Georges Rémond

Georges RÉMOND

(1934-…

Né en 1934 à Précy-sous-Thil (Côte d’Or), il est instituteur à Semur-en-Auxois (Côte d’Or), en 1955.

Très tôt initié à la pédagogie Freinet qui inspira le plus souvent son action, Georges Rémond, a exercé, en qualité d’instituteur et de directeur d’école à tous les niveaux de l’enseignement élémentaire.

Professeur de collège, il s’est ensuite spécialisé, durant sept années dans les classes dites de transition accueillant les enfants en difficulté scolaire, notamment en lecture. Il devient inspecteur de l’Éducation nationale à Avallon (Yonne) en 1976, là il fut chargé de mission auprès du Recteur de l’académie de Dijon pour les problèmes touchant la maîtrise de la langue.

En collaboration avec François Richaudeau, fondateur des éditions Retz, il publie, « Je deviens un vrai lecteur » en 1978.

Retraité en 1992, il publie entre 1998 et 2002,  « Gafi le fantôme », méthode d’apprentissage pour le CP, qu’il cosigne avec Jean Paul Rousseau.

Avec l’aide de son épouse, il développe ensuite « Ma semaine de français », manuel destiné aux pays francophones d’Afrique (Centrafique et Cameroun).

Il est ainsi auteur d’une quinzaine d’ouvrages, il a notamment rédigé plusieurs manuels à destination des pays francophones d’Afrique noire et du Maghreb. Il est, depuis 1992, auteur et directeur de collection aux Éditions Nathan et Nathan International.

 Bibliographie :

  • Je deviens un vrai lecteur, en collaboration avec F.Richaudeau, RETZ, 1978.
  • Nous devenons de vrais lecteurs, en collaboration avec J.P. Rousseau, Retz, 1983.

Dans la collection « Le moniteur de lecture » (NATHAN, 1989)

  • A.R.T.H.U.R.II (CE2- NATHAN, 1989)
  • A.R.T.H.U.R.III (CM1- NATHAN, 1990), en collaboration avec .M. Descouens et E. Souchier
  • A.R.T.H.U.R.IV (CM2- NATHAN, 1990), en collaboration avec .M.Descouens, E. Souchier et J.P. Rousseau

Dans la collection « GAFI le fantôme » dont il est le co-directeur avec A. Bentolila

  • « GAFI le Fantôme » (CP- NATHAN, 1992) en collaboration avec Jean Paul Rousseau
  • LECTURES (CE1, NATHAN, janvier 94).
  • LECTURES (CP/CE1, NATHAN, janvier 97) en collaboration avec Martine Descouens, Christian Lamblin, et Nadine Robert

Dans la collection « L’atelier de lecture »

  • L’ATELIER DE LECTURE/ CE2 – NATHAN, 1997), en collaboration avec O. Rémond.
  • L’ATELIER DE LECTURE /CM1 – NATHAN, 1997), en collaboration avec .M.Descouens et E. Souchier.
  • L’ATELIER DE LECTURE /CM2 – NATHAN, 1997), en collaboration avec .M.Descouens, E. Souchier et J.P. Rousseau.

Dans la collection « Super GAFI » dont il est le co-directeur avec A. Bentolila

  • « Super GAFI » (CP- NATHAN, 2002) en collaboration avec Jean Paul Rousseau et Martine Descouens
  • Les comptines de GAFI CD (Guide pédagogique Super GAFI -NATHAN ,2002) – « LECTURES CE1 ( NATHAN, janvier 2003) en collaboration avec Jean Paul Rousseau et Martine Descouens

Dans la collection « Gafi raconte », il est l’auteur des jeux qui clôturent chaque album.

Dans la collection « Le Jardin des mots » (Méthode d’apprentissage de la langue française et de la lecture à destination des publics arabophones )

  • FRANCAIS 1ère année (NATHAN International, 2000) en collaboration avec .M.Descouens, J.P. Rousseau
  • FRANCAIS 2ème année (NATHAN International, 2000) en collaboration avec .M.Descouens, O. Rémond et J.P. Rousseau

Dans la collection « Ma semaine de français » ( Méthode d’apprentissage du langage et de la lecture à destination des enfants francophones d’Afrique Noire )

  • Ma semaine de français niveau 1 (2006) en collaboration avec Odile RÉMOND
  • Ma semaine de français niveau 2 (2006) en collaboration avec Odile RÉMOND.

