Paul Bert

Paul Bert est à coup sûr le plus célèbre des auteurs de manuels scolaires de l’Yonne. S’il est encore connu, c’est grâce à son oeuvre politique, mais son oeuvre scientifique reste d’actualité dans le domaine de la plongée notamment, et les manuels scolaires qu’il a écrits, s’il ne sont plus utilisés depuis longtemps, mériteraient d’être relus. L’homme politique ayant attaché son nom à la réforme de l’Instruction publique, Paul Bert a pleinement sa place ici.

De nombreux les renseignements biographiques sur Paul Bert sont disponibles sur Internet. Nous citons ici la notice donnée par Paul Camille Dugenne dans son monumental « Dictionnaire biographique généalogique et historique de l’Yonne » (quatre volumes, SGY, 199Smilie: 8)

BERT Paul

° Auxerre, 19 X 1833 ; † Hanoï, 11 XI 1886.

f. de Joseph (° Bouhy (5Smilie: 8), 1796 ; † 21 XII 1866), conseiller de préfecture, chef du parti favorable au prince Président, & Jean-Henriette Massy.

– Études au collège d’Auxerre ; reçoit une éducation religieuse (le jour de sa communion il rosse des gamins qui se moquent de sa tenue et croit devoir s’en confesser avant la cérémonie). Après un échec à l’entrée à Polytechnique, il aurait de lui-même abandonné le projet d’entrer à Polytechnique, il entreprend des études de droit

– Faculté de droit (1853), licencié (1857).

Il soutient sa thèse de licence (et non de doctorat) le 28 I 1857. Il passe six mois en Tunisie et Algérie (1857-185Smilie: 8). De 1855 (à 1864), il est responsable du Musée zoologique d’Auxerre, en remplacement de Colin* ; il est membre de SSY, pour laquelle il écrit plusieurs rapports, fréquente Gratiolet au Muséum à Paris. Il est, peut de temps, secrétaire d’Alexandre Marie* ; il s’inscrit à la Faculté de médecine (1857), puis des sciences (185Smilie: 8), poursuit des études médicales, est élève de Milne-Edwards, Claude Bernard, Gratiolet (1857-1866). Il fait un voyage en Tunisie et Algérie (1858 – 1859) s’oriente vers la biologie.

– Dès 1859, il rêve d’un « parti national » : la forme politique n’est rien ; c’est un vêtement ; l’idée sociale est tout : instruction, moralisation, bien-être, voilà le programme. Dans La Constitution (1866), il exprime son admiration pour les principes de 1789.

Il obtient une licence en sciences naturelles (1860), un doctorat (13 I 1866). Il est membre de la Société d’anthropologie (1861). Il donne ses premiers écrits politiques sous un pseudonyme dans le Nouvelliste de l’Yonne, où il attaque R. A. d’Ormano*, et ses premières notes à la Société philomatique de Paris (Problèmes de l’asphyxie). Le 8 VIII 1863 il soutient sa thèse sur les greffes animales pour le doctorat en médecine, devient le préparateur de Claude Bernard (1863-1866) entre à la société de biologie, commence sa thèse pour le doctorat ès sciences ; se marie avec Joséphine Clayton, fille d’un pharmacien d’origine écossaise (17 IV 1865) ; obtient le prix de physiologie expérimentale de l’Académie des sciences ; passe le doctorat ès sciences 1866.

– Duruy le nomme professeur de zoologie et physiologie à la Faculté de Bordeaux(1866). Il donne plusieurs conférences à Auxerre (1866-1867) ; passe professeur suppléant à la chaire de physiologie du Muséum de Paris en remplacement de Flourens (1867, débute le 6 I 186Smilie: 8). Il est chargé de cours de physiologie au Collège de France (186Smilie: 8), titulaire de la chaire (5 XII 1869). Il succède à Claude Bernard à la Sorbonne (cours de Physiologie générale et principe vital) (1869), à la mort de Claude Bernard (10 II 187Smilie: 8), il consacre un numéro de la revue La République, à exposer les règles de la méthode expérimentale appliquées aux recherches exécutées sur les êtres vivants. Il communique régulièrement aux Sociétés savantes les résultats de ses travaux et collabore au Nouveau dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratique ; écrit des articles dans les revues spécialisées et donne des conférences (p.e. le 13 XII, L’Influence de la pression sur les êtres vivants), et professe à l’École des Hautes Études.

