On devient une machine

Sans titre

L’Excès-l’Usine écrit par Leslie Kaplan a été publié en 1982 par les éditions P.O.L. C’est un écrivain français né à New York mais elle a grandi en France et participé au mouvement de Mai 1968.
L’histoire se passe dans différentes usines situées près des grandes villes. Leslie Kaplan veut nous raconter la vie à l’usine. Elle se met dans la peau du personnage, une ouvrière travaillant à la chaîne. On comprend que l’usine nous fait perdre la notion du temps, qu’on vit et qu’on meurt avec l’usine. On en devient même une machine, on ne se pose pas de questions, on survit.
Bolzan Sonny

L’usine infinie

L’excès-L’usine de Leslie Kaplan est un livre qui, à la première page déjà trouble et interroge. Il est écrit d’une manière si différente qu’on pourrait presque apparenter ces textes à de la poésie et pas à de la prose narrative. Avec des mots simples et des phrases courtes, il nous emporte dans son univers qui est l’usine. En lisant, nous entrons dans l’usine, nous sommes dans l’usine, même pour quelqu’un comme moi qui possède une vision abstraite et extérieure de ce qu’est une usine, je la trouvais presque réelle, et familière.

« On longe la chaîne, en marchant. On a les pieds sur le sol.
On regarde les couleurs.

On est dans l’usine, on va.
On se déploie, on avance.
On bouge un peu la pensée.

Tout cet espace, autour, recourbé. L’usine est très vaste.

Il n’y a pas d’image. On descend dans l’endroit vide, les cabinets. »
-L’excès-L’usine, Leslie Kaplan, éditions P.O.L, Page 25.

C’est pour cela que j’ai trouvé ce livre remarquable, avec une méthode d’écriture qui était tout à fait nouvelle et inédite, ce livre a su me montrer l’usine, celle qui est infinie, intemporelle, immense et à la fois étouffante, un monde dont au final, on ne sort jamais. Quand on va à l’extérieur de l’usine il n’y a quand même pas de joie ou de plaisir, même les passages où on a «  Those were the days  » (la seule musique présente dans le livre, qui marque un moment de pause, de respiration pour le travailleur) finissent par rentrer dans la routine.

Tu crois que je vais te tuer ?

