Comme le disait si bien un collègue, il y a quelques petites semaines de cela, nous apprenons à mieux connaitre nos élèves en voyage. Et c’est un bénéfice non négligeable pour la suite de l’année scolaire dans notre relation à eux mais aussi pour suivre l’évolution de ces générations.

 

Depuis ma dernière mutation, j’organise des séjours linguistiques quasi annuels, avec mes collégiens. J’aurais donc dû me retrouver à la page la semaine dernière. Cependant, je me suis retrouvée larguée lors de ce séjour à destination de l’Italie.

« Dis, Grand Schtroumpf, on est où ? C’est quand qu’on arrive ? ». Jusque-là, j’arrivais encore à suivre.

Aussi, il y a le problème des pauses. Tiens, parlons-en. Figurez-vous qu’une nouvelle question a surgi cette année et plus d’une fois, pendant les trajets. Il faut dire que l’on a le temps de parler des pauses pendant les 27 heures de voyage. Sachant qu’il faut s’arrêter 10 minutes toutes les 2heures ou 15 minutes, blablabla…

« Madame, c’est juste pour savoir si on s’arrête bientôt. » dit Cloé d’un ton frisant l’impatience et l’agacement.
« Pourquoi ? Tu es pressée d’aller aux toilettes ? Tu sais si c’est très urgent, on peut voir avec le chauffeur. Peut-être pourrais-tu utiliser celles du car ? »
« Non, non. C’est bon. »

Et moi, de m’exclamer intérieurement « Ah ! »

Et deux rangs plus loin dans le car.
« On s’arrête quand, Madame ? »
« Bientôt, bientôt », dis-je commençant à m’énerver d’avoir à redire pour la xième fois la même chose.
« Mais, je peux attendre. »
« Ah ! »

Décidément, c’est très perturbant cette année les histoires de toilettes. Ou peut-être est-ce à cause de la destination méditerranéenne car je n’avais jamais vécu cela en allant dans les îles britanniques.
Nous voilà enfin arrivés à cette fameuse aire d’autoroute : celle des Monts du Forez ou une autre, je ne sais plus trop.

Moi : « Regardez comme c’est beau.
Cloé (, Julie and C°): – Hein, quoi ? On peut descendre tout de suite ? On a combien de temps ? 10 minutes ? C’est tout ! »
– Pour aller aux toilettes, c’est suffisant, les filles !!
– Mais non, on n’a pas le temps, dit-elle en dévalant les marches du car et en regardant à peine si des voitures arrivent. A vous faire faire une crise cardiaque. Et ton ASSR ? Et ton sens de la survie ? Cela lui vaudra, d’ailleurs, une belle remontée de bretelles. Les 8 ou 10% de perte, c’est pour de rire, pas pour de vrai !

Il faut dire que la survie pour 80% de ces jeunes (ne dites plus « Djeunes » car vous ferez encore plus que votre âge !), ce n’est plus seulement aller aux toilettes, enfin si, mais aller aux toilettes et dans les toilettes. Nuance, en effet, et qui change tout. Pour ma part, je suis allée aux toilettes mais je ne suis pas restée dans les toilettes. Nos ados aiment aller dans ces lieux qui peuvent parfois faire un peu cocon, pour se regarder, se re-regarder et se dire que « je suis belle… »

Bref, à cet âge-là, c’est normal. Vous les laissez donc faire. De toute façon, les 10 minutes ne sont pas écoulées et vous reviendrez jeter un œil avant de rejoindre le car, sans compter que vous les (re)compterez au moins 2 fois. Donc, pas d’inquiétude. Tiens, que fait Erwann, tout seul dans son coin, là-bas ? Et Pierre, tout seul, figé de l’autre côté ? Je m’avance vers ce dernier et lui demande si ça va. « Oui, oui. » me fait-il d’un air rassurant ! Ce doit être mon côté mère-poule qui ressort, comme chaque fois, en voyage.

Bon, les 10 minutes touchent à leur fin,
« On y va les filles ?! dis-je en glissant ma tête dans les toilettes pour femmes.
« Oh, non ! Pas déjà, Madame, s’exclame Cloé, très chagrinée. Je ne suis qu’à 10% et j’étais à 8 quand on est arrivés !
– Pardon ??!!
– Qu’en est-ce qu’on s’arrête la prochaine fois ?
– Quoi ?
– Ben oui, je ne suis qu’à 10, je vous ai dit. C’est Lola qui est restée super longtemps. Et les gars ont pris les 2 autres prises disponibles quand on est arrivés. »

Et là, elle me montre son MP4, sa PS ou je ne sais plus quoi !.. Ah,.. d’accord !

