Fiche de révision: la conscience et l’inconscient

10 juin 2012 2 Par Caroline Sarroul

La conscience

INTRODUCTION : définitions

– être conscient c’est être présent à soi et au monde ; être là, sentir, prendre acte, ( il y a le froid par exemple) être capable de réagir. C’est la conscience immédiate. Un système sensori-moteur et un système nerveux central en bon ordre suffisent pour être conscient en ce sens.

            Ne pas être conscient en ce sens là, c’est être endormi, ivre mort ou atteint d’une pathologie de la perception. Etre conscient, c’est percevoir.

– être conscient, c’est percevoir qu’on perçoit, se rendre vraiment compte de ce dont on a une conscience immédiate ; ce n’est pas seulement être là, c’est savoir qu’on est là.  C’est ce qu’on appelle la conscience réfléchie, qui fait retour sur ce dont on a une conscience immédiate.

D’où un double mouvement :

distanciation (mettre à distance la sensation de froid qui m’engourdit, me glace, me colle comme un objet pour la pensée, plus seulement comme un vécu , un état. C’est ce qui se passe quand je porte attention à quelque chose dont j’ai par ailleurs la sensation.  Il y a pas seulement le froid, il  y a désormais le froid pour moi.

d’appropriation, de synthèse : il y a aussi moi dans le froid. Percevoir qu’on perçoit, c’est en même temps que l’on prend conscience de l’état de conscience ( distanciation ) , prendre conscience que cet état de conscience est le mien : c’est moi qui ait froid.

Ce qui signifie qu’en même temps que je perçois que je perçois, je m’entraperçois. J e me perçois comme sujet de cet objet ( état de conscience) même si je ne suis pas l’objet de ma conscience.

La conscience réfléchie est donc en même temps que la pleine conscience des choses, la conscience de soi.

            En ce sens, ne pas être conscient, c’est être par exemple comme le somnambule : il perçoit mais ne se perçoit pas percevant et du coup n’a aucune mémoire de ces promenades nocturnes ( ni de compte à rendre) qu’il ne ramène pas à soi ; c’est aussi le cas du schizophrène qui ne ramène pas à lui ses actes, par distraction : il a eu une intention, mais c’est à un autre qu’il prête l’action ; c’est aussi le cas de la distraction pathologique : impossibilité de synthétiser tous les actes et états de conscience.

Cette conscience réfléchie fait :

1)  qu’on est capable de faire retour sur ce dont on a une conscience immédiate : de s’interroger, d’analyser, de douter, donc de penser

2)   qu’on « possède le je dans sa propre représentation », on  se pense comme UN et IDENTIQUE ( Même) sous les divers états de conscience. Sans cela, on se perdrait dans tous nos états de conscience, sentiment de dispersion, d’éclatement. C’est ce qui fait qu’on se représente comme « une seule et même personne »

Texte de Kant, texte 1 p. 100 ( L , P 190) : Kant considère que cette conscience réfléchie est un « privilège humain » donc une qualité essentielle et distinctive de l’homme. Par là, il est « une fin en soi » , a une dignité, une valeur absolue ; l’animal comme un objet n’est qu’un « moyen », a un prix, une valeur absolue ;

3)  qu’on sait que l’on est : Descartes et son cogito.

I. De la conscience de soi à la connaissance de soi

A. Descartes et le Cogito ergo sum.

 – (Texte photocopié) : doute hyperbolique ; hypothèse  du malin génie dans les méditations  Texte 1 p 20 ( L. P24)

– passage du  je sais que je suis au  je sais ce que je suis : une substance pensante , un « res cogitans) : dualisme + sustantialisme

B.  Les critiques de Descartes :

1. Nietzsche ( 1844-1900) : descartes victime de la grammaire Texte 1 P24 (L. P28)

2. Kant ( 1724- 1804) et le paralogisme de la substantialité : penser/connaître, associer à un concept, un fait, une expérience OR Pas d’expérience du moi comme le dit Hume ( 1711-1776) ( Texte 2 p42) ( L p58).

Le je est un « je  transcendantal » : condition de toute expérience possible, mais qui ne peut être l’objet d’aucune expérience.

3. Sartre et la choséification de la conscience : digestion, ramener dans l’intériorité, ramener à soi, vers le sujet, alors que la conscience est toujours conscience de quelque chose , mouvement vers, « connaître, c’est s’éclater vers »  Texte 2 p25 ( L. P 29)

 Ceci dit, cette conscience de soi fait qu’on se sait être un je, une personne, mais elle ne me dit pas qui je suis, avoir un je, ce n’est pas encore avoir un moi ( un moi empirique)

C. De la certitude d’être à la connaissance de soi :

1. La construction de la personnalité

(ensemble de caractères innés et acquis qui me distinguent pas des objets mais des sujets, des autres personnes, qui font que je suis un, même et UNIQUE)

              Si, dès notre naissance, on est distinct objectivement des autres par notre corps, par notre état civil, notre passé, mais on l’est au départ pour les autres, mais pas pour soi. On a une identité objective mais pas subjective

– C’est par un processus de distinction que l’on va se constituer comme n’étant pas les autres : ceci permet l’émergence du moi  (L ,  texte p 52.53)

Puis ensuite on va se découvrir au gré des expériences, des introspections et on va de construire par distinction ( période du non, adolescence), par identification, par correction.

