Avr 8 2017

Les qualités d’un toro

Éclaircissons le sens de plusieurs notions essentielles qui permettront de valoriser le toro et par là même le travail du torero :

Bravoure : qualité spécifique du taureau brave; dans la suerte des piques, capacité combative d’un toro devant s’accroître avec le châtiment; capacité de l’animal à charger jusqu’à la mort.

Une notion en relation avec la bravoure est la codicia, soit la capacité à charger inlassablement, à chercher de nouveau le leurre à la sortie d’une passe de manière à permettre d’enchaîner celles-ci.

Caste ou Race : caractère, pouvoir de combativité du toro dans le combat. Un animal peut être de bonne ou de mauvaise caste. S’il a trop de nerf et de tempérament on parlera d’un toro de mauvaise caste. La bonne caste sans doute est-elle synonyme de bravoure.

Nerf, Tempérament, Genio : ces trois termes qui se définissent d’eux-même expriment une seule et même chose, la brusquerie de l’animal, dont on peut notamment se rendre compte dans sa manière de charger en sautant ou en donnant des coups de tête.

Noblesse : qualité du toro qui baisse la tête, « humilie », charge droit, franchement et en suivant toujours l’objet en mouvement le plus proche.

Il convient de rattacher à ce concept trois notions complémentaires :

Fijeza : qualité du toro qui n’est attiré (voire semble fasciné) que par le leurre et qui charge celui-ci franchement.

Recorrido : trajectoire, longueur de la charge. Un animal possédant cette qualité permettra de longues passes. Au contraire, le travail du torero sera d’autant plus difficile si le toro se dévie de la trajectoire idéale ou se retourne brusquement avant la fin de la passe.

Son : manière de charger de l’animal en prenant tout particulièrement en compte sa vitesse et son rythme.

Avec la bravoure et la noblesse, il y a un troisième concept essentiel, celui de puissance.

Poder : force, puissance du toro, particulièrement visible aux piques.

Ces différents paramètres détermineront le degré de bravoure, de caste ou de mansedumbre et finalement de transmission.


Oct 19 2016

Novilleros 2016

Lidiador novilladas oreilles queues 1ère 2e 3e 1ère 2e 3e toros
1 Vanegas 28 34 1 6 0 22 5 0 29 58
2 Adame 24 38 1 7 3 14 6 8 24 47
3 Aguado 21 16 7 3 11 2 1 13 41
4 Castilla 19 13 5 0 14 1 0 12 40
5 Valadez 18 23 4 2 12 3 3 17 35
6 Pacheco 17 35 1 1 0 16 0 0 35 34
7 Younès 17 28 1 9 0 8 9 0 19 33
8 Conquero 17 14 1 1 15 0 0 14 33
9 Marcos 16 11 3 2 11 0 3 8 31
10 Serna 15 6 4 0 11 1 0 5 30
11 Colombo 13 30 1 1 0 12 1 0 29 26
12 Salenc 13 18 3 0 10 4 0 14 26
13 Sánchez 11 18 2 0 0 11 0 0 18 22
14 Juanito 11 11 1 2 8 0 2 9 22
15 García 11 9 1 0 10 0 0 9 22
16 Flores 10 13 0 1 9 0 2 11 18
17 León 10 10 2 0 8 0 0 10 20
18 Durán 10 3 3 0 7 0 0 3 20
19 Fernández 9 13 0 1 8 0 3 10 18
20 Silva 9 12 1 0 8 0 0 12 18
21 T. Garcia 9 10 1 0 8 1 0 9 19

