Lettre à Ménécée, Explication

Lettre-Epicure-a-MeneceeEPICURE

LETTRE A MENECEE

INTRO :

Epicure appartient au matérialisme antique hérité de Démocrite : c’est le premier penseur qui affirme que dans la nature, il n’existe que des atomes et du vide. La connaissance de la nature (phusis) consiste a comprendre que de la matière au vivant il y a une continuité. Tous les corps sont formés d’atomes, selon une agrégation plus ou moins subtile.

La physique est la condition d’une éthique. Il n’y a pas de morale au sens de règles, de lois, de commandements à appliquer. L’éthique est une réflexion sur les conditions de possibilités de nos actions morales. Quel est le fondement de nos actions, de l’éthique, au sens d’une pratique ? Qu’est-ce qui donne un sens à notre vie ? Telle est la question à laquelle Epicure répond dans la lettre a Ménécée. Quelles sont les conditions pour atteindre le bonheur, bien vivre ,être heureux ? La réponse d’Épicure se trouve dans la connaissance, la condition suprême pour atteindre le bonheur est la science de la nature. Seul le savant(sage) peut être heureux ; il existe 2 autres conditions immédiates pour atteindre le bonheur :

– l’absence de crainte ? des dieux ? de la mort

– la discrimination des désirs

Paragraphe 1 : Y a-t-il un âge pour philosopher ?

Quelles sont les conditions pour être heureux ? Épicure répond en définissant l’exercice que constitue la philosophie. Cette exercice ne doit pas dépendre du nombre des années ni être réservé a l’adolescent comme l’affirmait Calliclès à Socrate dans le livre de Platon Gorgias. On trouve au contraire chez Platon la philosophie est réservé a l’homme mûr. Par exemple il fait graver au fronton que nul n’entre ici s’il n’est « géomètre ». la condition pour philosopher est d’avoir un cursus dans les sciences, c’est le couronnement d’une lente propédeutique. (les mathématiques la connaissance de la nature).

Le but d’Épicure est différent de celui de Platon qui visait l’administration de la cité. Pour Platon la connaissance du vrai est la condition du bien de la cité juste qui doit être administré par le philosophe (exemple l’allégorie de la caverne) . Pour Épicure le but de la connaissance philosophique est le souverain Bien.

Paragraphe 2 : Ne pas craindre les dieux : 1ère condition immédiate au bonheur

Il y a pour Epicure des corps lourds et des corps plus légers formés d’atomes. Les dieux sont des êtres matériels qui ne sont pas différents des corps vivants. L’Homme vit dans un état de crainte, il s’agit d’une fausse idée des dieux. Pour Épicure c’est la superstition

Qui est la cause de nombreux maux en particulier des troubles de l’âme . Cette superstition relève d’une méconnaissance de la nature. Épicure met en évidence que toute croyance aggrave le malheur humain (rend l’homme craintif).

Il y a des idées fausses sur les dieux. Ce qu’il faut savoir c’est qu’ils ne s’intéressent pas aux hommes, ils sont comme les hommes mais ont leur propres affaires. Les hommes acquièrent l’image de Dieu car ces images viennent toucher les hommes dans leurs sommeil ;ces images sont matérielles ce sont des simulacres. Les dieux sont formés d’atomes mais l’agrégation est tellement subtile que l’on ne voit pas leurs corps . Ils n’ont pas de raison d’être. Leur volonté est due au seul hasard, il n’y a pas d’idée de filiation , ils sont détachés des affaires humaines.

  • Image des dieux : Les dieux ne sont pas des idées, se sont des choses.

Paragraphe 3 : Ne pas craindre la mort (2nd condition immédiate du bonheur)

Qu’est-ce qui est redoutable dans l’idée de la mort ? C’est l’absence de sensation, toutes ces pensées reposent sur cette illusion au sujet de la vie après la mort :

L’illusion de sentir ce qui est contraire au plaisir, nous craignons la mort parce que nous craignons que le corps souffre, ce qui est impossible par la nature de notre corps qui se désagrège et même de notre âme. Notre âme est faite de matière, elle est une agrégation d’atomes, la mort est cette désagrégation.

