Les dormeurs du val

Parodiez, pastichez, il en restera toujours quelque chose

 
C’est un goût de garbure, juste après la prière,
Encombrant fortement la place de graillon
Fumant ; que les amis de la mosquée berbère
Fuient : c’est une odeur terrible de cochon.
 
Un mollah encore jeune, barbichette ténue
Et la tête penchée dans un beau Coran bleu,
Sort ; il est entendu qu’il flaire la bévue,
Râle, son livre ouvert où la loi dit « tu peux ».
 
Le nez dans l’air fumant, il sort. Marmonnant comme
Marmonnerait un curé intraitable, un homme
De nature vraiment insatiable et qui croit.
 
Ce relent ne fait pas frissonner sa narine ;
S’il sort de son sommeil c’est aussi des latrines
Kabiles. Laissant deux étrons bruns au coin du bois.
 
Arthur Philippe Rambo, le 21 avril
 
 
Sous un bout de tenture, se tient une héritière
Ressemblant fortement au père nazillon
D’entant ; la gueuse tient un discours d’avant-hier,
Truie qui grogne et qui glousse envoûtée de passion.
 
Cette blonde empâtée, walkyresque et charnue,
A plaqué sur ma nuque un regard froid et bleu,
Et a tendu son bras, soulevé vers la nue
Par des élans guerriers comme faisaient les chleus.
 
Epiée par les aïeuls, elle mord. Beuglant comme
L’aurait fait le breton détestable : cet homme
Qu’ils faillirent voter sans bien savoir pourquoi.
 
Au final, elle ne passera pas Marine,
Ils voteront à gauche en ville comme à l’usine,
Habiles. Ils sont toujours du bon côté du droit.
 
Arthur Philippe Rambo, le 21 avril
 
 
C’est un vrai macho brun à la stature altière,
Mâchonnant lentement des cigares oblongs
Et rares ; cherchant à fréquenter l’héritière
Lui qui aime les femmes aux cheveux fins et blonds.
 
Un gigolo d’occase accordant sous la nue
Sa guitare fringante aux longues cordes bleues,
Cador ; rêvant de voir toutes les femmes nues,
Grave dans un peignoir où DSK émeut.
 
Le pied c’est bien cette aïeule, encore ! Et comme
Il la forniquerait, un vrai malade, en somme !
Abusant , la perçant fortement : elle y croit …
 
Mais le butor n’a pas butiné sa poitrine ;
Il dort sur l’oreiller, la main sur sa tartine
Tranquille. Avec deux verres de rouge au côté droit.
 
Arthur Philippe Rambo, le 21 avril
 
 
C’est un bol de bitture un vase plein de bière,
Bavotant sur ses bords imbibés de graillons
puants, où l’on peut voir sur sa maigre litière
Un Amfortas livré à sa triste passion !
 
Un pauvre roi blessé, bouche ouverte et qui pue,
Et le gosier baignant dans un vrai lagon bleu,
Dort ; il a déjà rendu tout ce qu’il a bu
Et râle chaque fois qu’il se tourne en son pieu.
 
La glotte dans l’extase, il dort. Crachotant comme
D’un vieil élixir la doucereuse pomme ;
Bavure, glaire et pisse au lit : bref c’est l’effroi !
 
Les chakras ne font pas résonner sa bassine ;
Il dort, c’est le bordel, baignant dans son urine
Rance. Deux coulures vomies au côté droit.
 
Arthur Philippe Rambo, le 21 avril
 
 
C’est un lieu de torture où grincent les prières,
Les faciles dégoûts et les ânonnements,
Où le sorbonnagre bien fier sur son derrière,
Lit. C’est un beau local pour les éreintements.
 
Un potache, jeune, bouche ouverte, perdu,
Déchiffrant à grand peine ce qu’a dit Montesquieu,
Pleure. S’il avait su, il serait pas venu,
Sa couette ce jour-là gardait un bon moelleux.
 
C’est à lui, c’est son tour, il y va comme un homme,
Le bourreau du bureau va commencer son somme :
Montesquieu ou Voltaire, ils en restent tous cois.
 
L’ironie est cachée, il faut qu’il la devine ;
Mais tant pis il redit tout ce qu’on lui serine,
Peinard. Le professeur en restera pantois.
 
 
Signé Sooophie, le 16 avril