GLOSSAIRE

A CABALLO LEVANTADO[1] (suerte de piques) : manière de piquer aujourd’hui quasiment disparue qui consistait à diriger le cheval légèrement sur le côté gauche, pendant que le taureau s’approchait,  avant de le faire se cabrer pour lui donner une sortie du côté droit.

A MÁS : crescendo, croître la bravoure sous le châtiment.

ABANICAR : action de courir en marche arrière en remuant la cape d’un côté et de l’autre de la tête du taureau de manière à ce que celui-ci suive le torero en zigzag.

ABANIQUEO : ornement qui consiste à remuer la muleta d’un coup de poignet, d’un côté et de l’autre de la tête de l’animal, en fin de faena, quand le taureau est à l’arrêt, épuisé.

ABANTO : taureau qui sort des passes sans les achever; c’est généralement un état passager, surtout au début de la course (ou lidia).

ACAPACHADO : voir CAPACHO.

ADORNOS : ornements, ou toreo accessoire; passes qui ne rentrent pas dans les catégories suivantes : régulières (regulares), changées (cambiados), ou aidées (ayudados).

AFAROLADO : passe de muleta, exécutée à une main, débutant comme une passe changée (cambiado), et provenant de la passe de cape dite farol où le leurre (cape ou muleta) tourbillonne au-dessus de la tête du torero.

AFICIÓN : 1. Ensemble des amateurs de tauromachie.  2. Penchant pour la Corrida.

AGALGADO : toro zancudo plutôt maigre, fin.

AGUANTE : capacité à faire fi du danger et à contrôler son instinct de conservation en restant impassible face au danger.

AGUANTE : cette notion est à différencier de la quietud qui lui est proche. Si celle-ci est une forme de sérénité qui permet de rester immobile entre les passes et de tout faire avec une parcimonie de gestes, l’aguante est la faculté de rester imperturbable dans des situations de danger comme lorsque le toro charge sur l’homme dans un cite de loin ou lorsque l’animal interrompt sa charge au milieu d’une passe ou quand il regarde le torero dans un cite à faible distance. Peu de toreros ont un aguante absolu : parmi eux José Tomás, Sébastien Castella ou Miguel Ángel Perera.

AGUJAS : aiguilles (traduction littérale); distance entre les sabots et le morrillo; on dit d’un toro qu’il est haut ou bas d’agujas.

AHORMAR : action de corriger la charge « décomposée » d’un animal à l’aide de la cape, de la pique, ou de la muleta.

ALBAHÍO : animal au pelage blanc jaunâtre.

ALEGRÍA : vivacité de la charge ou style enjoué selon qu’on parle du toro ou du torero.

ALEONADO : se dit d’un taureau très développé au niveau du tiers antérieur.

ALTERNATIVA : alternative; cérémonie pendant laquelle un torero devient matador de toros, lorsque son parrain, devant un témoin, lui cède le premier taureau de la corrida, en lui échangeant la muleta et l’estoc contre la cape, au début du troisième tiers.

AMPARADOR : cavalier chargé de protéger le garrochista dans la suerte de l’acoso y derribo, ou poursuite et dérive.

ANDANADA : partie couverte des arènes la plus élevée.

ÁNGEL : ange; sorte de muse (Melpomène ?) des toreros.

AÑOJO : animal d’un an.

ANTIGÜEDAD : ancienneté d’un élevage correspondant à la date de présentation dans les arènes de Madrid.

ARAGONESA : passe de cape dans laquelle le torero appelle son adversaire de dos avec le leurre également dans le dos.

ARRASTRE : évacuation de la dépouille par les mûles.

ARRUCINA : passe de muleta où le torero fait passer l’animal du côté gauche alors qu’il tient la muleta de la main droite, comme pour une passe « de la droite » (derechazo), mais en mettant le bras derrière le dos.

ASTIBLANCO : se dit d’un taureau aux cornes blanches, à l’exception des pointes.

ASTIFINO : se dit d’un taureau aux cornes fines; c’est le contraire de astigordo.

AYUDADOS (pases) : passes aidées; il s’agit de passes exécutées à deux mains, où l’épée agrandit la surface de l’étoffe.

AZABACHE : se dit d’un taureau au pelage noir très brillant.

BADANUDO : se dit d’un animal au double menton développé.

BANDERILLAS DE FUEGO : banderilles de feu; ces banderilles, antérieures aux actuelles banderilles noires, étaient munies de pétards et placées lorsque le taureau refusait de charger le cheval du picador.

BARRERA : première file des gradins, juste devant le callejón.

BATACAZO : chute impressionnante du picador.