Oct 16 2016

Escalafón 2016

Catégorie d’arènes Oreilles par catégorie
Lidiador corridas oreilles queues 1ère 2e 3e 1ère 2e 3e toros
1 L. Simón 67 123 7 20 24 23 19 48 56 149
2 El Fandi 53 118 4 3 16 34 1 30 87 107
3 Castella 49 57 2 20 17 12 16 16 25 111
4 Padilla 43 82 7 7 11 25 5 21 56 86
5 Ponce 42 74 4 8 22 12 5 38 31 88
6 Talavante 42 61 1 11 22 9 12 29 20 85
7 Manzanares 41 56 1 15 18 8 12 27 17 80
8 El Juli 40 57 0 15 20 5 14 34 9 83
9 Perera 39 53 2 12 19 8 3 33 17 83
10 Roca Rey 38 68 4 16 14 8 24 22 22 77
11 J. Bautista 31 61 3 8 2 21 18 2 41 67
12 Garrido 31 49 0 10 10 11 8 21 20 66
13 Fandiño 31 34 3 9 4 18 2 4 28 64
14 Fortes 28 28 0 9 2 17 1 3 24 56
15 Cayetano 27 43 0 3 9 15 3 14 26 56
16 D. Mora 26 36 1 8 7 11 5 10 21 53
17 C. Díaz 26 36 1 8 8 10 4 8 24 55
18 Ureña 26 30 0 11 8 7 6 11 13 54
19 Morenito 25 33 0 7 2 16 4 0 29 51
20 El Cid 25 33 2 6 6 13 0 6 27 51
21 Morante 24 15 0 11 11 2 3 7 5 51
22 El Cordobés 23 50 3 0 1 22 0 1 49 47
23 Rafaelillo 20 22 0 12 0 8 8 0 14 41
24 Del Álamo 20 22 1 12 4 4 6 8 8 40
25 Paquirri 19 18 0 0 7 12 0 5 13 39
26 Urdiales 19 7 0 11 4 4 3 3 1 40
27 Galván 17 43 5 3 3 11 2 8 33 34
28 J. Adame 17 26 0 7 6 4 4 13 9 33
29 Marín 16 28 0 4 3 9 2 5 21 32
30 Luque 14 14 0 5 1 8 2 1 11 28
31 S. Vara 13 25 2 1 1 11 0 1 24 28
32 Escribano 13 7 0 9 2 2 3 3 1 27
33 Chacón 11 22 2 0 0 11 0 0 22 22
34 De Mora 11 12 0 3 0 8 1 0 11 23
35 El Payo 10 20 0 0 0 10 0 0 20 20
36 J. Jiménez 10 12 0 6 0 4 3 0 9 20
37 Román 10 11 0 5 2 3 5 1 5 19
38  Dufau 10 9 0 4 0 6 1 0 8 20
39 Álvarez 9 16 3 0 0 9 0 0 16 18
40 Galdós 9 15 0 2 0 7 2 0 13 18
41 Pinar 9 15 0 2 2 5 0 6 9 18
42 Lamelas 9 6 0 4 0 5 2 0 4 18
43 Castaño 9 6 0 4 1 4 0 1 5 18
44 A. Aguilar 9 4 0 3 1 5 1 0 3 18
45 A. Puerta 8 13 1 0 2 6 0 3 10 15
46 Caballero 8 9 0 1 1 6 0 0 9 16
47 Abellán 8 6 0 5 0 3 0 0 6 15
48 Pérez Mota 8 4 0 4 1 3 1 1 2 16
49 Robleño 8 3 0 4 3 1 1 1 1 16
50 Nazaré 7 16 1 1 0 6 0 0 16 18

Top 50 (sur 168) de l’escalafón européen publié par mundotoro.com au 15 octobre


Sep 24 2016

La France taurine (II)

Ces dernières années la France taurine acquiert une certaine indépendance.

On compte actuellement plusieurs écoles taurines importantes : celle du Grand Sud-ouest et celles de Béziers, Nîmes et Arles.

Le premier torero français à s’imposer en Espagne répond au nom de Sébastien Castella (il est présent dans toutes les ferias et en 2007 il est le premier français à triompher à Madrid en tant que matador mais non content de cela il répétera cette sortie a hombros deux fois de plus en 2009 puis une quatrième en 2015 ) mais un autre torero réussit à faire des saisons complètes : Jean-Baptiste Jalabert, plus connu comme Juan Bautista (lui aussi réussira l’exploit de triompher à Madrid, comme novillero d’abord puis fin 2007 et une autre fois en 2010). Il y a aussi des toreros comme Julien Lescarret ou Mehdi Savalli dont il convient de citer le nom et dans l’actualité une nouvelle génération prometteuse : Thomas Dufau, Thomas Joubert, Juan Leal ou Clemente et parmi les novilleros Andy Younès, Tibo (à l’espagnole) Garcia ou Adrien Salenc en attendant Baptiste Cissé.

Il y a aussi de plus en plus d’élevages : actuellement une vingtaine pouvant « lidier » en novilladas piquées ou en corridas (les plus réputés sont Margé ou Garnier) et certains encastes  sont rachetés en vue d’être sauvegardés : Valverde et Concha y Sierra par Jean-Luc Couturier. Blohorn connaît même des succès en Espagne.