Citons encore :

L’apprentissage de la lecture chez l’enfant ( Bibliothèque Nationale de France 2002), in cédérom « L’aventure des écritures »

Anthologie de la littérature en Bourgogne (1990) – réalisation de l’Université pour Tous de Bourgogne)

Aux éditions « A coeur joie » (chansons pour chœur) :

En Morvan (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: Y.Audard) (1982)

Au gré du vent (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: J.Chailley) (1983)

Pauvre Madeleine (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: B.Lallement) (1984)

Où va l’eau qui s’en va (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: E.Daniel) (1985)

Mon pays (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, ) (1985)

La complainte de la petite marchande (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati) (1999)

Ici vente et morvante [Texte imprimé] : promenade en poésie / Georges Rémond ; photos, Patrick Garde. – [Avallon] : G. Rémond, impr. 2006. – 1 vol. (70 p.) ; 21 cm.

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Questions à Jean-Paul Rousseau

1/ Genèse du projet : Comment est venue l’idée de se lancer dans la réalisation d’un manuel scolaire ? Quelle sont les grandes idées sous-jacentes au projet ? En quelle façon cette collection se démarque-t-elle des autres collections en usage au moment de la création ?

         Pour commencer et toujours en collaboration avec Georges Rémond I.E.N. d’Avallon dans les années 80 et 90 j’ai rédigé divers ouvrages. À chaque fois et sauf indication contraire, il y a un manuel, un ou des cahiers d’exercices et un livre du maître. En règle générale nous nous sommes partagés le travail pour les manuels, Georges était le principal rédacteur du livre du maître et je me chargeais du ou des cahiers d’exercices. Avant d’arriver à la version finale et sans préjudice des interventions de l’éditeur (sur lesquelles je reviendrai) il y avait toujours plusieurs lectures croisées avant d’arriver à la version finale.

  1. Premier manuel : Nous de venons de vrais lecteurs CE CM1

      Au tout début des années 80, Georges Rémond a produit un premier ouvrage : Je deviens un vrai lecteur, aux éditions de Retz dont le patron était François Richaudeau qui avait écrit et diffusé pendant les années 70 des ouvrages sur la lisibilité et la lecture rapide. Il y soulignait entre autres le rôle physiologique de l’œil. J’avais lu ces livres et je m’en étais inspiré pour changer la façon dont j’enseignais la lecture. Georges et moi, nous avons été mis en contact par M. Rivière son conseiller pédagogique et mon ancien collègue quand j’étais instituteur à Saint-Romain-le-Preux avec lequel j’avais beaucoup échangé sur cette question. Retz était une petite maison d’édition plutôt axée sur l’Ésotérisme et l’Histoire dans sa version événementielle. Or, Je deviens un vrai lecteur qui s’adressait aux CM et aux classes de transition de l’époque, a connu un très grand succès et Richaudeau a voulu lui donner un complément pour les CE1&2 niveaux que Georges, ancien instituteur ayant surtout enseigné en classe de transition connaissait mal. Nous nous sommes rencontrés et nous avons très vite conclu que nous partagions une même approche. Richaudeau nous a donc passé commande et nous nous sommes mis au travail.

Les « grandes idées » sous-jacentes au projet étaient les suivantes :

  • Amener les élèves à devenir des lecteurs efficaces capable d’adapter leur stratégie de lecture aux différents supports et aux diverses situation de lecture, lecture mentale, lecture à haute voix, lecture analytique…, et pour cela :

  • Travailler systématiquement l’aspect physiologique ou si l’on préfère matériel de la lecture en proposant des exercices destinés à entraîner l’agilité de l’œil du lecteur (empan visuel, survol de la page, anticipation…)

  • Travailler le niveau de vocabulaire et de syntaxe en proposant des textes dont la complexité lexicale et grammaticale était progressivement dosée avec le plus de soin possible.

  • Proposer des textes de nature variée (fiction, document, dictionnaire…)

  • Proposer pour le même texte deux niveaux de lecture

  • La présentation des textes devait permettre des exercices d’agilité oculaire et/ou d’anticipation

  • Enfin nous voulions que, sans l’éviter totalement, dans les exercices qui accompagnaient les textes la place de l’écrit soit réduite pour privilégier la lecture. Il fallait aussi une méthode de correction aisément lisible par le maître.

Comme son prédécesseur dont la notoriété lui a profité, ce manuel paru en 1982 ne ressemblait à rien de ce qui se faisait à l’époque (même si un certain nombre d’exercices étaient repris de production antérieures mais adaptés en fonction du projet global).