BECERRADA : spectacle de moins haut niveau parmi ceux qui se célébrent dans des arènes, et dans lequel sont sacrifiés des animaux de moins de deux ans.

BECERRO/A : animal de moins de deux ans.

BERNADINA : passe de muleta qui consiste à exécuter une sorte de manoletina, avec le leurre à l’envers, et pris dans le dos, comme pour la gaonera, de laquelle elle provient.

BERRENDO[2] : pelage associant le blanc et une autre couleur; quand la couleur blanche est dominante, on place le mot berrendo avant la couleur combinée, comme dans berrendo en noir.

BIZCO[3] : se dit d’un taureau ayant une corne plus basse que l’autre.

BOYANTE : toro noble.

BRAGADO[4] : se dit d’un animal au ventre blanc sur toute son extension, sauf pour les berrendos.

BRAVUCÓN : taureau manso qui parfois ressemble à un brave.

BRAVURA : bravoure; qualité spécifique du taureau brave; dans la phase des piques, capacité combative du taureau devant croître sous le châtiment; capacité de l’animal à charger jusqu’à la mort.

BREGA : partie pratique de la lidia à la charge des subalternes et effectuée à la cape. Il s’agit en fait de conduire l’animal à un burladero, de l’attirer et de le maintenir à l’opposé de la porte de quadrilles lors de l’entrée des picadors, éventuellement, même si cela devrait toujours être réalisé par le matador, de le placer pour la pique, de faire le quite non-artistique après celle-ci, de placer le toro pour les banderilles et attirer son attention après la pose de celles-ci puis, finalement, de faire tournoyer le toro moribond après l’estocade. Les deux principaux banderilleros d’un matador ont le rôle de peón de brega à l’un des deux toros qu’ils n’ont pas à « banderiller ».

BROCHO : corniapretado aux cornes plus basses.

BURLADERO : carré de planches situé au devant d’une des entrées du callejón – le couloir intérieur d’une arène –, juste assez large pour permettre à un intervenant d’une corrida de s’y glisser en cas de besoin.

BURRACO : se dit d’un taureau au pelage noir avec des taches blanches, mais sans arriver à berrendo.

BURRICIEGO : animal ayant un défaut visuel.

CABESTRO : boeuf chargé du maniement du bétail, autant dans un élevage que dans des arènes.

CALZADO[5] : se dit d’un taureau berrendo ayant la partie basse des extrémités de la même couleur que celle avec laquelle il combine le blanc.

CAMBIADOS (pases) : passes changées; passes qui sont dirigées du côté opposé à celui de la main qui tient la muleta. Par exemple, la passe de poitrine de la gauche est une passe changée puisque le torero marque la sortie à l’animal à sa gauche alors qu’il tient le leurre de la main droite.

CAPACHO : se dit d’un taureau aux cornes basses et ouvertes.

CAPEA : spectacle taurin jadis très répandu, et encore souvent célébré de nos jours dans les petites localités, où l’on torée n’importe quel type de bêtes, d’une vachette à un toro, d’une manière désordonnée et dans une arène improvisée (souvent une place de village avec les rues bouchées par des charrettes).

CAPEÍNA : passe de muleta qui commence comme dans une passe « de la droite », mais avec le leurre présenté à l’envers, et qui finit avec celui-ci enroulé autour du corps du torero comme s’il s’agissait d’une chicuelina.

CÁRDENO : se dit d’un taureau au pelage mélangeant les poils noirs et blancs, donnant ainsi un aspect plutôt gris.

CARGAR LA SUERTE : charger la suerte, ou charger la passe. 1. Ceci consiste à avancer la jambe de sortie après que l’animal ait commencé sa charge, ce qui obligera le torero à dévier celle-ci.  2. Cependant d’aucuns considèrent que le fait de « charger la passe » est le deuxième temps de celle-ci, situé entre l’appel et la conclusion. Il s’agit en fait du temps fondamental de la passe, le centre de celle-ci, où le torero doit peser sur la charge de l’animal, le guider, et donc toréer avec domination et profondeur.

CARIFOSCO : se dit d’un taureau ayant les poils de la gueule frisés.

CARIOCA : manière de piquer – pratiquée avec les taureaux qui fuient le cheval du picador – consistant à fermer la sortie à l’animal qui se retrouve entre le cheval et les planches.

CARTUCHO DEL PESCADO : cornet du poisson (traduction littérale); manière d’appeler le taureau pour une passe naturelle en pliant deux fois la muleta.

