La sculpture grecque antique

La sculpture grecque antique

Le terme sculpture recouvre reliefs et statues (terme grec glyphein : sculpter ? graphein = dessiner)

http://mini-site.louvre.fr/praxitele/html/1.4.1_fr.html

Aborder la sculpture grecque antique comporte des difficultés :

–  l’étude doit être faite par l’archéologue (s’intéressant à tout vestige même minime et pas seulement aux chefs d’œuvre) ou en historien de l’art qui lui ne retient que les pièces les mieux conservées, voire en philologue ?


Car l’essentiel de ce qu’on sait sur les sculptures grecques antiques vient des auteurs de l’Antiquité qui citent plusieurs œuvres et artistes : exemples dEkphrasis de Philostrate, de Callistrate (dont on ignore tout : IVe siècle ? IIIe siècle ?) (cité par Quatremère de Quincy : « nous avons du sophiste Callistrate la description de 14 statues antiques faites par les maîtres les plus célèbres de la Grèce antique… ». II les décrit et explique parfois les procédés techniques, parlant p. ex. du Cupidon en bronze de Praxitèle « Ce bronze était étonnant à voir : de l’extrémité de ses cheveux naissait sur tout son visage une rougeur éclatante. »

les œuvres sont sorties de leur contexte, offertes à la contemplation du public qui n’a rien à voir avec leur fonction première, avec les conditions de leur production et le contexte politique, culturel de leur époque. La mise en avant de leur idéalisation naturaliste héritée de Winckelmann, ne peut être le seul angle d’approche.

L’évolution de la grande statuaire.

1) Epoque archaïque : Korè et kouroi.

– Korè : jeune fille, mais on ne sait pas ce qu’elles représentent. Ex. emblématique la fameuse Dame d’Auxerre.

Kouros : jeune homme, toujours nu, les bras collés au corps ou détachés comme le Kouros criophore du Pirée (VIe). La figure masculine debout avec appui sur une seule jambe se perpétue jusqu’aux nus de l’époque classique. On y ajoute quelques colosses jusqu’à 10m.

, Kouros de Sounion, 3m, VIe siècle av. JC,  Kouros criophore en bronze du Pirée, VIe siècle.

Les périodes et les styles pour cette époque sont difficiles à établir. Mais on s’accorde sur l’apparition de ces statues vers 640-630 av. JC, sans antécédent dans le pays. Le kouros est une forme quasi fixée alors que les korai  changent d’aspect.

p. ex. Korè de l’Acropole et Dame d’Auxerre.

A gauche : Korè, vers 520 – 510 av. JC, Musée de  l’Acropole d’Athènes, Marbre, H. 1.82 m, à droite la « Dame d’Auxerre », statuette féminine crétoise de 75 cm, vers 640 av. JC, Musée du Louvre

Comment expliquer l’apparition de la grande statuaire ?

La filiation interne est exclue, les quelques traces de sculpture mycénienne ne donnent aucun équivalent (cf. terres cuites).

– L’invention ex nihilo est possible, elle existe dans d’autres zones géographiques (Amérique pré – colombienne), la position du corps sur une jambe visant tout simplement à maintenir l’équilibre de la statue par l’écartement.

– L’influence égyptienne est la thèse la plus plausible des contacts existaient (pharaon a utilisé des mercenaires grecs).
Quelle que soit l’explication l’évolution stylistique de l’archaïsme va d’un primitivisme (corps synthétique) à un réalisme de plus en plus marqué par le travail sur le muscle.

L’apparition de la sculpture architecturale.

Trois endroits accueillent des sculptures : la frise, les frontons, les angles (statues acrotères) (voir plan du Parthénon ci-dessous)

– Pour le fronton cela ne fait pas de doute (toit en bâtière -> deux triangles au faîte des petits côtés du rectangle que forme le temple peuplés de figures. Contrainte pour le sculpteur : la forme de plus en plus rétrécie sur les côtés, soit ils rétrécissent les figures soit il varient l’attitude des personnages.

Vers 590 av. JC,  Temple d’Artemis, fronton ouest, et détail : Gorgone, Tuf local, H. 2.74 m. Paleopolis, Corfou.

Fronton du Temple de Zeus à Olympie,Combat de Lapithes et de Centaures.

Variété des choix : la symétrie des deux demi – triangles formés par la bissectrice ne signifie pas scènes symétriques.

La frise sculptée elle aussi est contraignante et n’a pas une origine architecturale, elle relève du décor quand elle existe car c’est très rare. L’exemple le plus abouti et le plus renommé est bien sûr la frise du Parthénon sculptée par l’atelier de Phidias :

– La métope impose deux contraintes : l’espace réduit est délimité (une figure debout remplit en hauteur et ne laisse la place que pour un ou deux personnages supplémentaires), et chaque surface est autonome.

