Le Jazz

« Si le Rap excelle, le Jazz en est l’étincelle », MC Solaar, rappeur français

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COURS : Histoire du Jazz

Le jazz est un genre musical apparu dans le sud des Etats-unis au début du XXème siècle : synthèse des traditions africaines des noirs déportés en Amérique du Nord et de la culture occidentale. Musique méprisée à ses débuts, principalement pour ses origines raciales, le jazz s’est progressivement imposé comme l’une des expressions artistiques majeures du siècle. Il trouve ses racines dans le work song, le blues, le gospel.

Les work songs sont les chants de travail que les esclaves ou prisonniers chantent durant leur labeur. Ils permettent de passer le temps, d’amoindrir la pénibilité du travail, de souder la communauté, voire de synchroniser certains mouvements liés aux travaux.

Apparu à la toute fin du XIXe siècle, le bluest un style né du mélange de multiples influences musicales. Il est l’expression de la détresse des populations afro américaines. Il est chanté à ses débuts, accompagné par des instruments rudimentaires. Musicalement, il connaît un certain nombre de codes : la gamme employée, la structure et un balancement du rythme nouveau qui va irrigué toutes les black music du XXe siècle : le swing.

Le Gospel s’est développé parallèlement au blues. C’est un style religieux, chrétien protestant qui s’est élaboré à partir des traditions héritées des anciens esclaves convertis. Il est souvent chanté par des grands choeurs avec énergie et des harmonies qui transcendent les croyants. Ici, vous entendrez un choeur d’étudiants dans un arrangement plus complexe que les gospels originels. On utilise aussi le terme de negro spirituals quand les textes évoquent l’Ancien Testament (première partie de la Bible).

La naissance du jazz correspond plus ou moins à celle de l’enregistrement. Il se fait donc connaître rapidement du plus grand nombre, ce qui explique en partie son succès.

Le Jazz New Orleans (vers 1910)

Né dans les rues de la Nouvelle-Orléans à qui il doit son nom, il marque l’apparition des jazz bands (fanfares de rues composées de cuivres et jouées par les Noirs). Le style New Orleans a été repris par des orchestres de blancs : on le désignait sous le nom de Dixieland. Dès 1920, le jazz se répand dans le nord des Etats-Unis : il gagne Chicago, New York … Le chanteur et trompettiste Louis Armstrong (1901-1971) en est l’un des grands promoteurs.

Le Main Stream (années 1920-30)

Après le krach boursier de 1929, les américains recherchent les divertissements et le plaisir grâce au jazz et à la danse. Le clarinettiste Benny Goodman (1909-1986) connaît les premiers succès du Swing durant ces « années folles ». C’est la naissance et l’explosion des grands orchestres de jazz : les big bands dans lesquels une place importante est laissée aux solistes pour leurs improvisations.

Le Be-Bop (années 1940)

En réaction au swing trop figé et commercial à leur goût, de jeunes jazzmen noirs proposent une musique nouvelle, plus complexe, et des harmonies parfois dissonantes. Les tempos sont également de plus en plus rapides et les musiciens de plus en plus virtuoses, à l’instar du saxophoniste Charlie Parker (1920-1955), surnommé « Bird ».

Le Jazz Cool (vers 1950)

C’est l’époque d’un jazz plus calme (« cool » = « frais » en anglais) et plus sobre. Les sonorités sont plus feutrées. Le précurseur du Jazz Cool est le trompettiste Miles Davis (1926-1991). Ce courant « Cool » se déplace vers la côte Ouest des Etats-Unis où il est joué principalement par des musiciens blancs.

Le Hard-Bop (1953)

Face au classicisme du Jazz Cool, les musiciens noirs veulent préserver les spécificités de leur musique. Né à New York en pleine ségrégation, le Hard Bop est un retour aux racines africaines, Blues et Gospel, dans une version profane, riche en rythmes. John Coltrane (1926-1967), saxophoniste-ténor Be-Bop, se sert de ce style et lui donne encore plus de complexité et de virtuosité.

Le Free-Jazz (1960)

Ce courant moderne, ne veut retenir du jazz que les éléments fondamentaux de la musique noire : l’énergie, le son brut, l’improvisation. C’est le jazz « libre ». Le saxophoniste Ornette Coleman (1930) en est le précurseur. D’autres musiciens ont contribué à l’essor du free-jazz comme le pianiste Bill Evans (1929-1980) qui proposa une nouvelle approche du piano jazz.

Le Jazz Fusion ou Jazz-Rock (1970)

Engagé dans l’élan des années 1970, le milieu musical oscille entre des vagues d’euphorie et des moments de pessimisme ; entre la crise économique et la crise d’inspiration. Désireux d’être reconnus du grand public, les jazzmen s’inspirent d’éléments de la musique Pop que beaucoup jugent pourtant simpliste. Il en résulte le jazz fusion, originellement appelé jazz rock, renvoyant à cette idée de mélange et qui va développer de nouvelles sonorités grâce aux instruments électroniques et aux claviers de Herbie Hancock (né en 1940).

Et maintenant ?

Aujourd’hui, tous ces styles coexistent. Les musiques savantes, modernes et contemporaines ont inspirées beaucoup de musiciens, surtout des pianistes, c’est le jazz post-moderne. Certains jazzmen s’ouvrent aux musiques traditionnelles et aux musiques du monde. Ils y trouvent un nouvel élan, une fraicheur, et des timbres nouveaux avec l’utilisation d’instruments insolites ou de vocalités nouvelles.

Hommage à Michael Jackson par le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf. On y trouve les influences du Jazz, de la pop, de la musique orientale, de la batucada brésilienne. Un exemple parmi d’autres de ce que le jazz actuel peut produire. Ibrahim Maalouf a par ailleurs été choisi par Sting pour l’accompagner lors de la réouverture du Bataclan après les attentats du 13 novembre.