 Ce que nous sommes pour nous ( identité objective) évolue donc avec le temps ( on ne se définit pas de la même manière à 5 ans et 30 ans  ( même si à 70 ans on se définit comme à 5 : avoir et aptitudes), cela dépend de nos attachements : de ce que nous choisissons comme étant nous, comme nous correspondant et définissant, de ce que nous connaissons de nous et voulons bien assumer , faire nôtres

2. La connaissance de soi :

a. les médiations :

le langage : le « je » qui illumine ; l’identité narrative, la parole des autres qui aide à se construire avec ou contre ( mais si langage utilitaire, obstacle pour saisir individuel et intime, nous trompe sur nous-mêmes, les mots font écran et nous laisse dans une « zone mitoyenne » entre nous et les choses ( Bergson)

– les autres : alter ego, à distance pour juger, semblable ( miroir) + Sartre ( la honte) ( 1905-1980)

+ autrui garant de mon identité : l’identité du sujet dans le temps se fonde sur « le témoignage des autres » selon Leibniz dans Nouveaux essais sur l’entendement humain. Ma conscience fonctionne par intermittence, elle est soumise au temps ( j’oublie) mais autrui me rappelle que c’est moi hier qui ait fait cela, même si aujourd’hui je ne l’assume pas ou ne m’en rappelle pas d’où identité morale de la personne

– nos œuvres : cogito pratique de Hegel (1770-1831). Fin de la dialectique.    Texte 3 p 63 ( L,  P105)

b. les obstacles :

Nous sommes à nous même notre propre obstacle (même si on peut penser avec André gide dans les nourritures terrestres que « connais toi toi-même » est « une maxime aussi pernicieuse que laide » car « quiconque s’observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à bien se connaître ne deviendrait jamais papillon » car le moi superficiel, social auquel on s’identifie empêche  le moi profond de s’exprimer et réaliser : deviens ce que tu es, disait en ce sens , Nietzsche)

– nous sommes en permanente construction et refonte, cherchant toujours à coïncider avec ce que nous pensons, souhaitons être. Or la connaissance présuppose un objet défini et fini. Etre un je ne suffit pas, j’aspire à être moi, à être moi-même : moi pour moi avant d’être moi pour les autres ( on peut être soi-même pour les autres sans l’être pour soi)

– le manque de distance par rapport à soi :  si la conscience est « dévoilante », elle fait de nous des « détecteurs de l’être » à défaut d’en être les créateurs ; exemple du paysage, ( Sartre, p 26, L P 30) , elle est en quelque sorte aveugle sur elle-même comme l’œil qui voit tout mais ne peut se voir lui-même.

Absence de distance critique : COMTE ( 1708-1857)  texte 3 p 43 , ( L p59)

– le fait que la conscience fasse en même temps que la grandeur de l’homme sa misère :idée de la conscience malheureuse, qui fait qu’on n’a pas vraiment ou souvent de désir de se connaître, car à la fois on en sait déjà TROP et PAS ASSEZ . D’où fuite de soi dans le divertissement ( di-vertir regarder ailleurs, être affairé… Texte 2 p 460            ( texte 2 p118, L)

( photocopie du livre + textes de PASCAL( 1623-1662) , Texte 1 p 22 ( P 26, L)

– superficialité de notre conscience qui est né que tardivement par besoin d’assistance, de communiquer pour survivre. Texte  3 p23 ( L ; p27) , d’où absence de transparence, de translucidité de la conscience que renforce la théorie psychanalytique freudienne.

 

II. l’hypothèse de l’inconscient

A. non- conscient  et inconscient :

L’inconscient est au départ un adjectif qualifiant des états, des perceptions, des motifs, des connaissances. Bien avant freud, on parle de cela :

– au quotidien pour qualifier le somnambule, l’irresponsable ( moral)

– en philosophie : théorie de la réminiscence de Platon, Leibniz (1646-1716) et les perceptions inconscientes car perçues mais trop petites ou trop nombreuses, pour qu’on perçoive qu’on perçoit – texte p. 30 ( L p38), Schopenhauer qui suggère l’idée que la cause de nos volontés nous échappe : nous croyons vouloir mais en réalité ça veut en nous,

– en neurologie : Charcot ( 1825-1893) et Janet (1859-1947), la distraction pathologique chez les hystériques ( faculté de synthèse altérée), les phénomènes post-hypnotique

D’où l’idée de subconscient= conscience affaiblie, obscure= absence de conscience réfléchie.

MAIS ici ON PENSE LE PSYCHISME= CONSCIENCE, OR FREUD (1856-1939) pense le psychisme comme composé de 2 parties : une consciente et une inconsciente, échappant radicalement à la conscience.