Nous craignons la mort par crainte d’être privé des plaisirs de la vie.

Bonheur quantitatif et non qualitatif.

Une fois mort on doit savoir qu’on ne sent plus rien.

Mourir signifie vivre sans crainte. Montaigne disait : « Que philosopher c’est apprendre à mourir. » . La philosophie est un exercice pour bien vivre et apprendre que la mort n’est rien pour nous .

Cette connaissance vient de la physique, c’est la connaissance de la nature corporelle, matérielle composée d’atomes qui se dispersent en tous sens lorsqu’ils ne sont plus retenus par le corps. L’âme ne s’échappe pas, elle se désagrège.

Paragraphe 4 : la discrimination des désirs.

Pour Épicure, le but de la vie c’est le plaisir. Le bonheur a pour signification la satisfaction non pas de tous les désirs mais de ceux dont la réalisation nous assure la plénitude du contentement. Il suffit pour les reconnaître de vivre en accord avec la nature. Parmi les désirs, on trouve des désirs naturels et nécessaires, naturels et vains. Parmi les désirs nécessaires et naturels, il en est pour le bonheur, pour le bien être et pour la vie elle-même. Parmi les désirs vains, on distingue les désirs vides et les désirs sans objets. La discrimination consiste à s’interroger par soi-même en se demandant « qu ‘est ce que nous apporterait la satisfaction de tel ou tel désir ?» Le critère pour les satisfaire est la nature, qui nous indique par le plaisir ou la douleur ceux dont il faut s’écarter et ceux dont la satisfaction nous rend heureux.

Paragraphe 5 : Le plaisir, principe et but de la vie heureuse.

La connaissance de nos désirs permet de choisir, de refuser ce qui est contraire à notre nature. Le but reste la vie heureuse à laquelle on peut accéder par l’absence de douleur du corps et de trouble de l’âme. Ce qui nous trouble, ce qui nous fait souffrir n’est pas tant le manque que le désordre dans nos sensations. Il faut donc s’affranchir de tous désirs contradictoires, de toutes représentations pénibles pour notre nature. Le plaisir obtenu s’appelle ataraxie. C’est un plaisir procuré par la négation, c’est-à-dire l’absence d’inquiétude, de crainte. C’est dans l’absence, la privation que le plaisir s’accomplit. C’est un plaisir en repos, par exemple, pour le corps, c’est l’absence de douleur, de soif qui s’oppose à un plaisir en mouvement, celui de boire. Pour l’âme, c’est l’ataraxie (absence de troubles) qui s’oppose au plaisir en mouvement, celui de la gaieté et de la joie.

Paragraphe 6 : En repos, en mouvement.

Le plaisir en repos du corps ou de l’âme est un plaisir insurpassable qui rend les autres désirs superflus. La nature satisfaite ne réclame rien de plus que la modestie de la satisfaction de sa faim, de sa soif ; il s’agit d’un processus : le désir est calmé lorsque la satisfaction arrive à son terme. Il faut donc savoir ce qui nous satisfait ; c’est une sensation qui conduit à la possibilité d’une telle satisfaction et jamais une idée ni un bien matériel superflu. Par cette réflexion, l’homme se connaît lui-même, la philosophie s’accompagne nécessairement du bonheur (cf. paragraphe 1)

Paragraphe 7 : Contre les débordements !

Le rapport de l’âme et du corps se résout en comprenant la finalité de notre nature : pour le corps, c’est l’absence de douleur, un état d’équilibre de l’organisme. Ce n’est pas un plaisir sensible, luxueux et vain. Pour l’âme, l’absence de troubles s’accompagne de l’absence d’inquiétude en ce qui concerne le passé, le présent et l’avenir. Le rôle de la philosophie est d’harmoniser les plaisirs du ventre et de l’esprit.

L’image de l’Épicurien jouisseur viendra du poète latin Horace (« carpe diem ») : c’est une déformation de la pensée d’Épicure.

