Fiche révision « philosophes »

11 juillet 2010 2 Par Caroline Sarroul

 Socrate (469.399 av.JC) : il n’a rien écrit mais est considéré comme le père fondateur de la philosophie en Occident. Il est le personnage central de tous les dialogues de son disciple, Platon. Il est mort en buvant la cigüe , condamné par la Cité d’Athènes  pour impiété et corruption de la jeunesse. Il avait l’art de la maïeutique,  l’art d’accoucher les esprit d’abord de leur ignorance ignorée puis le désir de savoir étant là, du savoir oublié. ( Théorie de la rémniscence)

“Connais-toi toi-même” était la devise de Socrate

“je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien” , c’est la fameuse docte ignorance de Socrate qui fait de lui un questionneur avide de définitions, de saisir l’essence des choses.

– “Nul n’est méchant volontairement”, c’est parce que les hommes se trompent sur le Bien, confondent le bon et l’agréable qu’ils commettent le mal

“Il vaut mieux subir l’injustice que la commettre” soutient-il face à Calliclès dans le Gorgias de Platon.

 

 Platon (427-347 av.JC) : Platon se détourne de sa carrière politique à la mort de Socrate car il considère que le monde qui condamne son maître à mort est injuste, laid et faux. Il doit y avoir un monde vrai et juste que Platon recherche non pas dans un au-delà mais dans les Idées. C’est la première coupure entre le monde intelligible ( Idées ) et le monde sensible ( sensation et sentiments). Il y a trois Idées chez Platon : le Bien, le Vrai et le Beau. L’idée du Bien est l’idée suprême. 

« l’allégorie de la caverne » . Ce texte rend compte de l’éducation du philosophe, libéré de force de sa demeure souterraine,  de l’opinion et du monde sensible par et pour  l’apprentissage des sciences et de la philosophie. Nous sommes tous dans la caverne car être prisonnier de l’opinion est notre situation initiale commune.

théorie de la réminiscence : connaître, c’est retrouver par la pensée les idées que l’âme avait contemplées avant de venir chûter dans un corps, qui est jusqu’à la libération de la mort, la “prison de l’âme”

– Idéal politique : « que les philosophes deviennent rois ou que les rois deviennent philosophes ». Platon était vivement opposer à la démocratie qu’il considérait comme le régime de l’incompétence, de la licence et comme appelant l’anarchie et la tyrannie.

– la pensée est  « le dialogue de l’âme avec elle-même » et l’esprit de l’autre est dans le dialogue “la pierre de touche” de la vérité présente dans le mien.  

– « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » avait-il fait inscrire au fronton de l’Académie. Pour Platon, dans le Timée, le monde a été crée par un démiurge qui a mis en ordre le monde à partir du chaos de matière présent ( la Khôra) et de l’Idée de Monde qu’il a contemplé. Donc le monde est compréhensible, la science est possible.

 

 Aristote (384.322 av.JC) : disciple de Platon mais qui va s’en détacher. Chez Aristote il n’y a pas de différence entre le végétal, l’animal et l’homme. Le végétal a une fonction de l’âme seulement nutritive, l’animal a une fonction nutritive et sensitive et l’homme a une fonction nutritive, sensitive et intellectuelle. L’âme est donc ce qui anime le vivant.

– « l’homme est par nature un animal politique » : la réalisation de l’homme se situe dans le bien commun.

– “Ce qui est propre à l’homme, c’est donc la vie de l’esprit, puisque l’esprit constitue essentiellement l’homme. Une telle vie est également parfaitement heureuse”.

– “les navettes tissaient d’elles-mêmes et les plectres jouaient de la cithare, alors les maîtres d’ oeuvre n’auraient nul besoin de manoeuvres ni les maîtres, d’esclaves.” Pour Aristote, le travail est la soumission de l’homme à la nécessité, aux besoins, à la nature. C’est pourquoi ce sont les esclaves qui travaillent, en attendant que la technique et les machines libèrent les hommes du travail, du labeur.

“on punit l’acte commis par ignorance, lorsqu’il est évident que le coupable est responsable de son ignorance. C’est ainsi que les gens en état d’ivresse se voient infliger un double châtiment, la cause de la faute étant en eux, car il dépendait d’eux de ne pas s’enivrer, et d’autre part l’ivresse était la cause de leur état d’inconscience. De plus, on punit aussi ceux qui ignorent quelques dispositions de la loi que nul n’est censé ignorer, surtout quand c’est facile. 9. Il en va de même dans tous les autres cas où l’agent semble être dans l’ignorance du fait de sa négligence, attendu qu’il ne dépendait que de lui d’éviter cette ignorance et que rien ne l’empêchait d’y parer. 10. Mais peut-être un homme dans ce cas n’était-il pas en état d’y remédier ? Eh bien! nous affirmons que, pour ceux qui se trouvent être la cause de cette situation, leur responsabilité est établie parce qu’ils vivent dans le désordre, et ils sont injustes et intempérants, les uns par leur mauvaise conduite habituelle, les autres par leur vie passée dans les beuveries et autres débauches.”

