Doit-on apprendre à être soi-même?

10 octobre 2010 0 Par Caroline Sarroul

 

Doit-on apprendre à Être soi-même ?
1.est-il nécessaire, au sens où il ne peut pas en être autrement soit parce que c’est le résultat d’une loi, d’une logique ou d’un besoin, un manque qu’on ne pourrait pas ne pas combler

2.est-il obligatoire, au sens d’imposé comme un devoir d’origine sociale, morale ou naturelle

C’est acquérir un savoir-faire, une connaissance théorique (ou le, la transmettre). L’appris, l’acquis s’oppose à l’inné, le donné. 1.être soi-même: être soi, être un individu différent des autres qui possède le « je » dans sa représentation

2.être soi-même: être en accord avec soi

– soit au dehors ( s’affirmer;ne pas tricher, …)

– soit au dedans ( accepter ce que l’on est ou être ce qu’on aspire à être)

A part pour Kant, pour qui « Tu dois, donc tu peux », on peut penser que on ne doit faire que ce que l’on peut faire Apprendre à être soi-même, c’est d’abord ne pas être soi-même et pouvoir l’être, ce qui présuppose qu’on puisse se connaître pour cela. Pour être soi-même, il faut pouvoir se connaître, s’accepter et s’affirmer devant les autres. Cela présuppose aussi que je ne me réduis pas à ce que je suis ( sujet libre qui se réalise à travers un projet)

Plans possibles :

PLAN 1

Intro

Être soi-même, c’est d’abord être soi, se distinguer des autres en soi et pour soi. Ceci est immédiat, ne serait-ce que par mon corps qui me sépare des autres et que je sens, je ne suis pas un autre ni pour les autres ni pour moi. Impossible de me confondre avec un autre, impossible aussi de ne pas savoir que je suis moi, sauf troubles psychologiques sévères ou conscience absente. Être soi n’exige aucun apprentissage, s’impose comme une rapide évidence. Il n’est pas nécessaire de devenir soi-même, on l’est déjà! Mais être soi-même, c’est aussi et surtout être en accord avec soi, se reconnaître dans ce que l’on est. Or , par exemple, ce même corps qui fait que l’on est soi et pas un autre, on ne l’a pas choisi et on peut se sentir étranger à lui ou ne pas l’accepter; il peut ne pas suffire pour qu’on se sente vraiment soi. Dans ce cas, il faudrait se l’approprier, l’apprendre en quelque sorte. Aussi on peut se demander si on ne doit pas finalement apprendre à être soi-même. C’est donc du rapport à soi , de la construction de l’identité personnelle ( et pas simplement réelle), de ses conditions et de son importance dont nous allons traiter. Se poser cette question, c’est présupposer que l’on puisse se connaître pour ensuite s’accepter tel que l’on est ou pour réaliser ce qu’on n’est pas encore. Nous nous demanderons donc si être soi n’est pas un donné qui n’exige aucun effort ni apprentissage, si être soi-même c’est seulement être soi et enfin si être soi-même est une œuvre qu’on peut entamer car elle peut être achevée.

Arguments:

 I. On est déjà soi-même: «être soi-même» = être un individu, (un être indivisible qui forme une unité distincte), on l’est dès notre naissance; «être soi-même»= avoir une personnalité , ( avoir un ensemble particulier et structuré de caractères, on en a tous une qui est une synthèse originale et unique de dispositions innées particulières ( hérédité, constitution…) et de dispositions acquises (milieu, éducation….); «être soi-même» = posséder le «je» dans sa propre représentation , dès l’âge de 2 ans et l’usage de la 1ère personne (Je) nous l’avons clairement ( sentiment d’unité sous la diversité, de permanence sous le changement,…).