Selinonte, Temple C, Métope, Persée égorgeant la Méduse, vers 540, Calcaire, H. 1.47 m.

On peut en revanche créer des séries iconographiques, une certaine variété des, scènes p. ex. dans certains cas, au lieu de montrer le combat d’Héraclès avec le lion de Némée on le montre avec la bête tuée à ses pieds.

2) L’invention de l’Art et des artistes.

Ces chefs d’œuvre ne sont pas signés, certains sculpteurs sont passés dans la postérité grâce aux auteurs et sont devenus de véritables mythes :

Myron,

– Polyclète,

– Phidias,

– Praxitèle.

La sculpture grecque reste la référence par son anthropomorphisme, elle a pu servir le pouvoir politique, la renommée et le prestige de cités entières ou de mécènes, elle a pu avoir aussi une fonction religieuses ou votive.

Elle constitue la référence majeure dans l’Art occidental, surtout depuis le siècle le plus hellénolâtre, le XVIIIe (cf. ouvrages de Winckelmann). C’est tout simplement parce que l’invention de l’Art date justement du Ve siècle, le siècle du « classicisme » et ce pour trois raisons :

–       l’avènement de l’artiste, le « démiourgos » ou le « technitès », et qui accède à la richesse (selon Pline l’Ancien, Zeuxis a fini par peindre « gratuitement car ses œuvres n’avaient plus de prix », à la renommée, qui côtoie les plus hautes sphères du pouvoir (Phidias était un ami proche de la famille de Périclès). Mais Platon ne réserve que l’avant dernière place aux peintres et aux sculpteurs au lieu de la dernière place avec les autres « démiourgoi ».

–       La réflexion théorique sur l’art et la recherche formelle, l’intérêt de milieux instruits pour la peinture et la sculpture, sorte de première « critique d’art ». Les artistes eux mêmes comme dit Pline l’Ancien ont parfois « consacré des livres à ce sujet » : Polyclète a écrit le « Canon » où il explique le rôle des proportions dans la beauté du corps. Edouard Bertrand, Un Critique d’art dans l’antiquité : Philostrate et son école. (1881).

http://remacle.org/bloodwolf/roman/philiostrate/table.htm

http://notices.bnf.fr/ark:/12148/cb37281463k/description

–       La troisième raison est l’admiration rétrospective des œuvres du Ve et du IVe siècle. Au Ve siècle on enterre les statues plus anciennes, d’époque archaïque, de l’Acropole pour les remplacer par des sculptures contemporaines. Mais Lucien qui parle de peinture et de sculpture, au IIe siècle ap. JC,  ne cite que des œuvres du Ve et du IVe siècle av. JC.

Ainsi les Grecs établissent ce qu’on pourrait appeler une sorte de proto – « histoire de l’art » comme chez Pline l’Ancien qui dans l’Histoire naturelle cite plusieurs bronzes grecs vieux de plusieurs siècles mais aussi des artistes, peintres et sculpteurs.

Mais on voit aussi apparaître les premières collections d’œuvres anciennes, les naufrages découverts par l’archéologie sous-marine montrent le commerce de ces œuvres (date du naufrage comparée à la date de l’œuvre), pillage à grande échelle par les conquérants romains. Un dernier élément, le commerce des originaux mais surtout des copies car tout le monde ne pouvait pas se payer un Myron.

Article e l’Universalis sur les copies de sculptures grecques à l’antiquité :

copies romaines de sculpures grecques

Ce « marché » fait que des bronzes ont été sauvés de la refonte dans les naufrages, mais aussi  que les mentions écrites, ou les descriptions d’œuvres et des noms d’artistes dépassent de très loin les œuvres  existantes.

N’oublions pas que Laocoon a été reconnu grâce au texte de Pline l’Ancien Histoire naturelle, XXXVI, 37 :

« (…) Le Laocoon qui se trouve dans la demeure de l’empereur Titus, qu’il faut préférer à toute la peinture et toute la sculpture. D’un seul bloc de pierre les grands artistes Agésandros, Polydoros et Athénodoros de Rhodes réalisèrent Laocoon, ses fils et des nœuds de serpents magnifiques, grâce à l’accord de leur idée ».

