Hiver 1910: Paris sous les eaux.

paris_inonde_1910La ville de Paris propose une exposition exceptionnelle sur les inondations de l’hiver 1910, il y a donc tout juste un siècle.
« L’exposition présente plus de 200 documents, du 8 janvier au 28 mars,pour la plupart inédits, provenant majoritairement des collections de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, qui, dès les premiers jours de l’inondation, s’était attachée à collecter les témoignages écrits ou iconographiques de l’événement. Photographies originales, cartes postales, affiches, presse illustrée, plans, peintures et dessins, publicités, manuscrits et archives, films d’actualités, nous restituent, exactement cent ans après, la métamorphose de Paris et les bouleversements de la vie des Parisiens, du dérèglement de la ville moderne aux réactions des pouvoirs publics, pendant l’inondation spectaculaire de 1910.  »

  Tout le monde ne peut pas aller à Paris même pendant les vacances, mais l’on peut tout de même visiter l’expo comme si on y était grâce à Internet.

http://inondation1910.paris.fr/

Des photos tout à fait exceptionnelles sont visibles et nous renseignent sur l’inondation mais aussi sur la société parisienne du début du XXe siècle.

« Personnes » de Christian Boltanski.

Au Grand Palais actuellement et jusqu’au 21 février  dans le cadre de Monumenta 2010 une oeuvre majeure est visible , celle de Christian Boltanski. Son nom : « Personnes ». De quoi s’agit-il?

Tout d’abord une vidéo où l’artiste explique ce qu’il a voulu faire et comment il a utilisé le Grand palais pour exposer son travail.

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xbudtk_le-making-of-de-personnes-christian_creation[/dailymotion]

 

Christian Boltanski est un plasticien français né à Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1944. Il est issu d’un milieu familial à la fois juif et chrétien. C’est à partir de l’âge de 14 ans qu’il commence à peindre sans avoir reçu une quelconque formation. Christian Boltanski, comme cela est écrit sur le site « monumenta 2010′ , est un de ces artistes dont la vie et l’oeuvre se nourrissent réciproquement. Très marqué par la Shoah, dans ses oeuvres, mémoire personnelle et mémoire collective se rejoignent et s’unissent dans un effort incessant pour affronter et surmonter l’oubi et la mort.

  Tout son travail est un véritable parcours, comme il est écrit dans sa biographie, à l’intérieur de la mémoire.  Celui-ci  peut aussi être considéré « comme une thérapie par un retour sur les traces et les traumatismes du passé ». L’oeuvre qu’il présente au Grand Palais n’échappe pas à la règle.

  Le visiteur pourra y voir une immense montagne de vêtements surplombant des carrés de vêtements étendus à même le sol. L’évocation de la mort, de l’absence, de la Shoah apparaît évidente. Six  millions de victimes, soit des millions d’absents, hommes, femmes, enfants et vieillards, artistes, artisans… qui ont péri pendant la Seconde Guerre mondiale par la folie d’un homme, d’un système et de leurs complices.

 Pour en savoir davantage:

http://www.monumenta.com/2010/votre-visite/monumenta-lsf.html

« Le dernier des Justes  » d’André Schwarz Bart: « Un livre majeur ».

  Présentation du roman d’André Schwarz Bart à partir de la Conférence du 1 11 09 de Francine Kaufman, directrice de l’Ecole de traducteurs et d’interprètes, université de Bar et d’autres sources trouvées sur Internet ( voir fin de l’article).

le dernier des justes« Le dernier des Justes »  date de 1959. C’est le premier roman  d’André Schwarz Bart. Le livre est immédiatement un succès de librairie. 80 000 exemplaires sont vendus avant même de recevoir le prix Goncourt. Comment expliquer un tel succès ?

Tout d’abord  l’auteur. La vie de celui-ci explique ce premier roman.Les parents d’André Schwarz-Bart  sont nés en Pologne et s’exilent en France en Lorraine. André nait le 28 mai 1928 à Metz (mort en 2006). Ils sont, comme tous les Lorrains en 1940, évacués pour être installés en Haute Vienne. La famille de l’auteur compte 4 garçons et une fille. La plus grande partie de la famille d’André Schwarz Bart va périr lors de la Shoah, excepté sa petite sœur qu’il sauve alors qu’elle est déjà dans le wagon. Par contre sa mère et ses frères sont déportés. A 15 ans il entre dans la résistance. Il est arrêté et torturé dans la prison de Limoges. Au moment de la libération, il entre dans l’armée et rejoint une compagnie juive, il n’a que 17 ans. Comme l’écrit Kathleen Gyssels dans son article consacré à l’auteur « toute son écriture part de cette histoire indicible et intraduisible ».

