etre_ou_ne_pas_etre

Ça y est, c’est le printemps. Et avec les jolies pâquerettes, les tablettes ont fleuri dans notre établissement. Pour l’instant, elles sont encore dans l’armoire aux étagères en mdf (non pas mdr) fermée à clef, dans un local fermé à clef et dans une salle d’ordis aux horaires d’ouverture variables.

Alors la question se pose, c’est le début de l’enseignement mobile ou du prof démobilisé ? Et les collègues de me demander: « Toi aussi on t’a donné des tablettes ? Mais t’en fais quoi ? »

Les moins :

Faut les porter du rez-de-chaussée au 4e étage… j’utilise pour ce faire le cabas à courses de la concierge, c’est ça l’enseignement mobile, l’éducation on the go. Les élèves me lancent des pierres.

Faut les charger les tablettes HP, one by one, chargeur by chargeur… J’ai pas assez de prises.

Ah mince, une mini vis qui lâche, c’était pas prévu.

Bon ça se connecte pas au domaine… Bon ben sortez du papier.

Pas de formation miracle. Il n’y a que des petits pas, des petites victoires, des tâtonnements, des essais, des ré-essais, des sauts périlleux sans filet. Pas non plus d’application magique qui transformerait le prof en sorcier vaudou de la tablette.

Les plus :

HeartsDe sa table, de sa chaise, sans bouger pour commencer, l’élève crée en utilisant les apps qui sont dans la liste. Qui de l’audio, de la vidéo ou du magazine.

Je partage avec mon voisin, toi tu écris, moi je tape. Ca veut dire qu’on rend toujours un papier mais qu’on publie en ligne.

Je publie sur padlet, j’interagis en direct sur peardeck et je vois ce que mon correspondant sait sur edmodo. Il y aussi des groupes de professeurs de toutes nationalités qui partagent beaucoup de leurs trouvailles.

Je peux publier sur edmodo, un site pour les échanges entre classes, je peux parler en utilisant skype ou l’app hello sous firefox.

L’une des principales peurs des enseignants c’est que le moment d’apprentissage se transforme en moment de likeage. Que le réseau ne serve qu’à la vanité.

La tablette, pour les élèves ce n’est pas leurs Smartphones, ils font la différence.

Ils publient du travail, sont sérieux, contribuent, collaborent.

Ça change tout. La place du prof, le disant, et de l’apprenant, l’élève. Il sait des choses, mais moi aussi.

Il a sur sa table accès à des zillions de données mais il faut lui apprendre à trier.  Il se peut qu’il ne vous écoute plus, mais maintenant plutôt que de rêver, il est en train de faire quelque chose…

On travaille en groupes, on change les tables de place. On met Arthur avec Noémie car on sait qu’ils vont bien travailler ensemble. On utilise Teamup pour faire et gérer les groupes.

Voici une vidéo de ce que ça donne dans la classe en seconde :

Il faut dire aussi que le nombre de photocopies se réduit. Inutile d’imprimer ces sites que les élèves consultent et sur lesquels ils prennent des notes. Bien sûr on peut leur donner des livres, mais dix liens copiés/collés dans l’ENT ça prend beaucoup moins de place.

Mais c’est quoi qui marche avec les tablettes ?

Il y a un MOOC en ce moment sur les tablettes qui permet de voir les autres pratiques en Europe : http://www.europeanschoolnetacademy.eu/web/guest/home .

On sent l’enthousiasme et l’investissement d’autres écoles qui n’ont pas toujours de moyens mais envie de rencontrer les autres.

On a dû faire un journal d’apprentissage qui peut être une source d’inspiration pour nos propres cours.

http://padlet.com/silverteacher/mylearningdiary

Mais si, il a des capes de super héros secrètes : par exemple nearpod qui permet de prendre le contrôle des tablettes et de faire sa présentation. Les élèves peuvent dessiner, répondre à des questions et tout ça en temps réel. C’est powerpoint aux hormones.

Socrative pour un brainstorming et un contrôle rapide en début d’heure (site relooké).

Une classe virtuelle est créée, on donne le numéro à l’élève qui n’a plus qu’à s’identifier.

Et là la magie de la technologie, c’est qu’on donne un contrôle que l’élève pourra faire à son rythme. 

L’app gratuite Flubaroo fait ça aussi dans Google Forms.

On pourra ensuite récupérer les données, une partie peut être corrigée automatiquement ou évaluée par vous.

Pourquoi pas faire des bons points QR codes : mais que cache ce joli dessin : une vidéo récompense, la chanson favorite de l’élève.

 

Faire faire une vidéo à l’élève, lui attribuer une chaîne sur Aurasma et quand on point sa tablette sur le dessin qu’il a fait, il s’anime.

On peut faire la même chose sur un livre : on enregistre un texte ou une image, on pointe sa tablette et Socrate se met à parler : le site du prof de philo à Bruxelles.

Du coup, j’ai embarqué les élèves dans la création d’un livre de classe personnalisé qui regroupe leurs apprentissages de l’année. Il sera imprimé mais animé.

On n’est pas obligé de rester dans la classe; on peut s’échapper et faire une chasse aux trésors avec des QR codes, les emmener dans une découverte de la ville avec leurs tablettes et l’application actionbound pour utiliser la géolocalisation.

Les Googles documents (non seulement les fichiers sauvegardés mais les présentations, les documents et les feuilles de calcul) par exemple si enregistrés dans le Drive sont accessibles sans connexion internet.

