L'art numérique existe-t-il ?

Aujourd’hui, nous nous posons la question de savoir quelle place occupe l’arrivée du numérique dans l’art. Serait-ce un médium ou une manière de représenter le monde ? Nous avons tenté de trouver ce que cet art a à nous dire sur le monde et sur les technologies en général.

Rust Mirror by Daniel Rozin
Rust Mirror by Danny Rozin

Mais tout d’abord, qu’entend-on par « art numérique » ?

L’idée est d’échapper au malentendu « de l’art et de la technique ». La présence du numérique dans l’art est dorénavant présent dans tous les étages : que ce soit dans la production, les innovations d’expositions, dans la diffusion et la mémorisation des oeuvres. De nos jours, il existe une telle ambiguïté entre l’art numérique et l’art contemporain, que nous sommes en mesure de nous demander si nous ne sommes pas entrain d’assister à la fusion avec l’art contemporain ou à sa numérisation.

Y a t-il des raisons d’opposer art contemporain et art numérique ?

Oui et non.

Car à l’apparition de ces nouveaux moyens technologiques, certains professionnels de l’art devaient s’y adapter sous peine de voir leur travail mourir. Nous parlons là des professionnels de la radio, des photographes etc.

Nous devons reconnaitre que les artistes ont toujours été les usagés pionniers des technologies, qui les sont mises l’épreuve, souvent détournées et ne les ont pas forcement utilisées dans leur fonctionnalité première. Dans ce cadre là, nous pouvons en retirer une définition de l’artiste numérique :

Un artiste numérique est celui qui a utilisé en premier le numérique et les nouvelles technologies.

C’est pour cette raison que les adeptes de l’art contemporain voyaient d’un mauvais oeil ces nouveaux artistes qui, selon eux, faisaient clan à part en substituant l’art par la technologie.

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Le Weave Mirror de Danny Rozin est un exemple d’art numérique.

 Weave Mirror by Danny Rozin
Weave Mirror by Danny Rozin (2009)
Détails du Weave Mirror
Détails du Weave Mirror by Danny Rozin (2009)

Ce tableau rectangulaire est composé de tuiles de matériaux non-réfléchissant mais qui ont été traités avec une conception technologique élaborée, qui donne l’impression d’une taule rouillée réfléchissante. Cela créé l’effet miroitant alors que ça ne l’est en aucun cas.

L’art contemporain considère ce travail comme étant une oeuvre pauvre, du fait que le concept et l’oeuvre ne sont pas perceptibles mais seul l’effet de la technologie est mis en avant.

Ce dernier accepte le numérique uniquement de façon structurale, à la l’image du travail de Sol Lewitt et de ses grilles imitant l’effet tridimensionnel, à une époque où les ordinateurs commençaient eux aussi à intégrer et à gérer la 3D (1970).

Wall Drawing by Sol Lewitt
Wall Drawing by Sol Lewitt

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De quel ordre est cette problématisation de l’art et du numérique, si celui n’est pas considéré comme un médium ? 

Ce qui a principalement changé, c’est la notion de l’art. Il y a une évolution dans le paradigme artistique, contrairement à ceux qui pensaient qu’une opposition art numérique vs art contemporain perdurait.

Les principaux changements résident, entre autres, dans les anciennes catégories artistiques qui sont affectées depuis la première avant-garde.

Tout est calcul. Le calcul représente tout 

Nous nous apercevons qu’il y a un retour à la matière et à l’échelle, à cause de ce calcul qui veut que suite à l’expansion du numérique, on constate que les artistes n’oublient pas, et reviennent, au concret, au matériel, au toucher. En effet, le numérique les pousse à se questionner, sur la définition d’une oeuvre aujourd’hui.

Cependant, le numérique aide à regarder différemment les oeuvres du passé. Comme le Google Art Project qui permet de visiter virtuellement et de façon très détaillée des musées du monde entier.


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Si l’art numérique et l’art contemporain ne sont plus différent, y’a t il une distinction que certaines oeuvres « numériques » portent un discours sur le ce dernier ? Souvent les oeuvres qui utilisent les dernières technologies contiennent des contenus politiques autour du numérique, en donnant une figuration à cette question avec puissance et drôlerie. Ce sont surtout les pays d’Europe de l’Est qui utilisent ces pratiques. Leur environnement politique n’est souvent pas démocratique et la libre parole n’est pas tolérée, c’est la raison pour laquelle Internet permet de créer, de s’exprimer et de véhiculer des messages politiques en voulant cependant s’affranchir de la traçabilité, du contrôle et de la censure.

Qui dit art, dit émerverillement

Une des fonctions de l’art est de créer l’émerveillement devant la beauté d’une oeuvre. Le numérique n’a pas effacé cette notion. Comme l’atteste l’expérience de Jan Robert Leegte avec le site bluemonochrome.com, où ça commence comme un bleu d’Yves Klein mais qui fini tout autrement.

Monochrome bleu, Pigment pur et résine synthétique sur toile marouflée sur bois (1960)
Monochrome bleu by Yves Kein
Pigment pur et résine synthétique sur toile marouflée sur bois (1960)

La modernité c’est de se répéter, mais autrement. Encréant une nouvelle production originale.


SOURCES

http://credit-n.ru/zaymyi-next.html

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