Scandale ! Scandale !

« L’art est le plus beau des mensonges ». Claude Debussy, compositeur

La_Gare_Saint-Lazare

Problématique : En quoi l’art moderne peut-il bousculer, choquer, renouveler ?

Par style « moderne », il faut comprendre innovations et recherches. C’est ce qui caractérise ce mouvement artistique de la fin du XIXe siècle jusqu’à la seconde Guerre Mondiale. 

Cette période connaît un cosmopolitisme sans égal car Paris accueille les étrangers fuyant leur régime politique. Ainsi, ce mélange de cultures encourage les échanges intellectuels car tous les artistes se côtoient. Une culture occidentale en Europe de l’Ouest, en Russie et aux Etats-Unis apparaît. 

Cependant, on observe deux grandes tendances dans la démarche des créateurs :

– Une recherche de nouveauté totale par des compositeurs d’avant-garde. 

– Un « retour aux sources » qui s’inspire des maîtres du passé appelé Néo-classicisme.

Tout au long de leurs carrières respectives, les compositeurs de cette période oscillent (c’est à dire balancent) entre ces deux tendances, avant de s’en affranchir en développant leurs styles personnels. 

Projet musical :

ECOUTES

Oeuvre de référence : Le Sacre du printemps, « les augures printaniers » (1913), Igor Stravinsky.

L’extrait étudié en aveugle :

Une analyse ludique et intéressante en mode « C’est pas sorcier » par Jean_François Zygel, le Fred et Jamy à lui tout seul de la musique classique.

Le Sacre du Printemps en entier et avec la chorégraphie originale de Nijinski. Le chef d’orchestre est Valery Gergiev, probablement le meilleur chef russe actuel et l’un des meilleurs du monde.

Un entretien avec le chef d’orchestre concernant cette oeuvre :

Une autre version par le grand chef français Pierre Boulez, compositeur, spécialiste absolu de la musique moderne (ses enregistrements de Ravel sont un émerveillement) et ancien collaborateur de Stravinsky lui même.

Œuvre complémentaire n°1 : La Mer (1905), De l’aube à midi sur la mer, Claude Debussy (1862-1918)

Debussy a développé un langage très personnel, basé sur des recherches de sonorités particulières. Il a été impressionné par les musiques extra-européennes entendues à l’Exposition Universelle de 1889 à Paris et s’inspire des techniques picturales de son époque.

Concernant l’histoire et les arts, les points de vue français et allemand sont opposé à l’époque. Debussy se libère de l’influence de la musique de Wagner, compositeur germanique dont les théories restent très influentes même après sa mort.

Les oeuvres du musicien français témoignent d’un goût original pour les couleurs harmoniques subtiles, pleines de mystère. À travers son art, Debussy ne cherche pas à décrire, mais cherche à faire partager des impressions qui lui ont plu. Sa musique est souvent construite par superpositions de fines touches sonores, associées à des couleurs instrumentales qui laissent des impressions auditives. Avec Ravel et Fauré, il a participé au renouveau de la musique française du début du XXe siècle.

À la première audition publique, La Mer a surpris par ses sonorités d’orchestre inouïes et ses combinaisons de timbres instrumentaux. Debussy ne cherche pas à dessiner des contours précis, il imagine un paysage sonore.

Retrouvons Gergiev avec le LSO (London Symphonic Orchestra), orchestre qu’il connaît particulièrement bien. Observez la relation qu’il noue avec les musiciens par son seule regard. Il donne l’ambiance sonore du morceau avant même de lever le bras.

Œuvre complémentaire n°2 : Concerto « à la mémoire d’un ange » (1935), Alban Berg (1885-1935)

Compositeur autrichien, Alban Berg fait partie de « l’école de Vienne » en compagnie de son condisciple Anton Webern et de leur professeur Arnold Schönberg. Il se rattache à l’expressionnisme, courant artistique très influencé par le développement de la psychanalyse et considéré comme dégénéré par le régime Nazi.

Comme son maître, sa vie est marquée par de nombreux paradoxes : autodidacte à ses débuts, il devient un grand technicien de l’écriture musicale. Musicien moderniste, il raccroche ses œuvres à d’autres du passé. Adoptant le sérialisme, technique de composition rigoureuse et mathématique, il conserve l’expression du Romantisme disparu.

Le Concerto à la mémoire d’un ange est écrit en mémoire de la fille d’amis de Berg, décédée à 18 ans. Bouleversé, il donne à son œuvre un caractère sensible et émouvant. En deux mouvements, la pièce évoque la vie joyeuse de « Manon » puis sa maladie, sa mort et sa « montée au ciel » par la citation d’un thème de Bach.

Histoire des Arts : Les Demoiselles d’Avignon (1907), Pablo Picasso (1881-1973)

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Le tableau de Picasso marque une rupture esthétique comparable au Sacre du Printemps en musique. Il est le point de départ du cubisme, mouvement pictural qui utilise des formes géométriques très marquées. Le peintre n’essaye plus de représenter une scène réaliste, mais peint tous les angles de vue à la fois en deux dimensions.

La nudité des femmes sur le tableau est traditionnelle. Depuis l’Antiquité, le corps humain a fasciné les artistes. Picasso s’inspire des scènes de baignades de peintres anciens, mais aussi des masques africains qu’il possédait comme le montrent les deux visages à droite. Pour être encore plus provocateur, l’artiste a décidé de laisser son tableau inachevé.

Pour aller plus loin…

–       1ère Guerre Mondiale (1914-1918)

–       Révolution Russe (1917)

–       Krach boursier de 1929

–       Évolutions techniques aéronautiques, navales et automobiles (Ford T)

–       Utilisation du métal (Tour Eiffel) et du verre (Grand Palais)

–       Expansion de la Radio (TSF) et de l’électricité

–       Invention du cinéma (Frères lumières)

–       « Règnes » de Pablo Picasso (peinture) et de Charlie Chaplin (cinéma)

–       Évolution de la mode féminine avec Coco Chanel

Principaux compositeurs de cette période :

En France :

–       Claude Debussy (1862-1918) influencé par l’impressionnisme.

–       Maurice Ravel (1875-1937) compositeur du Boléro.

En Russie : Igor Stravinsky (1892-1971) compositeur du Sacre du printemps.

En Allemagne : Arnold Schönberg (1874-1951) inventeur du dodécaphonisme.

En Hongrie : Bela Bartok (1881-1945) s’inspire des chants populaires d’Europe de l’Est pour ses compositions

Aux Etats-Unis : Georges Gershwin (1898-1937) compositeur d’Un Américain à Paris.