Il y a 40 ans mourait…

Antonio MEJÍAS  JIMÉNEZ, alias Antonio BIENVENIDA

Sévillan par sa famille,il est né Caracas (Venezuela) le 25 juin 1922 et il est mort le 7 octobre 1975.

Il est le fils du Papa Negro (le Pape Noir), le troisième des frères Bienvenida. Il revêt pour la première fois l’habit de lumières le 3 juillet 1937 à Cordoue. L’année précédente il avait commencé sa carrière en tant que becerrista et il fera ses débuts en novilladas piquées le 26 juin 1938 à Cadix, lors d’un mano a mano avec Pepe Luis Vázquez. Sa présentation à Madrid a pour date le 3 août 1939. En 1940, il triomphe à Séville et reçoit un coup de corne, deux l’année suivante.

 Son frère Pepe lui cède Cabileño de Miura à l’occasion de son alternative le 9 avril 1942, à Madrid. Pour la Corrida de la Presse, le 2 juillet, il sort par la Grande Porte de Las Ventas en coupant trois oreilles. Cette même année il reçoit un très grave coup de corne dans le ventre à Barcelone, qui fit un temps craindre pour sa vie. Cependant, il réapparaît trois mois plus tard en donnant exactement au même endroit de l’arène la même passe changée avec la muleta pliée que lorsqu’il s’était fait prendre par le toro. Il triomphe à Madrid les 15 et 24 mai 1944 mais l’année suivante il ne torée pas pour subir une nouvelle opération et remédier aux gênes provoquées par la cicatrice du coup de corne de la capitale catalane. Il connaît à nouveau le triomphe à Madrid le 4 juillet 1946 lors de la Corrida de la Presse et reçoit un nouveau coup de corne à Las Ventas lors de la temporada 1947. Il obtient un autre succès en coupant quatre oreilles à Madrid le 21 septembre pour la Corrida du Montepío qu’il toréa en solitaire. Il se marie l’année suivante et c’est alors que commence son déclin (sans pour autant affirmer qu’il s’agisse d’une conséquence directe), bien qu’il sorte tel un héros des arènes de la capitale espagnole le 12 mai pour une corrida d’Alipio Pérez Tabernero, accompagné de « Rovira » et de Paco Muñoz. Il réalise toutefois quelques bonnes faenas en 1951, en particulier à Madrid pour la confirmation d’alternative de « Litri », lors de la Corrida de la Presse. A cette occasion, le 17 mai, le trio de matadors triompha (Pepe Luis Vázquez complétait l’affiche), même si Antonio Bienvenida ne donna qu’une vuelta al ruedo. Le 12 octobre 1952 il coupa trois oreilles à Madrid (deux de Gracioso, son second, du Conde de la Corte).

En 1953 il lance sa guerre contre l’afeitado en faisant son mea culpa et en dénonçant publiquement cette pratique. Le 17 mai il triomphe à Madrid. Le 1er juillet 1954 Antonio Bienvenida et Julio Aparicio composent l’affiche de la Corrida de la Presse et ils sortent tous les deux a hombros. En 1955, après plusieurs échecs, il triomphe à nouveau à Madrid pour la Corrida du Montepío, coupant trois appendices dans une encerrona fac à 6 toros 6 de Paco Galache. Il est blessé à une jambe à Saragosse à la fin de la saison et le 17 août 1956 un toro lui inflige un coup de corne au niveau de l’aine. L’année suivante il connaît d’importants succès à Barcelone et à Salamanque. Le 17 mai 1958, à Madrid, il est encore encorné, au cou cette fois. En 1959, le 18 mai, Pepe Luis Vázquez, Julio Aparicio et Antonio Bienvenida (en coupant deux oreilles de son second) triomphent à Las Ventas dans une course baptisée comme la « corrida de la peur ». A partir de 1960 il ne sera plus que l’ombre de lui-même. Cependant, après avoir été blessé le 18 juillet 1962 à Barcelone il coupe trois oreilles à Madrid le 30 juin 1963. Le 5 septembre de l’année suivante il réalise à Saint Sébastien de los Reyes ce qui est peut-être la plus grande faena de sa carrière et gracie le toro Cubanito d’Antonio Ordóñez puis crée un autre faenón pour la corrida concours du 11 septembre 1965. Il coupe encore deux oreilles à Madrid le 28 mai 1966 dans un mano a mano avec Curro Romero, qui sort également a hombros (toros d’Antonio Pérez). Le 16 octobre il se retire de sa profession dans une corrida célébrée à Las Ventas en toréant 6 toros de différents élevages et en coupant trois appendices (deux d’un Guardiola).

 Il réapparaît en 1971 en coupant quatre oreilles à Madrid le 30 mai (deux à Pianista de Murteira Grave), après avoir tué quatre toros suite à la blessure d’Andrés Vázquez. Après quelques triomphes de plus il se retire définitivement le 5 octobre 1974 dans les arènes madrilènes de Vista Alegre. Le 4 octobre 1975 il est blessé par la vache Conocida d’Amelia Pérez Tabernero lors d’un tentadero. Il mourra trois jours plus tard.

Antonio Bienvenida fut un maître du temple, un grand torero classique, avec un grand pundonor, revenant triompher après chaque coup de corne. Bon capeador et banderillero, il était surtout un grand muletero. Sa naturelle était considérée comme exceptionnelle et son toreo était d’une grande naturalité. Sans avoir la grâce d’un Pepe Luis ou le charisme d’un Manolete, il s’est maintenu au sommet pendant plus de trois décennies, rivalisant souvent avec les plus grands, en particulier Luis Miguel Dominguín ou Antonio Ordóñez, en plus des deux monstres sacrés évoqués précédemment, mais sans toutefois les dépasser. C’est sans doute ce qui lui a manqué : une volonté de se dépasser lui-même pour atteindre le statut de torero d’époque qui était à sa portée. Il a tout de même coupé en tout 42 oreilles à Madrid (obtenant 10 fois le double trophée) et il est sorti pas moins de 11 fois par la Grande Porte de Las Ventas (5 pour San Isidro). A la Maestranza, il n’a coupé que 3 oreilles malgré son style aérien propre à l’école sévillane.


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