Il faut beaucoup d’empirisme, suivre le progrès des élèves, prendre des notes pour ne pas refaire les mêmes erreurs, leur faire confiance et se faire confiance.

De façon étonnante, cet outil qu’on pensait virtuel, individuel et superficiel fait pratiquement progresser les élèves en organisation, en indépendance et en réflexion. On crée du lien social et dans une certaine mesure on peut réduire les inégalités.
Collaboration

(en mode collaboration, feuille, trousse, cahier à portée de mains, les élèves partagent et c’est projeté au tableau)

Voici ce que donnent leur collaboration de 10 minutes, document téléchargé au format excel.
Collaboration

Ah mais oui il y a des fautes (beurk pas beau) mais c’est un brouillon, c’est permis.

Bien plus encore qu’avant et sans qu’on l’ait vraiment prévu, les élèves lisent, évaluent, critiquent, revoient et écrivent. Pour vous, les efforts avant (préparation des supports) transport, débranchage, distribuage, ramassage, vérifiage de niveau de batterie ne sont pas négligeables. C’est pas du sport virtuel, je vous le garantis.

En classe en mode rédaction.

Même si souvent on voit de furieuses querelles naître entre les pro et les anti-tablettes à l’école, il faut avouer qu’un stylo et une feuille seuls n’ont pas ces pouvoirs d’échange et de partage.

Comme nous, les élèves ont besoin de lecteurs qui ne soient pas que leurs professeurs, mais aussi leurs amis, camarades et cercles de connaissances.

Dans l’enseignement avec les tablettes, on constate une forme de lâcher prise assez salvatrice: on n’a pas le contrôle de toutes les tablettes mais ce n’est pas grave (en mode contrôle en littérature sur Socrative).

Vous faites confiance aux élèves qui vous le rendent bien.

Et si vraiment les tablettes et vous ça ne passe pas, essayez Plickers, le smartphone en carton. Vous récupérez les réponses des élèves d’un seul geste avec l’application connectée sur votre smartphone. Ah oui. Il faut quand même un smartphone.

Il n’y a pas une façon de faire mais celle qu’on a trouvée et qui marche avec ses élèves qui fait qu’encore une fois, il y a des sourires sur les visages à la fin du cours et sur le vôtre aussi.

Une chronique d’Amélie Silvert

9 réponses

  1. « Ça change tout. La place du prof, le disant, et de l’apprenant, l’élève. Il sait des choses, mais moi aussi. » vous avez eu besoin d’une tablette pour découvrir cela?
    je trouve que les articles sur « Le petit journal des profs » sont de plus en plus insultants pour les enseignants, notamment les soi disant « vieux profs », qu’ils vont de plus en plus dans le sens d’une « pensée unique » de type totalitaire : « numérique, tablette ou la mort » et surtout qu’ils sont de plus en plus inutiles. En rentrant d’une dure journée de travail j’avais pris l’habitude de vous lire, pour me détendre, sourire et me remotiver. Mais comme c’est agréable de se faire insulter!!! N’étant pas maso, je suis en train de reconsidérer l’utilité de cette lecture que j’avais pris l’habitude de diffuser auprès de mes collègues. Qui est derrière le « Petit journal des profs »? Quel est votre but? Ce journal est arrivé « par magie » dans ma messagerie sans que je sache comment il avait fait pour y atterrir. Impossible de me rappeler ce que j’ai pu faire ou pas pour le recevoir. Sympa au début et maintenant…ça ressemble à la démarche d’une secte en fait. Je me laisse encore un mois pour y réfléchir à savoir si je continu à vous lire ou pas.

  2. Bonjour Amélie,

    Quel enthousiasme !
    Vivement que notre établissement soit livré !
    Le titre shakespearien et la structure de la chronique appellent une prise de position.
    Comme vous, je suis pour les tablettes. Pas seulement, pas toujours. Mais pour faire « autrement », de temps en temps, ces appareils sont des outils formidables. En anglais mais en Science aussi.
    Vos tablettes tournent-elles sous Windows ou sous Androïd ?
    Lisent-elles le flash si je veux envoyer mes élèves là ?
    http://physiquecollege.free.fr/

    Merci.

    1. Peut-on les programmer? Fidèle utilisatrice de PC, en classe depuis 20 ans et chez moi depuis 30, je vois une grosse différence entre tablette et PC. Comme entre consommateurs et utilisateurs. A quand le code à l’école?

    2. Bonjour Christine, on n’a pas d’accès admin mais on peut demander à installer des apps quand on en a besoin. On a aussi une salle info de 24 postes mais le travail n’est pas le même. Le fait de pouvoir accéder, sans alimentation, de sa table, en groupe ou seul à des outils, est un plus. Je pense que la tablette est un complément, une aide, une ressource qui s’ajoute aux autres. Ce n’est ni un jeu, ni une baguette magique, ni un objet transitionnel avec lequel on hypnotise les élèves. Ce que je soulignais, c’est effectivement la différence générationnelle dans l’appréhension et dans l’utilisation de ces outils qui effraie parfois les collègues. Les élèves ne sont pas tous des pros de la tablette et ce n’est pas le but. Plutôt que de laisser les tablettes dans une armoire, je préfère les voir sur les tables, ce qui nécessite beaucoup de travail en amont et une souplesse pendant le cours. Faire du code à l’école, c’est une excellente idée par ailleurs.

  3. Bravo pour cet article!
    J’ai moi même expérimenté l’usage de tablettes dans un collège de suisse romande et suis tout à fait d’accord avec vous.
    Pour les non anglophones, connaissez-vous des siens d’échange de pratiques similaire à vos liens en français?

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