Techno: Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?

19 juillet 2010 0 Par Caroline Sarroul

Ce sujet invitait à penser une vision commune du bonheur comme rimant avec plaisir et donc à s’interroger sur la pertinence de cette thèse hédoniste, ses limites et les fins qui peuvent être celles de notre existence. Il présuppose aussi que le bonheur peut être défini pour tous, selon des genres de vie et aussi que celui-ci est possible, ce qu’on aurait pu contester en fin de devoir en montrant que le bonheur est certes l’aspiration de tout homme mais que chacun a sa définition du bonheur et que si le bonheur est cette totale satisfaction à laquelle nous aspirons tous, il est sans doute inaccessible.

I .On pouvait commencer par exposer cette thèse hédoniste :

– elle s’accorde avec la définition du bonheur comme satisfaction totale de nos désirs, comme accord entre le monde et mes désirs

– le bonheur exclut la souffrance et donc implique  le plaisir

– l’homme aspire à satisfaire ses désirs, c’est le principe de plaisir chez Freud mais cette vie de plaisir est présentée dès l’Antiquité par exemple avec Calliclès dans le Gorgias de Platon, comme étant la vie en accord avec notre nature, il vaut mettre son énergie au service de ses passions et ce sont les faibles qui présentent cette vie de plaisirs comme une vie de licence, de débauche parce qu’ils ne sont pas capables de la mener.

Mais aller de désir en désir, c’est aussi aller de frustration en frustration et le plaisir ne se vivant que par contraste, on finit par ne plus trouver de plaisir ou ne plus pouvoir le renouveler. Aussi on peut se demander si une vie de plaisir n’est pas finalement une vie de souffrance et d’errance ?

II.la course au plaisir peut être source de malheur

– c’est ce que soutient Socrate face à Calliclès avec l’idée du tonneau perçé

– c’est ce que constatent les sagesses antiques qui appellent à mesurer ses désirs, à distinguer les désirs naturels et nécessaires, des désirs vains ou impossibles à réaliser. C’est la position de la philosophie épicurienne ou des stoïciens qui considèrent qu’axer sa vie sur le plaisir, c’est suspendre sa vie à ce qui ne dépend pas de nous et ne s’accorde pas avec notre nature .

– c’est aussi l’idée que le plaisir comble souvent notre corps, peu notre âme et donc que courir après le plaisir, c’est perdre son âme, pour des réjouissances matérielles qui ne sauraient nous combler.

Donc vivre une vie de plaisir, c’est vivre aussi une vie de souffrance et incomplète. Alors comme une vie heureuse n’est pas une vie de plaisir, que peut-elle être ? Et exclut-elle nécessairement tout plaisir ?

III. la vie heureuse peut être obtenue en visant d’autres objectifs que le plaisir indifférencié et diversifié :

– la vie heureuse peut être la vie contemplative : c’est ce que suggèrent Aristote et Platon. Le plaisir de la connaissance et de la contemplation des idées étant indépendant et plein.

– la vie heureuse peut être la raison d’une vie vertueuse, qui nous rend dignes d’être heureux selon Kant

– la vie heureuse peut être dans l’élévation des désirs, comme le suggère l’échelle des beautés de Platon dans le Banquet

– elle peut être enfin dans la recherche de la Joie, la satisfaction des désirs qui s’accordent avec notre nature selon Spinoza.

Donc la vie heureuse n’est pas dans une vie de plaisirs, qui présuppose aussi souffrance et frustration. Elle peut être dans l’ataraxie, le fait de ne pas souffrir, ce qui présuppose de renoncer à certains plaisirs. Mais l’homme étant un être de raison et de désir, il ne peut ni se contenter de plaisirs ni s’en priver. La vie heureuse est plutôt une vie raisonnable où le plaisir est présent mais choisi et en accord avec notre nature.