Charles Palant: « Je crois au matin ».

                                                        Vendredi 19 novembre, Charles Palant s’exprimera dans la salle Saintonge devant une centaine d’élèves des classes de 1ère des lycées Palissy, Desclaudes et Bellevue. Organisée par le MRAP cette conférence est extrêmement importante pour mieux comprendre ce qu’a été la Shoah. Mais qui est Charles Palant?

  Charles Palant est né en 1922 à Paris dans le quartier populaire de Belleville. Il est fils d’immigrés polonais, ses parents ayant fui la Pologne et les persécutions, les pogroms, dont  étaient victimes les familles juives. Au cours des années 30 ils s’engagent dans la lutte contre les fascismes qui ont pris le pouvoir en Italie et  en Allemagne et qui menacent la France en devenant  membres de la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De plus il est membre de la CGT.

 Alors que la guerre a éclaté en septembre 1939 et que le Nord de la France est occupé, il est arrêté sur dénonciation par la Gestapo en août 43 pour possession de faux papiers avec sa mère et sa soeur, son père étant décédé en 1933. D’abord emprisonné au fort -Montluc, ils sont ensuite transférés au camp de transit de Drancy , antichambre du camp d’Auschwitz.

  Ils sont tous les trois déportés vers Auschwitz et seul Charles en reviendra. Interné au camp numéro III d’Auchwitz, le camp d’Auschwitz monowitz, il racontte dans son livre « je crois au matin », cette terrible descente aux enfers. Il échappe de peu à « la sélection », survit à la « Marche de la mort » début 1945 qui l’amène jusqu’au camp de Buchenwald en Allemagne qui se soulève la veille de l’arrivée des libérateurs américains.

 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YrWngfYnI2g[/youtube]

En vidéo la première partie du témoignage de Charles Palant. les deux autres parties peuvent être vues à partir du site du Mémorial de la Shoah.

    A 23 ans, seul, amaigri et après 650 jours passés en enfer, Charles ne s’est senti » l’ennemi de personne, pas même des Allemands ». En 1949 il participe à la fondation du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples ( le MRAP) dont il est secrétaire général pendant 21 ans. Il est aujourd’hui membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et l’auteur d’un livre témoignage « Je crois au matin » où il raconte cette terrible descente  « vers l’animalité » qu’a été Auschwitz.

Pour en savoir davantage:

http://charles-palant.over-blog.com/

 

L’ex Yougoslavie entre unité et division.

 Dossier documentaire sur lequel doivent travailler les 1ère ES1.  Répondre aux  4 premières questions avec rigueur sur le cahier de cours pour le jeudi 21 octobre.

Document 1: les grands ensembles géopolitiques de l’Europe.

Document 2: De l’Europe des empires en 1914 à l’Europe médiane actuelle.

Document 3 : L’explosion de la Yougoslavie.

  En 1989, la Yougoslavie comptait 23 millions d’habitants répartis en six nations regroupées en six républiques jouissant d’une autonomie régionale assez large : Serbes (36.3%), Croates (20%), Musulmans (10%), Slovènes (9%), Macédoniens (6%) et Monténégrins (2.6%). A cela venaient s’ajouter 18 nationalités […] Suite aux accords de Dayton qui, sous la houlette des Américains, impose l’arrêt des hostilités, la Bosnie Herzégovine est le seul Etat issu de l’ex-Yougoslavie qui présente encore un profil multinational. Encore s’agit-il d’une illusion car les Serbes y sont regroupés dans la République serbe de Bosnie et, ailleurs, les Croates et les Bosniaques ne se mélangent pas.
                                                                       Vincent Thébault, Géopolitique de l’Europe, Nathan, 2006.

Document 4 : carte :composition nationale de la Yougoslavie au début des années 90.

Document 5 : La Yougoslavie, six nations soudées au sein d’un Etat ?