  • Cette sculpture est donc abondante, reliefs, statues, statuettes et elle est accompagnée d’un grand nombre d’inscriptions sur le piédestal (nom du commanditaire, du sculpteur ou de textes écrits fragmentaires ou plus longs (Pline l’Ancien) mais qui ne donnent pas une histoire continue des 1000 ans environ de sculpture grecque.
  • La difficulté réside aussi au fait que beaucoup de pièces sont brisées, fragmentées, amputées (il manque les bras à la Vénus de Milo, la tête à la Victoire de Samothrace) d’autres sont difficilement identifiables car l’amputation concerne un attribut :

Ephèbe d’Anticythère (IVe siècle av.JC, Athènes, Musée archéologique) est-il Héraclès au jardin des Espérides ou Persée tenant la tête de la Gorgone ?

De même le Zeus d’Artemision pourrait tout aussi bien être un Poséidon.


–       le cas de l’Arès Borghese est plus emblématique encore pour montrer la difficulté et parfois l’arbitraire des attributions. L’original d’Alcamène fait qu’on a identifié comme copie de celui de la collection Borghèse du Louvre. Marbre probablement du début de l’ère chrétienne, comment peut-on l’identifier comme copie d’un original du Ve siècle ? On remarque qu’il existe d’autres statues analogues (donc probablement copies d’un même chef d’œuvre). Mais comment établir que c’est une copie d’Alcamène ? Il faudrait connaître son style, comment faire puisqu’il ne reste plus d’œuvre du sculpteur.

Arès Borghèse, moulage d’après une copie romaine d’une statue grecque de 420 av. JC conservée au Louvre.

–       Mais on ne possède que quelques phrases :

selon Pline l’Ancien « Polyclète avait la diligence, le décor mais pas le « pondus ». Phidias et Alcamène avaient eux ce qui a manqué à Polyclète. » Mais qu’est-ce que le pondus ? Il faudrait également identifier Arès et que Alcamène en a effectivement sculpté un (cité uniquement par Pausanias IIe siècle ap. JC sans être décrit).

Chose pas aisée car c’est un dieu peu aimé et peu représenté, on l’a pris parfois pour Pâris, pour Achille, Alexandre. Personne n’a jamais démontré qu’il s’agissait d’Arès depuis le XVIIIe siècle.

– Autre exemple : le fameux discobole de Myron que Lucien décrit en détail dans un de ses dialogues :

Myron, Discobole, bronze, copie romaine du IIe siécle ap JC, Rome, Musée du Capitole (?).

« De quelle statue veux-tu parler ?

–       N’as-tu pas vu une statue qui se dresse dans la cour, œuvre du sculpteur Démétrios ?

–  Veux-tu dire le lanceur de disque, cette homme penché dans l’attitude du lancer, le visage tourné vers la main qui porte le disque, le genou opposé légèrement fléchi, et qui paraît prêt à se dresser pour lancer ?
Non pas celui-là ; celui dont tu parles est une des œuvres de Myron, le Discobole ».

Pline l’Ancien décrit comme cela l’Apollon sauroctone du Louvre:

« Apollon adolescent qui guette, flèche en main, un lézard se glissant près de lui ».

  • Autres problèmes : la datation, le lieu de production. Même quand on connaît le lieu : reliefs du Parthénon, il y en a qui sont plus archaïques que d’autres. Enfin, nous ne pouvons que se faire une idée s’après ce qui nous reste qui n’est pas forcément le « haut de gamme » comme pour Pompéi, ville provinciale mais dont les peintures sont simplement bien conservées. La difficulté est que les copies datent de plusieurs siècles après les originaux. Comment savoir si elles sont fidèles, de qualité égale etc.
  • Enfin la question de la restitution de l’original.

Le Discobole existe dans plusieurs variantes. Les auteurs anciens eux – mêmes acceptaient l’idée que l’attribution était très difficile et qu’il fallait un œil très averti pour distinguer les sculpteurs parmi les œuvres. Certaines œuvres ont pu servir comme modèles à des graveurs de monnaies comme le Rapt de Ganymède du Louvre de Léocharès (Apollon du Belvedere).

Et quand bien même que nous avons connaissance de copies, comment distinguer la plus conforme à l’original ? Le Discobole de Myron existe en plusieurs versions la tête ne tourne pas forcément dans le sens indiqué par Pline.

-> Quatre grands sculpteurs de l’époque classique.

Myron : connu par son discobole, mais à l’Antiquité il était fameux pour sa « Génisse » selon Pline alors qu’aujourd’hui c’est surtout son Discobole qui le rend illustre. Les plus ancien des sculpteurs grecs, connus en dehors des spécialistes.