 

  

Epicure ( 341-270 av.JC), auteur de la Lettre à Ménécée sur l’éthique et le bonheur défini comme ATARAXIE ( a – tarax, absence de vagues, absence de troubles dans l’âme et le corps). Etre heureux, c’est donc être serein et apaisé.

ATTENTION !!  Si aujourd’hui on associe les épicuriens à des hédonistes débridés, à des jouisseurs , au fameux “Carpe diem quam minimum credula postero” de Horace [qui signifie « Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l’avenir »]  qu’on interprète comme le fait de profiter au maximun de la vie, de tout  plaisir  qui se présente. C’est à cause des critiques stoïciennes qui qualifiaient les épicuriens de “pourceaux d’Epicure”, de la condamnation religieuse judéo-chrétienne du plaisir, de la confusion entre épicuriens et cyrénaïques qu’on en est arrivé à cette grossière erreur et à cette trahison des principes de l’épicurisme, qui nous arrange bien, nous, qui vivons dans une société de l’immédiat, du plaisir et de la fête.

L’hédonisme d’ Epicure est au contraire un hédonisme ascétique: “Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux et inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble.” écrit Epicure

Même si le plaisir est le but que chacun poursuit, il ne s’agit pas de courir après tous les plaisirs. Mais de ne rechercher que les plaisirs possibles ( d’où la distinction entre les désirs naturels et nécessaires qui sont à satisfaire et les désirs non naturels ni nécessaires nés de la société ou par nature insatisfaisable – désir de pouvoir, de richesse, etc…), garanties et sans douleur subséquentes. Ceci les épicuriens ne s’interdisent pas la satisfaction prudente et tempérée des désirs naturels mais non nécessaires ( comme un mets luxieux).

Cette manière de vivre les désirs permet de ne pas avoir l’âme inquiète, troublée et le corps insatisfait. C’est un des éléments du Tétrapharmakos exposé dans La Lettre à Ménécée,c’est-à-dire le quadruple rémède devant soigner l’âme de ses quatres troubles fondamentaux: la peur  de la mort, la crainte des Dieux, la peur du destin ou du hasard et donc l’inquiétude de ne pas parvenir au plaisir.

– “Quand on est jeune il ne faut pas remettre à philosopher et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l’âme.”

“la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité.”

Epicure a été considéré comme un athé, parce qu’il a remis en question l’idée de Dieu créateur, juge et arbitrea alors qu’ Epicure n’a pas remis en question leur existence. Mais il considère simplement qu’il ne faut  jamais attibuer “à un dieu rien qui soit en opposition avec l’immortalité ni en désaccord avec la béatitude”. Or c’est le cas si on les considère ainsi.

 D’où son ATOMISME: Épicure emprunte à Démocrite cette théorie. Selon Démocrite, la matière est formée de particules, les atomes, dispersées dans une extension infinie, l’espace. Atomes et espaces sont les deux réalités éternelles.  Épicure considère les atomes comme soumis à un mouvement éternel de chute, animé d’une vitesse uniforme puisque s’opérant dans le vide. Comme son caractère rectiligne l’empêche de rendre compte de la rencontre des atomes, Épicure confère aux atomes la capacité de modifier leur trajectoire, ne serait-ce que très légèrement. Cette déclinaison ( le clinamen) se fait au hasard, de façon imprévisible, en un instant et un lieu indéterminés. Ceci fait que les atomes peuvent se rencontrer, s’entrechoquer. Et ce sont ces chocs d’atomes qui créent par agrégation tout ce qui existe. La physique épicurienne présente une vision matérialiste moniste de l’univers, assimilé à une foule d’atomes se mouvant d’un mouvement éternel dans le vide infini. Tout est matière. Rien ne naît de rien (tout naît à partir d’atomes) et rien ne retourne au néant (la mort est décomposition de l’agrégat en atomes et ces derniers subsistent. À notre mort nos atomes se dispersent pour un jour reformer d’autres agrégats). Tout est connaissable, explicable. La nature est un mécanisme qu’on peut connaître et la science démystification. L’âme elle-même est matérielle. Elle est un corps composé de particules subtiles disséminées dans l’agrégat que constitue notre organisme. Toutes les opérations mentales se résument selon Epicure à des déplacements d’atomes.  