– Le 15 VIII 1870, sur l’intervention de la princesse Mathilde, il reçoit une décoration qu’il ne va porter que peu de temps.

– Après la défaite en novembre 1870 il est secrétaire général de la Préfecture de l’Yonne nommé par H. Ribière* pour animer un comité de défense et d’armement dont les premières instructions sont de faire obstacle par tous les moyens à la marche de l’ennemi et à son ravitaillement. Le 9 X 1870, il rencontre, à Tours, Gambetta qu’il rejoint au début de 1871, début de leur amitié et collaboration. Par lui, il devient préfet du Nord (défendu par Faidherbe) (25 I – 7 II 1871), démissionne en même temps que lui et regagne Auxerre.

Il échoue aux élections législatives du 8 II 1871; est élu conseiller municipal à Auxerre ; il fait paraître un journal satirique où il donne une classification en latin, façon Linné, de la « faune auxerroise », médecins, avocats, fonctionnaires, conseillers municipaux [ce qui ne lui fait pas que des amis]. « Sa vie devient double » politique et scientifique, de plus en plus politique d’ailleurs. Le 17 VII 1871, il fait à l’Académie des sciences une communication : Les recherches expérimentales sur l’influence que les changements de la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie. En septembre, il est élu conseiller général d’Aillant et devient secrétaire de l’Assemblée départementale, dont Ch. Lepère* est président. En novembre il tient la revue scientifique dans le nouveau journal La République française.

– Le 2 VI 1872, il est enfin élu député, siège à gauche avec l’Union républicaine de Gambetta, entre la gauche républicaine de Grévy et l’extrême gauche de Louis Blanc et Clemenceau. Il est président de la Chambre à la suite de Ranc. Il donne le 17 II 1873 une note à l’Académie des sciences sur la crise hyperoxique (excès d’oxygène dans le sang). Il prouve qu’on peut faire vieillir le vin en le soumettant à l’oxygène comprimé. L’Institut de France lui donne son Grand prix biennal de 20 000 francs pour l’ensemble de ses découvertes. En février 1876, il est réélu député et le sera jusqu’à sa mort. Il intensifie ses interventions politiques, s’affirme de plus en plus anticlérical, fait la guerre au Préfet qu’il accuse d’autoritarisme, attaque le clergé et les évêques et en particulier Mgr Dupanloup et Mgr Freppel, dont la résistance lui apparaît insupportable.

– Député, il vote contre le septennat, contre l’amendement Wallon (30 I 1875), pour l’ensemble des lois.

– Réélu député (20 II 1876) (Union républicaine), il vote pour la suppression des facultés catholiques et de l’ambassade auprès du Vatican. Son hostilité religieuse s’exerce essentiellement contre l’Eglise catholique. Ses enfants reçoivent une éducation protestante.

– Le 4 XI 1877, il est réélu Conseiller Général, mais de Coulanges-la-Vineuse. Il concentre surtout son action sur les problèmes des enseignants et de l’enseignement, étant entendu qu’il en exclut absolument tout ce qui est confessionnel, ne voyant dans l’Église qu’une force politique réactionnaire.

– Réélu député le 14 X 1877 : propositions de lois (écoles normales, enseignement secondaire de filles, enseignement supérieur, contre les congrégations, suppression des lettres d’obédience, service militaire obligatoire pour les enseignants et pour les religieux). Rapport de la loi sur l’enseignement primaire (école gratuite obligatoire et laïque).

– Il dirige la rubrique scientifique de La République française.

– Président de la Société de biologie (21 XII 187Smilie: 8).