CASTA : caste; caractère, pouvoir de combativité du toro dans le combat. Un animal peut être de bonne ou de mauvaise caste. S’il a trop de nerf et de tempérament on parlera d’un toro de mauvaise caste. La bonne caste sans doute est-elle synonyme de bravoure.

CELOSO : taureau brave qui charge avec insistance et cherche le torero.

CHICUELINA : passe de cape consistant à s’enrouler celle-ci autour du corps.

CHIQUEROS : synonyme de toril.

CHORREADO[6] : se dit d’un taureau avec un pelage comportant des rayures de l’échine au ventre, d’un ton plus sombre que sa couleur dominante.

CINQUEÑO : animal de cinq ans.

CITE : appel du taureau de la part du torero, premier temps de la passe.

COLETA : mèche de cheveux derrière la tête qui était la marque distinctive de la profession taurine jusqu’à Juan Belmonte, et qui depuis n’est plus qu’un postiche.

COLORADO : se dit d’un taureau au pelage roux, ou châtain rougeâtre.

COMPÁS : 1. Compas, ouverture des jambes; on parle de compas fermé si l’ouverture est nulle, ou de compas ouvert.  2. Une deuxième acception est celle du rythme de la passe.

CONFIRMACIÓN (de alternativa) : confirmation d’alternative; elle a lieu lorsque un torero se présente pour la première fois après son alternative dans les arènes de Madrid, México, Bogota, et Quito.

CORNALÓN : se dit d’un animal aux cornes très développées.

CORNIAPRETADO : se dit d’un animal dont les pointes des cornes se rejoignent; c’est le contraire de corniabierto.

CORNICORTO : se dit d’un taureau aux cornes courtes.

CORNIDELANTERO : animal aux cornes partant vers l’avant.

CORNIGACHO : se dit d’un taureau dont les cornes se dirigent vers le bas dès leur naissance.

CORNIVUELTO : se dit d’un animal dont les cornes se dirigent ou se terminent vers l’arrière.

CORRALES : lieu des arènes où se trouvent les taureaux avant qu’ils n’entrent dans chaque toril.

CORRIDA CONCURSO : corrida concours; course dans laquelle les six toros, qui sont tous d’un élevage distinct, doivent recevoir un minimum de trois piques de manière à évaluer au mieux leur bravoure.

CORRIDA GOYESCA : course dans laquelle les toreros sont habillés comme à l’époque de Goya (vers 1800).

CORRIDA MIXTA : course dans laquelle interviennent un apprenti torero et/ou un torero à cheval en plus d’un ou des matador(s).

COSO : arène ; endroit du vieux Madrid où se pratiquaient des courses de taureaux.

CRUZ : garrot.

CRUZARSE : se croiser; se situer au milieu des cornes, appeler le taureau sur la corne contraire.

CUARTEO : action de se diriger vers l’animal, avec les banderilles, de manière à décrire une courbe, un quart de cercle, de façon à ce que le taureau change sa trajectoire, et ne suive pas l’homme en ligne droite.

CUATREÑO : taureau de quatre ans.

CUBETO : se dit d’un animal aux cornes partant vers le bas et se rejoignant aux pointes.

CUCURUCHO : cornet; voir CARTUCHO.

CUELLO DE ASTRACÁN : se dit d’un taureau ayant les poils frisés, sur la gueule et la nuque.

DELANTAL : tablier; « passe » de cape appartenant à la classe du toreo par devant (sans faire passer l’animal), ou galleo, consistant à faire suivre au taureau le leurre en zigzag, en levant bien les coudes.

DERECHAZO : passe basse (ou à mi-hauteur) de la (main) droite, c’est à dire une des passes de base du toreo, avec la muleta et l’estoc soutenus dans la même main.

DESPLANTE : attitude de défit lancée au taureau, entre ses cornes, pour couronner une série de passes.

DESPRECIO (pase del) : passe du mépris; elle consiste à couper une naturelle en faisant tomber la muleta le long de la jambe, puis à s’en aller tranquillement, en marchant.

DIESTRO : synonyme de torero.

DIVISA : rubans aux couleurs d’un élevage, réunis par une cocarde aux mêmes couleurs, et plantés sur le morrillo du taureau (grâce à un petit harpon) juste avant son entrée en piste.

DUENDES : esprits magiques (provenant de la terre, au contraire de « l’ange », qui descend du ciel). On dit aussi d’un torero au toreo magique qu’il a le duende.

ENCASTE : 1. Origine d’un élevage.  2. Famille d’élevages (un seul parfois) différenciée, ayant une origine déterminée et des caractéristiques bien définies.

