Rencontre avec Thomas Vinau

Les 7 et 8 mars 2017, deux classes de Seconde, la Seconde 3 (avec Mme Domon) et la Seconde 6 (avec Mme Duhterian) ont rencontré Thomas Vinau après avoir travaillé autour du recueil Juste après la pluie de cet auteur.

Avec les élèves de Seconde 3, un échange a eu lieu autour de questions posées sur le roman et l’écriture en général, et certains élèves ont pu lire les textes qu’ils avaient écrits dans le cadre du travail préalable autour du recueil. Voici la retranscription de cette rencontre :

Quel a été son parcours ?

Les livres, il ne les a pas tellement rencontrés à l’école, mais plutôt dans sa famille (à 7 ans on lui a lu Le vieil homme et la mer de Hemingway). Il a passé trois fois le bac, et il s’est plutôt construit contre l’école, contre un professeur de 3e par exemple, qui l’avait humilié. Il a fait des études de sociologie et d’ethnologie, puis a fait des petits boulots (agricoles entre autres). Mais toute sa trajectoire professionnelle a constitué en des stratégies pour avoir le plus de temps possible pour lire, écrire et profiter de la vie.

Pendant dix ans, il n’a fait que lire et écrire de la poésie sans être publié. Il écrit depuis vingt-trois ans même s’il n’est publié que depuis dix ans.

Qu’est-ce qui l’a conduit à la poésie ?

Adolescent, il a écrit des poèmes romantiques et révoltés, sous l’influence de Baudelaire ou Rimbaud, mais le vrai déclencheur a été la rencontre de la poésie américaine, Buchowski ou Brautigan.

Pour lui, la poésie, l’écriture, c’est quoi ?

C’est voir les choses autrement pour les dire autrement, et les dire autrement pour les voir autrement.

Ecrire c’est trouver sa place dans le monde, se réconcilier avec les gens, la société. C’est un outil face à l’incompréhension et l’insatisfaction. La poésie a droit à tout, le trivial et la beauté.

Quels sont ses rituels d’écriture et ses sources d’inspiration ?

C’est un écrivain du matin, il a besoin d’être chez lui, en silence, face à la fenêtre. Il s’inspire de sa vie mais pour raconter autre chose, il s’inspire aussi des auteurs qui l’ont construit. Pour écrire, il a besoin d’un élan et de s’amuser, il écrit à l’instinct puis il retravaille, peu à peu, après avoir laissé reposer. Il élague et gomme aussi. Il cherche à ce que tout le monde puisse le lire ; ce qu’il aimerait c’est qu’on puisse « tomber » sur lui comme lui a pu « tomber » sur des livres qui l’ont construit. Il se définit comme un « doux récalcitrant ».

Pourquoi le titre du recueil Juste après la pluie ?

Il avait l’idée d’un gros recueil de petites choses, il a pensé à « un kilo de poésie », ou « un poème par jour », des poésies à usage quotidien. Il a pensé l’appeler Clopinettes d’éclats mais l’éditeur le lui a déconseillé puisque « Clopinettes » est la marque de cigarettes électroniques ! Juste après la pluie était le titre du dernier poème, il représente bien la couleur du recueil, l’importance des détails, la mélancolie, le fait de « se mouiller ».

Pourquoi avoir créé un blog ?

Quand il s’est installé à la campagne, le blog lui a permis de montrer ce qu’il faisait à un plus grand nombre, en plus c’est une sorte de gymnastique quotidienne, une discipline, comme des esquisses.

mon choix

J’ai choisi des poèmes parce que leurs titres m’attirent beaucoup mais pas tellement leur contenu. Celui qui m’a le plus attirée est celui qui parle de la bagarre car j’ai un fort caractère et je me suis déjà battue, donc c’est celui que j’ai le mieux compris.

Mon recueil

J’ai choisi  treize poèmes car ils me semblent tous avoir un lien avec ma personnalité. J’ai réussi je crois à les classer en quatre parties.
Tout d’abord, tous les poèmes que j’ai choisis se rapportent à l’Homme (à son comportement, à sa manière de voir les choses). J’accorde beaucoup d’importance au fait d’admettre que finalement nous ne sommes rien, l’espèce humaine ne sera qu’une petite période de l’histoire de la Terre. C’est pour cette raison que j’ai choisi les poèmes suivants: « En haut des ponts », « Nous ne sommes que des hommes », « Plan large » et « Le peuple mal taillé ».

Ensuite, je suis intimement convaincue que la motivation et l’engagement peuvent faire naître de grandes choses, les poèmes « Nous avons faim de quelque chose » et « Faire ce qu’on peut » résument bien mon avis sur ce sujet.

J’ai choisi « J’dis ça j’dis rien », « Où vont les rêves » et « J’écris parce que je suis sale » parce qu’ils me semblaient pertinent sur l’idée véhiculée. « Où vont les rêves » m’a particulièrement touchée et m’a fait penser à la mort de proches, à l’éloignement d’autres.

Il y en a trois, « Continuer », »Arme de jet » et « Certitude » qui ont particulièrement retenu mon attention. Pour commencer, »Arme de jet » est pour moi le plus proche de mon raisonnement. La douleur fragilise, l’amour aussi. Le risque de souffrir permanent est inévitable. Pour le rapporter à mon caractère, j’essaie d’éviter au maximum tout ce qui peut me procurer des sentiments néfastes ou désagréables tels que l’amour, la douceur, l’espoir afin de pas ressentir le manque ou la déception. Je me suis sentie concernée par ce poème. Ensuite, « Certitude » soulève de nombreuses questions, j’ai de nombreux principes qui me sont très chers, ce poème m’a fait réfléchir. Puis, »Continuer » m’a semblé être un bon concluant. On m’a souvent dit depuis petite être excessive autant dans le bien que dans le mal. Et ce poème illustre assez bien les émotions qui se « bousculent » dans ma tête.
Le seul poème que je n’ai pas classé est « La bonne direction », il illustre peut être mon côté marginal.

Le temps

Le temps passe,

les souvenirs s’estompent,

les sentiments changent,

les gens nous quittent,

mais le cœur n’oublie jamais

Il est un moment,

un instant

Il est souvent perçu

comme un changement

continuel et irréversible,

où le présent

devient le passé

Le temps est

une durée cyclique

les années passent

et rien ne change

jour

nuit

le temps coule

comme un sablier

passé

présent

futur