Il existe aussi un activisme des aficionados au travers d’associations ou d’organes de presse (en particulier la doyenne, Toros, depuis 1924) qui ont une influence certaine sur certaines plazas se traduisant notamment par une revalorisation du tercio de piques qui, véhiculée par certains toreros (actuellement Castaño a repris le flambeau) s’étend en Espagne et permet au public d’outre-Pyrénées (celui de Saragosse, Pampelune ou même Madrid) de redécouvrir la beauté ce cette phase de la lidia et donc d’exiger qu’elle soit plus souvent mise en valeur. Je me souviens d’un commentaire d’un aficionado du 7 qui me disait il y a quelques années : « A Madrid, cette année, au cheval, tous les toros ont été cachés (tapados) ». Il le regrettait certes mais avec une forme de résignation peut-être très ibérique. Il ne faudrait pas que les Français reprennent sans s’en rendre compte de vieux réflexes de supériorité coloniale en croyant détenir LA vérité sur tout mais sur ce point elle semble être capable de faire bouger les lignes.

En ce qui concerne les organisateurs de corridas, qu’on appelle les empresas, les principaux sont Simon Casas (Nîmes bien sûr mais aussi Madrid, Saragosse et Valence et indirectement Les Saintes Maries et Mont-de-Marsan), les Jalabert (Arles) ou Robert Margé (Béziers, Palavas, St Gilles, Mauguio) contrôlent la tauromachie dans le sud-est. Dans le sud-ouest l’homme fort est Alain Lartigue (Bayonne, Vic, Parentis, Orthez, Roquefort, La Brède, Eauze, Tyrosse ou Soustons).

On dénombre 7 arènes (Nîmes, Arles, Béziers, Vic, Dax, Mont-de-Marsan, Bayonne) de première catégorie (classement sans rapport avec celui qui est pratiqué en Espagne) et 1 de seconde (Céret). Le point positif est l’apparition d’une feria à  Carcassonne mais il y a quatre points noirs  avec la disparition des arènes de Floirac, Fenouillet, Fréjus et Collioure.

Document La Dépêche du Midi

De plus, la tauromachie se renforce dans l’adversité en résistant à la langue bleue pendant 3 saisons entre 2005 et 2008.

Depuis 2006 le règlement national espagnol est remplacé par des règlements propres à chaque communauté autonome ce qui concourt indirectement à donner à la France taurine plus d’autonomie. Cette année là il y eut 71 corridas dans l’hexagone (ou la partie de celui-ci qui nous concerne), chiffre certes inférieur aux 89 de 2003 mais le marché français français reste relativement stable malgré la crise avec une moyenne supérieure à 73 corridas/an sur les 5 premières années de la deuxième décennie du XXe siècle. Il y a une baisse en 2015 avec 66 corridas mais le nombre de spectacles majeurs se maintient largement avec la croissance des novilladas piquées qui atteignent le chiffre de 48 (+15). Pour 2016 la prévision est de 68 corridas et 35 corridas soit 103 spectacles majeurs.

Malheureusement, le travail de lobbying de certaines associations animalistes semble porter ses fruits si l’on en juge par la décision du Conseil d’Etat de juillet 2016 qui rejette le recours de l’UVTF et de l’ONCT sur le retrait du site web du Ministère de la Culture de la fiche d’inventaire de l’’inscription au Patrimoine culturel français obtenue en 2011 et qui par la même refuse de se prononcer sur le fait de savoir si cette suppression suppose une radiation, au motif que lesdites associations sont parties prenantes dans ce processus, alors qu’il s’agit d’une inscription administrative et non politique qui fait suite à un long processus. Le flou subsiste et il est fort à parier qu’il va continuer en cette période électorale : il convient de ne fâcher personne. Dans les faits, il s’agit d’une suppression de fait même si le Ministère sait parfaitement qu’il s’agit d’une décision arbitraire car une culture ne peut-être désinscrite que parce qu’elle n’est plus. Et nous sommes !


Juil 4 2015

La santé de la tauromachie

Voici les statistiques officielles du Ministère de la Culture Espagnol sur les corridas (et les novilladas piquées) depuis qu’elle gère les affaires taurines :

2007 : 953 (6241). 2008 : 810 (453). 2009 : 648 (376). 2010 : 611 (358). 2011 : 561 (308). 2012 : 475 (235). 2013 : 428 (233). 2014 : 398 (242).

Si le nombre de spectacles taurins est en augmentation on voit que celui des spectacles majeurs continue à baisser de 7% pour les corridas alors que les novilladas progressent de près de 4%.