– 1879. Il démissionne du Conseil général ; déçu de voir des lois qu’ils estiment les siennes proposées par d’autres, mais avec plus de mesures et de prudence; il retourne en Algérie. Le 21 XII, il est élu président perpétuel de la Société de biologie. Il publie La Morale des Jésuites (1880) et réclame deux fois à la tribune de la Chambre l’inventaire des biens indûment possédés par les Congrégations. (Le 30 mars, J. Ferry obtient la suppression des Jésuites et l’interdiction d’enseigner pour les congrégations non autorisées).

– En 1880, il est vice-président de l’Union démocratique de propagande anticléricale qui dans un texte répandu dans toute la France parle des « raffineries (sic) de cruauté des Papes », de la religion qui est « un amas de turpitudes infâmes et de férocités sans nom », des prêtres « hommes noirs qui sont des limaces baveuses ». « Le tribun peu à peu dévore le savant ».

– Le 28 V 1881, son projet relatif au traitement et au classement des instituteurs est adopté et le 18 IX, il réunit 500 instituteurs dans un grand banquet. Il fait paraître ses deux premiers livres d’enseignement La première (et deuxième) année d’enseignement scientifique dont l’avant-propos est écrit au château de Bléneau.

– Réélu député le 21 VIII 1881 ; Gambetta, 1er ministre (14 XI 1881 – 27 I 1882. En fait, 77 jours), nomme P. Bert ministre de l’Instruction publique et des Cultes. Jusqu’à la démission de Gambetta le 26 I 1882 [Yvert donne 29] il peut commencer à mettre en œuvres les réformes dont il rêve et intensifier son action anticléricale. Il souhaite seulement le ministère des cultes pour terrifier l’Eglise. Sa nomination est perçue comme une provocation. Aussitôt il fait licencier tous les cléricaux : c’est une épuration sévère. Malheureusement, « manquant de l’expérience du pouvoir, il malmène son administration […] son caractère fougueux et autoritaire s’accommode mal des habitudes de ses subordonnés » [M. Ch.]. De plus, il faut pallier le vide laissé par les congréganistes interdits. Il se débarrasse des hommes qui lui déplaisent, tel les directeurs de l’Enseignement secondaire et des cultes. Certes il ne prétend pas séparer l’Église de l’État, il veut l’annihiler, revenir au Concordat de 1802, date à laquelle elle ne possède plus rien. Il fonde l’enseignement secondaire féminin (loi du 11 XII 1880, loi Camille Sée), veille au bon fonctionnement des « bataillons scolaires » et leur fait attribuer des fusils de tirs, affecte dans les lycées et collèges des adjudants chargés de l’éducation physique et militaire, à laquelle il tient beaucoup, fait surveiller les évêques et prescrit un contrôle financier de l’usage de leurs revenus, nomme 70 commissions pour tout réformer.

– À la chute du Ministère, il retourne au laboratoire de la Sorbonne, étudie les phénomènes respiratoires en haute altitude, apporte sa contribution à l’étude de la rage, consacre beaucoup de temps aux réunions du Conseil supérieur de l’Instruction publique, s’attachant surtout aux programmes scientifiques : dépose un projet de loi sur l’exercice public du culte catholique ; devient membre de l’Académie des Sciences.

– Le 7 II 1882, propositions de lois : organisation de l’enseignement supérieur, suppression des facultés de théologie catholique et de l’exercice public du culte.- Membre de l’Académie des sciences (3 IV 1882).

– Il suit Jules Ferry sur la question du Tonkin, fait repousser l’amendement Durand exemptant 300-400 jeunes de l’enseignement supérieur, propose de désaffecter les biens domaniaux affectés à des services du culte (ceci est repoussé).

– Il propose aussi le sursis de l’importation des salaisons américaines (1883), une loi obligeant les médecins à déclarer les cas de choléra (1884).

Il connaît en 1883 une période de découragement et se demande s’il ne vaudrait pas mieux revenir uniquement à son laboratoire qu’il transfère au 3 de la rue d’Ulm.