La victoire des Alliés (en 1945) a consolidé le pouvoir de Tito et de ses partisans communistes, qui ont géré le fait multinational à l’opposé de l’unitarisme d’avant guerre : ils ont pris appui sur l’idéologie stalinienne des nationalités en les subordonnant au Parti unique, et créé une fédération. Dépassant la confrontation serbo-croate, ils ont promu comme autant de nations Monténégrins, Macédoniens et Bosniaques, jusqu’alors confondus avec les Serbes ; mais les Serbes s’en sont trouvés affaiblis, nombre d’entre eux vivant hors de la république de Serbie au sens strict. Cette configuration de la fédération yougoslave a pourtant séduit […].
Vers 1970, le nombre d’habitants optant pour la nationalité « yougoslave » progressait nettement. Elle faisait vivre ensemble des populations qui sortaient de déchirements extrêmes, en s’appuyant sur la croissance économique et l’autorité de Tito. Mais, peu après le renversement des situations externe et interne a relancé les méfiances, les inquiétudes et les replis identitaires […].Chaque membre de la fédération tendait à rendre celle-ci, et les autres nations, responsables de la crise. La Constitution de 1974, qui augmente l’autonomie de chaque nation, précède de peu le début des difficultés et contribue à la fragilité ; la fédération devient ingouvernable. »

                                                             Violette Rey, Géographie Universelle, tome 10, belin Reclus, 1996

Document 6 : Neuf ans de guerre, plus de 200 000 morts.

Document 7 : Coopération et rapprochement avec l’Union européenne.

L’affaire n’est pas dénuée d’ironie : à l’heure où Bruxelles se montre plus que réservé vis-à-vis d’un nouvel élargissement, l’Europe du Sud- Est met sur pied, en collaboration avec l’Union européenne, une coopération de grande envergure qui va créer des conditions favorables à son entrée dans l’Union. Prenant exemple sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier – jadis joyau de l’intégration européenne-, les pays concernés viennent de poser les fondations d’une coopération régionale durable dans le domaine du gaz et de l’électricité. Ils voient là une occasion unique de panser les blessures de guerre, de normaliser leurs relations et de rapprocher de l’UE. Dix ans après la fin de la guerre en Bosnie, cinq ans après la fin des conflits du Kosovo (le 17 février 2008 proclamation de son indépendance nouvelles tensions mais pas de guerre), cela tient du miracle. Au début, nul ne croyait à Bruxelles que l’on parviendrait à réunir ces anciens ennemis et ces voisins méfiants autour d’une table et à les convaincre de l’intérêt d’une coopération solide.
Ils préféreraient secrètement continuer à gérer leur politique énergétique de façon indépendante. Mais un examen honnête de la situation les a conduits à changer leur fusil d’épaule : il faudra, au cours des dix prochaines années, investir environ 20 milliards d’euros dans la région pour adapter les sites de production existants aux normes européennes et construire de nouveaux réseaux transfrontaliers. Or cette somme passerait, selon la Banque mondiale, à plus de 30 milliards d’euros si chaque Etat faisait cavalier seul. »

                                                                       Carola Kaps, « Le Courrier International », n° 767, 13 juillet 2005.

Question 1 ( docs 1, 2 et 3): A partir des documents 1 et 2 (voir aussi document 3 P 35) quelles évolutions géopolitiques les Balkans ont-ils connues après la Grande Guerre (1ère Guerre mondiale), après la Seconde guerre mondiale et dans les années 90 ?

Question 2 (docs 1 et 2) : quelles originalités géopolitiques caractérisent les Balkans par rapport à l’Europe ?

Question 3 ( docs 1, 2 et 3) : cette fragmentation politique est-elle représentative de la situation géopolitique européenne ?

Question 4 ( docs 4, 5 et 6): Quels processus internes à l’ex-Yougoslavie peuvent expliquer son éclatement ?
Question 5 (docs 1,2 et 6): Quels événements européens ont accéléré l’éclatement de l’ex-Yougoslavie ?

Question 6 (docs 6 et 7): Quels signes traduisent un retour à la stabilité politique en ex-Yougoslavie?

Question 7: ( Docs 1 et 7) :quels liens l’ex-Yougoslavie entretient-elle avec l’Union européenne?

Un film à voir: « elle s’appelait Sarah ».

  Au moment où  vient d’être trouvé le document prouvant que Philippe Pétain, chef du gouvernement de Vichy qui dirige la France de juillet 1940 à août 1944,  avait durci le projet de statut des Juifs sous Vichy, sort sur les écrans un film à voir absolument  » elle s’appelait Sarah ».

   Ce film de Gilles Paquet-Brenner avec Kristin Scott Thomas, Mélusine Mayance, Niels Arestrup…
se déroule à Paris, de nos jours et revient sur la terrible rafle du Vélodrome d’hiver du 16 juillet 1942 qui a très récemment fait l’objet d’un magnifique film « la rafle », aujourd’hui en DVD.