Voilà donc pourquoi Pierre ne bougeait pas. Il ne fallait pas qu’il tire sur son fil qui atterrissait dans sa poche. D’ailleurs, chers collègues, quand vous quittez une aire d’autoroute, n’oubliez pas de chercher vos élèves partout, partout, dans la station. Cela vous évitera de vous retrouver nez à nez avec deux élèves sortant de la salle de change bébé et de demander :

« Bah, les filles, qu’est-ce que vous faisiez là ? » d’un ton limite reprochant.
« On recharge, Madame. »
– Ah oui, évidemment (ou avais-je la tête ?) Bon, allez, laissez la place aux vraies mamans qui pourraient arriver. »

Une chronique de Kristen,
la prof en devenir comme j’aime à le dire, et qui n’a pas fini d’être surprise malgré ses 16 ans d’expériences. Au moins, on ne s’encroûte pas dans ce métier.

3 réponses

  1. Bonjour Kristen,
    J’ai beaucoup aimé votre chronique,
    J’ai organisé, il y a quelques années, des sorties à la neige, des classes vertes, des voyages de fin d’année ( CM 1 CM2 ) mais jamais de séjour linguistique.
    Je reconnais que sortir de sa classe, de la routine, du quotidien c’est passionnant pour le prof et surtout pour les élèves mais il faut avoir le sens de l’organisation et une bonne dose d’inconscience.
    Il faut être fou ( ou folle ) pour voyager avec ses élèves.
    Je vous parle d’un temps que les jeunes profs ne doivent pas connaître..

    Instit dans les Bouches du Rhône, ( 13, Marseille,, l’O M…. ) j’ai subi « le syndrome de La Calade »
    Qué sa quéo ?

    La Calade est une petite ville proche de Marseille.

    Un instit d’Aix en Provence désire emmener ses élèves visiter une exposition au Musée D’art Contemporain à Marseille.
    Excellente idée.
    Son directeur est d’accord et téléphone à la mairie D’Aix en Provence pour avoir un car.
    Jusqu’ici tout va bien, pas de problème. Euphorie des élèves. L’instit est content. Tout baigne.
    Oui mais… il y a un MAIS et de taille.
    Arrivé au lieu dit: La Calade, le car traverse une voie ferré et cale; Le chauffeur essaie de redémarrer; Rien à faire.
    Angoisse, les barrière se ferment, le train arrive et percute le car.
    Plusieurs enfants sont tués.
    La Une du provençal. Flash spécial sur la Une et toutes les autres chaînes…
    Les journalistes font leur métier qui est d’informer les lecteurs.

    Ce n’est pas le crash d’un Air bus A 320 mais cela va faire monter les ventes…Bonne aubaine

    Reportages, enquêtes…

    La routine.

    Oui, d’accord mais qui est responsable?

    Cherchez le maillon faible.

    Le directeur, un ami personnel, a failli aller en prison.

    Il aurait du:
    Vérifier le permis de conduire du chauffeur, vérifier avant que les élèves montent dans le car, du bon état de fonctionnement du véhicule ( les pneus étaient très usagés )
    Situation absurde, du Hubu à l’état pur.

    Les assurances vont payer des indemnités aux parents des enfants tués. Et quand on parle de gros sous, ça sent la m….

    Résultat des courses, l’Inspecteur d’Académie a envoyé une note à ses toutous fidèles les I E N en interdisant tout voyage, toute sortie.
    Interdit de se moucher ou de péter. On se sait jamais. Le méthane pourrait prendre feu.
    En discutant de la stupidité de la situation avec mon Inspecteur, il me fait le commentaire suivant.
    <>

    Education Nationale, quelle connerie.

    La même année, une instit emmène ses élèves au bord d’un ruisseau pour étudier la faune et la flore de la ripisylve.
    Oui, Mais… ce jour là E D F ouvre un barrage.
    L’eau de ce petit ruisseau maigrichon, squelettique monte de plusieurs mètres.
    Les élèves surpris, n’ont pas le temps de monter la berge un peu abrupte.
    Plusieurs enfants noyés.

    Alors deux drames en peu de temps, j’ai attendu quelque années pour monter dans un car avec mes élèves.

    Séjour linguistique avec mes élèves, non merci je crois que nous allons regarder des diapositives…

    Mais Kristen je vous félicite.
    Continuez, même si vous êtes à 10%, c’est mieux que rien.

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