 

 

Epictète ( 50.130) :  un stoïcien ( philosophes du Portique, le stoa) pour qui  le monde est gouverné par la raison, il faut donc s’accorder à ce destin non pas en se résignant ou en se plaignant mais en le comprenant avec Joie.. Pour les stoïciens, le sage est celui qui met en conformité ses actions avec l’ordre de la nature. Le stoïcisme vise lui aussi l’ataraxie mais via la vertu et la raison. Pour cela, Epictète propose:

de faire cette distinction: ‘Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos oeuvres propres; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui.” Et donc de ne rechercher que ce qui dépend de nous.– d’accepter le destin: “N’attend pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décides de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux.” MARC-AURELE – de voir dans cette acceptation de la nécessité la liberté: “Est libre l’homme qui ne rencontre pas d’obstacles et qui a tout à sa disposition comme il veut”, et c’est donc le cas de celui qui accepte ce qui lui arrive.

 Machiavel (1469-1527):

C’est dans Le Prince qu’il a écrit « la fin justifie les moyens » et qui lui vaut le qualificatif de ”machiavélique”. Mais pour lui, cela signifie que le Prince se doit de conserver le pouvoir pour assurer l’ordre dans l’intérêt de tous. Et pour cela, en effet, tout est possible, même des moyens discutables d’un point de vue moral. Mais c’est parce qu’il distingue morale et politique, ainsi que vie privée et action politique, « aux lois universelles de la morale le prince est tenu dans sa privée, comme le humble de ses sujets.», et cela parce que si un Prince veut se comporter moralement dans sa manière de gouverner, il ne pourra conserver son pouvoir, les hommes étant méchants. Le Prince doit dès lors être craint par le peuple plutôt qu’aimé (sans être haï), il peut en cela user de la force, de la ruse, et de la virtù. « Si un prince veut conserver son trône il doit apprendre à savoir être méchant et recourir à cet art ou non selon les circonstances. »

  Hobbes (1588/1679) ” A l’état de nature l’homme est un loup pour l’homme, à l’état social l’homme est un dieu pour l’homme”

 A l’état de nature ( c’est-à-dire avant la création de l’Etat civil), c’est la “guerre de tous contre tous”, tous les hommes étant égaux et animés de la même passion de la liberté au sens d’indépendance et de pouvoir. D’où l’idée que “l’homme est un loup pour l’homme” à l’état de nature, formule que Hobbes reprend à Plaute. En raison de cette agression permanente l’homme ne peut pas vivre en société sauf s’il renonce à ses droits naturels. Il faut créer une instance supérieure à qui les hommes donnent tous leurs pouvoirs, se soumettent entièrement en échange de leur sécurité. Dès lors,  “à  l’état social, l’homme est un dieu pour l’homme”, l’homme étant ici le souverain au pouvoir absolu proposé et décrit dans son livre Le léviathan. Cette représentation suffit à expliquer l’absolutisme que Hobbes soutenait, lui, qui vivait dans une Angleterre déchirée par des guerres civiles faute d’un pouvoir suffisant. Le corps du souverain est constitué des hommes qui lui obéissent. Au XVIIIème siècle, Rousseau verra le pacte social proposé par Hobbes comme un absurde et illégitime contrat d’esclavage, les hommes ne pouvant aliéner leur liberté pour leur sécurité.

 Descartes (1596/1650)

La méthode est la condition même de toute recherche de la vérité, elle débute par le doute et s’accomplit par des règles précises pour bien penser, exposées dans le Discours de la méthode ( règle de l’évidence, « Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est-à-dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute»; règle de l’analyse, « Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre»; règle de la synthèse, « Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres» et enfin règle du dénombrement, « Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. » La première certitude et celle qui peut servir de modèle à toutes les autres, c’est le fameux  « Cogito ergo sum » qui signifie que je ne peux pas penser sans savoir en même temps conscience  que je pense, ce qui fait que l’on peut définir l’homme comme “une substance pensante”, comme  un être doué de conscience réfléchie et de soi, mais qui ne permet pas pour autant de le définir en tant qu’individu distinc des autres. Descartes est aussi ce lui qui a dit :

– que grâce aux applications techniques des découvertes scientifiques, l’homme va devenir  « comme maître et possesseur de la nature», d’autant que Descartes désenchante la nature en  ramenant à la matière, substance étendue et les êtres vivants à de simples machines, théorie des animaux machines qui réduit l’animal à une montre. Répresentation mécaniste du vivant qui sera vivement critiqué par Kant qui rappelle que le vivant est animé d’une “force formatrice” qui fait qu’il ne se réduit pas à un assemblge de pièces, mais est capable de s’autoréparer, de s’autoorganiser, de s’adapter et de se reproduire.

