Je ne sais pas pour vous mais, pour ma part, l’année précédente s’est avérée chargée en jury d’examens de toute sorte (jury de TPE, d’ECE, de bac…). Quelques fois juge et partie quand j’évaluais mes propres élèves cela me donnait l’étrange sensation d’être schizophrène, mais passons…

Que ce soit en contrôle continu ou en examen final, un mot revenait systématiquement dans la bouche de nos inspecteurs : « bienveillance ».

« Bienveillance », le terme est donc choisi avec soin, mais pourquoi tant d’insistance ? Est-ce une attitude qui nous est si peu familière ? Et pourquoi certains sont agacés à son évocation et marmonnent : « on va être sympa et leur donner une bonne note, quoi » !!

C’est quoi « être bienveillant » ? Eh bien déjà (faisons comme les élèves en répondant par la négative), ce n’est pas « être malveillant », c’est-à-dire vouloir du mal à quelqu’un… Ça c’est évident ! Et je crois que nous sommes tous d’accord, aucun prof ne peut vouloir du mal à ses élèves (enfin, j’espère).

Mais ça ne suffit pas, « être bienveillant » c’est plus que ça, cela suppose de ne pas être totalement neutre finalement, car c’est d’abord et avant tout « rechercher le bien » pour nos élèves…

bienveillance

Le « bien », oui mais, sans être laxiste ou démago : non s’il ne mérite pas une bonne note il n’aura pas une bonne note ! S’il mérite une sanction pour une faute, il aura une sanction !! « Bah alors, il est où le bien là-dedans ? »

Et bien en fait, la « bienveillance », c’est plutôt une attitude : avec l’élève ou le candidat (si c’est un examen), c’est tout faire pour le mettre dans de bonnes conditions (un sourire, un mot d’accueil, relativiser ce que l’on peut attendre en fonction de son âge…), lui faire ressentir que l’on ne recherche que le meilleur en lui, que ce qu’il peut faire de mieux. Bien que, parfois, avec toute la bonne volonté du monde, nous ne sommes plus conscients de ce qu’être soumis à un examen peut générer comme stress, blocage, perte de mémoire ou de ses moyens.

Bien sûr les concours ça nous connaît, on en a passé plusieurs et parfois même de très difficiles (en partant du permis de conduire jusqu’au CAPES, CAPET, agreg…), mais avec le temps se souvient on encore réellement de cette épreuve en elle-même qui consiste à se présenter devant un groupe d’experts, souvent intimidant et chargé de vous évaluer ? Le jury…!

Pour ma part je le croyais encore très présent se souvenir, mais ce fut une redécouverte lorsque je me suis présenté dans un domaine où je suis encore un peu néophyte (je prépare la ceinture noire de jujitsu et pour cela il faut se présenter à 4 épreuves différentes). Je remercie encore ce jury qui a su me témoigner de sa bienveillance et me permettre de m’exprimer pleinement lors de mon passage de Kata. Cette attitude a été d’autant plus déterminante que j’avais échoué une première fois avec un autre jury, dont l’attitude m’avait laissé un souvenir amer et plongé dans le doute sur ma capacité à réussir. C’est ainsi que j’ai pu mesurer et expérimenter réellement ce qu’est la « bienveillance ».

Oui, la bienveillance est donc essentielle et pour en mesurer (ou « remesurer ») l’importance ; il est bon aussi, pour nous qui sommes profs, de revivre la difficulté de l’apprentissage et la sensation de la fragilité sous le regard de l’évaluateur (soit en préparant un concours, des certifications complémentaires dans nos disciplines, notre métier ou dans un élément qui n’est pas le notre c’est encore mieux : musique, sport…).

Damien THOMAS (qui espère que vous accueillerez cette chronique avec bienveillance)

11 réponses

  1. merci….
    la bienveillance, est pour moi, une posture, une attitude… il n’est pas question de mollesse, de laisser faire, c’est faire grandir, comme tous ceux qui travaillent avec et auprès des jeunes!!! bon courage à tous!

  2. Merci Damien pour cette belle chronique. Effectivement comme me le rappelait une collègue cet été, notre job, c’est aussi de déceler le meilleur de chacun de nos élèves. ils n’ont pas tous les mêmes qualités (ce serait tellement ennuyeux sinon!) mais en ont tous indéniablement. A nous de les déceler, voire de les débusquer pour s’appuyer dessus et obtenir le meilleur de chacun !

