. De là à raconter la bataille, il n’y avait qu’un pas. Ce pas fut bientôt fait, et voilà quatre bataillons carrés se formant dans la plaine de Qoubbèh et manœuvrant aux ordres de l’illustre géomètre. avec une admirable précision. Mon voisin, l’oreille au guet, les yeux immobiles, le cou tendu, écoutait ce récit avec le plus vif intérêt. Il n’en perdait pas une syllabe : on eût juré qu’il entendait parler pour la première fois de ces évènements mémorables. Il est si doux de plaire, Messieurs ! Après avoir remarqué l’effet qu’il produisait, Fourier revint, avec plus de détails encore, au principal combat de ces grandes journées ; à la prise du village fortifié de Mattaryèh ; au passage de deux faibles colonnes de grenadiers français, à travers des fossés comblés des morts et des blessés de l’armée ottomane. Les généraux anciens et modernes ont quelquefois parlé de semblables prouesses, s’écria notre confrère; mais c’était en style hyperbolique de bulletin ; ici le fait est matériellement vrai : il est vrai comme de la géométrie. Je sens, au reste, ajouta-t-il, que pour vous y faire croire, ce ne sera pas trop de toutes mes assurances !

     Soyez sur ce point sans nulle inquiétude, répondit l’officier, qui, dans ce moment, semblait sortir d’un long rêve. Au besoin, je pourrais me porter garant de l’exactitude de votre récit. C’est moi qui, à la tête des grenadiers de la 13e et de la 8e demi-brigades, franchis les retranchements de Mattaryèh en passant sur les cadavres des janissaires !

     Mon voisin était le général Tarayre. On concevra bien mieux que je ne pourrais le dire, l’effet du peu de mots qui venaient de lui échapper. Fourier se confondait en excuses, tandis que je réfléchissais sur cette séduction, sur cette puissance de langage qui, pendant près d’une demi-heure, venait d’enlever au célèbre général, jusqu’au souvenir du rôle qu’il avait joué dans les combats de géants qu’on lui racontait…. »

     Le compagnonnage initié en Égypte se prolonge au-delà de la mort : les tombes de Joseph Fourier et de Champollion sont voisines au cimetière du Père-Lachaise ; avec quelques autres, ils forment le groupe des « tombes égyptiennes ».

Les frères Champollion :

     En 1803, Joseph Fourier, préfet de l’Isère, a, en plus de ses fonctions préfectorales, en charge de coordonner les travaux d’édition de la description de l’Égypte. Il fréquente la Société des Sciences et des Arts de Grenoble où il rencontre, en décembre 1803 Jacques-Joseph Champollion, dit Champollion-Figeac (né le 5 octobre 1778 à Figeac dans le Lot et mort le 9 mai 1867 à Fontainebleau), un archéologue français. Les deux hommes s’apprécient, Fourier propose à Champollion-Figeac de travailler avec lui à la Description de l’Égypte ; ils resteront proches jusqu’à la chute de l’Empire. Témoin privilégié de la vie grenobloise de Fourier, Champollion-Figeac racontera sa collaboration avec Fourier dans un recueil de souvenirs.

     Champollion-Figeac dirige l’éducation de son frère, Jean-François, de douze ans son cadet (né le 23 décembre 1790 à Figeac et mort le 4 mars 1832 à Paris) qu’il accueille à Grenoble dès 1801, à qui il trouve un professeur ; l’abbé Dussert, qui lui enseigne le latin et le grec ; Jean-François Champollion aborde aussi l’étude de l’hébreu et acquiert des rudiments d’arabe, de syriaque et de chaldéen, encouragé par son frère, grand admirateur de l’Orient. En mars 1804, après en avoir brillamment passé le concours, il est admis avec une bourse au lycée impérial de Grenoble et le fréquente jusqu’en août 1807. Cependant, s’il est brillant élève, il se plie mal à la discipline quasi militaire du lycée.