Sa date de naissance est inconnue, il a travaillé surtout dans le second tiers du Ve siècle. C’était un bronzier, il s’est distingué selon les poètes qui en parlent par une composition mythologique sur l’invention de la flûte par Athéna, Athéna et le Satyre admirant les flûtes (l’aulos) (Pindare évoque aussi cet épisode : Athéna jeta par terre la première flûte mais refusa à Marsyas de s’en emparer. On y ajoute un lot de sept statues d’athlètes, dont le Discobole, sujet générique, les six autres étant des vainqueurs au Jeux. Un d’entre aux le coureur argien Ladas, était représenté la bouche ouverte, comme s’il était essoufflé.

Polyclète. cité comme professeur de sculpture par Platon dans Protagoras.

Le Doryphore (ou « Porte-lance ») est une statue célèbre du sculpteur grec Polyclète, qui représentait un jeune guerrier armé de la lance (sculptée vers 440 av. J.-C.). L’original en bronze est perdu, mais plusieurs copies antiques nous sont parvenues dont un marbre romain qui se trouve au musée archéologique de Naples.

Ici la copie en bronze de la Glyptothèque de Munich réalisée en 1921:

Doryphore bronze Munich

Polyclète avait entrepris de démontrer, par une « statue dont toutes les parties seraient entre elles dans une proportion parfaite », quels sont les rapports de grandeur dans lesquels la nature a placé la perfection des formes humaines. Il atteignit si bien son but que la statue qu’il donna comme exemple et comme modèle fut considérée comme un chef d’œuvre incontestable.

La tête entre au total sept fois dans le corps, deux fois entre les genoux et les pieds, deux fois dans la largeur des épaules et deux fois dans la hauteur du torse.

Selon Cicéron (Brutus, 86, 296), comme on demandait à Lysippe comment il avait appris son art, il répondit « En étudiant le Doryphore de Polyclète ». Cette statue, qui semble vouloir résumer et formuler l’art de la vieille école d’Argos a fourni le sujet de maintes dissertations esthétiques.

Elles ont toutes le point de départ dans le type d’adolescent viril qu’a voulu réaliser Polyclète, et dans la discussion de l’idée du « canon » en sculpture. Pline l’Ancien (Histoire naturelle, XXXIX, 55) explique ainsi :

Polyclète de Sicyone, disciple d’Agélade, est l’auteur du jeune homme efféminé, dit le Diadumène, célèbre par son prix de cent talents, et de l’adolescent robuste, dit le Doryphore. Il a fait, de plus, ce que les artistes appellent le canon, ou statue modèle : ils en étudient le dessin comme une sorte de loi. Polyclète seul, d’une oeuvre d’art, a fait l’art même. On a encore de lui le Baigneur au strigile, l’homme nu qui joue aux dés, deux enfants nus et jouant de même aux dés (ce morceau, connu sous le nom des Astragalizontes, et regardé généralement comme un des plus parfaits que l’art ait produits, se trouve aujourd’hui dans l’atrium de l’empereur Titus), un Mercure qui jadis était à Lysimachie, un Hercule qui est à Rome, un auxiliaire prenant les armes, et Artémon, surnommé Périphorète (en litière). Polyclète passe pour avoir porté son art au plus haut point, et pour avoir perfectionné la toreutique inventée par Phidias. Une de ses découvertes, est d’avoir posé ses statues sur une seule jambe ; Varron cependant a écrit que ses statues sont carrées, et presque toutes d’aspect uniforme.

« Il réalisa aussi un enfant sous forme d’homme, le Doryphore, que les artistes appellent Canon, parce qu’ils y cherchent, comme dans une loi, les principes de leur art, et que seul parmi les hommes, il est considéré comme ayant réalisé l’art lui-même dans une œuvre d’art.»

Une copie en marbre, retrouvée dans la Palestre Samnite de Pompéi, faisait partie d’un décor réalisé à l’époque d’Auguste. Elle y a certainement été placée pour servir de modèle aux jeunes aristocrates romains, comme image de la perfection physique à laquelle doit correspondre une perfection intellectuelle, selon la tradition grecque du  « kalos kagathos » « l’homme beau et bon »).

Phidias.

http://www.britishmuseum.org/explore/highlights/highlights_search_results.aspx?RelatedId=13742

Il était artiste mais aussi episkopos (superviseur) de tout le chantier. (voir la frise du Parthénon ici :

Sculptures du Parthenon

Il est le parangon de la sculpture grecque, on lui a attribué beaucoup d’œuvres anonymes, alors que sa fonction lui permettait de superviser les artistes des grands chantiers sans pour autant réaliser les sculptures.

Aujourd’hui on ne lui attribue que des statues de divinités, une vingtaine. Le plus connu des sculpteurs, au point d’avoir été fait personnage d’opérette en 1918.

