Jeux video et épistémologie de l’histoire

Sous ce titre qui pourrait surprendre pas mal de praticiens de la discipline, se cache un blog particulièrement intéressant. Plutôt que de paraphraser les propos de son auteur, voici comment il en définit l’objet : « il est probable que l’appréhension et les représentations du passé historique se réalisent aujourd’hui majoritairement à travers les environnements ludiques de l’univers des jeux vidéos et de l’industrie culturelle de divertissement liée au numérique. »

En bref, en quoi les jeux video induisent-ils une certaine forme particulière d’appréhension du passé ? Là où les billets dépassent la déjà fatigante question des représentations-des-vilains-yankees-dans-leurs-jeux-impérialistes, c’est dans la dimension positive de l’approche : les jeux video induisent un rapport original de la rencontre d’un individu (ou d’une communauté) avec le passé, par le biais de la ludification. Et on aurait tort de s’en passer…

Le blog est savant et érudit, ce qui est une vraie qualité dans ce champ d’étude : les billets sont denses, très référencés (notamment vers les game studies nord-américaines) et très stimulants à lire. Globalement, c’est typiquement ce qui manque à la réflexion pédago-ludique française.

On notera notamment un point de vue critique envers les serious games (pur produit marketing selon l’auteur) et une réévaluation du serious gaming (le détournement pédagogique de jeux video du commerce). L’auteur évoque plusieurs fois Crusader Kings, à côté duquel nous étions passés, pour le Moyen Age. Au passage, il cite aussi les liens entre jeux et histoire contrefactuelle (l’uchronie dans le domaine de la SF) : on appelait ça les effets de la simulation divergente dans le réseau Ludus.

On devine que l’auteur est universitaire. S’il veut se présenter dans notre blog, il est le bienvenu !

Laisser un commentaire