TR: être soi n’empêche pas parfois de ne pas se sentir être soi-même ( soi= soi): écart entre notre essence et notre existence pour différentes raisons: la société et ses exigences ( lois qui me brident, me contraignent, empêchent mon individualité de s’exprimer; l’uniformité qui règne dans la société de masse et de consommation , phénomène de reproduction sociale…); la nécessité de paraître, au lieu d’être; écart entre ce qu’on croit être et ce qu’on est par ignorance de soi, de nos désirs et écart entre ce qu’on est et qu’on aspire à être: le fait que l’homme étant un être non défini peut se définir par un projet; et en tant qu’être conscient peut prendre ses distances par rapport à ce qu’il est; je suis ce que je deviens par mes choix et actes, je me fais…

II. On a devenir soi-même, en travaillant à se connaître, à s’accepter et à savoir qui on veut devenir. Cela présuppose une introspection sincère, de se battre contre «le courant social» comme le dit Bergson pour s’affirmer tel que l’on est; cela présuppose de reconnaître aussi ce que l’on est et de ne pas se fuir dans le divertissement ou se cacher nos rôles sociaux; cela présuppose aussi de commencer par se «déconstruire», «se dés-identifier» ( Pour le psychanalyste Jung, on se construit en 4 phases, et la première consiste à tomber le masque construit par et dans la société auquel on s’identifie au départ en croyant que c’est tout de nous, alors que ce n’est qu’un de nos aspects, pour ensuite, ne cherchant plus à se justifier ou à moraliser, être prêt à accepter la partie obscure de soi-même, pour voir notre potentialité éblouissante); cela présuppose de se donner un projet et de s’efforcer de le réaliser avec responsabilité en sachant que par là on n’engage pas que soi, mais en un sens l’humanité, selon Sartre et sa théorie existentialiste…

III. Ceci dit on peut penser qu’on ne devient jamais totalement soi-même: difficile de se connaître vraiment ( limites de l’objectivité, l’inconscient, on court après soi plus qu’on se précède…), on se découvre aussi contraint et forcé par ce qui nous arrive ( en attendant on ne sait pas), difficile de ne pas s’illusionner sur soi-même, difficile de s’affirmer quand on est tiraillé par des désirs contradictoires et parce qu’on doit aussi se préoccuper des autres. Devoir être soi-même est donc peut-être un faux devoir, car on ne peut le remplir!!

Plan 2

Mêmes I et II que dans le plan 1, mais

 III: On peut penser que si on doit travailler à se connaître et à se réaliser, c’est non seulement une nécessité mais aussi en un sens un devoir imposé par notre société qui a mis au centre de tout , l’individu, son authenticité, sa réussite et ses plaisirs. Il faut absolument être soi-même, sous peine en un sens d’avoir raté sa vie ( alors que jadis, le sort de l’individu et sa vie privée pouvaient passer après celui de la société et sa vie publique; ex. des Grecs dans l’antiquité et de leur conception de la liberté et de l’homme); on a désormais semble-t-il tout pour être heureux et le droit d’être heureux ici-bas, aussi on se doit de l’être et pour cela de savoir ce qu’on désire et de s’efforcer de réaliser ses aspirations; imposé en tant que personne juridique, on se doit de pouvoir répondre de ses actes et de ne pas être dans des états d’aliénation, hors de soi mettant en danger les autres et soi-même; en tant qu’être doué de conscience ( privilège!) on se doit de savoir qui on est; en tant qu’être libre et responsable, on se doit de ne pas se contenter de l’excuse du déterminisme et d’assumer ses choix et actes et de reconnaître que c’est toujours nous et nous seuls qui choisissons ce que nous sommes et ce que nous voulons être.« deviens ce que tu es » disait Nietzsche: devenir soi-même, ce n’est pas changer par rapport à ce qu’on est , pour être un moment celui qu’il nous arrange d’être, c’est être de fait celui qu’on a toujours été en puissance.

Plan 3

construit sur « doit-on »

  I. ce n’est pas un devoir social ( la société peut préférer des moutons que des individus), mais c’est une nécessité pour nous : on ne se connaît pas et sans cette connaissance, on ne peut être bien; mais on n’en finit jamais d’apprendre à être soi-même.

 II. on se doit d’être soi-même d’un point de vue social ( il faut être responsable, se maîtriser), d’un point de vue moral ( mentir et se mentir, ce n’est pas bien) et naturel ( être conscient est un privilège qui impose des devoirs),

III. mais pour nous ce n’est pas nécessaire : on n’a pas forcément envie d’en savoir plus ou de se réaliser et de s’affirmer contre les autres, d’autant que ce serait se lancer dans une recherche sans fin ( limites de la conscience et de la connaissance de soi)