Zeus d’Olympie, statue chrysélephantine, vers 436 av. JC. une des 7 merveilles du monde,

Héliogravure provenant du Voyage aux sept Merveilles du Monde d’Augé de Lassus (1880)

Ces œuvres se situent autour de la mer Méditerranée,

en Grèce (Statue de Zeus à Olympie, Colosse de Rhodes),

en Égypte (Pyramide de Khéops à Gizeh et le Phare d’Alexandrie),

en Asie Mineure (Turquie actuelle ; Mausolée d’Halicarnasse et Temple d’Artémis à Éphèse)

et en Mésopotamie (Irak actuel; Jardins suspendus de Babylone).

Leurs dates de construction s’étendent sur plusieurs millénaires, entre environ 2650 av. J.-C. pour la plus ancienne, les pyramides de Kheops, et le IIIe siècle av. J.-C. pour la plus récente, le phare d’Alexandrie. De nos jours, seule la pyramide de Kheops reste visible, toutes les autres ayant disparu, suite à des incendies ou des tremblements de terre. L’existence de toutes ces merveilles aurait été prouvée grâce à des fouilles archéologiques, sauf pour les jardins suspendus de Babylone dont la réalité historique est remise en question

Acropole, statue chryséléphantine d’Athéna décrite par Pausanias : Ch. XXIV, 5 – 7.

«  Vous arrivez ensuite au temple nommé le Parthénon ; l’histoire de la naissance de Minerve (Athéna) occupe tout le fronton antérieur, et on voit sur le Fronton opposé sa dispute avec Poséidon au sujet de l’Attique. La statue de la déesse est en ivoire et en or, sur le milieu de son casque est un Sphinx, (je rapporterai dans la description de la Béotie, ce qu’on dit du Sphinx), et des Gryphons sont sculptés sur les deux côtés.

6. Aristée de Proconnèse dit dans ses vers que les Gryphons, pour défendre l’or que le pays produit, combattent avec les Arimaspes, dont le pays est au-dessus de celui des Issédons. Ces Arimaspes dont le pays est au-dessus de celui des Issédons sont des hommes qui naissent tous avec un seul oeil ; quant aux Gryphons, ils ont le corps d’un lion, avec les ailes et le bec d’un aigle. Mais en voilà assez sur les Gryphons.

7. Athéna est debout, avec une tunique qui lui descend jusqu’aux pieds. Sur sa poitrine est une tête de Méduse en ivoire. Elle tient d’une main une Victoire qui a quatre coudées ou environ de haut, et de l’autre une pique. Son bouclier est posé à ses pieds, et près de la pique est un serpent qui représente peut-être Erichthonios. La naissance de Pandore est sculptée sur le piédestal de la statue. (Hésiode et d’autres poètes disent que Pandore est la première femme qu’il y ait eu, et que le sexe féminin n’existait pas avant elle. »

Athena du Varvakeion, Première moitié du IIIe s. ap. J.-C. Copie plutôt laide mais fidèle à la description de Pausanias. Voir reconstitution du Parthénon avec la statue d’Athéna grandeur nature sur le site de l’Université de Columbia, (Aller à Parthénon de Nashville).

Statuette de marbre pentélique trouvée à Athènes près de l’école Varvakeion. C’est la mieux préservée des copies connues de la statue chryséléphantine d’Athéna Parthénos par Phidias, érigée dans le Parthénon en 447 a. C. L’original avait environ 12 fois la taille de cette copie de Varvakeion.

Autre copie Athéna Lenormant,

La même statuette vue de 3/4.

Statuette d’Athéna en marbre pentélique, trouvée à Athènes près de la Pnyx, dite aussi « Athéna Lenormant ». C’est une copie de l’Athéna Parthénos de Phidias, inachevée, mais qui présente deux motifs présents sur l’original : une amazonomachie sur l’extérieur du bouclier et la naissance de Pandora sur la base. La copie date probablement du Ier siècle ap. J.-C.

Ces réductions sont très loin de l’original, les détails qui frappaient les esprits, la ciselure du bouclier, des sandales p. ex. n’apparaissent pas.


Praxitèle : très bel article wikipédia. « une synthèse subtile de la puissance archaïque et de l’harmonie classique »

Au dires de Pline l’Ancien, il « florissait » vers 375. C’est un sculpteur d’une autre génération, très différent des trois précédents. Réputation extraordinaire, on dénombre plus d’une centaine d’œuvres qui lui sont attribuées, On sait peu de choses sur lui, ni date de naissance ni date de mort, mais il a été fils de sculpteur, Athénien, et il a été amateur de belles femmes (contrairement à Phidias qui aurait préféré les éphèbes), l’Aphrodite de Cnide, entièrement nue, en témoigne.

Grande dispersion géographique des statues qui portent sa signature (signe de réputation que ces signatures soient des copies ou des originaux).