B. L’hypothèse freudienne 

1. le cas Anna. O dans Etudes sur l’hystérie de Freud et Breuer ( 1842-1925)

Anna O.,

L’hystérique souffre de réminiscence d’un retour du passé sans conscience de son caractère passé : texte 1 p 36 ( L p44) + somatisation + effet cathartique de la parole ( même sous hypnose)

2. le contenu de l’inconscient et la structure du psychisme

– Refoulement primaire et secondaire ; 1 et 2ème topique (1920)    schéma p.44 ( L p.60)

-La notion de refoulement a trouvé en Bergson un illustre défenseur, qui a résumé dans quelques phrases, avec un bonheur et une simplicité sans pareils, le long développement de la littérature freudique et exprimé la vérité psychologique :

“Ce que nous avons senti, pensé, voulu depuis notre enfance est là, penché sur le présent qui va s’y joindre, pressant contre la porte de la conscience qui voudrait le laisser dehors. Le mécanisme cérébral est précisément fait pour en refouler la presque totalité dans l’inconscient et pour n’introduire dans la conscience que ce qui est de nature à éclairer la situation présente, à aider l’action qui se prépare, à donner enfin un travail utile. Tout au plus, des souvenirs de luxe arrivent-ils, parla porte entrebâillée, à passer en contrebande. Ceux-là, messagers de l’inconscient, nous avertissent de ce que nous traînons derrière nous sans le savoir. Mais lors même que nous n’en aurions pas l’idée distincte, nous sentirons vaguement que notre passé nous reste présent. Que sommes-nous en effet ? Qu’est-ce que notre caractère, sinon la condensation de l’histoire que nous avons vécue depuis notre enfance, avant notre naissance même, puisque nous apportons avec nous des dispositions prénatales ? Sans doute nous ne pensons qu’avec une petite partie de notre passé, mais c’est avec notre passé tout entier, y compris notre courbure d’âme originelle, que nous désirons, voulons, agissons. Notre passé se manifeste donc intégralement à nous par sa poussée et sous forme de tendance, quoiqu’une faible part seulement en devienne représentation.”

– la théorie de la sexualité :

« nous considérons comme appartenant au domaine de la sexualité toutes les manifestations de sentiments tendres découlant de la source des émois sexuels primitifs, même lorsque ces émois ont été détournés de leur but sexuel originel ou qu’un autre but non sexuel est venu remplacer le premier. C’est pourquoi nous préférons parler de psycho sexualité, soulignant ainsi qu’il ne faut ni négliger, ni sous-estimer le facteur psychique » (S. Freud, 1922)

Ainsi, pour Freud, la sexualité comprend bien plus que l’acte de procréation et se manifeste

dès l’enfance sous une forme prégénitale ; il emploie alors de terme de « sexualité infantile ».

«Le contenu de la notion de « sexuel » ne se laisse pas définir facilement. On pourrait dire que tout ce qui se rattache aux différences séparant les sexes est sexuel, mais ce serait là une définition aussi vague que vaste. En tenant principalement compte de l’acte sexuel lui-même, vous pourriez dire qu’est sexuel tout ce qui se rapporte à l’intention de se procurer une jouissance à l’aide du corps, et plus particulièrement des organes génitaux, du sexe opposé, bref tout ce qui se rapporte au désir de l’accouplement et de l’accomplissement de l’acte sexuel. Mais en faisant de la procréation le noyau de la sexualité, vous courez le risque d’exclure de votre définition une foule d’actes qui, tels que la masturbation ou même le baiser, sans avoir la procréation pour but, n’en sont pas moins de nature sexuelle»

«Cette extension du concept de sexualité est d’une double nature. En premier lieu, la sexualité est détachée de sa relation bien trop étroite avec les organes génitaux et posée comme une fonction corporelle embrassant l’ensemble de l’être et aspirant au plaisir, fonction qui n’entre que secondairement au service de la reproduction ; en second lieu, sont comptés parmi les émois sexuels tous les émois simplement tendres et amicaux, pour lesquels notre langage courant emploie le mot « aimer » dans ses multiples acceptions. Je prétends seulement que ces élargissements du concept de sexualité ne sont pas des innovations, mais des restaurations, qui signifient la levée de rétrécissements injustifiés du concept, rétrécissements auxquels nous nous étions laissé induire.» D’où l’usage du mot pansexualisme pour désigner la doctrine freudienne.                                                                 (S. Freud, Ma vie et la psychanalyse)

3. les manifestations de l’inconscient :

Ex. cas élisabeth :  p 32  (L  p 40)

4. la démarche psychanalytique

C. Critiques de cette hypothèse

Freud savait que son hypothèse serait difficile à admettre : 3ème blessure narcissique + sexualité, sujet tabou, malgré son efficacité thérapeutique et sa fécondité herméneutique ( elle permet d’éclairer beaucoup de choses : le malaise dans la civilisation, les interdits fondamentaux, la religion, …)

1. du point de vue épistémologique : POPPER

2. du point de vue moral : ALAIN

3. un exemple de mauvaise foi : Sartre.