En SES et TPE : Méthodologie de l’enquête
1. Préciser les objectifs de l’enquête
Inutile de se lancer à l’aveuglette dans la rédaction d’un questionnaire ou d’un guide d’entretien avant de savoir précisément sur quoi s’interroger. Car pourquoi alors poser telle question plutôt que telle autre ? Il faut formuler des objectifs clairs, en lien avec la problématique, afin de définir concrètement le contenu de l’enquête.
Il s’agit de transformer votre question générale de départ en questions de recherche spécifiques, claires et précises.
Activité 1 : Élaborez vos questions de recherche spécifiques
Vous pouvez vous inspirer de l’exemple suivant.
Question générale : « Pourquoi les gens croient-ils au paranormal ? »
Questions spécifiques :
– Les croyances au paranormal ne seraient-elles pas liées à des caractéristiques sociologiques (âge, sexe, niveau culturel, situation sociale) ?
– Les croyances au paranormal ne seraient-elles pas liées à des facteurs idéologiques (croyances au progrès scientifique et croyances religieuses) ?
SES
TPE
2. Formuler des hypothèses
Les questions de recherche peuvent souvent être énoncées sous forme d’hypothèses, c’est-à-dire de prédiction de résultats attendus.
Activité 2 : Proposez des hypothèses
Essayez de formuler des hypothèses sur votre sujet de TPE. Vous pouvez vous inspirer de l’exemple suivant :
Quelles hypothèses peut-on formuler à propos des croyances au paranormal ?
– une situation sociale défavorisée accentue les croyances au paranormal
– la culture scientifique éloigne de ces croyances
– ces idéologies alternatives fourniraient une sorte de dérivatif dans des situations d’incertitude ou de frustration
ECJS
TPE
Valider une hypothèse, ce n’est pas demander aux sujets enquêtés s’ils adhèrent à l’idée émise. C’est l’analyse détaillée des réponses apportées à de nombreuses questions qui permettra de vérifier ou non une hypothèse. Le fait de ne pas vérifier une hypothèse est aussi intéressant, en termes de résultat de recherche, que le fait de la vérifier.
3. Entretien et/ou questionnaire ? Deux techniques d’enquêtes complémentaires
Entretien
Questionnaire
Points communs : il s’agit d’aller à la rencontre d’individus, sur le terrain, dans la « vie réelle » et de leur poser des questions directes afin de recueillir des informations. Dans l’idéal, ces questions sont soumises « en face à face », mais elles peuvent aussi l’être par téléphone ou par écrit (options qui peuvent aussi être envisagées dans le cadre de l’ECJS ou des TPE).
Les entretiens appartiennent aux méthodes qualitatives : il s’agit d’analyser dans le détail la parole d’un petit nombre de personnes. On approfondit un sujet en interrogeant des personnes « ressources » compte-tenu de la problématique.
Les questionnaires appartiennent aux méthodes quantitatives de recueil des données : l’objectif est d’identifier des régularités (recours aux statistiques) sur un nombre important d’individus en tentant de se rapprocher d’une certaine représentativité.
Activité 3 : Choisissez de réaliser des entretiens, des questionnaires, ou les deux
Pour les enquêtes suivantes, qu’est-ce qui vous paraît le mieux convenir ? Etude quantitative par questionnaire ou étude qualitative par entretiens ?
A. On veut évaluer quelle part de population d’un pays utilise l’informatique. Ce pourcentage est-il stable dans tous les groupes sociaux ? ……………………………………………………………………………………………………………………….
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B. On veut savoir ce que représente l’informatique pour les habitants d’une région, quelles images ils lui associent, comment ils sont capables de l’intégrer à leur vie quotidienne.
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C. On se demande s’il y a une relation entre certaines appartenances sociales et culturelles et la fréquentation d’un musée d’art populaire d’une ville de province.
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ECJS
TPE
Je vais réaliser :
? des entretiens
? un questionnaire
Pourquoi ?
Je vais réaliser :
? des entretiens
? un questionnaire
Pourquoi ?
4. Choisir ses interlocuteurs (entretiens) et/ou constituer son échantillon (questionnaire)
? L’entretien : choisir ses interlocuteurs
Il est possible de différencier les entretiens selon les caractéristiques des personnes interrogées. Deux cas de figure peuvent se présenter :
– Les entretiens seront menés auprès « d’informateurs privilégiés » : il s’agit de recueillir le point de vue d’experts du domaine d’étude et d’utiliser leur connaissance du terrain. Par exemple, dans le cadre d’une enquête sur le thème de l’avortement, il est judicieux de rencontrer des médecins et des militants d’associations pour ou contre l’avortement.
– Les entretiens seront menés auprès de « gens ordinaires »: il s’agit de faire parler des sujets concernés par le sujet (la population d’enquête), pour repérer la façon dont ils abordent une question ou un problème, comment ils parlent de ce qu’ils font, quelles sont leurs croyances ou leurs valeurs. Dans ce cas, il est alors plutôt intéressant de les choisir pour la diversité de leur situation (âge, profession, situation de famille…
afin d’obtenir une variété de points de vue.
Remarque 1 : Les questions posées dans le cadre des entretiens ne seront pas les mêmes selon le type d’interlocuteurs retenus. On peut donc être amené à rédiger plusieurs guides d’entretien.
Remarque 2 : dans le cadre des entretiens, on ne recherche pas une réelle représentativité. Le nombre d’entretiens réalisés n’est pas forcément un critère de pertinence. Il faut néanmoins s’efforcer de diversifier ses interlocuteurs pour obtenir une plus grande richesse d’informations.
? Le questionnaire : constituer son échantillon
Qui allez-vous interroger ? La réponse à cette question est essentielle.
– Identifier votre population
Vous devez commencer par identifier la population concernée par votre problématique.