partie hiéroglyphique de la pierre de Rosette

   Les contacts étroits et fréquents entre les frères Champollion et le préfet Fourier, l’accès aux documents ramenés d’Égypte par Joseph Fourier orientent l’intérêt de Jean-François vers l’étude de l’écriture hiéroglyphique. Un prêtre égyptien, Geha Cheftitchi, lui apprend le copte, langue héritière de l’égyptien ancien. Ces recherches passent par des études très spécialisées que Jean-François va mener à Paris de 1807 à 1809. Il suit les cours de langues orientales au Collège de France, et plus particulièrement ceux d’arabe par Silvestre de Sacy, de persan par Langlès et d’hébreu par Audran. Il fréquente la Bibliothèque impériale.

     1809, retour à Grenoble, où Jean-François est nommé, à dix-huit ans, professeur adjoint d’histoire à l’université. Il retrouve son frère, toujours familier de Joseph Fourier, ils animent les soirées de l’hôtel de Lesdiguières au côté des plus éminents représentants de la société grenobloise.

Joseph Fourier, préfet, saura éviter la conscription à Jean-François, par ailleurs de santé fragile.

     Jacques-Joseph Champollion sera chargé par Joseph Fourier en septembre 1811 de porter à l’Académie des Sciences le manuscrit de la Théorie de la Chaleur, « Voilà, monsieur, une des commissions les plus importantes que je puisse donner de ma vie. »

     En dépit des troubles politiques, Jean-François Champollion restera professeur, à Grenoble, jusqu’en 1821, mais sans retrouver, avec la préfecture, la qualité de collaboration des années 1805-1815.

     À partir de 1821, Champollion déchiffre les premiers cartouches royaux, dont celui de Ptolémée V sur la pierre de Rosette, puis celui de Cléopâtre sur la base d’un obélisque et sur un papyrus bilingue. Sur des reproductions de détails issus des temples d’Abou Simbel nouvellement découverts, Champollion y repère dans un cartouche le signe solaire de Râ (Rê), un autre signe qu’il savait être M et deux S : RâMSS, donc Ramsès, ce qui en même temps signifie « Rê l’a mis au monde ». De même pour ThôtMS, Thoutmôsis : le 14 septembre 1822, il peut donc aussi lire les noms égyptiens, s’exclamer « je tiens mon affaire » puis selon la légende familiale tomber dans un coma quelques jours. Ce déchiffrement signe l’acte de naissance d’une nouvelle science.

     En 1822, Jean-François écrit et publie sa Lettre à M. le rédacteur de la Revue encyclopédique, relative au zodiaque de Dendérah. Le zodiaque avait été amené en France en 1821. Il remet en question la méthode et donc la pertinence de la datation du zodiaque nouvellement avancée par Jean-Baptiste Biot (soit l’an 716 avant notre ère). Pour Champollion, il ne faut pas confondre un objet de culte avec un objet astronomique ; ensuite il ne faut pas interpréter les signes trop vite car certains ne sont qu’un « système d’écriture ». Il infirme enfin l’interprétation de Biot concernant quatre étoiles supposées identifiées.

     Fourier n’en voudra pas à son ancien protégé de battre en brèche les assertions qu’il avait lui-même encouragées à propos de l’ancienneté du zodiaque. Fourier, devenu, depuis son départ de Grenoble, membre de l’Académie des sciences avant que d’en être bientôt élu, le 18 novembre 1822, secrétaire perpétuel, est surtout préoccupé alors par la publication du travail qui lui a valu, en 1811 le prix de l’Académie : la Théorie analytique de la chaleur, que, pendant l’effondrement de l’Empire, l’Académie avait oublié dans un tiroir sans le publier.

     Jean-François Champollion demandera à être inhumé près de Joseph Fourier (décédé deux ans auparavant) auquel, depuis les heures passées en sa compagnie à la préfecture de Grenoble, il pensait devoir sa vocation.

Tombe de Joseph Fourier (mars 2022) en cours de rénovation

Tombe de Jean François Champollion

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