génial article de A Parienty à propos du protectionnisme

 

Et maintenant le protectionnisme ?

Le monde connaît une crise économique très sérieuse. Cependant, jusqu’ici, les parallèles avec la Grande Crise de 29 ont eu pour principale fonction de bien marquer la différence entre la situation d’alors et les difficultés actuelles, histoire sans doute de se rassurer. Pour l’instant, malgré la chute vertigineuse du commerce mondial prévue en 2009, la tentation protectionniste, qui avait joué un si grand rôle dans l’approfondissement de la crise des années trente, a été contenue. Mais les choses peuvent basculer rapidement et nous rapprocher nettement des années noires de l’avant-guerre.
Le protectionnisme consiste à favoriser les producteurs opérant sur le territoire national par rapport aux autres, soit en limitant l’entrée de produits étrangers sur le territoire national par des quotas ou des normes difficiles à atteindre, soit en améliorant artificiellement la compétitivité des produits locaux par des droits de douane sur les biens importés ou des subventions accordées aux producteurs locaux. Selon la Banque mondiale, 2008 a été une année de remontée du protectionnisme ; et les choses pourraient s’aggraver rapidement.
Les plans de relance de l’activité élaborés récemment sont souvent à la limite du protectionnisme. L’aide à l’automobile en fournit un bon exemple. L’aide apportée par le budget de l’Etat aux constructeurs automobiles français (ou allemands ou américains) est une subvention qui les avantage face aux autres fabricants en réduisant leurs coûts. Bien qu’il soit justifié d’empêcher des destructions massives d’emplois dans ce secteur si c’est possible, il faut veiller à ce qu’un pays ne cherche pas à exporter son chômage par une croissance artificielle de ses parts de marché. En l’absence de coordination, les subventions à l’industrie automobile devraient atteindre cette année la somme faramineuse de 48 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Au surplus, l’essentiel de ces subventions concerne les pays riches et est souvent accompagné de clauses protectionnistes (maintien de l’emploi en France, par exemple, ce qui est une invitation explicite à supprimer des emplois ailleurs, compte tenu des surcapacités massives dans le secteur. Les pays de l’Est européen ne s’y sont pas trompés, qui ont violemment protesté contre le plan Sarkozy). L’effet de ces aides devrait donc être essentiellement de repousser les assauts des constructeurs implantés dans les pays en développement, aux frais du contribuable européen ou américain.
Pour l’instant, la Banque mondiale dénombre 47 mesures protectionnistes nouvelles au cours des derniers mois, ainsi qu’une remontée des actions anti-dumping. L’impact de ces mesures ne devrait pas être trop important, sauf si elles déclenchent un cycle de représailles. Mais il suffirait de peu de choses pour modifier la tendance. Lors du G20 de cette semaine, l’administration américaine devrait mettre l’accent sur la nécessité d’une politique budgétaire plus active en Europe et au Japon, les Etats-Unis ne pouvant plus tirer seuls la croissance mondiale. Il est probable que, sous l’impulsion de l’Allemagne, ils se verront opposer une fin de non recevoir. L’inénarrable Angela Merkel (qui ressemble beaucoup à Lady Thatcher, non pas dans son idéologie, mais dans sa mentalité d’épicière, dans son style I want my money back) ne semble en effet pas prête à des concessions sur ce point.

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

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