Fiche de révision: la liberté

7 juin 2012 0 Par Caroline Sarroul

 

 

Thèse: Être libre n’est pas être indépendant mais être, autant que faire ce peut, autonome dans l’interdépendance.

 

De la même manière que

-la liberté n’est pas dans l’indétermination et l’indifférence (Descartes, la liberté d’indifférence comme « plus bas degré » de la liberté

-et qu’elle peut être dans la compréhension de la nécessité ( Spinoza et Stoïciens) et l’acceptation de certaines déterminations (par ex. la  connaissance selon Descartes, qui rend le choix réellement possible et plus libre)

de même

-la liberté n’est pas dans l’ ANOMIE, c’est-à-dire l’absence de lois d’où désordre, anarchie et licence

-mais peut être dans l’obéissance à la loi, si cette loi n’est pas imposée et dictée par quelque chose d’autre que soi, de l’extérieur ; donc SI elle vient de moi-même ou SI je peux la reconnaître comme mienne

DONC  CE QUI S’OPPOSE A LA LIBERTE, CE N’EST PAS LA LOI MAIS L’HETEROMIE , la loi venant de l’autre. Et  être libre c’est être autonome , c’est-à-dire maître de soi et son propre législateur.

A partir de là, on peut comprendre la liberté morale, politique et de penser ( qui ne sont que 3 variations sur le même thème!!)

 

  •     liberté morale ,

En général, on considère que celui qui fait son devoir est soumis ou à sa conscience, ou à une morale sociale ou religieuse. Il est prisonnier de la morale, par opposition à celui qui sans foi, ni loi serait libre.

KANT va lui montrer que celui qui fait son devoir est libre et c’est parce qu’il est libre qu’il est précisèment moral . Pour lui, la volonté est , distincte du désir, la faculté de choisir ce que la raison juge bon , elle est l’application de la raison et de ses impératifs, elle est « raison pratique ». (Le langage commun fait déjà la différence entre volonté et désir, celui qui a de la volonté est soit celui qui a un désir dominant , soit celui qui est capable de résister au désir , à la tentation.)

Ces impératifs peuvent être de 2 types, soit HYPOTHETIQUES, soit CATEGORIQUES :

–                    dans le premier cas, la raison indique ce qui pourrait être de règles pour atteindre un objectif donné. Si….., alors il faut….. . La raison indique alors une principe d’habileté à la volonté qui va le choisir pour atteindre un but proposé soit par le désir, soit par la situation, … bref de l’extérieur. La volonté est alors dans l’HETERONOMIE .

–                    dans le second cas, la raison indique, ce qui DOIT être la règle. Elle définit à la fois le but et le moyen ou plutôt la forme du moyen, le contenu étant déterminé par la volonté, par moi. Si la volonté  respecte cet impératif , c’est uniquement par qu’elle le doit , dc par pur respect pour la loi morale, le devoir ; elle est alors dans L’AUTONOMIE. Ces deux impératifs sont :

-« agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »  -« agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien en ta personne que dans la personne de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours en même temps qu’une fin »

Ils définiseent donc la forme et la condition de la maxime, mais le contenu reste défini par la volonté d’où liberté.

  • liberté politique

on oppose la loi de l’Etat et la liberté pour 2 raisons essentielles :

-soit parce que la loi est illégitime, simple expression de la force et de l’arbitraire, donc on y est soumis comme à un maître, d’où absence de liberté

-soit parce on confond liberté et indépendance et on en reste à une vision de la liberté comme devant être illimitée, totale.  Mais ,

-l’indépendance dans la solitude est irréaliste et contre-nature

-comme l’homme vit forcément en société , « quand chacun fait ce qui lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît aux autres », or la liberté ne peut être destructrice d’elle-même, ni être réduite à la licence, ni dépendante des forces de chacun, sachant qu’on est jamais toujours le plus fort.

-même hors de la société , à l’hypothétique état de nature , la liberté n’est pas illimitée.

DONC « la liberté consiste moins à faire sa volonté( au sens de désir)  qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui » Rousseau. Lettre sur la montagne

Or,

sans loi, c’est l’anarchie et les rapports de force et soumission ou domination mais « régner, c’est obéir » à ses désirs ou « à la loi naturelle qui commande à tous »

DONC

On est obligé de reconnaître qu’ « il n’y a pas de liberté sans loi, ni là où quelqu’un est au-dessus des lois » et c’est le cas, si les lois sont ce qu’elles doivent être expression de la VG statuant en général au nom de l’intérêt commun. Et , si on est dans le cadre d’une démocratie, alors j’obéis à des lois que j’ai moi-même faites

DC AUTONOMIE, « la liberté est l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite » Rousseau.

  •   la liberté de penser

En général on pense qu’on peut nous ôter la liberté de choix et d’action / mouvement, mais qu’on ne peut pas nous ôter la liberté de penser, d’où image du prisonnier dans son cachot qui s’évade par la pensée. Il est vrai qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un de penser , PAR CONTRE, on peut l’empêcher de penser par soi-même par l’endoctrinement, l’idéologie dominante (Marx) mais aussi en le privant d’éducation ou en réduisant cette éducation à un dressage, en ne lui donnant pas la maîtrise des mots , en interdisant la liberté d’expression, empêchant ainsi l’exposé de la pluralité des idées, le dialogue, la prise de conscience commune …. . Or on ne peut que difficilement isolé se rendre compte des illusions et manipulations (Ex. allégorie de la caverne, l’esprit de l’autre comme « pierre de touche » de la vérité , selon Platon pour le dialogue) . Penser, ce n’est donc pas forcément penser par soi-même, et penser par soi-même , ce n’est pas non plus délirer ou penser n’importe quoi, c’est construire un raisonnement conforme aux lois de la raison, à portée universelle. Car si l’opinion , pseudo-pensée est subjective ou commune , la pensée elle a vocation universelle.

Conclusion : le sentiment de liberté n’est pas une preuve de liberté et les preuves de liberté avancées en général n’en sont pas (I). Elles montrent plutôt notre ignorance de nous-mêmes et de la liberté qui peut être la nôtre. Nous naissons libres, mais nous avons à réaliser cette liberté en travaillant à mieux maîtriser nos choix et à mettre en place les conditions extérieures de leurs réalisations. Etre libre c’est d’abord se libérer et en premier lieu de la peur d’être libre puis en second lui d’une liberté rêvée qui nous détourne de la vraie liberté. « Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme »