Comment se passe l’oral de rattrapage de philo?

5 juillet 2018 1 Par Caroline Sarroul

Je sais , les résultats ce n’est que pour demain , 6  juillet vers  9 H!

Et le rattrapage, c’est ce à quoi on ne veut même pas penser quand on est en train d’attendre que les résultats tombent, après avoir attendu les épreuves et d’en arriver à cette classe de terminale qui était la promesse de sortir des murs du lycée et de la chambre dans la maison familiale! Finalement on est bien incapable de demeurer dans l’instant présent, comme le soulignait en son temps Blaise Pascal y voyant une des raisons d’être de notre malheureuse condition!

Mais je voudrais vous éviter ça!

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 Et je sais aussi que rien ne fait plus peur que l’inconnu!

Ce qui est absurde en soi car comment avoir peur de ce qu’on ne connaît pas et qu’on ne peut déjà considéré comme un danger avant même d’en avoir fait l’expérience ( à moins de voir le mal partout!). On pourrait en théorie avoir peut-être  de l’angoisse, car on est alors face à un ensemble de possibles indéterminés ou face à ce qu’on pourrait faire, car si on ne sait pas de quoi demain sera fait, on sait ce qu’on est, ce qu’on a déjà fait  et ce dont on est capable, c’est-à-dire de tout!  Mais si l’infinité des possibles peut  angoisser, seul un danger bien déterminé peut faire peur!

Et pourtant, c’est un fait,  l’inconnu fait peur, pourquoi?

parce que n’étant pas connu,  il laisse libre cours à l’imagination et du coup, s’il ne fait pas peur en lui-même, il nous permet de nous faire peur tout seul et d’avoir peur d’avoir peur!

C’est ce que souligne trés justement Alain:« Il n’y a point d’autre peur, à bien regarder, que la peur de la peur. Chacun a pu remarquer que l’action dissipe la peur, et que la vue d’un danger bien clair la calme souvent ; au lieu qu’en l’absence de perceptions claires, la peur se nourrit d’elle-même, comme le font bien voir ces peurs sans mesure à l’approche d’un discours public ou d’un examen ».

Alors quel est le danger lors d’un oral de rattrapage ?

Le danger, c’est de mal choisir les deux matières que l’on va repasser ( les matières déjà passées à l’oral pour les épreuves du premier groupe, ainsi que les matières passées en première ne pouvant être reprises au rattrapage!)

Le moment du choix est toujours délicat!

On vient d’apprendre que l’on n’a pas eu le bac du premier coup, d’où des émotions diverses  et il faut réagir de manière trés rationnelle ( « ratio « = calcul)

On voit les points qu’il manque ( 1 jusqu’à plus de 70) et on a les notes de l’écrit sous les yeux. Alors commencent les calculs : entre la note obtenue et celle que je peux espérer à l’oral ( les points rattrapés étant la différence entre  la note qu’on aura à l’oral de rattrapage et la note obtenue à l’écrit, à multiplier par le coefficient de la matière; par ex. j’ai 40 points à rattraper, j’ai eu 10 en philo à l’écrit et si j’ai 15 à l’oral de rattrapage et que je suis en L, j’aurais rattrapé 5 fois 7 , 35 points, il ne me reste que 5 points à aller gagner en littérature! )

Il ne faut pas se tromper et bien prendre conseil auprès de ses profs ( même si c’est vraiment pas le jour où on a envie de les voir!! Ni eux ni personne d’ailleurs!!) pour élaborer la stratégie la plus payante!

Alors quel est le danger lors d’un oral de rattrapage de philo?

