Souvenez-vous…

L’année dernière, je vous avais fait part de mon état de sidération quand je m’étais rendu compte que, dans ma salle de cours, à moi, prof de français, il n’y avait PAS de livres.

lecture-classe

Forte de cette révélation, j’avais cogité, et j’avais décidé de créer ma petite bibliothèque de classe, avec les ingrédients suivants :

– des livres (romans, recueils de poésie, de nouvelles, théâtre…) envoyés gracieusement par des éditions scolaires chaque année ;
– une bibliothèque achetée à Emmaüs ;
– des affiches colorées faites par mes 6e.

Bilan après environ 6 mois ?

Eh bien c’est… mitigé. En fait, je crois que le format bibliothèque avec rayons n’est pas adapté pour des collégiens qui ne sont pas habitués à fouiller dans des rayonnages. Ça a un côté presque trop solennel, et puis surtout, ce n’est pas pratique pour eux car… on ne peut pas voir la première de couverture ! Et qu’ils choisissent quand même pas mal par ce biais-là. De plus, les livres que je propose sont des livres qui ne se lisent pas en 10 minutes. Il faut les emprunter, les lire chez soi… Du coup, les élèves qui ont emprunté des livres sont majoritairement des élèves qui avaient déjà l’habitude de lire.

Je termine quand même avec du positif :
– Toutes les fois où j’ai pris le temps de sortir des livres des rayons, de les présenter à mes élèves, ils ont tous été empruntés, surtout par des élèves qui lisent peu. Conclusion : les petits lecteurs ont besoin d’un guide.
– Je trouve ça quand même très pratique d’avoir tous ces livres dans ma classe, car ils suivent globalement le programme de français de l’année, du coup je peux facilement aller piocher un extrait pour enrichir une séance de manière totalement impromptue, voire recommander une lecture à un élève qui avance vite et qui s’ennuie, le temps que les autres finissent leurs exercices, et, pourquoi pas, lui donner envie de poursuivre la lecture chez lui !

Et c’est avec ces ceux dernières remarques que je fais une habile transition vers…

Mes innovations de la rentrée 2017 :

Ok. J’ai donc invité les professeurs documentalistes à venir présenter des livres du CDI dans ma classe, en début d’heure. À chaque fois, on a choisi une thématique en lien avec la séquence en cours de travail. Les 5e travaillent sur le héros ? On leur propose des livres sur la mythologie, mais aussi Hunger Games. À l’approche d’Halloween, et pour introduire (sans le dire) ma séquence sur le Fantastique, on a proposé à mes 4e des livres qui « faisaient peur ». Aucune obligation d’emprunt, seuls les volontaires ramènent un livre chez eux. Cela fonctionne super bien. Le gros avantage, selon moi, c’est que les documentalistes vont penser à des livres que je ne connais pas forcément. Et surtout… « vendre » des livres, ça fait partie de leur métier ! Alors ils sont efficaces !

Toujours avec l’aide des documentalistes, nous avons constitué une réserve de livres « à lire en classe », que je stocke dans une belle caisse en bois. Le point commun de ces livres, c’est qu’on peut les « picorer » : une page par ci, une page par là… Exemples : des documentaires, des anthologies, des BD avec des histoires courtes (l’adaptation du Roman de Renart est parfaite dans ce genre !). Là encore, on essaye d’avoir un thème, qui change régulièrement. En ce moment, par exemple, mes élèves se voient proposer des livres en rapport avec la presse. Cette caisse à livres est super : mes élèves voient bien les couvertures, c’est moins solennel, ils n’hésitent plus à s’en servir. Ils savent que lorsqu’ils ont fini un travail, ils peuvent aller chercher un livre sans demander : finis les bavardages parce qu’ils s’ennuient, et surtout, ils apprennent des choses ! J’utilise aussi cette caisse avec mes élèves les plus faibles. Ainsi, la semaine passée, deux de mes élèves de 6e avaient vraiment bien travaillé sur les exercices de grammaire, il restait à peine 10 minutes de cours, et je voyais qu’ils étaient clairement au bout de leur temps de concentration. Je leur ai donc proposé de prendre un livre. Double bénéfice : ils lisent + ils n’embêtent pas les autres.

Et vous ? Vous arrivez à faire lire vos élèves ? En classe ? Chez eux ? Je prends toutes vos idées !

Une chronique de Cécile Thivolle-Gonnet

Une réponse

  1. C’est malheureusement nier l’existence du CDI dans votre établissement, son utilité en tant qu’outil pédagogique et le réduire à une étude de luxe. Des séances de cours peuvent se dérouler dans ce lieu, c’est là une des raisons majeures de son existence dans les établissements.

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