Le nombre d’élevages a peu varié (1339), en revanche celui des écoles taurines est en augmentation (+9) pour atteindre le chiffre de 52. Le nombre de professionnels taurins est supérieur à 10 000 (plus de 800 pour les matadors d’alternative).

En 2013, pour la première fois, la baisse du nombre de spectacles concerne également les grandes arènes et la situation des élevages devient très compliquée, les troupeaux devant être réduits de manière drastique. La chute a toutefois un peu ralenti cette année pour les corridas (10% de baisse) mais les novilladas piquées se stabilisent.

En 2012 il y a eu 72 arènes en moins et 11% de spectacles en moins (pour que les anti-taurins ne se réjouissent pas trop vite, une donnée importante : 18% de baisse pour les concerts en 2011). En un peu plus de cinq ans le nombre d’arènes en activité ainsi que le nombre de corridas a baissé de moitié (les novilladas ont été divisées par 3).

Il est possible malgré tout d’affirmer  que si la tauromachie ne se trouve pas dans sa meilleure forme, elle n’est pas non plus à l’agonie. Malgré tout, comme il est possible de le consulter sur le site de l’UCTL, le secteur taurin pèse près d’un milliard d’euros dans l’économie espagnole.

Il est vrai que la fréquentation des arènes espagnoles n’est pas toujours à son maximum et plus particulièrement dans les spectacles qui ont lieu en dehors des ferias mais avant la crise on se disait qu’il y avait trop de corridas et comme à la bourse, après les records, l’effondrement a été spectaculaire. La moyenne provisoire de cette deuxième décennie du XXIe siècle nous renvoie maintenant en-dessous des années 60. En effet, les chiffres des moyennes annuelles des corridas données en Espagne par décennies au XXe siècle parlent d’eux-mêmes :

239 corridas dans la première

268 dans les années 1910

278 dans les années 20

169 dans les années 30

234 dans les années 40

273 dans les années 50

521 dans les années 60

587 dans les années 70

534 dans les années 80

739 dans la dernière décennie du siècle dernier2

849 dans la première du XXIe siècle (avec un record de 983 en 2003 avant la chute que nous avons constaté).


[1] D’après le rapport 2010 de la Real Federación taurina de España, les chiffres de 2007 font état de 1201 spectacles en additionnant novilladas piquées et festivals, soit plus que le nombre de corridas à partir de cette année-là.

[2] Cf. “Estadística” dans le dictionnaire de M. Ortiz Blasco, et pour les années 90, La tauromachie: Histoire et dictionnaire de Robert Bérard, p. 1006.

 


Mai 1 2015

Economie

Nous déplorons depuis quelques années la diminution continue du nombre des spectacles taurins donnés en Espagne. Certains y voient le signe d’une désaffection progressive du public à l’égard de ces spectacles et les partisans de leur interdiction s’en réjouissent car ils y pronostiquent une proche mort naturelle.

Marc Roumengou, lui-même alerté par le distingué bibliophile et chroniqueur taurin José María Moreno, vient d’attirer mon attention sur un article de Diego Sánchez de la Cruz, journaliste spécialisé en économie, paru sur le site LIBREMERCADO du 15 décembre 2014.

Diego Sánchez de la Cruz s’appuie sur une étude de Juan Medina, professeur d’économie à l’université d’Estrémadure et cite aussi un article de son confrère Juanma Lamet, propriétaire du site « EXPANSION-TOROECONOMIA »

Ces deux articles m’ont paru suffisamment intéressants pour que j’en donne ici une traction assez libre mais qui, je l’espère, n’en trahit pas le sens.

J-J. D.

 

¿Es la Tauromaquia un reflejo de la economía española?La tauromachie est-elle un reflet de l’économie espagnole ?par Diego Sánchez de la CruzLe nombre des corridas et celui de leurs spectateurs augmente après des années de fortes diminutions.La Tauromachie est-elle un indicateur pertinent de la performance économique espagnole ? D’emblée, une affirmation semblable peut sembler étrange ; cependant, l‘évolution de ce secteur est en relation étroite avec celle de la richesse dans notre pays. Pour le dire autrement, la Fête des Taureaux croît dans les périodes de prospérité et souffre durant les récessions.

Dans le monde du sport, cette situation est différente, puisque qu’il s’agit d’activités très résistantes aux va-et-vient économiques. Si nous nous référons au cinéma, la baisse de fréquentation des salles est nettement observée, par ce qu’il s’agit d’un spectacle plongé dans une crise structurelle.