ENCIERRO[7] : 1. Action d’enfermer (encerrar) les taureaux dans les corrales des arènes; dans un élevage cette opération se fait à l’aide de bœufs, suivis de cavaliers.  2. C’est aussi la manière traditionnelle de transporter les taureaux d’un lieu fermé, à l’extérieur d’une agglomération, jusqu’aux arènes : les toros sont là aussi accompagnés de bœufs, mais ils sont cette fois précédés de coureurs; cette tradition est toujours en vigueur, outre à Pampelune, à Cuellar, Soria, Segorbe, Castellar de Santisteban, Logroño, San Sebastian de los Reyes, Morata de Tajuña, … Dans de nombreux villages on lâche une vachette pour imiter un encierro mais sans avoir pour but de l’enfermer, c’est la suelta de vaquilla.

ENGAÑO : leurre, soit cape ou muleta.

ENGATILLADO : se dit d’un taureau au gros cou.

ENMORRILLADO : se dit d’un taureau au morrillo imposant.

ENSABANADO : se dit d’un taureau au pelage blanc.

ENSILLADO : se dit d’un animal à l’échine encaissée, mais au garrot et à la croupe élevés, ce qui lui donne donc un aspect plutôt concave.

ERAL/A : torillon/vachette de deux ans.

ESPADA : 1. Épée.  2. Également synonyme de torero.

ESTAQUILLADOR : bâton en bois servant à soutenir la muleta.

ESTATUARIO : passe aidée (ayudado) « par le haut », les pieds joints.

ESTRIBO : marchepied servant à sauter dans le couloir de l’arène.

FAENA : travail réalisé à la muleta ( faena de muleta).

FAROL : passe de cape exécutée à deux mains où le torero fait tournoyer le leurre au-dessus de sa tête, comme s’il allait se le mettre sur les épaules.

FERIA : foire, anciennement de bétail, maintenant fête, d’une ville ou d’un village, pendant laquelle sont données des corridas.

FESTIVAL : course de veaux (normalement) donnée dans un but caritatif, où les cornes des animaux sont épointées (ce qui est différent de l’afeitado, ou limage), et où participent généralement six toreros vêtus du traje corto andalou.

FIEREZA : férocité.

FIESTA : en Espagne, la tauromachie est appelée “Fête nationale”.

FIGURA : torero important, vedette de la tauromachie.

FIRMA (pase de la) : signature (passe de la); naturelle ou passe « de la droite » coupée en son centre par un double mouvement de poignet.

FUERZA : force; synonyme de poder.

GALGUEÑO : presque agalgado.

GALLEO : manière de toréer à la cape, en marchant, ou en courant devant le taureau.

GANADERÍA : élevage.

GAONERA : passe de cape dans laquelle le leurre se présente derrière le dos et d’un côté du corps.

GARAPULLOS : synonyme de banderilles.

GARROCHISTA : cavalier chargé de dériver l’animal à l’aide de la garrocha (longue barre en bois) dans la suerte de l’acoso y derribo (poursuite et dérive).

GENIO : synonyme de nerf et tempérament.

GIRALDILLA : c’est l’autre nom de la passe de muleta plus connue aujourd’hui conmme manoletina.

GRADA : dans les arènes, lieu couvert au-dessus du tendido (gradins découverts de la partie basse) et en-dessous de l’ andanada.

HECHURAS : aspect extérieur du taureau,hormis les cornes.

HERRADERO : marquage au fer.

HONDO : se dit d’un animal dont le squelette, au niveau de la poitrine, est très développé.

INDULTO : grâce du toro, à la fois demandée par le public, le torero et l’éleveur et attribuée au moyen du mouchoir orange.

INTELIGENCIA : intelligence; faculté d’un torero à penser devant le taureau pour décider de la lidia qui lui convient.

JABONERO : pelage d’un aspect blanc plutôt sale.

JURIDICCIÓN = EMBROQUE : rencontre; moment où le toro rentre de le leurre.

KIKIRIKÍ : cocorico; passe de muleta qui commence comme une passe aidée (ayudado) « par le haut », et qui est ensuite recoupée en levant les coudes le plus haut possible, ce qui fait penser à des ailes de poulet.

LANCE : terme générique pour dénommer une passe de cape.

LARGA : passe de cape exécutée à une main, où le leurre s’ouvre complètement

LARGA CAMBIADA : passe de cape; il s’agit d’un farol à une main, et c’est pour cela qu’on l’appelle également larga afarolada.

LAS VENTAS : actuelles arènes de Madrid (deux inaugurations : 1931 et 1934[8]).