– Il étudie l’action de la cocaïne, dépose (15 VII 1884) un projet de loi sur les dispositions à prendre pour empêcher la propagation du choléra qui ne rencontre pas d’échos; devient président de l’Alliance républicaine et réaffirme que le seul ennemi, c’est le cléricalisme. Il connaît en 1885 une année de déception en politique, personne ne veut de lui ; en sciences, les jeunes commencent à chercher de nouveaux maîtres : l’idée que la science suffit à tout est remise en question.

– Réélu comme « modéré » aux législatives de 1885. Il reste favorable aux colonies, civilisatrices, mais avec des fonctionnaires indigènes. Le 7 XI 1883, il succède à Ranc à la présidence de l’Union républicaine, disant qu’un vrai républicain et un démocrate anticlérical. Il s’oppose à la droite et à l’extrême gauche (Clemenceau) et, en 1885, à Jules Ferry. Nouveau séjour en Algérie (29 IV – 28 V 1885) où il se persuade des méfaits de l’administration militaire.

– En Indochine, après étude des situations, il tempère ses vues idéalistes et établit un programme d’une exceptionnelle intelligence, qu’il n’a pas le temps de réaliser.

– Conseiller général du canton de Toucy (16 III 1885).

– Le 31 I 1886, il est nommé résident en Annam et au Tonkin avec les pleins pouvoirs ; s’embarque à Marseille sur le Melbourne avec sa famille, Klobukowski*, Joseph Chailley*, Georges Toutée*, Jules Boissières ; arrive à Hanoï le 8 IV. Il tente aussitôt de se concilier les indigènes, organise l’administration civile, institue une commission consultative de 40 notables indigènes élus par les chefs et les sous-chefs des cantons pour faire contrepoids à l’autorité des mandarins, à laquelle il veut soumettre les questions de travaux publics, d’impôts (remise des arriérés) ; il réduit les corvées, fait distribuer des secours, attribue des pensions, poursuit la pacification, enlève aux militaires les pouvoirs civils, fonde un comité d’études agricoles, industrielles et commerciales (mise en valeur du pays, importations, hydrologie, hydrographie, etc.), l’Académie tonkinoise (conservation des monuments, traductions du français ou de l’annamite, publications des annales dynastiques tonkinoises, bibliothèques, etc.), des écoles franco-annamites ; songe à bâtir des hôpitaux. Il entretient des rapports relativement bons avec les missionnaires.

– Malade, il refuse de s’arrêter et meurt à la tâche. Des funérailles nationales lui sont accordées à Auxerre le 15 I 1887. Sa tombe au cimetière est de Bartholdi.

– Son œuvre scientifique est considérable tant par la qualité que par la quantité des notes, communications, articles, conférences et ouvrages publiés (catalogue dans les notices qu’il a lui-même établies (1868, 1869, 1878, 1880). Ses conférences sont publiées dans la Revue des cours scientifiques et ses articles sont rassemblés en 7 volumes (1879-1885) sous le titre Revues scientifiques par le Journal La République française, ses travaux essentiels, en zoologie sur des mollusques, des vertébrés marins, la faune de l’Yonne (catalogue des vertébrés), en physiologie comparée, sur des problèmes de biologie fondamentale (non encore totalement résolus), sur l’influence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie, sont sans doute les plus remarquables. Il convient d’y ajouter l’étude des « problèmes de méthodologie, de philosophie de la recherche dans les sciences de la vie », « le problème du rapport de l’anatomie et de la physiologie » [P.D.]. Si, en la matière, il subit de violentes attaques, la plupart sont injustifiées.