Au contraire, la Tauromachie se meut dans un terrain plus conjoncturel : le nombre de courses de taureaux progresse quand tout va bien et se réduit dans les moments de difficulté  économique. Pouvons-nous quantifier cette relation entre la courbe de l’économie nationale et l’évolution du nombre de spectacles taurins ? Bien sûr que oui.

Le professeur Juan Medina, professeur à l’Université d’Estrémadure, s’est livré à cet exercice. Le résultat est révélateur : si nous croisons le nombre de courses de taureaux avec le revenu par habitants des Espagnols, nous voyons qu’entre ces deux indicateurs existe un coefficient de corrélation de Pearson de 0,89 (1 serait la valeur maximale possible). La graphique suivante montre ce lien pour la période comprise entre 1901 et 2013 :

Nous pouvons vérifier aussi la sensibilité de la tauromachie aux récessions en analysant les trois grandes crises économiques du siècle dernier :

Le nombre de courses de taureaux célébrées en 1929 avoisinait les 300, alors qu’en 1935, juste avant la Guerre Civile, la crise les avait réduites à une centaine.

Dans la décennie de 1970, la crise du pétrole a réduit le nombre de courses de taureaux de plus de 600 à environ 400.

La Grande Récession, qui a commencé en 2008 et commence à s’atténuer cette année, a fait descendre le nombre de courses de taureaux jusqu’à 450,  à comparer aux niveaux proches de 1000 observés avant le krach.

Le « rapport Lamet » et la récupération de la Fête :

Cette semaine, le blog l’Expansion publie un intéressant article du journaliste économique Juanma Lamet, l’un des plus grands spécialistes de la « tauroeconomía ». Les données que Lamet apporte montrent que, après des années de crise, le secteur taurin commence à reprendre son vol.

L’augmentation interannuelle du nombre de festejos taurins est de 1,1 %. Depuis le départ de la crise, c’est la première fois que cet indicateur sort des nombres négatifs.

En comptabilisant aussi les 250 festivals taurins célébrés en Espagne, l’augmentation interannuelle atteint 3 %.

Évidemment, la Tauromachie résultante de cette crise privilégie les spectacles de moindre prix. C’est pour  cela que les festivals et novilladas ont progressé alors que les corridas de toros et de rejones voient leur part du gâteau diminuer.

30.000 spectateurs de plus à Las Ventas

Bien qu’il soit important d’analyser le nombre des festejos, il convient aussi d’examiner l’étiage du public qu’ils recueillent. Eh bien, cet examen apporte aussi de bonnes nouvelles, puisque la principale place de taureaux d’Espagne,  celle des arènes madrilènes de las Ventas, vient de communiquer le chiffre de l’assistance annuelle : 920.000 spectateurs, 30.000 de plus qu’en 2013.

 

La tauromaquia comienza a salir de la recesión: crece un 1,1% en 2014La tauromachie commence à sortir de la récession,
elle progresse de 1,1 % en 2014
par Juanma Lamet 

L’économie taurine change de rythme. Peu à peu, le secteur commence à sortir de la récession. Après six ans de diminutions ininterrompues, le nombre de spectacles célébrés en Espagne a recommencé à croître en 2014. Si aucun des derniersfestejos peu nombreux qui sont programmés  n’est  supprimé, l’année aura connu 956 après-midi de taureaux. C’est-à-dire, 1,1% de plus qu’en 2013, année dans laquelle il y en eut 946, selon les données recueillies semaine après semaine par David Jaramillo dans 6 Taureaux 6.

Si les festivals étaient comptés, la progression serait encore plus grande, de presque 3 %. En tout cas, les chiffres actuels sont très éloignés de ceux enregistrés dans les années de la bulle immobilière, où ils sont parvenus à franchir la barrière des 2.200 dans un contexte d’essor économique important. La vitesse de croisière au long cours du phénomène taurin se trouve, en fait, plus près des chiffres actuels que de ceux d’alors.