LIDIA : combat.  1. Ensemble des suertes (passes et phases de la corrida) pratiquées avec le taureau dans l’arène.  2. Technique visant à dominer l’animal, corriger ses défauts, et le préparer à la mise à mort.

LIDIADOR : torero dominateur (grâce à son savoir, sa technique, et bien sûr au courage nécessaire pour l’appliquer).

LIGAR, LIGAZÓN : action de lier les passes en série.

LISTÓN : animal ayant une rayure sur le long de la colonne vertébrale d’une autre couleur que celle du pelage.

LOPECINA : passe de cape exécutée à une main consistant à faire tournoyer celle-ci en forme de huit, avant de se l’enrouler autour du corps, au moment du passage du taureau, d’une manière qui rappelle le molinete, grâce à un pivotement du torero, et à l’indispensable mouvement de bras et de poignet.

LUCERO : se dit d’un taureau avec une tache blanche sur le front.

MAESTRANZA[9] : nom des arènes de Grenade, Ronda, Saragosse, Séville, et Valence (Real Maestranza de Caballería).

MACHETEO : passes de correction (ou de châtiment), ou de corne à corne (de pitón a pitón), dans lesquelles la muleta se situe, alternativement et avec rapidité, d’un côté et de l’autre de la tête de l’animal. Elles se pratiquent pour corriger les défauts observés dans la charge de l’animal, ou pour diminuer sa fougue si cela s’avérait nécessaire.

MACHOS : 1. mâles. 2. partie de l’habit qui pend au niveau des aisselles et des jambes et qui doit être resserrée d’où l’expression « apretarse los machos » dans le sens de « se préparer à affronter le danger ».

MANDAR : 1. Dominer.  2. Allonger la passe le plus possible.

MANOLETINA : passe de muleta « par le haut » dans laquelle le torero tient celle-ci à la fois de la main droite, et de la main gauche, après avoir passé cette dernière dans le dos.

MANSO : taureau peu brave.

MEANO : se dit d’un taureau au pelage sombre ayant la peau qui recouvre les parties génitales de couleur blanche.

MEDIA VERÓNICA : demi-véronique; passe de clôture d’une série de véroniques. Son mouvement débute d’ailleurs d’une manière identique à celles-ci, puis s’interrompt en rabattant la cape sur la hanche, et ce, en jouant avec les poignets, et en dessinant une sorte de cercle avec les mains jusqu’à ce qu’elles se rejoignent.

MEDIOS (los) : centre de l’arène.

MEDROSO : se dit d’un animal peureux.

MOLINETE : passe d’ornement à la muleta dans laquelle le torero s’enroule dans le leurre tout en pivotant sur lui-même.

MORRILLO : muscle de la nuque proéminent, caractéristique du taureau brave.

MUERTE (pase de la) : estatuario où l’appel du taureau se fait à une grande distance.

MULATO[10] : se dit d’un taureau noir, mat et brunâtre.

MULETA : instrument pour toréer utilisé dans le dernier tiers, celui de la faena et de la mort, composé d’un tissu de flanelle rouge et d’un bâton.

NATURAL : naturelle; passe de base à la muleta, s’exécutant de la main gauche, « par le bas » (ou à mi-hauteur), et sans l’aide de l’épée, qui est naturellement tenue par la main droite. C’est aussi une passe naturelle, ou régulière (regular), par le fait que le mouvement est naturel, l’animal passant du côté de la main qui tient le leurre.

NAVARRA : passe de cape qui consiste à tourner en sens inverse de la direction du taureau dès que celui-ci rentre dans le leurre.

NOBLEZA : noblesse, soit une charge classieuse sans coups de tête, mufle baissé, répondant aux sollicitations sans brusquerie, avec rythme ou du moins sans à-coups et ne s’occupant que de l’objet à atteindre pour le poursuivre avec franchise et jusqu’au bout (par définition, la noblesse complète implique la bravoure).

NOVILLADA : course mettant en scène des veaux de deux ou trois ans – novilladas sans ou avec picadors – face à des apprentis toreros.

NOVILLO : veau, torillon, jeune taureau; c’est à partir de l’âge de quatre ans qu’un veau devient adulte.

OBLIGADO DE PECHO : passe de poitrine non préparée, serrée, et appuyée.

OJINEGRO : se dit d’un taureau ayant un cercle noir autour des yeux.

OJO DE PERDIZ : oeil de perdrix; se dit d’un taureau ayant un cercle rouge autour des yeux.

PALCO : balcon, notamment celui où se trouve l’équipe présidentielle.

PAÑUELOS : mouchoirs; le blanc pour les oreilles, l’orange pour la grâce du toro, le bleu pour un tour de piste posthume, le vert pour son renvoi, le rouge pour les banderilles noires.