  Dans le film de Paquet-Brenner, Julia Jarmond, journaliste américaine installée en France depuis 20 ans, enquête sur l’épisode douloureux du Vél d’Hiv. En remontant les faits, son chemin croise celui de Sarah, une petite fille, une fillette qui avait 10 ans en juillet 1942. Ce qui n’était que le sujet d’un article devient alors, pour Julia, un enjeu personnel, dévoilant un mystère familial. 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=C8iIH8gBXEA[/youtube]

A voir à Saintes dès aujourd’hui.

Statut des Juifs de 1940: découverte du texte original annoté et durci par Pétain

La presse en fait écho ce matin. Voici la dépêche AFP  qui présente l’importance de la découverte de ce document.

Pétain lors de son procès en octobre 1945. il est condamné à mort mais gracié par le chef du gouvernement provisoire le général de Gaulle.

Le document original de l’Etat français de Vichy établissant un statut des Juifs en octobre 1940, annoté de la main du maréchal Philippe Pétain qui en durcit le caractère antisémite, a été récemment découvert et authentifié, a annoncé dimanche à l’AFP l’avocat Serge Klarsfeld.

  Ce document a été remis au Mémorial de la Shoah à Paris par un donateur anonyme, a précisé l’avocat Serge Klarsfeld, célèbre chasseur d’anciens nazis, fondateur de l’Association des Fils et Filles des Déportés juifs de France.Son acquisition étant nouvelle, le Mémorial n’a pas encore décidé dans quelles conditions il serait exposé.

  Ce « projet de loi » sur le « statut des Juifs » porte les annotations de Philippe Pétain, faites au crayon, qui en « remanient profondément » la nature, selon Me Klarsfeld. Déjà « extrêmement antisémite », le texte, une fois réécrit par Pétain, le devient encore davantage, assure-t-il. Selon l’avocat et son fils Arno, qui a comparé leur graphie avec celle d’autres textes manuscrits de Pétain, il ne fait « aucun doute » que les annotations sont bien du chef de l’Etat français.

  La découverte de ce document est fondamentale. Il établit le rôle déterminant de Pétain dans la rédaction de ce statut et dans le sens le plus agressif, révélant ainsi le profond « antisémitisme » de Pétain, explique Me Klarsfeld.Ce sont désormais tous les Juifs qui sont visés, qu’ils soient étrangers ou français. Alors que le projet initial prévoyait d’épargner « les descendants de Juifs nés français ou naturalisés avant 1860 », Pétain décide en effet de rayer cette mention.Le champ d’exclusion des Juifs est également considérablement élargi. La justice et l’enseignement leur sont désormais totalement fermés. De plus, ils ne peuvent plus être élus.

« Le principal argument des défenseurs de Pétain était de dire qu’il avait protégé les Juifs français. Cet argument tombe », affirme Me Klarsfeld. Jusqu’ici, les historiens ne pouvaient se référer qu’à un seul témoignage, en ce qui concerne Pétain et le statut des Juifs, celui de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Vichy, Paul Baudouin.

  Dans un livre publié en 1946, ce dernier écrivait que lors du conseil des ministres du 1er octobre 1940, le gouvernement avait étudié « pendant deux heures le statut des Israélites. C’est le maréchal qui se montre le plus sévère. Il insiste en particulier pour que la justice et l’enseignement ne contiennent aucun Juif ». »Le témoignage de Baudouin était formel, mais on pouvait le mettre en doute. Maintenant, on a la preuve définitive que le statut des Juifs relève de la volonté personnelle du maréchal Pétain », souligne Me Klarsfeld. Selon l’avocat, l’ancien héros de Verdun voulait « montrer que la France méritait d’être inscrite parmi les premières nations dans le nouvel ordre européen. Il y avait également la volonté de faire des Juifs les boucs émissaires de la défaite ».

  Le statut des Juifs est une mesure spécifiquement française, spontanée. Les Allemands n’avaient pas demandé à la France de Vichy de prendre ce statut. Mais il y a eu une concurrence entre l’antisémitisme français et l’antisémitisme allemand », affirme-t-il.De tous les pays occupés, la France sera pourtant celui « où la communauté juive a subi les dégâts les moins tragiques », remarque l’avocat. Les trois-quarts des Juifs de France survivront (quelque 240.000 sur 320.000 présents sur le territoire en 1940). « On ne le doit pas à la France mais aux Français, à tous les braves gens qui ont aidé un peu partout les Juifs » à échapper aux griffes des assassins, conclut-il.