En 2014, c’est un accroissement léger, à peine au-dessus de la stagnation, mais il est très significatif. D’abord, la tendance récessive, toujours difficile à retourner, a été freinée. Dans un contexte économique marqué par la sortie de la récession et l’amélioration légère des données de l’emploi, la tauromachie a commencé à toucher un fond avant que ne le fasse, la dépense culturelle, qui continuera de décroitre au rythme proche de 8 %, selon l’étude « La dépense de loisir et culture des Espagnols », de l’EAE Business School

Les taureaux se sont mis à s’aligner maintenant sur le flux de l’activité économique nationale. Selon les prévisions du Gouvernement, le Produit national brut national croîtra 1,3 %. Pour le moment, le Produit Intérieur Brave est monté d’au moins 1,1 %.

L’embellie touche particulièrement les novilladas qui progressent de 13,17 % passant des 243 en 2013 à 275, 32 de plus. Favorisé par l’animation du tableau d’avancement novilleril, la statistique n’améliore pas seulement les données de 2013, mais, aussi, celles de 2012. Il s’agit de la première donnée positive depuis qu’a commencé la Grande Crise, à compter de 2007. Il en résulte un changement de tendance, compte tenu que les courses de novillos revenaient de pourcentages négatifs à deux chiffres (-26,8 % en 2012, -20,5 % en 2009, -22,3 en 2008 …). Il en allait de même pour le rejon. Dans l’Espagne entière ont été donnés cette année 219 spectacles de combat à cheval, 5,2 % au-dessous de l’année dernière (231).

Le nombre de corrida de toros a été réduit passant des 472 de 2013 à 462, 2,1 % de moins. C’est le recul le plus minime constaté durant dans les sept dernières années. Le noyau dur de la fiesta se maintient, donc, mais très loin des chiffres enregistrés dans les années du boom de la pierre, où il est arrivé que 1.035 courses de toros soient données dans une seule année, c’était dans la caniculaire année 2007.

Mais cette donnée sur les courses de taureaux en 2014, très significative, ne peut être considérée comme préoccupante. Dans les années 80 du siècle dernier, qui ne sont pas considérés comme une période de décadence, la moyenne était de 476 courses de taureaux à l’année, un chiffre comparable aux 462 de cette année. De plus, actuellement le ratio est d’une course de taureaux pour 100.000 habitants, similaire à celui de l’Âge d’or de la Tauromachie. Les taureaux sont-ils en décadence quand se célèbre un nombre de corridas par personne identique à celui de la meilleure des époques vécues par cette discipline culturelle ? La réponse va de soi.

Seulement 13 des 43 provinces dans lesquelles los toros sont présents connaissent encore une chute d’année en année du nombre de spectacles. Il y a en 10 qui maintiennent la même offre taurine qu’en 2013 et 20 dans lesquelles elle progresse. Parmi celles-ci, il faut détacher Huelva, qui a passé de 9 à 19 courses de taureaux (111 %), et Burgos, qui fait au total 7 nouvelles après-midi de toros, de 18 en 2013 à 25 cette année (39 % de plus). Parmi les provinces qui régressent, celles qui souffrent plus sont Malaga, qui passe de 34 à 25 corridas annuelles, et Cadix, qui de 28 tombe à 22.

Les deux dernières données indiquent que le marché taurin andalou recule de 6,2 %, l’Andalousie est l’autonomie dans laquelle le  plus de festejos ont disparu en 2014 par rapport à 2013 : 151 en 2014 contre 161 en 2013. L’Andalousie se situe à la quatrième place, après Madrid (180 spectacles 1,7 % de plus), la Castille et le Léon (178, 8,5 % de plus que l’année passée) et la Castille-la Manche, qui perd 2,4 %, passant de 165 à 161 spectacles majeurs en 2014 (voir le graphique joint).

Le toreo progresse dans sept autonomies (Cantabrie, Castille et le Léon, Communauté Valencienne, Estrémadure, Madrid, Murcie et Pays basque), se maintient en Navarre, Rioja, Baléares et dans les Asturies, décroit en l’Aragon, en Galice et dans les déjà citées Castille-la Manche et Andalousie.

Il apparaît, bien que l’évolution de l’économie taurine aille par régions, que la tendance s’est améliorée. Bien que l’élément clef au commencement de la crise ait été l’évolution du secteur de la construction, de nos jours cet effet a été transmis à l’ensemble de l’économie sous la forme d’un grand taux de chômage). Ainsi, « la déterminante variable de l’évolution du nombre des festejos est la taux de chômage », souligne Vicente Royuela, docteur en Économie et chercheur à la Faculté de Sciences Patronales de l’Université de Barcelone.

