Peut-on vouloir l’injustice ?

5 mai 2010 0 Par Caroline Sarroul

I. si vouloir= désirer , être tenté par… et l’injustice, ce qui n’est pas légal ou pas moral, on peut dire qu’il est possible de désirer l’injuste par intérêt et  par égoïsme. On voit l’avantage immédiat : le plaisir et le sentiment de liberté ou la preuve de la liberté face à l’autorité des lois imposées par un autre ( Eglise, Etat, tradition…) ou devant le devoir de prendre en compte l’autre, de renoncer à ses privilèges ou à des inégalités avantageuses pour soi au nom du principe moral ou de celui d’égalité  . C’est ce qu’illustre Gygès, l’acrasie. Mais on peut penser avec Socrate que « nul n’est méchant volontairement » et que le but de ce désir, hormis chez quelques sadiques aliénés ou révoltés rebelles, ce n’est pas l’injustice en soi (le mal)  mais l’agréable confondue avec le bien par ignorance, par négligence…Ou que l’homme n’est pas porté en tant qu’être de pulsions et de désirs vers le juste (légalité et moralité)

Donc l’injustice n’est pas  le but, le but c’est le plaisir ou l’avantage. D’ailleurs cette envie d’injustice n’est pas un droit accordé ni par la loi ni par la morale, les lois ont été mises en place pour lutter contre cela et mettre un terme aux injustices qui en découlent.

II si vouloir implique conscience, réflexion et liberté ( qui n’est pas dans la soumission à l’envie, à la pulsion), on ne peut vouloir l’injustice comme fin, car on ne peut vouloir que ce qui est bon, en accord avec notre nature d’être de raison :

– on ne peut pas vouloir l’absence de lois, la loi du plus fort n’avantage au final personne, ni le fort, ni le faible

-on ne peut pas vouloir que les devoirs moraux (respect de la personne humaine, maxime universalisable )ne soient pas respectés

– on ne peut pas vouloir l’inégalité en droits ( Rawls) et peut-être pas une égalité socio-économique

III. mais on peut la vouloir comme moyen pour lutter contre l’injustice : des lois quand elle ne sont que la légitimation de la force – Marx – ou sont insuffisantes pour établir la justice ou en désaccord avec d’autres droits que l’on juge supérieurs : droit naturel et droit moral ou trop générales.

( A moins qu’on ne considère que l’homme est incapable d’en établir de plus justes comme Pascal)