Domecq-Torrestrella

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      L’élevage de Juan Pedro Domecq, provenant de la ligne Parladé – Tamarón – Conde de la Corte – Mora Figueroa (provenant de Pedrajas), est la base d’un encaste très fertile. Il a commencé son existence en 1930 quand Juan Pedro Domecq Villavicencio acheta le fer2 créé par les ducs d’Osuna et Veragua. Son fils, Juan Pedro Domecq y Díez, en hérita en 1937. Le fils de ce dernier, Juan Pedro Domecq Solís, devint le nouveau propriétaire en 1978. Les juanpedros sont des animaux de taille moyenne (terciados), fins et ramassés; leur hauteur au garrot est réduite; leurs cornes sont fines et d’une longueur moyenne et leur robe est le plus souvent de couleur noire, mais on trouve aussi beaucoup de roux et de burracos (ou salpicados). De temps en temps apparaissent aussi quelques animaux à la robe claire (albahíos, jaboneros…). Ils sont harmonieux quand ils n’excèdent pas les limites de leur type et qu’ils ne sont pas plus hauts de l’avant que de l’arrière. Leur poids idéal se situe en dessous des 500 kg, bien qu’ils apparaissent actuellement dans l’arène avec beaucoup plus de romana (poids) – ce qu’ils supportent d’ailleurs assez mieux que d’autres lignées – pour répondre à la mode du gros toro imposée de manière parfois arbitraire par un public soi-disant torista aux critères souvent erronés dans certaines arènes, en particulier dans le nord de l’Espagne. Ces « cornus » à la fois braves et nobles sont surtout réputés pour cette dernière qualité. Ces toros de boyantes à pastueños, « commerciaux », comme les appellent certains, sont accusés de charger d’une manière fade, sans transmission ni tempérament, d’être en apparence peu dangereux, faibles et sans caste. Juan Pedro Domecq préfèrait les appeler « toros artistes ». Ils sont idéaux en effet pour lesdits toreros artistes et les figuras – les toreros vedettes – en raffolent en raison de leur bon son du début à la fin de la lidia et de leurs qualités de fixité et de durée. Comme disait il y a quelques années Juan José Padilla : « Ce qui est doux n’a un goût amer pour personne ».

Élevages importants provenant de cette souche : El Pilar, Fuente Ymbro, Garcigrande, Jandilla, Victoriano del Río, Daniel Ruiz, Zalduendo, Pedraza de Yeltes

Sans être du pur Domecq, un autre élevage important apparenté à cet encaste est celui de Núñez del Cuvillo.

Les toros de l’élevage Marqués de Domecq (Martelilla), bien qu’ayant la même provenance, peuvent constituer un sous-encaste eu égard à la sélection effectuée en marge du reste du cheptel Domecq (cornes plus développées et comportement souvent plus compliqué).

Il en va de même pour les sous-encastes Jandilla, Osborne, Salvador Domecq ou Aldeanueva. Lire à ce sujet l’article Du mono-encaste au pluri-encaste.

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      Le rejoneador – ou torero à cheval – Álvaro Domecq Díez a créé dès 1957 une nouvelle lignée dénommée Torrestrella en mélangeant avec succès la caste Vázquez-Veragua (à travers l’élevage de Curro Chica, provenant de celui du duc de Braganza) – contenue actuellement dans une proportion de 3 % – avec les encastes Juan Pedro Domecq et Núñez (Villamarta). Le toro de Torrestrella est bien proportionné et harmonieux en tout. Il est d’une taille moyenne, plus haut et plus volumineux que celui de « Juan Pedro ». Il est aussi plus développé du tiers antérieur et a un morrillo plus proéminent mais un cou assez court qui rend plus difficile « l’humiliation ». On rencontre une grande variété de pelages, héritage de la caste vazqueña : noir, roux, châtain, salpicado ou burraco, voire ensabanado… Les particularités listón et ojo de perdiz sont courantes.

Cette ganadería a été la base des élevages de Guadalest, Monte la Ermita, Fernando Peña et surtout Torrealta (Ibarra-Álvaro Domecq-Marqués de Domecq-Atanasio Fernández), qui à son tour a donné celui de Bañuelos.


[1] Toro de Juan Pedro Domecq. Photo 6 TOROS 6.

[2] Le terme “fer” a ici une valeur métonymique : la marque, le symbole, ou blason, pour l’élevage.