« Dès 2008, chaque point additionnel du taux du chômage s’est traduit par 50 spectacles taurins de moins au plan national », poursuit-il. Eh bien, dans cette dernière année le taux du chômage a été diminué de 1,7 point… Royuela ajoute : « les incertitudes sur la récupération économique (et son dynamisme) vont compliquer la prise de décisions des organisateurs et des éleveurs, ce qui, d’une manière générale, va retarder la progression du volume des spectacles taurins ».

C’est sûr, le premier pas (freiner la chute, recommencer à croître) est déjà atteint. Pour la première fois depuis sept ans, l’optimisme n’est pas une option saugrenue.

 


Nov 5 2013

Top 20 du torisme

A noter tout d’abord que le décompte final donne un chiffre de 51 corridas dures en Espagne contre 30 en France soit à peine plus de 10% du nombre de corridas outre Pyrénées et près de la moitié dans l’Hexagone. Si les « jusqu’auboutistes » ne seront jamais satisfaits on peut se dire qu’on a quasiment atteint dans notre pays  le point d’équilibre.

***

torero

oreilles (doubles trophées)/toros

1

Castaño

(2V)14(4)/50

2

Escribano

23(8)/34

3

Robleño

6/30

4

Rafaelillo

(5V)7/28

5

Aguilar A.

(V)4/22

6

Ferrera

(V)7(1)/19

7

Bolívar

8/17

8

Pinar

(V)5/11

9

Adame

6(1)/11

10

Uceda

2/11

11

Sánchez Vara

(V)5/10

12

Urdiales

(V)2/10

13

El Cid

4(2)/9

14

Juan Bautista

6(1R+2)/8

15

Morenito

(V)2/8

16

Esaú Fernández

9(2+R)/7

17

Mora

1/7

18

Ureña

0/7

19

Leal M.

(V)3/6

20

Lamelas

(2V)2/6

Toutes les catégories d’arènes sont prises en compte (en France et en Espagne) mais seulement les élevages considérés comme les plus difficiles (la catégorie intermédiaire du genre Fuente Ymbro ou Baltasar Iban n’est pas comptabilisée)


Oct 24 2013

Top 20 de la saison

Ce classement statistique, contrairement à l’escalafón, s’établit sur la base du nombre de toros occis et ne prend en compte que les arènes de 1ère et 2e catégorie. Seules les arènes de Valence, Séville, Madrid, Pampelune, Bilbao et Saragosse sont comptabilisées dans le premier cas.

Légende : vueltas (V), oreilles (doubles trophées)/toros

 

Torero

Total

1ère

Total

2e

Ensemble

1

Padilla

5/16

(5V)48(11)/61

53/77

2

Fandiño

(V)6(1)/18

35(7)/58

41/76

3

Manzanares

6/20

34(9+R)/46

40/76

4

El Fandi

3/8

53(9+R)/60

53/68

5

El Juli

12(3)/17

(V)34(6+R)/49

46/66

6

Perera

(V)4/20

(V)29(6)/46

33/66

7

Castella

2/12

30(3)/53

32/65

8

Talavante

(V)5(1)/21

17(2)/39

22/60

9

Castaño

(2V)0/14

(V)12(4)/34

26/58

10

Ponce

1/6

28(8)/51

29/57

11

Morante

(V)1/23

(2V)12(2+R)/33

13/56

12

El Cid

V/24

15(2+R)/24

15/48

13

Fortes

1/18

11(2)/24

12/46

14

Luque

4/16

(V)9/28

13/44

15

Ferrera

(V)3/16

(3V)19(4)/27

22/43

16

Mora D.

(V)3(1/19

(2V)13(1)/20

16/39

17

Aguilar A.

(V)3/16

(V)2/14

5/30

18

Juan Bautista

1/8

8(3)/21

9/29

19

El Cordobés

V/6

18(2)/23

18/29

20

Robleño

0/6

(V)4/18

4/24


Oct 16 2013

Saison française

interior(12)Juan Bautista est le torero qui a coupé le plus d’oreilles en France lors de cette saison 2013 (16 avec 7 en 1ère catégorie). Viennent ensuite Fandiño (11, toutes en 1ère catégorie), El Juli et Castella (10), Luque et Dufau (9), Padilla (8), Manzanares (7) puis Escribano (6) et Mora, Castaño et Robleño (5).

Dans l’escalafon inférieur César Valencia arrive en tête (7 trophées) suivi de Roman et Juan Leal (5) puis de Clemente, Soler, Jiménez, Garrido et Espada (4).