PAPADA : fanon, double menton.

PARAR, PARÓN : action de s’immobiliser, immobilité ; c’est le premier grand canon de la tauromachie actuelle; il consiste à ne pas bouger les pieds durant toute la durée de la passe.

PASODOBLE[11] : 1. Musique dont l’origine, militaire, se situe à la fin du XVIIIe siècle, et qui aujourd’hui est devenue la musique taurine par excellence, jouée lorsque l’œuvre du torero, à la muleta (également à la cape, mais seulement à Séville), est intéressante. Notons qu’il existe des pasobles exclusivement taurins.  2. C’est aussi une danse.

PASTUEÑO : se dit d’un animal docile qui charge avec douceur.

PECHO (pase de) : passe de poitrine; c’est normalement et logiquement la passe de clôture d’une série du toreo en rond, ou fondamental; il s’agit en fait d’une passe changée (pase cambiado) « par le haut » qui s’exécute sans bouger la jambe de sortie de la passe antérieure, et en avançant l’autre pour faire passer complètement le taureau, avant d’élever la muleta et de caresser l’échine de l’animal jusqu’à la queue.

PÉNDULO : passe de muleta dans laquelle le torero, situé de profil, appelle son adversaire, puis fait passer le leurre derrière le dos, peu avant que celui-ci ne rentre dans la « juridiction » (début propement dit de la passe), pour l’y faire passer.

PINCHAZO : tentative manquée d’une estocade, piqûre effectuée avec l’épée lorsque celle-ci rencontre un os qui l’empêche de pénétrer.

PICO : toréer avec le pico de la muleta, c’est-à-dire avec son extrémité, en dirigeant la pointe de l’estaquillador (le bout de bois) vers l’avant et vers le bas et en présentant donc au toro la muleta de biais, n’est une chose, à mon sens, censurable que lorsque l’intention du matador est de maintenir l’animal le plus loin possible de lui, en l’amenant, lorsque le geste est exagéré, vers l’extérieur au début de la passe, et non pas pour toréer avec les plis du leurre pour mieux entraîner la charge de l’animal dans la muleta. Toutefois, si cette manière de toréer peut avoir un intérêt esthétique, surtout du côté gauche (comme dans ces naturelles de « El Cid » où la moitié de la muleta traîne au sol au moment de l’appel), elle demeure moins pure et orthodoxe que lorsque le torero présente la muleta planchada, c’est-à-dire bien droite et lisse face aux cornes de l’animal.

PLAYERO : se dit d’un taureau aux cornes presque horizontales, ayant poussé sur les côtés.

PODER : force, en particulier celle déployée au cheval du picador.

PODER A PODER : pose de banderilles où le banderillero et le taureau s’élancent en même temps et avec rapidité, et dans laquelle l’homme s’écarte très près de la tête de l’animal.

PORTA GAIOLA ou PORTAGAYOLA (recibo a) : (mot d’origine portugaise signifiant porte du toril) réception à la porte du toril, généralement à genoux, pour donner une larga changée (cambiada).

PRONTO : se dit d’un taureau répondant avec promptitude aux sollicitations du torero.

PUERTA DEL PRÍNCIPE : porte principale des arènes de Séville. Pour qu’un torero sorte en triomphe par cette porte il doit normalement couper trois oreilles, contre deux pour les grandes portes de toutes les autres arènes du  monde (sauf la Porte des Consuls à Nîmes).

PUNTAZO : blessure provoquée par la corne sans perforation de la peau.

QUERENCIA : 1. Tendance des animaux à retourner d’où ils proviennent (l’élevage, le toril).  2. Endroit de l’arène où le toro revient sans cesse : la porte du toril, les planches, ou un endroit particulier, comme par exemple celui où il a dérivé un cheval; c’est une tendance des mansos pendant la lidia, mais un instinct naturel de certains braves au moment de leur mort.

QUIEBRO : écart; pose de banderilles dans laquelle le torero appelle l’animal à pieds joints, déplace ensuite tout son être matériel de côté, hormis une jambe, de manière à modifier la trajectoire de l’animal, puis plante les banderilles dans sa position initiale.

QUIETUD : sérénité; elle permet de réduire au minimum les déplacements entre chaque passe.

QUITE : 1. Action d’éloigner le taureau du cheval, ou d’un torero qui a été accroché.  2. Ce nom est également donné, par métonymie, aux séries de passes réalisées après chaque pique, et dans lesquelles les toreros peuvent rivaliser : le torero suivant, par rapport au matador qui a en charge la mort de l’animal, peut intervenir après la deuxième pique, et le suivant encore, après la troisième, s’il y a lieu, avec la possibilité pour le titulaire de répliquer après chaque intervention de ses rivaux.

