Les dormeurs du val

Parodiez, pastichez, il en restera toujours quelque chose

 
Mon histoire est tragique : un œuf devenu grand.
 
Sorti de ma coquill’, pas une seule goutte
Du sein d’une nourrice, et pas de bras câlin
Pour me tenir au chaud. J’étais sous une ampoule
Qu’on appelle éleveuse, après avoir été
Au cœur d’une couveuse, au milieu des autres.
 
On m’a donné du grain, je me suis emplumé,
J’ai fait cocorico, je suis devenu gros
Et gras, nourri de bon maïs et de pâtée,
Au milieu d’un troupeau de garçons de mon âge.
Et je n’ai jamais su ce que c’est qu’une poule,
Ni au pot ni au pieu.
 
Dans ma cage en béton, à travers la fenêtre,
J’apercevais parfois un morceau de ciel bleu,
Mais la plupart du temps je grattais ma litière,
Les deux pieds dans la crotte et les plumes souillées,
Je m’approchais sans peur d’un destin ignoré.
 
Je m’appelais poulet, j’aimais bien mes parents,
Qui, en bleu de travail, et sans prendre de gants,
Nous prenaient dessous l’aile et puis nous retournaient,
Nous tâtaient le croupion et nous grattaient la tête,
Changeaient l’eau du bassin et remettaient du grain.
On jouait au bec fin, on s’envolait parfois
Pour monter au perchoir, place très convoitée.
 
À quarante-deux jours, après m’avoir saigné
On m’a déshabillé, puis vidé, puis rôti.
 
L’aile ou la cuisse ?
 
__________________________________________________________________________________
 
PS : un kilo, ou kilogramme, est un texte de 1000 signes, pas un de plus.
 

One Comment

  1. Le kilogramme est un texte de mille caractères.

    Plusieurs solutions, strictes ou souples : on compte les espaces, ou non. On compte le titre, ou pas.
    Laquelle est-ce ici ?
    Yaka compter.

Your must be logged in to comment.