Les attributions à peu près sûres

L’Aphrodite de Cnide dont il existe plusieurs répliques.

Selon Pline « elle vient au premier rang des œuvres non seulement de Praxitèle mais du monde entier, beaucoup ont fait le voyage à Cnide pour la voir » (il y en avait même qui en tombaient amoureux). Elle sera supplantée comme toutes autres par la Vénus de Milò au XIXe siècle.

L’Apollon sauroctone

Le fameux Hermès d’Olympie portant Dionysos bébé (attribué à Praxitèle par une citation de Pausanias qui décrit le motif).

http://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/praxitele/hermesportantdionysosenfant.htm

Les copies foisonnent, peut-être aucun original n’existe de ce grand sculpteur. Mais les copies et quelques textes permettent de dégager quelques caractères de l’art praxitélien :

– NOMBRE CONSIDÉRABLE D’ŒUVRES : s’interroger sur les circonstances de création (plus d’une cinquantaine de copies authentifiées) : à quoi est due cette abondance ? Longévité ? Renommée ?

– Pratique nouvelle de l’art poussant ‘artiste à travailler même sans commande comme l’avait fait pour la première fois Polyclète avec son Canon ?

L’insistance sur certains thèmes qui pourtant n’étaient pas si courants (Eros, Phrynè), cinq Aphrodite etc. étaye cette hypothèse.

– L’inspiration à partir de modèles vivants ? -> son amante Phrynè et Aphrodite de Cnide.

– Une nouvelle présentation des figures statufiées : le corps féminin peut désormais être dénudé et non pas suggéré derrière les draperies mouillées du Ve siècle. Comparée à l’Aphrodite d’Arles de la collection royale française arrangée et complétée par Girardon sous Louis XIV qui avait le buste nu, celle de Cnide l’est entièrement.

Autre innovation, les corps masculins se rajeunissent pour devenir presque androgynes (le Satyre, Eros de Thespies ou le Sauroctone du Louvre). L’attitude du corps se modifie aussi, l’Eros et Apollon Sauroctone (: Apollon s’apprêtant à tuer un lézard, principalement connu par le Sauroctone Borghèse conservé au musée du Louvre)  lèvent un bras, leur corps s’infléchit dans une courbe qui contraste avec la posture debout des statues du Ve siècle.

Apollon sauroctone, copie romaine d’après un original de Praxitèle (?), Musée du Louvre. Attribution par Pline l’Ancien : « Praxitèle réalisa aussi en bronze) un Apollon jeune, guettant avec une flèche un lézard en train de ramper, et qu’on appelle sauroctone»

Ce déhanchement explique la présence d’éléments à côté du corps, le vase sur lequel Aphrodite pose ses vêtements, le tronc d’arbre où le Satyre est accoudé, ou même carrément appuyé plus haut que lui là où court le lézard pour le Sauroctone. Ces éléments n’ont pas seulement un rôle d’évoquer le cadre agreste pour le satyre ou de salle de bain pour Aphrodite, mais un rôle important de support que demande le désaxement qui déportait le centre de gravité de la statue hors de l’aplomb des verticales. Ce support était encore plus nécessaire pour les statues en marbre.

Praxitèle a rompu également avec la hiérarchie des matériaux. Les œuvres les plus illustres ont été à la fois des bronzes (le Sauroctone, et des marbres : Aphrodite et Eros) comme le dit Pline.

Les marbres ont été cependant considérés comme supérieurs «  où il mêla au plus haut point les sentiments de l’âme » selon Diodore de Sicile, peut-être car ils étaient peints (statues polychromes) par le plus grand peintre du moment Nicias.

Lysippe de Sicyone (près de Corinthe).

Œuvre emblématique : l’Apoxyomène.

L’Apoxyomène (« le racleur »). Marbre, copie romaine du Ier siècle ap. J.-C. d’après un original grec en bronze de 320 av. J.-C. environ. Provenance : Trastevere, Rome. Dimensions H. 2.05 m.

Dates inconnues mais probablement il a connu Alexandre. Il a été un portraitiste attitré comme Apelle l’a été en peinture. On raconte qu’Alexandre ne voulait être portraituré par aucun autre artiste qu’Apelle et Lysippe. Artiste de cour, c’est une nouveauté, car jusque là il s’agissait de commandes des cités.

Il modifie le canon de Polyclète en allongeant les corps (tête = 1/8e du corps et non pas 1/7e). Il es  est considéré comme un précurseur de l’art hellénistique par une plus grande expressivité et un sens du mouvement des corps.

-> La Statuaire classique entre réalisme et idéalisme.

– Différenciation de sexe.