RAJADO : qui fuit le combat en se réfugiant vers les planches, chose courante en fin de faena lorsque le toro se sent vaincu.

RANA (salto de la) : saut de la grenouille; passe d’ornement.

RAZA : race, caste.

REBRINCAR : bondir, charger en bondissant.

RECORTE : « recoupement »; action d’enlever brusquement le leurre au centre de la passe, ce qui casse la trajectoire de l’animal, qui perd tout d’un coup son adversaire. Les « recoupements », ou écarts (dans le cas suivant), « à corps perdu », c’est à dire sans leurre, ne s’exécutent plus aujourd’hui que lors de la pose des banderilles (pose al recorte, passages à faux, ou démonstration de hardiesse et de courage après la pose), ou pour venir en aide à un torero en danger.

RECURSO : « recours », pis-aller, solution de repli, manière en principe peu brillante mais licite dans certaines situations (comme la suerte à la media vuelta aux banderilles par exemple).

REGULARES (pases) : régulières (passes); passes de muleta où le taureau charge du côté de la main qui tient le leurre.

REHILETES : synonyme de banderilles.

REJONEADOR : torero à cheval.

REJONEO : tauromachie à cheval.

REMATE : 1. Action de donner des coups de cornes aux planches (rematar en tablas).  2. Passe de clôture, d’ornement, ou de « recoupement » avec laquelle un torero termine une série.

RETINTO : se dit d’un taureau au pelage à mi-chemin entre le châtain et le roux.

REVOLCÓN : vol plané du torero qui se fait prendre.

REVOLERA : passe de cape dans laquelle le torero passe le leurre d’une main à l’autre pour le faire tourner autour de sa ceinture pendant qu’il pivote.

REVOLTOSO : taureau brave chargeant avec une certaine violence et pressé de reprendre le leurre à la sortie d’une passe.

ROMANA : poids.

RUEDO : arène.

SALINERO[12] : se dit d’un animal au pelage mêlant des poils blancs et roux sans former de taches d’une seule couleur.

SALPICADO : se dit d’un taureau au pelage sombre avec des taches blanches, sans être burraco (si la couleur dominante est le noir).

SARDO[13] : se dit d’un animal au pelage mêlant des poils noirs, roux, et blancs, ou des petites taches jointes des mêmes couleurs.

SEMENTAL : taureau reproducteur.

SENTIDO : sens meurtrier que développent certains taureaux en apprenant au fure et à mesure de la lidia les règles du jeu.

SEÑAL : découpage des oreilles selon une forme propre à chaque élevage; cette opération se réalise lors de l’herradero.

SERPENTINA : passe de cape qui débute et finit comme la revolera mais dans laquelle, en son centre, le torero dessine une spirale.

SESGO (al) : pose de banderilles « de recours », généralement réservée aux taureaux à l’arrêt, ou réfugiés aux planches, dans laquelle l’homme s’élance en biais et avec rapidité, et où l’animal ne bouge pas jusqu’à la rencontre.

SOBRESALIENTE : torero (actuellement un novillero) chargé de substituer les toreros blessés, et dont la présence est obligatoire lors d’un mano a mano ou d’une corrida en solitaire.

SUERTE : chacune des actions réalisées par un torero (à pied ou à cheval, principal ou subalterne) avec le toro dans l’arène : chaque phase de la corrida, ou chaque passe.

TARDO : se dit d’un animal tardant à répondre aux sollicitations d’un torero.

TELÓN : passe « de la droite » ou naturelle « par le haut » dans laquelle le torero lève la muleta d’un petit mouvement saccadé sans allonger la suerte.

TEMPLE : c’est le deuxième canon du toreo, peut-être le plus important. Il s’agit de suivre la charge du taureau à la vitesse imposée par celui-ci, en laissant le leurre le plus près possible de ses yeux, et le plus longtemps possible. Ceci s’effectuera, si possible, avec rythme, douceur, jusqu’à imposer, dans les meilleurs cas, une lenteur recherchée, en freinant la course de l’animal.

TEMPORADA : saison (traditionnellement de la Semaine Sainte à la fête de l’Hispanité à la mi-octobre, sauf exception comme à Valence où les Fallas se déroulent tous les ans à la mi-mars).

TENDIDO : gradins bas non couverts.

TENTADERO : synonyme de tienta, ou sélection du bétail dans l’arène de l’élevage.

