pour les terminales et les secondes :Vieillissement de la population

Vieillir… mais dans quel état ?

Le monde

L‘espérance de vie progresse à l’échelle de la planète, et nous devrions être de plus en plus nombreux à vieillir en bonne santé. En 1950, l’espérance de vie à la naissance dans le monde était de 45,1 ans. En 2010, elle devrait atteindre 67,3 ans et s’élever à 75,7 ans en 2050, selon les chiffres de l’Institut national d’études démographiques (INED). Un bond en avant lié aux effets combinés du développement économique, de l’amélioration quantitative et qualitative de la nourriture et des politiques de santé et d’hygiène publique.

Ces chiffres recouvrent des inégalités importantes, mais leur amplitude tend à se réduire. Ainsi, l’écart entre l’Amérique du Nord et l’Afrique était de 30,7 ans en 1950. Il est actuellement de 25,9 ans et devrait passer à 16,8 ans en 2050.

Si certains pays voient l’espérance de vie de leur population progresser, d’autres connaissent une tendance inverse. Dans les pays « en transition », l’importante croissance économique de ces dernières années s’accompagne d’avancées sur le plan sanitaire. C’est notamment le cas de la Chine et de l’Inde, dont les espérances moyennes de vie ont gagné cinq ans entre 1990 et 2006, comme le rappelle l’Atlas mondial de la santé, de Zoé Vaillant et Gérard Salem.

A l’inverse, les Etats particulièrement touchés par le sida ou les conflits régressent : sur la même période, l’Afrique du Sud perd onze ans d’espérance de vie moyenne, le Swaziland dix-huit ans et le Lesotho dix-neuf ans.

L’espérance de vie s’est accrue grâce à la diminution de la mortalité infantile combinée à l’augmentation de la proportion des plus de 65 ans dans la population. De 470 millions de plus de 65 ans dans le monde actuellement, nous devrions passer à 820 millions en 2025. L’Europe se taille la part du lion. En dehors du Japon, elle occupe les quinze premiers rangs de la longévité. De 21 % en 2005, la part des 60 ans et plus en Europe passera à 32 % en 2050.

Pour autant, vivre plus longtemps n’est pas nécessairement synonyme de bien vieillir. Une étude de l’Unité de surveillance de l’espérance de santé en Europe, publiée le 17 novembre sur le site de l’hebdomadaire britannique The Lancet, (Le Monde du 19 novembre), montre que dans l’Union européenne les hommes vivent en moyenne sans ennui de santé jusqu’à 67 ans et les femmes jusqu’à 69 ans.

L’enquête révèle cependant de grandes inégalités entre Etats membres de l’Union européenne. Les résultats apparaissent corrélés avec le produit intérieur brut (PIB) et le niveau moyen des dépenses de santé sans surprise : à un PIB et à des dépenses de santé élevés correspond une meilleure santé après 50 ans. Chez les hommes, les longues périodes de chômage (supérieures à un an) et un niveau d’éducation plus faible sont associés à une moins bonne santé.

Cette augmentation de la longévité n’est pas sans poser des problèmes. Elle a pour corollaire l’augmentation de l’incidence des maladies dégénératives, source de perte d’autonomie et de dépendance, et participe à l’accroissement du nombre des cancers. De plus, le phénomène contribue à rouvrir le débat sur l’âge du départ en retraite et le financement du système.

Outre celui de trouver des réponses financières pérennes, l’un des défis posé est donc aussi d’améliorer la santé et la qualité de vie à un âge élevé. Le premier objectif est de diminuer plusieurs facteurs de risque tels que le tabagisme, le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle… De ce point de vue, la prévention de même que l’amélioration du dépistage de plus en plus précoce de nombreuses pathologies joueront un rôle crucial dans le mieux vieillir.

Au premier rang des mesures préventives figurent les règles hygiéno-diététiques. Le tabac, une alimentation trop grasse, trop salée et trop sucrée, trop pauvre en fruits et légumes, l’insuffisance d’exercice physique représentent des facteurs sur lesquels il est possible d’agir tant individuellement que collectivement.

En dehors de ces mesures, éventuellement complétées avec discernement par des traitements médicamenteux, beaucoup d’espoirs sont fondés sur des recherches en cours. C’est le cas de celles visant à mettre au point un vaccin thérapeutique contre la maladie d’Alzheimer. Cette démence dégénérative touche plus de 24 millions de personnes dans le monde, un nombre qui double tous les vingt ans. En 2040, elle devrait affecter 80 millions d’individus. La France pourrait compter 1,2 million de personnes atteintes en 2020 et 2,1 millions en 2040.

La maladie est principalement due à l’accumulation d’une protéine que l’organisme n’arrive plus à éliminer. Les recherches visent à apprendre au système immunitaire des personnes chez qui la maladie débute à détruire cette protéine. Les premières tentatives chez l’homme en 2001 avaient été interrompues en raison d’effets secondaires liés à une stimulation trop forte de l’immunité. Les essais ont redémarré cette année avec une nouvelle préparation vaccinale. Les chercheurs espèrent pouvoir disposer d’un premier vaccin efficace vers 2013.

D’autres avancées thérapeutiques se mettent en place ou se profilent à l’horizon d’une dizaine d’années. Traitements personnalisés contre les cancers, régénération du muscle cardiaque grâce aux cellules souches, protéines lubrifiantes pour réparer les articulations usées, sans oublier les technologies permettant de réduire la dépendance par une aide à la mobilité, les progrès s’annoncent nombreux. Reste à résoudre l’épineuse question de leur financement et de l’accès à ces innovations en dehors des pays les plus riches.


« Atlas mondial de la santé », de Zoé Vaillant et Gérard Salem, éditions Autrement, 80 p., 15 €.

Paul Benkimoun

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

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