Dans quelle mesure peut on dire que la croissance est nécessaire au développement?

voir le sujet sur le manuel et y ajouter ces deux doc .

 

 

TES 2011-2012 doc 1.2

Développement croissance

« Voyons ce que ces quarante dernières années peuvent nous apprendre sur la relation entre la croissance et le développement humain./…/
Les exemples sont nombreux. Prenons une comparaison révélatrice entre la Chine (qui a connu la croissance la plus rapide ces trente dernières années) et la Tunisie. En 1970, une petite fille naissant en Tunisie avait une espérance de vie de 55 ans, contre 63 pour une petite Chinoise. Depuis, le PIB par habitant de la Chine a bondi de 8 pour cent par an, tandis que celui de la Tunisie n’a augmenté qu’à un rythme annuel de 3 pour cent. Pourtant, une petite fille naissant aujourd’hui en Tunisie a une espérance de vie de 76 ans – un an de plus qu’une petite Chinoise. Et si 52 pour cent seulement des enfants tunisiens étaient scolarisés en 1970, le taux brut de scolarisation est maintenant sensiblement plus élevé en Tunisie (78 pour cent) qu’en Chine (68 pour cent).
On trouve d’autres exemples intéressants parmi les pays dont l’économie s’est contractée ces quarante dernières années. Si la croissance économique était indispensable à l’améliora­tion de la santé et de l’éducation, la baisse du PIB bloquerait tout progrès dans ces domaines. Mais il n’en est rien : les revenus ont beau avoir baissé en Iran, au Togo et au Venezuela, l’espérance de vie y a augmenté de 14 ans en moyenne, et le taux brut de scolarisation de 31 pour cent depuis 1970.
Ce que ce résultat montre, c’est l’absence de lien entre la variation des revenus (croissance) et la variation des composantes non monétaires du développement humain. Cela n’enlève rien au fait qu’il existe une corrélation positive et statistiquement significative entre le niveau des revenus et le niveau d’éducation et de santé. »
PNUD, Rapport sur le développement humain 2010, p. 56, 57, 58.
______________
« En premier lieu, une corrélation ne signifie par qu’il existe un lien de causalité dans l’une ou l’autre direction. En effet, même s’il existe une relation de cause à effet, son sens reste a priori indéterminé : l’augmentation des revenus peut améliorer la qualité de vie, tout comme des améliorations en matière d’éducation et de santé peuvent rendre les sociétés plus productives.
./…/
L’énigme pourrait s’expliquer par le retard, long mais variable, avec lequel l’accroissement de la richesse se répercute sur l’éducation et la santé. On comprendrait alors la faiblesse de la corrélation : il faudrait attendre plus longtemps après l’augmentation des revenus pour observer un impact sur les autres dimensions du développement humain. Mais ce raisonnement est plus difficilement défendable sur de longues périodes. /…/ l’absence de corrélation reste valable pour un large échantillon de 135 pays sur plus de quarante ans, soit un délai suffisant à coup sûr pour que la croissance des revenus se répercute sur l’éducation et la santé à l’échelle nationale, ou pour que la baisse des revenus permette d’observer une détérioration de l’éducation et de la santé.
Une autre explication est possible : les pays riches n’ont pas suivi par le passé le même itinéraire vers l’éducation et la santé que les pays en développement de nos jours. Cette hypothèse d’une différence de nature du développement voudrait dire que la corrélation des niveaux donne une image fugitive d’un passé où seuls les pays enrichis ont pu financer d’onéreux progrès d’éducation et de santé. Or, le progrès des technologies et l’évolution des structures de la société évoquées ci-dessous permettent à présent même aux pays plus pauvres d’obtenir plus facilement des améliorations notables. Nous avons examiné plusieurs explications possibles de l’évolution de la santé et des revenus ces quarante dernières années. Nos résultats laissent penser que les pays à niveau faible ou moyen de développement humain peuvent améliorer leur niveau de santé national par des actions peu coûteuses ; mais à des degrés de développement plus élevés, les améliorations appellent des technologies plus onéreuses, ce qui réintroduit le facteur des revenus. Ces résultats sont donc compatibles avec l’hypothèse de la transformation dans le temps des possibilités et des processus menant au développement. »
PNUD, La vraie richesse des nations : Les chemins du développement humain, Rapport sur le développement humain 2010, p. 58, 59

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): COURS TES, croissance et crises, croissance et développement
Tags: ,

Laisser un commentaire