        2. second manuel : Gafi le fantôme CP puis CE1

      acheté à la toute fin des années 80, Retz est passé sous le pavillon Nathan. Entre 88 ou 89 Hatier avait sorti Ratus et ses amis un nouveau manuel de lecture pour CP qui tranchait avec la production habituelle en particulier par son iconographie ce qui lui avait valu un succès certain. Pour réagir Nathan a décidé de se lancer dans un nouveau produit rompant avec sa tradition (Daniel et Valérie, Au fil des mots) d’une méthode dite mixte avec comme personnages principaux un couple garçon – fille. Le succès de Nous devenons… aidant ils ont fait appel à Georges Rémond et à moi au début de 1990. Nous devions travailler en collaboration avec Alain Bentolilla professeur d’Université qui, à égalité avec Georges, assura la direction de collection. Ensuite Martine Descouens, une institutrice d’Avallon, a rejoint l’équipe pour la partie cahiers d’exercices et singulièrement expression écrite.

Les principes de base sont les mêmes que ceux exposé pour Nous devenons… On y ajoute du fait de la participation d’A. Bentolilla et de ses travaux sur l’illettrisme, une attention particulière au travail sur le sens du texte, ce qui se traduit par l’utilisation systématique du vocabulaire de base tel qu’identifié à l’époque par des chercheurs universitaires et des illustrations le plus parlantes possible. Celles-ci, ont été confiées à Mérel, un illustrateur dont le style tranchait avec les productions précédentes.

Les personnages deux garçons et deux filles chacun pourvu d’un surnom soulignant un trait de caractère étaient placés volontairement hors de tout cadre familial et Gafi, le personnage principal était un fantôme sympathique ce qui permettait de ne pas se laisser enfermer dans la trivialité du quotidien.

La principale rupture avec l’existant portait sur une approche parallèle et systémique de la maîtrise du code alphabétique, du sens des textes et comme pour Nous devenons… de l’entraînement à une lecture silencieuse et rapide. C’est du moins ce qu’expliquait le livre du maître lequel, comme très souvent, n’a pas connu une diffusion correspondant à celle des manuels, ce qui explique sans doute un certain nombre des critiques qui nous furent adressées.

Ont suivi un livre de CE1 et ses cahiers d’exercices réalisés par les mêmes et dans le même esprit.

2/Constitution de l’équipe : Plusieurs co-auteurs signent les différents ouvrages. Comment se sont-ils intégrés ? Comment se fait la répartition des rôles au sein de l’équipe d’auteurs ? Y a-t-il eu des échecs ? (co-auteurs pressentis qui se sont désistés ?) Comment l’équipe de rédaction a-t-elle évolué ?

J’ai répondu à cette question ci-dessus. Je n’ai pas ressenti de difficultés particulières d’intégration d’une part parce que ma collaboration avec Georges Rémond s’est toujours bien passée et de l’autre parce que nos rôles et nos parts de travail respectifs étaient assez bien délimités. Ensuite et même s’il y a eu parfois des discussions animées, en particulier avec Bentolilla, elles se sont toujours déroulées dans un respect mutuel.

Pour préciser la répartition, disons que je travaillais plutôt sur les textes de départ et les cahiers d’exercices et Georges Rémond sur les exercices d’accompagnement des textes dans le manuel. Il s’était chargé en plus du livre du maître, Alain Bentolilla avait un rôle de critique et de modérateur et Martine Descouens intervenait sur les cahiers d’exercices avec, comme je l’ai déjà dit, une dominante expression écrite.

Cette équipe est restée la même jusqu’à y compris la réédition du début des années 2000 après laquelle, considérant que je n’avais plus la légitimité que me donnait le contact direct avec les enfants, j’ai cessé d’y participer.

3/Rapports avec l’éditeur : Quel est le rôle de l’éditeur ? Demande générale ? Regard sur les contenus ? Contrôle de conformité avec les programmes ? Qui propose la maquette ? Quelles sont les contraintes de l’édition ? Sont-elles pesantes ? (maquette, nombre de pages, illustrations, contenu, rythme de publication…) Quel investissement (en temps de travail) représente l’écriture d’un volume ? Par quelles étapes passe la réalisation ? (relecture éditeur, relecture épreuves….) Comment l’éditeur rémunère-t-il le travail des auteurs ? (Copie d’un contrat ?)

