Les dormeurs du val

Parodiez, pastichez, il en restera toujours quelque chose

Un nuage inquiétant dans ma tête voltige,
comme un cumulus dans une bouteille.
Pourquoi cette impression d’un petit coton-tige
qui resterait coincé entre mes deux oreilles ?
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J’ai toujours adoré un nuage en montagne,
la montagne au mois d’août me donne des frissons.
Mais ce coton dans mon cerveau qui m’accompagne
me fait grincer des dents, me pourrit le caisson !
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La tête ennuagée, serait-ce héréditaire,
ça ne tient pas debout, sauf si c’est le destin.
Abracadabrantesque ! Incohérente affaire ?
Je n’ai pourtant encore rien fumé ce matin.
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Si je n’ai rien fumé, je n’y comprends  plus rien,
mais ma tête enfumée et mon cerveau brumeux
sont bien là sur ma nuque, c’est vraiment kafkaïen
et j’ai mal aux oreilles et je me sens fumeux !
 

 
J’ai le cœur grêlé
comme vigne en avril,
mais d’où viennent ces cailloux blancs
qui m’ont cabossé ?
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Vivent les grêlons qui me fascinent
quand ils tambourinent !
Quand j’entends les grêlons
mon cœur bat la chamade.
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Mon cœur grêlé est plein de trous,
ça me troue l’âme aussi.
Aïe ! Pourquoi trouée ?
Vraiment c’est trop nul.
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C’est trop nul d’avoir un trou à l’âme
sans avoir vu tomber le grêlon
qui l’a méchamment perforée,
et quand le ciel est bleu !
 

 
La textée ? Un énoncé
Textée poétique en quatre strophes : l’accompagnement personnalisé poussé à l’extrême.
Vous commencerez par établir un constat sentimental d’une phrase et en deux vers, sous une forme vaguement météorologique, dans un lieu non géographique mais très personnel, sur un ton autobiographique et dépressif, en comparant, sans coupure, cet état psychologique à un phénomène réellement météorologique mais banal, dans un lieu tout aussi banal. Vous mettrez un point-virgule, ou non, comme vous voudrez.
Vous procéderez à une introspection toujours autobiographique et dépressive, en une seule phrase de deux vers, destinée à essayer de comprendre l’aberration météorologico-sentimentale des vers précédents. Vous ponctuerez très logiquement ces deux vers introspectifs.
Vous sauterez une ligne pour marquer le passage à la strophe suivante.
Vous invoquerez en deux vers une émotion d’ordre esthétique provoquée par le phénomène météorologique réel du vers 2, dans une phrase exclamative ressemblant éventuellement à une prière.
Vous répèterez en deux vers et en termes presque semblables cette invocation exclamative, dans une phrase coupée par une virgule en son milieu exact, mais en la situant dans le même lieu non géographique qu’aux vers 1 et 4.
Vous sauterez une ligne pour marquer le passage à la strophe suivante.
Vous répèterez le constat sentimentalo-météorologique du vers 1, mais en deux vers et de manière redondante, tout en y ajoutant une légère accusation d’incohérence, avec une marque autobiographique moins prononcée grammaticalement qu’aux vers 1 et 4, dans une phrase qu’aucun signe de ponctuation ne coupera.
Vous crierez, en un vers et en trois mots, une première fois sous forme exclamative, une deuxième fois sous forme interrogative, sans réussir à trouver une cause grave au constat sentimental dépressif et incohérent déjà évoqué.
Au vers suivant, en une phrase brève et affirmative, vous conclurez sur l’impossibilité logique de la compréhension du dit phénomène, et vous utiliserez un terme très fort et presque décalé pour caractériser de manière hyperbolique le phénomène sentimental dépressif déjà évoqué plusieurs fois.
Vous sauterez une ligne pour marquer le passage à la strophe suivante.
Les 4 derniers vers seront constitués d’une seule phrase, avec deux virgules et un point d’exclamation final, phrase qui répètera le constat précédent, dans une sorte de redondance généralisante des 12 vers précédents, mais en revenant à l’énonciation autobiographique.
Vous signerez le poème de votre prénom, après avoir vérifié qu’il comporte bien 4 strophes distinctes.