TERCIADO : d’une taille moyenne.

TERCIO : tiers. 1. Il y a le tercio de cape et piques, le tercio de banderilles, et le tercio de mort.  2. Il s’agit aussi de la partie de l’arène qui se situe au niveau des lignes des piques, entre les planches et le centre.

TERRENOS : terrains ; les terrains du taureau, ou du dehors, sont ceux qui sont situés entre le torero et le centre de l’arène. À l’inverse, les terrains du torero, ou du dedans, sont ceux qui sont situés entre le taureau et les planches.

TIENTA : épreuve consistant à évaluer la bravoure qui se réalise dans l’arène de l’élevage.

TIRÓN : forme de trasteo où la muleta reste toujours devant la tête de l’animal, et dont la finalité est de le déplacer.

TOQUE : secousse imprimée au leurre pour appeler le taureau.

TOREAR : toréer c’est essentiellement s’immobiliser (parar), suivre la charge du taureau avec rythme et douceur (templar), guider sa course (mandar), puis lier les passes en série (ligar), ce qui revient à « s’accoupler » avec l’animal.

TOREO : 1. Art de toréer.  2. Style d’un torero.

TOREO DE SALÓN : action de toréer devant un taureau imaginaire, pour s’entraîner ou pour le seul plaisir.

TORERISTA : aficionado qui “se met à la place” du torero, qui est plus sensible au travail et à l’art de celui-ci qu’au taureau.

TORERO : toute personne intervenant dans une arène, qu’elle soit novillero, subalterne, banderillero, picador, ou matador.

TORERO LARGO : il existe à notre sens deux acceptions à cette expression qui se confondent parfois : 1. Torero dont les capacités techniques rendent possible une domination sur un grand nombre d’animaux. On peut donc le confondre avec le terme lidiador, même si pour nous ce mot revêt, de par son origine étymologique, un sens où le courage s’allie à la technique.  2. Il s’agit aussi, et à la fois, d’un torero au répertoire varié.

TORISTA : aficionado exigeant un taureau imposant, impressionnant, spectaculaire, et très critique envers le torero; amateur préférant un animal de trapío et de caste en sachant qu’avec lui toute réalisation artistique résultera difficile, voire impossible.

TORO = ASTADO = BUREL = CORNÚPETA : taureau brave

TORO EMBOLAO : taureau dont les pointes des cornes sont pourvues de boules et qui sert de divertissement pour des fêtes populaires.

TRAPÍO : aspect extérieur du taureau, en tenant compte de son origine.

TRASCUERNO (salto a) : pratique aujourd’hui perdue et qui consistait à sauter juste derrière les cornes du taureau, lorsque celui-ci baissait la tête pour donner le coup de cornes.

TRASTEO : toreo de muleta « par devant », celui qui ne fait pas passer le taureau. Il se divise ensuite en tirón et macheteo.

TRASTOS : instruments du toreo.

TRES EN UNO : trois en un; passe de muleta consistant en une trincherilla, suivie d’un changement de main dans le dos, et terminée par une passe de poitrine.

TRINCHERA, ILLA, AZO : tranchée; passe de muleta (changée et « par le bas ») dans laquelle le torero se retranche derrière le leurre et qui se termine en retirant celui-ci sous la tête de l’animal.

TUERTO : se dit d’un taureau dont l’une des cornes est plus courte que l’autre.

UTRERO : jeune taureau de trois ans.

VAREADO : se dit d’un animal sans excès de poids.

VELETO : se dit d’un taureau aux cornes partant vers le ciel.

VERÓNICA : véronique; passe de base à la cape dans laquelle l’animal longe un côté du torero.

VUELTA : tour de piste; celui qui est réclamé par le public au torero après une bonne prestation ou celui qui est attribué à la dépouille du toro après un bon combat dans toutes les phases de la lidia.

ZAÍNO[14] : se dit d’un taureau aux poils noirs, ni brillants ni mats, et sans aucun mélange de poils blancs.

ZANCÓN, ZANCUDO, ZANQUILARGO : se dit d’un taureau aux longues pattes.

ZURDO : se dit d’un taureau dont la corne gauche est plus développée que l’autre.


[1] Cf. “Levantado” dans le dictionnaire de M. Ortiz Blasco, Espasa Calpe, 1991.

[2] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[3] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[4] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[5] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[6] Fuente : diccionario de M. Ortiz Blasco.

[7] Fuente : diccionario de M. Ortiz Blasco

[8] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[9] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[10] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[11] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[12] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[13] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.

[14] Source : dictionnaire de M. Ortiz Blasco.