– Pour l’instruction publique, très conscient de ce problème, lié à la situation politique et religieuse du moment, il propose une multitude d’innovations et de réformes : statut de l’instituteur, formation, institution de la caisse des écoles, enseignement de la gymnastique, bibliothèques municipales, école normale laïque de filles, recrutement des enseignants, garantie de carrière, libération de la tutelle de l’Église, contenu de l’enseignement (instruction morale et civique, lecture, écriture, étude de la langue, géographie, histoire, notions de droit et d’économie politique, éléments de sciences naturelles, physiques, manuelles, usage des outils, dessin, modelage, musique, exercices militaires pour les garçons, travaux d’aiguille pour les filles), et surtout instruction gratuite, obligatoire et laïque à tous les degrés ; en tout 21 projets de lois et 17 rapports, son court passage au ministère, non plus que ses méthodes, ne lui permettent d’aller jusqu’au bout d’un programme d’une telle ampleur. Il continue cependant son action à la chambre et publie des manuels scolaires : Institution civique à l’Ecole, Enseignement scientifique (1ère et 2e année) : Zoologie, botanique, physique, géologie, chimie, physiologie), Année préparatoire d’enseignement scientifique, lectures et leçons de choses, Premiers éléments de géométrie expérimentale.

– Dans le même temps, bien qu’il prétende chercher l’apaisement des querelles et se plaigne de se voir accusé d’être un homme de haine, il mène une campagne antireligieuse d’une incroyable violence. Clemenceau lui-même « répudie […] cette politique absurdement persécutrice ». Si l’on peut, selon lui, s’accommoder du Concordat, ce n’est que dans la mesure où il est un moyen de pression. Il faut enlever à l’Église le contrôle de la jeunesse et Dieu doit disparaître des écoles, l’instruction civique suffit à la remplacer. En 1879 « il se félicite sans vergogne de ce que le Gouvernement marche à l’ennemi », « l’ennemi étant l’église toute entière » : « On vous l’a dit, à cette tribune, avec une éloquence fameuse, Le Cléricalisme, voilà l’ennemi [Gambetta, d’après J. Peyrat] » ; « pour moi, la loi se résume dans la formule de Leibuitz: La liberté n’est pas due à ceux qui veulent s’en faire une arme pour enseigner à haïr toutes les libertés ». Quelques jours plus tard, à Émile Keller qui vient à la tribune de rappeler que plusieurs membres du gouvernement dont Ch. Lepère*, ont été élèves des religieux, il répond « de la façon la plus intolérante et la plus excessive » ; son discours est une montagne des calomnies les plus éculées, [ce qui étonne chez un tel savant, mais s’explique par le déchaînement des haines politiques du temps], calomnies qu’il est allé chercher jusque chez les Jansénistes*, en falsifiant les textes, donnant des citations tronquées, arrangées, dénaturées. Il rassemble toutes ces accusations dans La Morale des Jésuites.

« Je veux la destruction du christianisme. » « Dans trente ans la religion aura disparu de France […] s’il survit, je croirai moi-même et je me ferai catholique » [!]

– On peut citer aussi : « Avant 1789, il n’y avait en France, ni grandeur, ni prospérité, ni civilisation, ni justice l’histoire de France n’était qu’un tissu d’erreurs et d’ignominies; avant 1789, le pays tout entier présentait un spectacle de honte et de misère », dans l’Instruction civique à l’école, chapitre Les Bienfaits de la Révolution.

Il est évidemment difficile de dire qu’il fait preuve « d’une neutralité scrupuleuse » [Decuyper]. Bien sûr, ses ennemis répondent et se répandent en accusation, libelles, voire calomnies. Politiquement il ne sait pas se créer un groupe d’amis fidèles : son intelligence, la hauteur de ses vues et son ambition d’une part, son comportement entier, sûr de lui, autoritaire, intransigeant, volontiers ironique et sarcastique, qui ne veut composer ni avec les gens ni avec le temps, lui aliènent beaucoup de ses relations ; quant aux autres ils ne sauraient admettre son sectarisme agressif Très souvent il sort meurtri et déprimé de ces combats.