– Constituer un échantillon
Il est impossible d’interroger l’ensemble de votre population. Il faut donc réaliser un échantillon qui doit être le plus représentatif possible. Deux méthodes sont retenues par les sociologues :
– la méthode aléatoire : on sélectionne les personnes à interroger par tirage aléatoire.
– la méthode des quotas : on identifie dans la population quelques critères de répartition significatifs (catégories d’âge, PCS… puis on essaie de respecter cette répartition dans l’échantillon d’individus interrogés.
Activité 4 : Sélectionnez les personnes avec qui vous allez réaliser des entretiens et/ou constituez l’échantillon auquel vous allez soumettre votre questionnaire
– Entretiens : Listez les personnes que vous souhaitez interroger en précisant leur qualité et en vous efforçant de diversifier vos interlocuteurs.
– Questionnaire : Identifiez des profils de personnes que vous devrez interroger à l’aide de votre questionnaire.
ECJS
TPE
5. Construire son guide d’entretien et/ou son questionnaire
? Différents types de questions
? Questions ouvertes et questions fermées
– Une question est fermée lorsque la réponse est fixée à l’avance par l’enquêteur. (Ex : « Etes-vous pour ou contre la peine de mort ? » Pour / Contre ; « Quel âge avez-vous ? »)
– Elle est ouverte lorsque la réponse à donner est libre. L’enquêté utilise son propre vocabulaire pour y répondre. (Ex : « Que pensez-vous de la peine de mort ? »)
=> Un questionnaire doit comporter une majorité de questions fermées, pour pouvoir réaliser ensuite des analyses statistiques. Il peut néanmoins comporter quelques questions ouvertes, qu’il faudra analyser en tant que telles ensuite.
=> Un entretien doit comprendre une majorité de questions ouvertes car ce sont ces dernières qui permettent de saisir le raisonnement des personnes interrogées dans sa totalité et sa complexité. Mais il doit aussi comprendre des questions fermées qui apporteront des éléments explicatifs essentiels comme l’âge, le sexe, la situation sociale (niveau d’instruction, PCS……
? Questions de comportement, questions d’opinions, questions de connaissances et renseignements signalétiques
– Les questions de comportement décrivent les pratiques des répondants : Que font-ils ? (Ex : Avez-vous voté lors des dernières élections municipales ?)
– Les questions d’opinions portent sur les manières de penser ou de juger : Que pensent-ils ? (Ex : « Que pensez-vous de la crise économique qui touche actuellement l’Europe ? »). Dans ce cas, les questions à réponse « oui » ou « non » sont à éviter. C’est le type de question à privilégier dans le cadre de l’entretien car elles permettent de comprendre pourquoi les gens abordent un problème de telle ou telle façon.
– Les questions de connaissances ont pour objectif de mesurer la maîtrise d’un sujet : Que savent-ils ? (Ex : « Avez-vous compris pourquoi certains observateurs disent que l’euro est aujourd’hui menacé ? »)
– Les renseignements signalétiques : Qui sont-ils ? Il s’agit de décrire précisément les répondants (sexe, âge, position sociale). Elles peuvent être importantes pour l’analyse et ne doivent donc pas être oubliées.
? Questions neutres et questions « orientées »
Les questions posées ne doivent pas influencer les répondants dans un sens ou dans un autre : l’objectif n’est pas de faire dire, mais d’obtenir des réponses sincères. Elle doivent donc être neutres et non pas orientées. Exemple à éviter : « Vu l’augmentation prévue de la population et du nombre de véhicules privés, vous aurez le choix, d’ici une à deux décennie, entre l’asphyxie ou l’acceptation de transports urbains rénovés. Dans cette hypothèse, renoncerez-vous à votre automobile ? » ; « Immigration choisie ou immigration subie ? Que préférez-vous ? ».
Activité 5 : Evaluez des questions
Voici une série de questions : précisez le type de question (ouverte/fermée ; comportement/opinion/signalétique) et donnez votre point de vue sur leur formulation (bien formulée/mal formulée)
a. Préférez-vous un service militaire classique ou un volontariat civil en travaillant dans des pays du tiers-monde et participer ainsi à la lutte contre la faim dans le monde ?
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b. Lisez-vous régulièrement le monde ? Oui ou non ?
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c. Que pensez-vous des impacts de la violence à la télévision ? Est-ce qu’elle peut selon vous avoir une influence négative dans la vie quotidienne, comme en témoignent les faits divers ?
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d. Etes-vous riche ? Oui ou non ?
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e. Allez-vous au cinéma ? Très souvent, souvent, parfois, rarement, jamais
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? Pour l’entretien : rédiger un guide d’entretien
L’entretien semi-directif repose sur un guide d’entretien : il s’agit d’une forme de « pense-bête » répertoriant les thèmes qui doivent être abordés au cours de l’entretien et formulant certaines questions à poser. L’ordre des thèmes est le plus logique possible, mais il n’est pas imposé. Chaque entretien, selon la personne interrogée, a sa dynamique propre.
? Pour le questionnaire : rédiger un brouillon de son questionnaire puis le saisir dans le logiciel Sphinx (voir fiche méthode suivante).
Les questions posées doivent être accessibles et claires, et ordonnées. Il faut éviter les mots à plusieurs sens et les questions doubles (une seule idée par question). L’ordre des questions doit suivre une certaine logique : organisation générale en thèmes, et penser ensuite au bon enchaînement des questions (ex : poser la question « avez-vous des enfants ? » avant « quel est l’âge de vos enfants ? »).
Activité 6 : Rédigez vos guides d’entretien et/ou votre questionnaire
=> N’oubliez pas les objectifs de votre enquête. Chaque question posée doit vous permettre d’y répondre.
