la carte des enfants juifs raflés pendant la guerre.

Le journal « SUD OUEST » du 1er avril 2015 propose un travail exceptionnel réalisé par des historiens et des cartographes. Rue par rue à Bordeaux mais aussi à travers toute la France, pour chaque ville on découvre le nombre et les noms des enfants juifs raflés. Ainsi à Saintes ce sont deux petites filles de la famille Angel ( Angel Daisy 16 ans et Angel Renée 14 ans, elles sont soeurs) qui ont été raflées.  Angel et ses parents ont été  raflés le 7 novembre 1942 à Saintes, c’est la première rafle. Ils sont déportés depuis Drancy à Auschwitz le 9 février 1943 dans le convoi N° 46. Renée qui avait échappé à la première rafle est victime de celle du  31 janvier 1944.  Elle est déportée à Auschwitz le 10 février 1944 dans le convoi 68, elle n’avait que 14 ans. Aucun des membres de la famille Angel ne reviendra d’Auschwitz.

Ci-dessous voici l’article.

Bordeaux : rue par rue, la carte des enfants juifs raflés pendant la guerre.

85 enfants juifs ont été arrêtés à Bordeaux entre 1942 et 1944. Dans quel quartier ? Dans quelle rue ? Certains habitaient-ils près de chez moi ? Une carte permet de répondre à ces questions

On peut désormais localiser sur internet l’endroit où habitaient en France les 11 458 enfants juifs déportés vers les camps de la mort. « La cartographie répertorie tous les enfants déportés de France », dit Serge Klarsfeld, inlassable militant de la connaissance de la Shoah, qui mène ce projet spectaculaire avec le professeur Jean-Luc Pinol de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon.

Pour certaines grandes villes, dont Bordeaux, la localisation est faite à l’adresse. Le site internet du projet permet donc à chacun d’entrer son adresse personnelle sur le site et de découvrir, souvent, que des enfants ont été arrêtés tout près, voire dans son propre immeuble.
Ceux qui habitent près de la place de la Victoire, à Bordeaux, apprendront ainsi qu’au 246 rue Sainte-Catherine, habitaient 4 enfants juifs raflés et déportés : il s’agit de Rose, Renée et Henri Zellerkraut et de Riva Rudnitzki. Au 33, rue Saincric, non loin de là, habitaient Cécile et Gisèle Hausner. L’âge des enfants est précisé.

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11 450 enfants juifs arrêtés et déportés.
Entre 1942 et 1944, plus de 11 450 enfants juifs ont été arrêtés en France dont près de 7 000 dans l’ancien département de la Seine (6 200 à Paris et environ 700 en Seine-banlieue) et 4 500 en province. Ils ont ensuite été déportés vers les lieux d’extermination.

Sur le site, la localisation à l’adresse est possible pour Paris, bien entendu, mais aussi, outre Bordeaux, pour Nice, Marseille, Grenoble et Lyon ainsi que pour les communes de banlieue du département de la Seine.

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Les informations utilisées pour constituer les cartes sont celles que Serge Klarsfeld a rassemblées et publiées dans le « Mémorial de la Déportation des Juifs de France », paru en 1978 et, complété, en 2012. La localisation à l’adresse a été faite par Jean-Luc Pinol, professeur à l’ENS de Lyon avec la participation de Sabine Zeitoun, historienne, mise à disposition par la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Les cartes sont hébergées sur le site Territoires et Trajectoires de la Déportation des Juifs de France, une collaboration entre Ecole nationale supérieure de Lyon, le CNRS et Serge Klarsfeld.

index( Serge Klarsfeld)

Le projet d’une cartographie totale des 80 000 victimes.

« On a le projet de répertorier tous les juifs qui ont été arrêtés sur toute la France », précise Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la Shoah et le professeur Pinol présenteront à la Fondation pour la mémoire de la Shoah un projet de cartographie des adultes, en plus des enfants. Le but est d' »avoir dans la cartographie couvrant l’ensemble du territoire français les 80 000 victimes de la solution finale: un travail considérable ».

 

1877500_244_a1-7592530-17592530_800x557p1942 dans le camps de de Drancy.© Photo AFP

Une application adaptée aux smartphones devrait être, à terme, également disponible. « Quelqu’un pourra, en passant devant une adresse, activer l’application sur son smartphone et accéder à l’ensemble du dossier de la famille déportée », explique Serge Klarsfeld.

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Ces cartographies interactives bouleversent le rapport à la Shoah. « Les enseignants avec leurs élèves vont aux archives municipales, photographient la maison où habitait la famille, essayent de reconstituer le parcours : c’est de l’éducation civique », pointe Serge Klarsfeld.

Les cartes sont hébergés à l’adresse suivante: http://tetrade.huma-num.fr/