– En matière coloniale il est fidèle à la politique de Gambetta et favorable à la colonisation. Il rassemble, avec Anna Clayton, les informations qui vont paraître dans Les Colonies françaises (1889), vote la confiance à Jules Ferry, qu’il soutient par ses articles et conférences, et ne l’abandonne que lors du débat de mars 1885. Il préconise une « politique basée sur la coïncidence entre les intérêts de la population indigène et ceux de la métropole, « généreuse », digne de notre glorieux pays et de son rôle « civilisateur ». Pour lui la possession d’un empire coloniale est nécessaire pour une grande nation, mais il y veut un gouvernement purement civil et la prise en charge de l’administration locale par des fonctionnaires issus du pays. Pendant ses huit mois passés au Tonkin, « il déploie une activité dévorante pour mettre en œuvre sa politique, s’entoure d’une équipe dynamique et compétente », malgré bien des déceptions, temps trop court, comme son passage au ministère, pour en voir les effets : ni les succès, ni les erreurs ne peuvent être objectivement appréciés.

– Il est bien libre-penseur, mais sa philosophie politique est complexe et incertaine, issue d’Helvetius, d’Holbach, de Proudhon, Fourier et Saint-Simon, par certains côtés d’Auguste Comte, voire de Kant dont il n’a qu’une connaissance indirecte. Il tient surtout à justifier sa morale laïque, à évacuer toute donnée religieuse. La morale, universelle, doit être fondée sur la conscience et cette conscience c’est l’école, non seulement laïque, mais surtout athée, qui doit la former. Fondateur de l’Instruction civique, conçue comme un catéchisme antireligieux. Mis à part quelques minces épisodes, il dénie toute valeur à tout ce qu’a précédé la Révolution, dont il veut ignorer tous les méfaits. [Il est en effet étonnant de le voir méconnaître l’œuvre des abbayes de Saint-Germain, de Pontigny, etc…]. Enfin, son idée de la Patrie lui fait préparer la Revanche et, par-là, encourt la colère des républicains pacifistes.

= A. La Morale des Jésuites, dédicace à Mgr Freppel. évêque d’Angers (1880) – L’Enseignement laïque (1881) – L’instruction religieuse dans les écoles […] (Conférence, 1881) – De l’éducation civique (Conférence, 1882) – L’Instruction civique à l’école, notions fondamentales (en collaboration. 1882) – Le Cléricalisme, Question d’éducation nationale, (préface de A. Aulard, 1900).

B. A l’ordre du Jour (1885) Discours parlementaires. Assemblée Nationale (1872-1881) – Lettres de Kabylie La politique algérienne (1885).

C. Propositions de lois sur l’organisation de l’enseignement supérieur […] (1873) – 21 autres – Livres d’enseignement Les Colonies françaises (avec A. Clayton) (1889) – 28 rapports présentés à la Chambre.

D. De la Greffe animale (1863) – Catalogue méthodique des animaux vertébrés […] dans l’Yonne (1864) – La Machine humaine (1866-1867) – Recherches expérimentales sur l’influence que les modifications de la pression barométrique exercent sur les phénomènes de vie (1833) – La pression barométrique, recherches de physiologie expérimentale (187Smilie: 8)Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (187Smilie: 8)Biologie (1879) – De l’emploi de protoxyde d’azote dans les opérations chirurgicales […] (1880) – Leçons de Zoologie […] à la Sorbonne, enseignement secondaire des jeunes filles[…] anatomie, physiologie (1881) – Histoire naturelle. Anatomie et physiologie animale (réédition du précédent, 1883) – Le Choléra, lettre au Tagblatt de Vienne (1884) – Éléments de Zoologie (avec R. Blanchard) (1885) Leçon d’anatomie et de physiologie animale (1886). Leçons, discours et conférences (1881) Leçons sur la physiologie comparée de la respiration; profession au Muséum d’histoire naturelle (1870) Revues scientifiques publiées par le journal « La République française » […] (7 vol. 1879-1885).

[U, La, BSSY 1924 / Ducloz, Muzard, P. Chevallier, Cahiers des Archives 3/ P. Dejours, L. Hamon, M. Fontaine, J.P. Rocher, J.P. Soisson, G. Decuyper, F. Pavy, C. Hohi, M. Chabeuf P. Isoard, Ch. Fouriau, B. Yvert, Kotovtchikine, BN]

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): biographie

Laisser un commentaire