L’éditeur est un commerçant, ce qui n’est pas en soi, une tare. Son but est de gagner de l’argent en vendant des livres dont il espère qu’ils trouveront un public. C’est ce qui explique la timidité relative des grandes maisons vis à vis des nouveautés qui peuvent leur être proposées. Nous n’aurions jamais été sollicités par Nathan si Nous devenons… avait fait un flop. Cette timidité est compensée partiellement par le souci de ne pas manquer le courant porteur en matière idéologique et/ou pédagogique. D’où une commande qui n’est jamais chimiquement pure puisque, par exemple, il faut à la fois être moderne tout en ne choquant pas le conservatisme supposé d’une partie des enseignants et des parents d’élèves. Une fois la commande passée, le rôle de l’éditeur est de rester en contact avec son ou ses auteurs pour vérifier si leur travail va bien dans le sens qu’il souhaite et, s’il juge qu’ils s’en écartent ; d’en débattre avec eux pour obtenir ou non des modifications.

En matière d’apprentissage de la lecture, les programmes sont si fourre-tout que chacun peut y trouver son bonheur (ou son malheur). On ne m’a jamais posé cette question de la conformité.

Pour ce qui est du contenu, très naturellement, le ou la ou les représentants de l’éditeur (secrétaire d’édition, coordonnateur/trice d’édition…) ont leur mot à dire ne serait-ce que pour éviter d’éventuels problèmes juridiques, mais aussi pour des questions de compréhension et/ou d’acceptabilité de tel ou tel sujet. Pour ce qui me concerne, travailler avec des non-enseignants m’a été très profitable, même si, au début, j’ai eu du mal à encaisser des remarques du style : « Mais dis donc, Jean-Paul, je ne comprends rien à tes consignes. Qu’est-ce que tu demandes exactement aux enfants… » ou « Ton texte c’est pas mal, mais c’est trop long. Où est-ce qu’on coupe… » Du coup j’ai pris beaucoup mieux conscience que si ce qui, pour moi, était évident, n’était pas compris par un adulte, il y avait peu de chances qu’il le soit par un élève, utile leçon de modestie et invitation à se remettre en cause. De même, il est vraiment très rare qu’aussi bon que son auteur le juge, un texte ne puisse pas être élagué et amélioré.

La maquette est à la discrétion de l’éditeur dont c’est le métier. Chez Nathan j’ai travaillé avec des maquettistes professionnels qui m’ont beaucoup appris sur les principes de mise en page (nombre de pages, nombre de signes par page en fonction des polices et de leurs tailles). Au bout du compte, je trouve ces contraintes très positives puisque, par exemple, moi qui ai tendance à faire long (voir mes réponses à ce questionnaire) cela m’a obligé à me discipliner. En plus en bon instit habitué à ne pas perdre un cm2 de sa feuille de papier A4, j’ai découvert les vertus de l’aération pour améliorer la lisibilité de l’objet (un comble pour quelqu’un qui se prétendait bon connaisseur en matière de lisibilité)

Aussi bien Nous devenons… que Gafi, m’ont demandé deux bonnes années de travail (mais outre mon métier, j’avais d’autres occupations)

Il y a un premier tirage qui est relu et corrigé. L’expérience montre que même après plusieurs relectures il reste souvent une ou deux fautes. Ensuite il y a un premier vrai tirage et, en fonction du succès on poursuit ou pas. Si mes souvenirs sont bons, Nathan prétendait qu’il lui fallait vendre plus de 20 000 exemplaires avant de gagner de l’argent.

J’ai été rémunéré au pourcentage sur la base d’un contrat d’édition signé au début de chaque entreprise. En gros la somme totale des droits d’auteur ne dépassaient pas les 10% et c’était le plus souvent autour de 8% du prix public (dont 30% pour le libraire et le reste pour l’éditeur, le diffuseur et le fisc). Ces droits sont répartis entre les coauteurs en fonction de leur travail et de leur notoriété (il y a un plus pour les directeurs de collection). J’émargeais donc entre 2,5 et 3,5 % du prix public. Il y a maintenant des droits perçus à partir des photocopies mais c’est très peu important.

Sur ses droits l’auteur paie naturellement des cotisations sociales, la CSG et le RDS

4/ Réalisation / options des auteurs. On peut noter dans la collection l’utilisation du vouvoiement pour les premiers ouvrages, du tutoiement pour les derniers. Quelle est la raison du changement ? A la demande de qui s’est-il effectué ? Les thèmes d’exercices des premiers ouvrages sont essentiellement pratiques (exemple :… ), ceux des derniers plus théoriques. Quel est le sens de cette évolution ? Quelles évolutions avez vous remarquées sur le plan technique (la couleur par exemple), quelles remarques cela vous inspire-t-il ?