  Lorsqu’André Schwarz-Bart publie son livre il est inconnu du grand public et pourtant  l’œuvre est « un livre majeur » d’après Elie Wiesel. « Le dernier des Justes » date de 1959, il arrive au moment où l’Europe prend conscience de la Shoah. Sa volonté en publiant cet ouvrage n’est pas d’expliquer en soi cet événement, il s’agit d’une part,  de  faire comprendre que l’héroïsme des combattants du Ghetto de Varsovie ou d’ailleurs n’est pas supérieur à l’héroïsme spirituel des générations de juifs assassinés dans les ghetos ou les camps et donc qu’ils ne sont pas allés à La mort comme des moutons. De plus il veut faire découvrir et faire revivre une culture juive présente en Europe chrétienne depuis des siècles et qui a disparu avec le génocide.

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( En photographie Jacques Schwarz Bart en 1959 lors de la remise du prix Goncourt) 

Entre 1953 et 1958, l’auteur rédige 4 versions de son roman. Il apporte aux Editions du Seuil sa dernière version en 1958. Il la retravaille, la réduit. Il choisit comme héros « un juste » « un lamed –waf ». A chaque génération, selon la légende, il existe 36 Justes qui supportent la souffrance du monde et ainsi lui permettent de vivre. André Schwartz Bart dans son roman reprend cette légende sans en devenir prisonnier.

On suit ainsi cette « saga »  juive à travers la chronique familiale des Lévy, famille où l’on trouve un Juste par génération,  depuis le Moyen-âge jusqu’à Auschwitz. Dans les dernières pages de son roman, Ernie Levy, le dernier des Justes encore en vie, arrive au camp d’Auschwitz.

  Pour rédiger son roman,  André Schwarz-Bart  lit beaucoup, se documente énormément. Certains d’ailleurs l’accuseront injustement de plagiat . Il montre que La Shoah n’a fait que reprendre les éléments d’une histoire européenne marquée par un antijudaïsme religieux traditionnel auquel succède l’antisémitisme moderne. Ainsi :

–          En 1018, un juif meurt au cours de la cérémonie toulousaine de COLAPHISATION, abolie seulement au XIIe siècle. Un juif le jour de Pâques était frappé par un gant de fer avec des clous

–          Lors de la 1ère croisade en 1098-1099 des pogroms ont lieu à Spire, Mayence, Worms et Cologne et Prague.

 –  Lors de la 3e croisade, 1189 – 1192, dans la nuit du 16 au 17 mars, massacre de Juifs. Yom Tov ben Isaac de Joigny à la tête des juifs réfugiés dans la forteresse d’York choisirent de s’égorger pour échapper à leurs persécuteurs.

–          Le port de la Rouelle est imposé par Louis IX aux juifs au 13e siècle. La rouelle, ce cercle blanc et rouge apposé sur la poitrine, préfigure l’Etoile jaune.

–          En 1240, Abraham Ben Salomon meurt à Paris. L’auteur dans son livre prétend qu’il a été brûlé sur le bûcher, en réalité seul le Talmud est brûlé. Salomon meurt avant l’exécution de la sentence.

–          Martin Luther en 1542 et 1544 est l’auteur de pamphlets contre les Juifs.

    Ce voyage dans une Europe chrétienne antijudaïque et antisémite à travers les siècles jusqu’à Auschwitz, cette découverte de la culture juive et cette chronique familiale sur fond d’une légende ancestrale font toute La richesse du roman d’André Schwarz-Bart.Comme l’écrit Claire Salomon- Bayet, professeur à Paris I,  « en retraçant l’épopée et la persécution des juifs en Europe, du XIIe siècle à l’année 1943, en dessinant la figure du Juste, André Schwarz-Bart  a rompu un double silence, un silence assourdissant : la mise entre parenthèses de la culture et de l’histoire juives dans l’Europe chrétienne [….], mais aussi et surtout la sidération dans l’immédiat après-guerre devant la destruction systématique des juifs d’Europe, planifiée, poursuivie par le régime nazi. « une génération privée de mémoire » disait Jules Isaac dans « l’enseignement du mépris » (1962) ».