“je ne suis pas simplement logé dans mon corps comme un pilote en son navire”: Descartes est un philosophe dualiste, c’est-à-dire qu’il distingue la substance pensante (âme) et la substance étendue ( corps); mais il est obligé de reconnaître que pour que l’âme commande le corps et soit affectée de ce qui l’affecte, il doit y avoir un point de contact, c’est la “glande pinéale” ( seul organe non double du cerveau). Une glande qui a fait l’objet de bien des commentaires!

“quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées s’ils en avaient”: pour Descartes, si les animaux communiquent, seul l’homme parle, c’est-à-dire est capable de composer un discours qui fasse entendre sa pensée, et cela sans passion , c’est-à-dire sans contrainte ni impulsion, donc librement. Mais c’est aussi parce qu’il parle, qu’il pense, comme le reprécisera Hegel. “On ne peut penser sans les mots”.

– “Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde ; et généralement de m’accoutumer qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible”. Cette troisième maxime de la morale provisoire de Descartes en attendant de fonder rationnellement la morale est trés inspirée de la morale des stoïciens qui pour atteindre l’ataraxie ( la paix de l’âme), invitaient à distinguer ce qui dépend de nous ( nos volontés et représentations) de ce qui ne dépend pas de nous (tout le reste), et à ne s’attacher qu’à ce qui  ne dépend que de nous pour ne pas souffrir. Les deux autres maximes de cette morale provisoire sont: “obéir aux lois et coutumes de son pays”, être le plus ferme et le plus résolu dans les actions même si on doit se contenter de suivre des opinions douteuses et incertaines ( ex. du voyageur perdu dans la forêt qui ne peut en sortir qu’en prenant au hasard un cap et en s’y tenant).

– Descartes reprend  la preuve ontologique de l’existence de Dieu de Saint-Anselme. Si Dieu n’existait pas, il lui manquerait quelque chose, il ne serait donc pas parfait et ne serait pas Dieu et nous ne pourrions pas expliquer la présence de cette idée de perfection en nous.

–  Descartes est le père du libre-arbitre, “ce pouvoir de fuir ou poursuivre ce que l’entendement nous propose”. C’est-à-dire de dire oui ou non, donc de choisir et cela de manière spontanée et contingente. Ceci dit, ce pouvoir étant infini, la volonté peut s’aventurer au-delà des limites de l’entendement, de ce que nous savons, dans l’indifférence, d’où nos erreurs et nos fautes. D’où aussi l’idée que la connaissance bien loin de diminuer notre liberté de choisir, la renforce. On sait au moins entre quoi et quoi nous choisissons et restons libre de prendre le faux plutôt que le vrai, ou le mal plutôt que le bien.

Pascal ( 1623/1662)

« Toute notre dignité réside dans notre pensée. » L’homme est capable de prendre conscience de sa misère et de se détourner du divertissement qui l’illusionne et le piège dans la vanité.

«C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur»: pour Pascal, il y a en effet les vérités de la raison et les vérités du coeur. Les uns sont discurcives, les autres intuitives. Et l’incapacité de prouver les unes par les autres soulignent plus l’impuissance de la raison que l’incertitudes des intuitions du coeur. Attention , le coeur n’est pas ici le siège des sentiments.

– il est l’auteur du pari, argument trouvé pour aller “convertir” sur leur terre les athées rationnalistes. Avec une chance sur deux de gagner l’infini, comment ne pas parier sa vie finie et misérable sur le fait que Dieu existe.

“Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.”: le ciel doit être habité, misère de l’homme sans Dieu, qui seul peut sauver.

  Spinoza (1632/1677)

la nature est un tout, Dieu est la nature ( panthéisme) et chaque partie est animée d’une partie de la puissance divine. Cette puissance, c’est le désir, “cet effort pour persévérer dans notre être” qui détermine la valeurs des choses pour nous. C’est ce que Spinoza appelle aussi le Conatus, et « ce qui fonde l’effort, le vouloir, l’appétit, le désir, ce n’est pas qu’on ait jugé qu’une chose est bonne ; mais, au contraire, on juge qu’une chose est bonne par cela même qu’on y tend par l’effort, le vouloir, l’appétit le désir. ».

