La santé de la tauromachie (II)

Le 28 juillet 2010, le parlement catalan à porter un dur coup à la tauromachie en votant par 68 voix contre 55 et 9 abstentions la prohibition des corridas dans cette communauté autonome où les arènes de Barcelone étaient les dernières à fonctionner. Un peu partout en Espagne les anti-taurins font entendre leur voix mais restent pour l’instant minoritaires : 64% des Espagnols se déclarent d’ailleurs contraires à une prohibition dans leur communauté autonome[1]. Aux élections municipales de 2011, le parti anti-taurin PACMA ne recueille que 0,45% des suffrages en moyenne. En réaction aux attaques de plus en plus pressantes, les communautés autonomes de Murcia puis de Madrid ont déclaré la tauromachie « Bien d’Intérêt Culturel ». Nous pouvons être convaincus que nous pourrons continuer à nous délecter de l’art de « Costillares » encore longtemps dans la plupart des villes espagnoles mais la vigilance est bien-sûr de mise. Les trois-quarts des spectacles taurins sont donnés dans les régions (ou leur équivalent espagnol) de Madrid, les deux Castilles et l’Andalousie. La tauromachie se porte bien également dans la région de Valence, dans celle d’Estrémadure, de Navarre ou d’Aragon mais se trouve plus en difficulté dans le nord. Les nationalistes basques, à l’instar de leurs homologues catalans, luttent contre la Fiesta nacional mais dans une stratégie très « localiste », commune par commune. Ainsi Saint-Sébastien (où les nouvelles arènes datent seulement de 98) sur décision de son maire (du parti BILDU proche des mouvances de la dissoute ETA) n’aura finalement pas de feria cette année et on vient d’apprendre qu’un accord avait été trouvé à raison de 2.4 millions d’indemnisation par an avec les Chopera pour qu’ils retirent leurs plaintes. Après une novillada réussie à tous points de vue en début d’année Sopuerta a entériné la suppression des spectacles taurins. En revanche, dans la commune de Karrantza, 54% de la population a voté pour les Toros lors du référendum local organisé récemment. Aux Asturies, la capitale Oviedo ne donne plus de spectacles taurins mais la feria de Gijón reste importante mais c’est en Galice (en plus des Baléares où Palma et Muro maintiennent la tradition taurine) que la situation risque à terme de devenir la plus difficile, l’afición étant ici très minoritaire malgré la continuité des arènes de Santiago et de Pontevedra. Malgré tout une vingtaine d’arènes ont été inaugurées depuis le début du XXIe siècle en Espagne.

En France les arènes (qui atteignent le nombre de 51[3]) sont rarement à moitié pleines même si actuellement, eu égard à la situation économiques elles le sont rarement complètement. La tauromachie a même eu une reconnaissance institutionnelle en avril 2011 au travers de son inscription au patrimoine immatériel français. On peut tout de même déplorer l’interruption de la feria toulousaine de Fenouillet ainsi que l’arrêt semble-t-il définitif de Fréjus, Floirac et maintenant Collioure. En revanche depuis une dizaine d’années Carcassonne est sortie du néant et sa feria semble se pérenniser. De nouvelles arènes ont été récemment construites comme à Istres en 2001 ou à Vauvert en 2004. Le nombre de corridas reste à peu près stable dans notre pays ces dernières années (71 en 2006 comme en 2013).

Pour ce qui est des Amériques, en Colombie, le deuxième grand pays taurin d’Amérique, les arènes de la capitale où existe pourtant une grande afición, ne sont plus en fonctionnement depuis l’an dernier sur décision du maire, en attendant les décisions juridiques. En Equateur le référendum anti-taurin de Rafael Correa a été rejeté sauf dans la capitale où la mise à mort n’est plus publique. La situation au Pérou ou au Venezuela n’est pas extraordinaire mais pour l’instant la démagogie n’a pas atteint le monde des toros. Au Mexique, en 2012, le nombre de corridas a légèrement augmenté pour passer à 371 mais il est à craindre que le niveau d’exigence trop faible, en particulier en matière de présentation du bétail, ne finisse à terme par détourner une partie du public d’un spectacle qui fait de moins en moins sens.


[1] Sondage paru dans burladero.com au moment de la prohibition.

[2] Cf. La Tauromachie de Robert Bérard p. 1009.

[3]  Cf. La Tauromachie de Robert Bérard p. 1013 (incluses les arènes de Toulouse-Fenouillet et Carcassonne).

 


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