Pour en savoir davantage:

Un article d’Hérodote sur l’antijudaïsme et l’antisémitisme.

Un hommage de Francine Kaufman peu après le décès d’André Schwartz en 2006.

En plays list Jacques schwarz Bart, jazzman et fils d’André Schwarz Bart

« Les chats persans » ou la jeunesse contre l’intolérance.

   les-chats-persans-18772-1182654676Alors que se multiplient les manifestations en Iran dénonçant la corruption  qui a entâché les élections présidentielles de décembre 2009 ( où le président sortant Ahmadinejad a battu à la suite d’un scrutin marqué par des nombreuses irrégularités le candidat modéré Moussavi), alors que la jeune étudiante française Clotilde Reiss est toujours en attente d’une décision de la part  de la  justice iranienne,  parce qu’elle a filmé sur son portable ces manifestations, sort au cinéma, et j’espère bientôt sur Saintes, un film qui devra absolument être vu, « Les chats persans ». Mais quel est le sujet de ce film au titre énigmatique ?

 Ce film du réalisateur iranien Bahman Ghobadi raconte l’histoire d’une jeune femme et d’un jeune homme musiciens qui après être sortis de prison  décident de monter un groupe de rock et de quitter l’Iran. Rien de bien méchant me direz-vous si ce n’est que faire de la musique rock  en Iran est interdit.

[youtube][youtube]http://www.youtube.com/watch?v=2rCoSATTySQ[/youtube][/youtube]

Le film dénonce ainsi l’intolérance du régime islamique iranien  et met en avant la résistance de la jeunesse iranienne face au régime du président Ahmadinejad et des mollahs. Il faut savoir que le tournage du film a été périlleux . Le réalisateur a du tourner sans autorisation son long métrage « sous le manteau »en seulement 17 jours et acteurs et réalisateurs ont du fuir l’Iran par la suite. On a là comme l’écrit Rolan Hélié sur le site « cinéma événement  » un film combatif, pugnace qui décompte les innombrables hypocrisies auxquelles la société iranienne doit quotidiennement faire face comme la multiplication des passe-droits. Enfin le titre « les chats persans » font référence aux chats iraniens interdits dans les rues comme ces jeunes et leur musique.

  Bien évidemment ce film ne sortira pas à Téhéran mais en allant le voir dans nos salles obscures ce sera notre façon à nous de soutenir le combat de cette jeunesse iranienne ( 70 % de la population iranienne a moins de 35 ans) qui souhaite vivre dans un Iran moderne et démocratique.

Comment transmettre la mémoire de la Shoah?

anne-frank

Je me permets de reprendre un article paru aujourd’hui même sur le site du café pédagogique autour de la transmission de la mémoire de la Shoah. C’est aujourd’hui une question essentielle à l’heure où les derniers témoins disparaissent et où nous devons préparer la journée de commémoration du 27 janvier.

« Comment transmettre la mémoire de la Shoah aux élèves ? Mémoire demain est un DVD réalisé par l’Union des déportés d’Auschwitz (UDA), avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et de la Ville de Paris. Il offre 8 heures de témoignages sur Auschwitz, enregistrés sur les lieux mêmes, la rampe, le camp de quarantaine, la baraque des femmes, le camp des familles, le camp des Hongrois, le camp des hommes, le camp des Tsiganes…  » Ce dvd est une réponse de ceux qui sont revenus à leurs camarades morts, pour transmettre le souvenir de ce que furent la survie et la mort dans les camps de concentration et d’extermination », nous dit l’UDA.

Accompagné d’un livret à vocation pédagogique, le DVD peut être utilisé avec les classes de troisièmes, de premières et de terminales. Les témoignages sont présentés en 219 séquences de 1 à 3 minutes. La consultation peut se faire sous 3 parcours : 1h30, 4 heures ou  8 heures.  Des documents historiques appuient les témoignages : 5 petits films, des photographies. L’élève ou l’enseignant peut réaliser des montages personnalisés à partir des extraits du DVD selon leurs préoccupations pédagogiques. Tout cela en fait un instrument précieux pour préparer la Journée de la Shoah le 27 janvier. Il est distribué par Hatier. »

Télécharger un extrait

Sur le site du Cercle d’étude de la Shoah

Sur le Café, Dossier Enseigner la Shoah