Août 10 2013

La santé de la tauromachie (II)

Le 28 juillet 2010, le parlement catalan à porter un dur coup à la tauromachie en votant par 68 voix contre 55 et 9 abstentions la prohibition des corridas dans cette communauté autonome où les arènes de Barcelone étaient les dernières à fonctionner. Un peu partout en Espagne les anti-taurins font entendre leur voix mais restent pour l’instant minoritaires : 64% des Espagnols se déclarent d’ailleurs contraires à une prohibition dans leur communauté autonome[1]. Aux élections municipales de 2011, le parti anti-taurin PACMA ne recueille que 0,45% des suffrages en moyenne. En réaction aux attaques de plus en plus pressantes, les communautés autonomes de Murcia puis de Madrid ont déclaré la tauromachie « Bien d’Intérêt Culturel ». Nous pouvons être convaincus que nous pourrons continuer à nous délecter de l’art de « Costillares » encore longtemps dans la plupart des villes espagnoles mais la vigilance est bien-sûr de mise. Les trois-quarts des spectacles taurins sont donnés dans les régions (ou leur équivalent espagnol) de Madrid, les deux Castilles et l’Andalousie. La tauromachie se porte bien également dans la région de Valence, dans celle d’Estrémadure, de Navarre ou d’Aragon mais se trouve plus en difficulté dans le nord. Les nationalistes basques, à l’instar de leurs homologues catalans, luttent contre la Fiesta nacional mais dans une stratégie très « localiste », commune par commune. Ainsi Saint-Sébastien (où les nouvelles arènes datent seulement de 98) sur décision de son maire (du parti BILDU proche des mouvances de la dissoute ETA) n’aura finalement pas de feria cette année et on vient d’apprendre qu’un accord avait été trouvé à raison de 2.4 millions d’indemnisation par an avec les Chopera pour qu’ils retirent leurs plaintes. Après une novillada réussie à tous points de vue en début d’année Sopuerta a entériné la suppression des spectacles taurins. En revanche, dans la commune de Karrantza, 54% de la population a voté pour les Toros lors du référendum local organisé récemment. Aux Asturies, la capitale Oviedo ne donne plus de spectacles taurins mais la feria de Gijón reste importante mais c’est en Galice (en plus des Baléares où Palma et Muro maintiennent la tradition taurine) que la situation risque à terme de devenir la plus difficile, l’afición étant ici très minoritaire malgré la continuité des arènes de Santiago et de Pontevedra. Malgré tout une vingtaine d’arènes ont été inaugurées depuis le début du XXIe siècle en Espagne.

En France les arènes (qui atteignent le nombre de 51[3]) sont rarement à moitié pleines même si actuellement, eu égard à la situation économiques elles le sont rarement complètement. La tauromachie a même eu une reconnaissance institutionnelle en avril 2011 au travers de son inscription au patrimoine immatériel français. On peut tout de même déplorer l’interruption de la feria toulousaine de Fenouillet ainsi que l’arrêt semble-t-il définitif de Fréjus, Floirac et maintenant Collioure. En revanche depuis une dizaine d’années Carcassonne est sortie du néant et sa feria semble se pérenniser. De nouvelles arènes ont été récemment construites comme à Istres en 2001 ou à Vauvert en 2004. Le nombre de corridas reste à peu près stable dans notre pays ces dernières années (71 en 2006 comme en 2013).

Pour ce qui est des Amériques, en Colombie, le deuxième grand pays taurin d’Amérique, les arènes de la capitale où existe pourtant une grande afición, ne sont plus en fonctionnement depuis l’an dernier sur décision du maire, en attendant les décisions juridiques. En Equateur le référendum anti-taurin de Rafael Correa a été rejeté sauf dans la capitale où la mise à mort n’est plus publique. La situation au Pérou ou au Venezuela n’est pas extraordinaire mais pour l’instant la démagogie n’a pas atteint le monde des toros. Au Mexique, en 2012, le nombre de corridas a légèrement augmenté pour passer à 371 mais il est à craindre que le niveau d’exigence trop faible, en particulier en matière de présentation du bétail, ne finisse à terme par détourner une partie du public d’un spectacle qui fait de moins en moins sens.


[1] Sondage paru dans burladero.com au moment de la prohibition.

[2] Cf. La Tauromachie de Robert Bérard p. 1009.

[3]  Cf. La Tauromachie de Robert Bérard p. 1013 (incluses les arènes de Toulouse-Fenouillet et Carcassonne).