Paragraphes 8 & 9 : La prudence

La prudence (phronesis) est la sagesse. On dit que c’est une vertu qui s’exerce par le raisonnement comme chez Aristote elle unifie toutes les qualités morales. Chez Épicure elle prend pour norme le plaisir. Cela signifie que les vertus n’ont de valeurs que par le plaisir qu’elles procurent. Elles ne sont pas à rechercher pour elles mêmes. Les vertus sont des moyens nécessaires pour être heureux ; elles n’obligent pas à se priver de certains plaisirs. Elles sont utiles car elles permettent d’atteindre le bonheur. Epicure distingue trois vertus :

– La prudence, comme conseil pour la vie. Comme possibilité de choisir, de réfléchir.

– L’honnêteté, qui consiste à vivre sans honte et selon un modèle de valeurs.

– La justice ; il s’agit de respecter les lois mises en place par les hommes.

Vivre avec prudence, honnêteté et justice, cela revient à vivre heureux.

La quatrième condition tu bonheur est la capacité à supporter la douleur.

Le plaisir a des limites : soit une douleur intense mais brève, soit une douleur faible, mais durable. Les douleurs sont d’autant plus intenses qu’elles ne durent pas, car elles conduisent à la mort où elles diminuent, comme si l’on devenait insensibles [à la douleur]. La douleur se définie comme un mouvement des atomes de l’âme. Lorsque ces mouvements ne peuvent plus se produire, la douleur cesse et BOUM ! on meurt. On comprend pourquoi le vieillard, par une mémoire éduquée, supporte les douleurs du corps, par le souvenir des douleurs passées.

Paragraphe 10 : Savoir et Bonheur : La liberté.

Pour Épicure, il y a une distinction entre la nécessité et le destin. Admettre une nécessité ne veut pas dire que tout arrive nécessairement selon une seule et même cause. Epicure nie que le monde se soit formé de manière nécessaire. La nécessité n’est pas universelle : elle est limitée ; car si on ne laisse pas place à la liberté, le bonheur est impossible. Il faut donc introduire le hasard au sein de l’universelle nécessité. Tout s’explique par le mouvement des atomes, qui comprend trois causes :

– La nécessité externe produit les chocs.

– La nécessité intérieure, la pesanteur.

– Le mouvement déviant la liberté.

Épicure admet un mouvement de déviation pour expliquer d’où provient en nous le pouvoir de la volonté. Le hasard se manifeste d’abord comme un phénomène de la nature. C’est l’instabilité et le désordre que l’on retrouvera dans nos actions. Nous devons au hasard la matière même à partir de laquelle est composée notre vie. Le sage est celui qui tire le meilleur parti de toute cette fortune. Celui qui sait se satisfaire de ce qui lui arrive, et du peu de chose qu’il possède. Certaines choses sont produites par la nécessité, d’autres par le hasard, et enfin d’autres par nous même. Selon Épicure, le reflet du désordre dans la nature est le conflit social entre des libertés.

Paragraphe 11 : Le sage

Le sage est celui qui n’est pas en proie à la douleur, ni aux troubles de l’âme. Il jouit comme les dieux d’une paix absolue. A l’état de veille comme en songe, il vit dans des biens immortels. Délivrés de la crainte des dieux, de la crainte de la mort, de tous les troubles, grâce à la connaissance de la nature… Il connaît le bonheur. Quant aux dieux, ils sont des parties de la nature. Ils ne s’unissent pas aux hommes. La volupté des dieux consiste à connaître les choses telles qu’elles s’accomplissent. La notion de béatitude est négative puisque c’est l’absence de trouble, l’absence de désordre. Cette contemplation est cependant la possession de la vérité commune aux mortels, aux immortels, grâce à la pensée de l’Homme. Seule diffère la durée, mais elle n’ajoute rien au bonheur. Comme le dira Épicure dans une maxime : « Le temps infini contient la même somme de plaisirs que le temps finit, si seulement on en mesure les bornes par la raison. ».

 

Attention, ceci n’est pas un cours ni un corrigé mais des notes d’élèves à partir d’une lecture en classe du texte.

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