Je n’ai personnellement pas noté ce changement dans mes relations avec l’éditeur et ses représentants où le vouvoiement est resté de rigueur. Par contre j’ai toujours tutoyé mes coauteurs.

Pour ce qui est de l’évolution des exercices et contrairement à ce qui est noté pour les maths l’évolution n’est pas du pratique au théorique mais plutôt du simple au complexe en liaison avec la nature des écrits (exemple = une liste n’est pas un conte) de leur difficulté et de la taille croissante.

5/ Diffusion et évolution des ventes. Durée de vie d’une édition.

Un éditeur important a un réseau de commerciaux et des capacités de diffusion dont ne disposent pas ses collègues moins dotés. Il a aussi souvent des relais dans l’Institution qui vont indirectement l’aider à faire sa promotion au travers de participations à divers événements (rencontres pédagogiques, salons, visites de représentants…) Quand tout se passe bien, l’évolution des ventes c’est une courbe en cloche. Il peut y avoir une seconde vie si le manuel fait l’objet d’une mise à jour ce qui s’est passé pour Gafi qui a été réédité au début des années 2000. La diffusion est maintenant réduite à peu de chose ce qui est normal. Disons qu’entre édition et réédition ce manuel a vécu vingt cinq années.

6/ Quels sont les retours des utilisateurs ? (lettres, contacts divers)

Au début, pour Nous devenons et Gafi , il y a eu un certain nombre de lettres de collègues demandant des précisions sur tel ou tel point des méthodes. Ensuite pour Gafi Nathan a édité pendant deux ou trois ans un journal de Gafi censé accompagner la méthode et dans lequel on trouvait des productions d’élèves, des courriers d’enseignants et des articles de « fond » rédigés par Bentolilla, Rémond ou moi-même. Il y a eu aussi une petite collection jeunesse qui a assez bien fonctionné.

Georges ou moi nous avons aussi participé à des rencontres pédagogiques qui furent parfois le théâtre d’échanges musclés ce qui ne me déplaisait pas.

Nous avons bien sûr été critiqués, quelques fois sévèrement et pour des raisons diamétralement opposées. Dire que je les ai toujours prises sereinement serait mentir. Cependant le succès commercial m’a permis de soigner facilement mes blessures d’amour-propre. J’ajoute qu’ayant très tôt appris, dans un autre de mes domaines d’activité, que la meilleure façon de traiter une attaque polémique c’est de l’ignorer je me suis toujours gardé de répondre directement.

7/ Quels sont les regrets, les satisfactions, des auteurs quant à l’évolution de la collection ? 8/ Quels autres points souhaiteriez-vous aborder

Je n’ai aucun regret, car je considère que ces entreprises outre qu’elles me permirent de mettre un peu de beurre dans mes épinards, furent une très belle occasion de faire des rencontres passionnantes. Celle de Georges Rémond en particulier et de son épouse et celle d’Alain Bentolilla au contact duquel j’ai enfin compris qu’un analphabète n’était pas quelqu’un qui ne comprenait rien à un écrit mais au contraire quelqu’un qui, à partir des quelques indices qu’il était capable d’y trouver se construisait un sens à la fois logique et différent du sens réel et que, s’y trouvant bien, il lui était quasi impossible de se remettre en cause, d’où l’importance du travail sur le sens et de la lecture magistrale. Comme je l’ai dit plus haut j’ai aussi beaucoup apprécié la plupart des employé(e)s et les cadres des maisons avec qui j’ai collaboré. Enfin travailler dans une entreprise privée assez importante amène à relativiser les rengaines que nous servent trop souvent certains hiérarques de l’Éducation Nationale sur le thème : « Ah, si on était dans le privé… »

En conclusion je veux dire que s’ils en ont la possibilité et l’envie, les enseignants ne doivent pas hésiter à se lancer et ne pas céder au premier échec (deux de mes propositions furent sèchement recalées). Une fois édité, il faut aussi accepter de ne pas être apprécié par l’unanimité de ses collègues. La pédagogie est un acte d’engagement si personnel qu’elle ne peut que différer d’un enseignant à l’autre. Pour l’auteur, du moment qu’il s’est efforcé de faire de son mieux, il a fait son devoir.

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): biographie

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