L’eau et le feu

Nous annoncions déjà  l’an dernier que les jeunes poussaient fort mais on pouvait craindre qu’il ne s’agisse que d’un feu de paille. La Corrida , comme la culture espagnole en général, a plus à voir avec l’émotionnel qu’avec le rationnel et j’ai, je le  sais, le défaut de m’enflammer moi-même assez vite, mais ce que Roca Rey a montré aux dernières Fallas laisse envisager, avec une apparente sérénité à faire mourir d’envie de Dalaï Lama lui-même, qu’il est là pour tout détruire. Avec lui et je vais écrire là l’énormité qu’un commentateur de la boîte à images s’est retenu de dire en direct, les traités de tauromachie risquent de partir en fumée dans un gigantesque autodafé. Espérons que Dieu ou un hasard chanceux lui donne le temps d’écrire son propre livre. Sur quoi pourrait déboucher sa tauromachie après vingt ans de métier, le temps qu’il faut pour devenir un maître dans quelque domaine que ce soit, si lorsqu’on n’a même pas soi-même ce nombre de printemps, on est déjà au niveau des plus sages parmi les sages ? Le temps le dira quand beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts mais lorsqu’on possède à part égale autant de courage et de quiétude, autant de passion que de tempérance, qu’on est à la fois l’eau et le feu, on est comme les Byzantins au temps de Justinien : invincible grâce à l’eau enflammée, le fameux feu grégeois et on réécrit la Loi.


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