La figure ne change pas entre divinités et humains -> anthropomorphie.

Mais ce sont des déesses bcp plus que femmes. Alors que pour les hommes la figure n’est pas forcément divine. Certaines statues féminines ou masculines sont des personnifications : Eiréné = paix, Éros de Praxitèle.

Certaines divinités sont en réalité des allégories : CEPHISODOTE : Femme avec un petit enfant, Pausanias la décrit comme « Eirénè portant Ploutos » -> apologue -> la paix assure la croissance de l’enfant -> de la richesse.

Eire?ne? (la Paix) portant Ploutos (la Richesse), copie romaine d’une statue votive de Ce?phisodote (vers 370 av. J.-C.) qui se trouvait sur l’agora d’Athe?nes. Vers 370 av. JC. Glyptothèque de Munich.

http://www.mlahanas.de/Greeks/Arts/Classic2.htm

Le nu masculin domine, le nu féminin n’apparaît qu’au IVe (Praxitèle). (décence, pudeur) mais les drapés mouillés ont déjà mis en valeur le corps féminin (Vénus de Fréjus).

La différenciation de l’Age est exceptionnelle : la jeunesse domine, quelques rares enfants (statuettes de Brauron)

et le Vieillard d’Olympie :

http://picasaweb.google.com/gerardmorelphotosdegrece/01Olympie#

L’intention de réalisme.

Elle apparaît progressivement en atténuant l’écart entre image et chose représentée.

Scopas est un des tous premiers à appliquer un regard pathétique légèrement révulsé, des lèvres entrouvertes. Méléagre (fils du roi de Calydon Œnée qui contribua à la chasse au sanglier féroce de Calydon ).

En réalité l’opposition réalisme idéalisme n’est pas aussi tranchée qu’à partir de la Renaissance. Les proportions sont idéalisées, les profils aussi certains sculpteurs  comme Démétrios d’Alopékè préféraient « la ressemblance à la beauté ».

Lire : Deonna, W. (Waldemar), 1880-1959, L’expression des sentiments dans l’art grec : les facteurs expressifs (1914)

http://www.archive.org/details/lexpressiondesse00deonuoft

Platon lui même approche dans l’allégorie de la caverne où il oppose le monde sensible du réel au monde supérieur des idées. Pour lui la peinture d’un lit n’est qu’une imitation de ce que le menuisier a fabriqué lui même à partir d’une idée, l’eidos le concept du lit qui préexiste et qui représente l’idéal. Cet attachement à l’idéalisation a freiné l’émergence de l’individualisation des figures par l’aspect physique ou par les « mouvements de l’âme ».

-> L’époque hellénistique (fin IVe : 323 mort d’Alexandre –Ier siècle av. JC).

: Epoque des diadoques ( = successeurs) d’Alexandre.

Quels sont les traits majeurs ?

Rejet de l’idéalisme ? A l’universel on préfère le particulier, à l’intemporel le momentané.

Vielle femme ivre copie d’un homonyme de Myron. Elle tient un flacon et chante à tue-tête.

Marsyas supplicié.

Marsyas supplicie?, Ier IIe sie?cle ap. JC Louvre, marbre provenant des thermes de Diocle?tien.

Le supplice de Marsyas témoigne du goût de l’art hellénistique pour le pathétique. Le silène se vantait d’être meilleur musicien qu’Apollon. Vaincu dans un concours musical, il est condamné à être écorché vif par un esclave scythe. Il attend, suspendu à un tronc d’arbre, le terrible châtiment. La scène s’inspire d’une œuvre originale de la fin du IIIe siècle av. J.-C.

Un silène au supplice

Cette grande statue représente un silène, compagnon du cortège de Dionysos, dont la nature sauvage est indiquée par les oreilles en pointes, la chevelure hirsute et la queue de bête située au creux des reins. Les bras, liés à un tronc d’arbre par les poignets, portent suspendu le corps qui s’allonge et s’étire, et dont le ventre se creuse et les côtes font saillie.

Le visage aux traits âgés est tendu, en proie à l’angoisse et à la douleur.

Le châtiment de Marsyas

On reconnaît une évocation du supplice de Marsyas. Devenu très habile à la flûte qu’il avait ramassée après qu’Athéna l’eut jetée, le silène avait eu l’impudence de défier Apollon dans un concours musical. Les muses ayant déclaré le dieu vainqueur, celui-ci punit Marsyas de son orgueil en le condamnant à être écorché vif par un esclave scythe.