L’excès-L’usine est un livre de collection poésie. Il a été édité en 1982 aux éditions Hachette-P.O.L. et réédité en 1987 aux éditions P.O.L. Son auteur, Leslie KAPLAN, est une écrivaine française. Elle est née à New York en 1943 mais a été élevée en France. L’excès-L’usine  fut son premier livre et fut salué par de très grands auteurs comme Marguerite Duras. Leslie Kaplan participe au mouvement de mai 1968. Elle publie des récits, des romans, des essais. Ses livres sont souvent adaptés au théâtre et sont traduits dans une dizaine de langues.
L’histoire se passe dans plusieurs usines situées près des banlieues de grandes villes des dizaines d’années avant les évènements de mai 68. L’auteur raconte la vie dans l’usine et la place que cette dernière occupe. L’auteur se met dans la peau d’une ouvrière qui travaille à la chaine. Sa vie se résume à son travail. Elle raconte l’usine d’une manière obsédante. L’usine est toujours là, vous vivez et mourrez avec. On perd la notion de temps et l’usine transforme l’être humain en machine. On perd son identité et tout n’est que « USINE ». La promiscuité contraint les gens à vivre les uns sur les autres sans aucune intimité. On ne pense pas, on ne réfléchit pas, on ne se pose aucune question ; on survit.L’être humain devient une machine, il est manipulé. La routine se transmet de génération en génération. Les enfants eux-mêmes deviennent absurdes.
Un peu à l’écart il y a une petite fille.
La petite fille n’a pas d’âge, mais elle est encore jeune.
Elle joue avec un bébé, très doucement. Elle tient le bébé sur ses genoux, le fait sauter en chantonnant, le presse contre elle. Ensuite elle fait semblant de le lâcher. Le bébé pleure. Elle le tape, le mordille, et le serre à nouveau.
Le bébé est très laid. Petit bébé gris.
La fillette répète son jeu sans arrêt. Le bébé a une peau comme du caoutchouc. La petite fille le plie, le presse. A un moment celle qui est peut-être la mère dit à la petite fille : Mais voyons, tu vas le tuer. La petite fille soulève le bébé et lui demande : Tu crois que jais te tuer ?
Dans cet extrait, on voit une petite fille qui joue avec un bébé comme elle le ferait avec un jouet. Subitement elle a des réactions bizarres. Elle prend le bébé, le tape, le mordille, l’embrasse, le pli, le presse. C’est son petit joujou ; elle s’en amuse mais devient incontrôlable. Cette petite fille qui paraissait très douce au début devient méchante et sans émotion jusqu’à pouvoir tuer. Elle aussi est conditionnée. Les textes sont écrits au présent et rythmés par la description au jour le jour des choses, des lieux, des odeurs, des bruits ; on s’y croirait.
L’auteur raconte à la personne « on » car tous les travailleurs forment une seul et même personne. Les phrases sont courtes, brèves et donnent une cadence comme les bruits réguliers et saccadés d’une machine.
Le plaisir et les distractions n’existent pas. Tout est conditionné par l’usine.
L’usine nourrit, fait vivre. Tout s’arrête là.
L’histoire est surprenante car on ne s’imagine pas aujourd’hui ses conditions de travail et de vie en France. C’est une histoire sûrement vécue par beaucoup de personnes mais que l’on n’aimerait ne plus voir au XXI siècle. Malheureusement nous ne pouvons pas oublier qu’aujourd’hui, il existe encore des pays tels que la Chine, la Corée du Nord, des pays totalitaristes (qui détiennent le totalité du pouvoir et ne tolèrent aucune opposition) qui exploitent l’homme mais aussi l’enfant. Leur but est seulement le profit, l’argent  et ils se moquent des conditions de vie, de pénibilité et de toutes les sortes d’émotions que peut ressentir de l’être humain.

L’usine d’après Leslie Kaplan

     L’excès-L’usine est un roman contemporain de Leslie Kaplan. Elle est née à New-York en 1943, elle a été élevée à Paris par une famille américaine mais elle écrit ses livres en français. Après des études de philosophie, d’histoire et de psychologie, elle travaille deux ans en usine et participe au mouvement de Mai 68 (révolte étudiante parisienne qui gagne peu à peu la France et le monde ouvrier).
Elle commence à publier des livres en 1982, notamment avec son livre L’excès-L’usine.

Dans cet ouvrage, l’auteur plonge le lecteur dans l’univers de l’usine, univers qu’elle connait bien pour y avoir travaillé pendant deux ans.                                                                    Au fil de la lecture, il ne semble n’y avoir plus qu’un univers, celui de l’usine, dans laquelle on  vit jour et nuit. Elle est le poumon des ouvriers : <<On est dedans, dans la grande usine, celle qui respire pour vous.>> (page 11)                                                                 De plus, son écriture, proche de la poésie, est faite de mots simples et de phrases courtes qui créent un rythme saccadé, propre à l’usine :
<<On est dans l’usine, on va.                                                                                                   On se déploie, on avance.                                                                                                       On bouge un peu la pensée.>> (page 25)                                                                                      Enfin, en optant pour le pronom personnel indéfini « on », l’auteur donne à son texte un caractère universel : tout le monde peut se reconnaître dans cet univers que l’on a côtoyé de près ou de loin : <<On est debout devant une chaîne de biscottes. L’atelier est à côté du four, il fait très chaud. On ramasse une rangée de biscottes, on l’empile dans un sac. La chaîne passe. On remplit le sac. Les doigts sont écorchés par le grain des biscottes.>> (page 35)                                                                                                                                                   En conclusion, ce livre est à recommander pour mieux comprendre ce que vivent les ouvriers dans cet univers qu’est l’usine.