Temporada 2016

La temporada 2016, outre les tragédies de Víctor Barrio, d’El Pana ou de Renatto Motta que nous n’oublions pas, aura été celle de Roca Rey pour les toreros et de Victorino Martín pour les ganaderos, quoi que ni l’un ni l’autre ne fassent l’unanimité – l’heure n’est plus au consensus ni dans les Toros ni dans rien d’autre et c’est déjà bien de rassembler une grande majorité.

Le premier, pour sa première saison complète, a impressionné partout, Madrid inclus, faisant preuve d’une insolence mais aussi d’une chance surprenantes avant que celle-ci, la fatigue aidant, ne semble tourner au milieu de la saison, à Malaga.

Le deuxième sort beaucoup de lots, offrant parfois un jeu inégal, divers et varié, certains d’une grande qualité, incarnée dans la grâce de Cobradiezmos à Séville, d’autres rappelant les victorinos d’antan, comme à Vic, pour faire taire les Anciens.

Sinon, l’année du renouveau a été confirmée par un torero comme José Garrido qui a joué des coudes pour se faire une place en première file aux côtés de celui qui avait surgi l’an passé : López Simón, leader de l’escalafón, dans une saison compliquée car chacun sait que se maintenir au top niveau est plus difficile qu’y parvenir. Il y a réussit dans l’ensemble en dépit de quelques défaillances ou doutes. Le quatrième jeune à se hisser en haut vient de Séville et rappelle un certain Espartaco, il se nomme Javier Jiménez.

Pour Paco Ureña, 2016 aussi aura été une confirmation mais dans la progression, avec une régularité qui lui faisait défaut. Elle manque en revanche à Urdiales qui renouvelle cependant son triomphe de l’année dernière à Bilbao.

Les toreros en place ont quant à eux été assez discret même si quelques coups d’éclat nous rappellent à leur bon souvenir : Manzanares atteint une nouvelle dimension à Madrid après une période en demi-teinte, Castella revient en force en fin de saison et perd de peu une Porte du Prince, El Juli descend d’une marche et ne se retrouve vraiment que face à son rival théorique mais pour une fois bien réel : José Tomás qui a fait avec 6 corridas sa plus grosse saison depuis bien longtemps. Le plus en forme du G5 est sans doute Talavante même s’il n’a pas connu de triomphes retentissants alors que Perera est plus discret et toujours plus cérébral que passionné. Ponce, n’en déplaise au critique d’El País, est toujours là et, espérons-le, pour longtemps. Morante est un dieu grec qui se fout trop souvent de nous, simples mortels. El Cid en revanche a retrouvé une certaine régularité et a fait une saison très correcte ce qui n’est pas le cas d’un Luque qui perd son statut depuis trop longtemps injustifié de figurita.

Pour les autres, il faut parler d’Escribano qui a bien débuté la saison avant d’être gravement blessé. Il sera de retour en 2017, nous ne pouvons lui souhaiter que bonne chance. Rafaelillo reste le leader des corridas dures. La bonne surprise de l’année est venue de Curro Díaz qui ne s’est pas démonté après avoir été l’un de ceux qui ont payé la montée de la nouvelle génération : sortie par la Grande Porte madrilène puis inclusion dans les affiches les plus difficiles avec un pundonor digne de louanges. Malgré une oreille à Madrid et son triomphe arlésien, on attendait mieux de Morenito de qui on disait qu’il était arrivé à maturité, ce qui ne semble qu’à moitié vrai.

Fandiño, n°1 pendant trois saisons, a poursuivi sa chute de l’an passé, bien aidé en cela par les organisateurs qui lui ont fait payer ses prétentions passées, alors que David Mora a eu son moment de résurrection à Madrid sans que les empresas là encore l’incluent par la suite dans les ferias; renaissance continuelle pour Padilla avec son succès à Séville et son sens permanent du spectacle jusqu’au bout de la saison. Dans leur créneau, le revenant Cayetano réalise aussi une bonne saison et El Fandi reste toujours aussi régulier devant son public. Juan Bautista s’il n’est plus une nouveauté est au sommet de son art.

Parmi les toreros les plus modestes, Lamelas s’accroche, Emilio de Justo profite de ses opportunités françaises et Octavio Chacón surprend face aux fers les plus « encastés » avant d’être blessé. Voilà un torero qui mérite des opportunités. Côté français, c’est un retour réussit pour Thomas Joubert. Juan Leal a plutôt réussi sa confirmation madrilène puis il a quasiment disparu.

Quelques noms encore qui font le métier par intermittence ou en stagnant un peu mais qui peuvent surprendre : Román et Juan del Álamo parmi les plus jeunes, Fortes dans une version toujours aussi valeureuse mais plus posée, Joselito Adame et sa variété à la mexicaine, ainsi que Pérez Mota ou Alberto Aguilar avec du bétail compliqué. Pinar ne veut pas être oublié mais l’exposition produit la blessure.

Parmi ceux qui ont pris l’alternative : le leader-triomphateur des novilladas, Luis David Adame, l’a prise à Nîmes, le Péruvien Galdós est loin de la notoriété de son compatriote et ex-rival en novilladas mais réussit son accession à la catégorie supérieure, Marín ne s’en sort pas trop mal. Clemente rentre dans le métier avec un coup de corne.

Côté bétail, à part Victorino – qui a montré le meilleur à Séville, Cieza, Plasencia, Calasparra (indulto de Plebeyo par Díaz), Almería, Logroño (grâce de Plandeadito), Illescas (Platónico) – Cuvillo a réalisé une saison très régulière après un fracaso à Valence en tout début de saison (bons lots à Istres ou Mont de Marsan pour ce qui est de la France). Victoriano del Río reste au sommet, notamment avec le double triomphe Manzanares-Simón lors de la San Isidro et la meilleure corrida des sanfermines. Los Maños a sorti un grand toro à Vic, Saltacancelas, puis de bons lots à Bayonne ou Parentis en novilladas. Alcurrucén, Baltasar Ibán ou Fuente Ymbro sortent quelques toros isolés mais déçoivent par rapport aux saisons précédentes. Pedraza a sorti aussi quelques bons individus mais on attendait mieux. Torrealta semble peu à peu revenir au niveau qui doit être le sien, comme ne témoignent les lots de Nîmes, Málaga ou Pontevedra. En novilladas, Fernando Peña a envoyé du bétail intéressant à Madrid, Arganda ou Valence. Dans les novilladas françaises ce sont Ana Romero ou Dolores Aguirre qui ont donné le plus de jeu.


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