Du coup l’homme n’est pas à part dans la nature, il est soumis aux mêmes lois, à la même nécessité. Il n’est pas un « empire dans un empire ».  Cependant, l’homme ignore les causes qui le déterminent à agir, il est dans l’illusion du libre arbitre. Les hommes se croient libres car ils ignorent les causes qui les déterminent dans leurs actions. Ce qu’il illustre avec le fameux exemple de la pierre.

Cependant, pour lui qui critique le libre-arbitre de Descartes, la liberté ne s’oppose pas à la nécessité, mais à la contrainte, synomyme de passivité et de passion. La liberté c’est le fait de comprendre et de participer activement par cette compréhension à la nécessité.

 Locke( 1632/1704) , philosophe anglais empiriste pour qui, contrairement aux innéistes et rationalistes, toute connaissance vient de l’expérience. C’est ce qu’il illustre avec la fameuse image de la table rase, surface de cire vierge de toute empreinte, surlaquelle vous venir s’imprimer les idées: « supposons donc qu’au commencement l’âme est ce qu’on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu’elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l’imagination de l’homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D’où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds en un mot, de l’expérience : c’est là le fondement de toutes nos connaissances, et c’est de là qu’elles tirent leur première origine. Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d’où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement.”

David Hume (1711/1776), Philosophe écossais, donc empiriste qui remet en question la certitude de nos connaissances et jugements. Toute connaissance, toute idée vient de l’expérience.Les idées sont des images d’impressions issues de nos sens. Toute pensée trouve son origine dans les impressions, donc dans ce qui est particulier et contingent, voire accidentel. Toute idée abstraite est une composition d’idées simples issues des impressions. De même en ce qui a trait à la causalité (c’est-à-dire à la relation qui permet de prévoir le futur à partir du passé): une cause n’est qu’une relation habituelle entre des impressions, une nécessité imposée par l’imagination.La causalité n’a pas de fondement métaphysique. Elle n’est qu’une croyance nécessaire, basée sur la régularité de nos impressions. La raison critique s’applique aussi à la remise en cause des croyances religieuses, basées sur une imagination débridée, des témoignages douteux contredisant le sens commun, comme les récits relatant des miracles, et des principes métaphysiques découverts par simple spéculation, sans aucune base sinon les préjugés ou les désirs de son auteur.

Quelques autres idées fortes de Hume: le moi est insaisissable ( on bute toujours sur un état du moi, critique de Descartes et de la certitude du cogito, de l’indentification du Je à une substance pensante); la beauté est relative et subjective, dépendant de l’esprit qui la contemple, même s’il y a des normes sociales et sans doute même un étalon naturel du goût.

Kant, lecteur atttentif de Hume, qui est pour lui, celui qui l’a sorti de son “sommeil dogmatique”, a tenté de dépasser son scepticisme et de fonder sur des bases rationnelles la métaphysique.

  Kant (1724/1804)

Philosophe allemand est le penseur de l’universel. Pour lui, le vrai, le bon, le beau doivent être universels, ou alors ils ne sont pas.

D’où:

sa définition du beau comme étant « ce qui plaît sans concept universellement » ( par opposition à l’agréable qui ne procure qu’il plaisir sensible relatif au goût de chacun et au parfait, objet d’un jugement déterminant réservé aux connaisseurs) et procure un « plaisir de l’âme », celui du libre jeu des facultés que sont entendement et imagination, enfin libérée devant  » la finalité sans fin » présente dans l’oeuvre

– sa définition du Bien comme étant ce qui est en accord avec les deux impératifs catégoriques de la raison: « agis de telle sorte que la maxime de tout action puisse être érigée en loi universelle de la nature »  et « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours en même temps comme une fin » d’où une morale originale ( car chacun est son propre législateur, la raison ne donnant que la forme de la maxime) et exigeante, car Kant exige pour que le sujet soit moral, une intention pure et désintéressée à l’origine de l’acte: être moral, c’est faire son devoir uniquement par devoir. La morale l’amène au postulat de la liberté et de l’immortalité de l’âme, comme à celui de l’existence de Dieu permettant d’accorder vertu et bon-heur.

 

Montesquieu (1689/1755)

On peut voir en lui le père de la sociologie (« Les lois sont bonnes lorsqu’elles réalisent non pas l’équité et la justice en soi, mais la part d’équité et de justice qui s’accommode avec le climat, le terrain et les mœurs. »). Il est celui qui proposa la fameuse séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, partant du principe que seul le pouvoir arrête le pouvoir.

 

 

 J.J. Rousseau (1712/1778)

 

 

 

 

 article inachevé!