  3. Je crois que cette attitude de bienveillance commence à faire émergence.
    les textes officiels le répète depuis 2 ans. C’est une attitude aidante pour celui qui est en difficultés.

    Oui, c ‘est une attitude facile que de souligner avec parfois de l’exasperation et souvent de la lassitude tout l’imparfait de la pluspart des élèves.
    Une attitude de pouvoir, directe. en fait une satisfaction.
    si les chatiments corporels mineurs sont abandonne depuis quelques dizaines d’années il n’en est pas de meme de la violence moral du sachant.
    J ai été mauvais élève en dictée et les zéros se succédaient, en rouge, avec le nombre de fautes. Je ne me souviens pas (mais c est traite un souvenir) d’un seul mot d’encouragement, ni d’une seule annotation positive. Ce fut sans doute pas loin de 100 notes, une claque chaque fois; un sentiment de nullité absolu, et encore aujourd’hui je suis mauvais en orthographe.
    heureusement mes parents m ont pousse, tiré et j ai pu parvenir à faire mon chemin mais mes parents étaient CSP +, chance pour moi !

    Oui, je pense qu il faudrait que l’on donne en lettre de mission clairement l’instruction aux professeur de conduire en priorité ceux qui sont en difficultés pour obtenir le niveau du tronc commun. cela changerait totalement le vécu des élèves, la posture du professeur et le résultat global pour la classe d’age.
    Le but premier étant de conduire chacun à des capacités d’autonomie satisfaisante à la fin de la scolarité obligatoire.

    vive la bienveillance !!
    La compétition se fera après !

    Eric

  4. Je prolonge d’une année mon plaisir d’enseigner avant le saut du départ à la retraite
    Bienveillant est une expression imposée aux examens depuis déjà …. longtemps
    Éviter la sanction de l’examen , mais pour faire quoi ? Ouvrir les facultés à des jeunes qui ont plus d’illusions que de capacités
    Bienveillant , tout au long de l’année , pour aider nos élèves à travailler , voire à se surpasser , semble plus bénéfique
    Arriver à rendre , chacun , responsable de son travail et de son avenir , il verra l’intérêt et le pourquoi de nos exigences
    Bonne année

  5. Merci Damien pour cet article très intéressant et toujours d’actualité 🙂
    Pour ma part, après avoir enseigné dans le public et le privé, j’ai choisi de donner des cours particuliers à domicile. C’est un cadre d’apprentissage très privilégié et cela me permet notamment de construire plus facilement une relation de confiance et de respect mutuel avec l’élève. La bienveillance et la pédagogie de l’encouragement sont au cœur de ma façon d’enseigner pour justement leur (re)donner le goût de bien faire. Je n’ai pas de mérite, j’adore ce que je fais et j’interviens dans des conditions idéales.
    Hélas il existe encore des profs autoritaires qui traitent leurs élèves de « nuls » et les rabaissent en permanence. Je n’en connais pas la raison, peut-être par lassitude, frustration ou quête de l’excellence à tout prix. Suite à de telles remarques, il est difficile pour l’élève de reprendre confiance en lui et d’être motivé.
    Se remettre en situation d’apprentissage est en effet indispensable pour mieux aider nos élèves et comprendre leurs difficultés. C’est parfois difficile, mais il est important d’essayer de prendre du recul et de savoir nous remettre en question pour donner le meilleur de nous-mêmes.

  6. Bonjour Damien,
    J’ai beaucoup apprécié ta chronique sue la bienveillance.
    J’ai apprécié le commentaire d’Alexandra.
    Mot d’ordre des inspecteurs:  » Bienveillance » je n’aime pas trop. Je pense aux statistiques. Quel taux de réussite, cette année au bac? Je suis contre les examens de fin d’année et les concours.
    Contrôle continu toute l’année.
    Est-ce que l’élève a acquis les compétences suffisantes et nécessaires pour être autonome dans sa vie d’adulte et de citoyen?
    Ce futur » adulte » aura-t-il assez d’imagination pour INVENTER des solutions aux problèmes majeurs que nous rencontrons.
    Quand je réfléchis au système actuel de l’éducation nationale, je revois ce dessin de Chaval où on voit la tête d’un « élève » coiffé d’un entonnoir. Le prof verse du savoir dans l’entonnoir qui ressort par la bouche.
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    La bienveillance, oui pourquoi pas. Je préfère l’empathie…

    Bonne journée à toutes et à tous.

    jacques san.

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