Plusieurs répliques et reliefs témoignent de l’existence et de la popularité d’un groupe original illustrant ce thème et dont ils seraient les échos. Ils nous permettent d’en reconstituer la composition : en plus du Marsyas suspendu à l’arbre, il faut imaginer la présence à gauche d’un esclave accroupi, aiguisant le couteau du supplice et levant la tête vers le silène, qui lui rend son regard. A droite se tenait probablement Apollon, debout.

Pathétique pergaménien

L’œuvre est une copie romaine d’un original hellénistique créé à Pergame, en Asie Mineure, dans la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C. La légende de Marsyas avait déjà eu les faveurs des artistes du Ve siècle – on se souvient du groupe de Myron, représenté au Louvre par l’Athéna, qui figurait l’épisode précédant , celui du concours musical et de son tragique dénouement. L’artiste hellénistique, lui, a choisi le court instant qui précède le supplice : le moment où victime et bourreau échangent un ultime regard et où la tension atteint son apogée.

Cette atmosphère dramatique correspond bien au goût pour le pathétique de l’école de Pergame.

Le sujet est prétexte à une étude du visage et de l’anatomie, où les jeux d’ombre sur les surfaces bosselées d’un corps déformé par la douleur théâtralisent la scène et en accentuent l’effet pathétique.

Cette statue est également un formidable contre-pied à toutes les recherches de la sculpture grecque, qui, depuis le Kouros et en passant par le contrapposto du Ve siècle, avaient campé un corps debout puis étudié les conséquences musculaires. Ici, en représentant un corps suspendu, le sculpteur fait échapper son Marsyas à la pesanteur et au problème de la pondération.

Le nu masculin s’en trouve complètement renouvelé : ce n’est plus la puissance qui est l’objet de l’étude, mais la surenchère musculaire au service d’une anatomie distendue.

Le Nu à la Renaissance.

Rappeler Donatello (David).

Contexte de la fin du XVe : Alberti -> théorie de la beauté contradictoirement : imiter la nature mais aussi la dépasser.

Proportions harmonieuses (mathématiques, accord des parties avec le tout), comme Zeuxis, la beauté est dispersée dans la nature il faut la chercher dans plusieurs corps. (cf. Idea de Panofsky).

Leonard prolonge les théories d’Alberti en prônant de partir toujours de la Nature mais sans chercher les proportions idéales.

David de Donatello : première représentation du nu idéal masculin, androgyne, éphèbe, un peu travestie. Mais ce nu figure encore un personnage typologique (le roi biblique David). Pourtant c’est une révolution car la typologie médiévale est mue en typologie antique.

Première grande œuvre « post-antique » ; Bacchus sculptée en 1496 par Michel-Ange pour le compte du banquier Jacopo Galli. .

Michel-Ange, Bacchus 1497. Marbre, H: 203 cm. Museo Nazionale del Bargello, Florence.

Typologie : corps nu du Christ, dépouille du lion -> dieu païen terrassé, corps flasque et efféminé. Bargello Florence

David de Michel-Ange : réponse à l’art antique par la taille : tour de force. Bloc de 4,10m de hauteur.

Conclusion de la lignée florentine inaugurée par le Saint Georges puis David de Donatello.

La nudité virile du David de Michel-Ange ne répond pas à des préoccupations théoriques, ou sensuelles, elle répond à l’actualité et à une tradition culturelle.

1501 : il rentre à Florence de Rome, décision de la Seigneurie. Il incarne la fortezza, la juste colère de l’homme courageux dont la république a besoin Le bloc est sculpté de sorte qu’il incarne l‘énergie prête à se déployer dans l’action. Au Moyen Age David était l’homologue biblique d’Hercule patron de Florence. Emplacement à l’entrée du Palazzo Vecchio avec le groupe d’Hercule et Antée.

2 réflexions sur « La sculpture grecque antique »

  1. greceblanche dit :

    Bonjour ! Ce dossier est excellent : il lui manque seulement un développement sur la polychromie et la dorure de la sculpture grecque et romaine, en bronze, en marbre comme en terre cuite, depuis le VIIe s. av. J.-C. au moins jusqu’au IVe/Ves de n. è.

    A lire (?) : Philippe Jockey, Le Mythe de la Grèce blanche. Histoire d’un rêve occidental, Paris, Belin, 2013

  2. Merci beaucoup pour votre commentaire.

    C’est en effet une petite mise au point rapide (car hors programme) dans le cadre d’un cours de Khâgne sur le « Modèle antique du Moyen Age à nos jours ». En effet, il manque un développement sur la polychromie et le mythe winckelmien de la « blancheur » pour lequel votre livre aurait bien sûr été idéal. Malheureusement il n’a été publié que trois ans après ce cours ! En tout cas j’ai évoqué cette question dans un autre cours de cette année consacré justement à Winckelmann

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