  1. le danger dépend de la série dans laquelle vous êtes! Evidemment en série L, les attentes de celui qui va vous interroger seront plus grandes que si vous êtes en séries ES ou S. Dans ces séries, les candidats sont plus rares, l’enjeu moins grand au regard du coefficient  et le professeur convoqué pour cette ultime épreuve sera content de vous recevoir , de toute façon il est bloqué pour la journée devant attendre les délibérations finales! Alors si  vous êtes dans ses séries, avec peu de points à rattraper et que vous avez assez bien compris le texte, n’hésitez plus! En L, vous n’aurez peut-être pas le choix, si vous avez beaucoup de point à rattraper!
  2. le danger dépend aussi des textes présentés: s’il s’agit d’un texte trés connu comme Du contrat social de Rousseau, la lettre à Ménécée d’Epicure, le discours de la méthode  de Descartes…c’est peut-être plus dur de convaincre! En effet, le professeur ne peut ignorer ce texte, sait déjà à l’avance où sont les difficultés et les questions qu’il va vous poser, après votre explication de texte. Par contre s’il s’agit d’un texte moins classique ( ceux de Arendt, Russell ou des dialogues mineurs de Platon… la liste n’est pas exhaustive!), il aura le plaisir de découvrir le texte, devra s’en faire une idée en quelques minutes et les questions vont lui venir au fur et à mesure de votre explication. Vous aurez donc son ignorance ( toute relative! C’est tout de même un prof de philo qui connaît presque tous les auteurs, même s’il ne connaît pas ce texte ou l’a lu, il y a bien longtemps!), sa nostalgie et sa curiosité de votre côté! Donc si vous présentez un texte peu classique, n’hésitez pas mais ne dédaignez pas pour autant  les révisions; si vous présentez un texte classique, soyez encore plus rigoureux dans vos révisions!
  3. le danger dépend aussi de votre attitude: évitez d’arriver trop décontracté en bermuda et tongs avec un stylo dans une poche et un bout de feuille pliée dans l’autre pour le brouillon! Il faut donner l’impression d’un candidat conscient de l’enjeu et soucieux de faire tout ce qu’il peut, sans pour autant surjoué avec une voix chevrotante, la main tremblante! Ceci dit dans ces cas-là, le stress peut aussi expliquer ces signes extérieurs de panique intérieure!
  4. le danger dépend de votre maîtrise du texte et de votre capacité à occuper « le temps verbal imparti »: au moins vous avez à dire, au plus on vous posera de questions d’abord sur le texte, puis autour du texte, donc votre objectif est de monopoliser la parole le plus logtemps possible, sans tomber pour autant dans le bavardage, le prof verra tout de suite la ruse et vous coupera la parole!

Comment se déroule l’épreuve de philo?

  1. Vous arrivez avec votre convocation, votre carte d’identité, votre liste de textes signé par votre prof et deux exemplaires des oeuvres étudiées, un pour vous et un pour le prof qui va vous interroger
  2. il choisit un texte dans cette liste ou un extrait ( pas de hors liste possible!)
  3. vous avez 20 minutes de préparation
  4. vous passez une épreuve de 20 minutes
  • inutile de lire le texte sauf s’il est extrêmement court ( 10  lignes) ou si le prof vous le demande, bien sûr!
  • vous commencez votre exposé par

– une présentation trés rapide de l’auteur ( dates de vie et de mort, éventuellement courant de pensée auquel il appartient…) : 1 ou 2 phrase suffisent, à moins que des éléments de cette présentation permettent de comprendre le texte

une présentation de l’oeuvre dans sa globalité ( date de publication, sa place dans l’ensemble de l’oeuvre si cela est important, thème et thèse qui y sony défendus!

une présentation de l’extrait dans l’oeuvre  ( sa place dans l’oeuvre en exposant brièvement ce qui a été dit avant pour montrer où nous en sommes dans l’argumentation ou le questionnement de l’auteur)

– présentation du texte en lui-même: énoncé de l’idée principale, proposition rapide d’un plan avec les idées directrices de chacune des parties pour souligner la cohérence de l’ensemble

explication de chacune de ces parties en les précisant bien ( « donc le texte s’ouvre aux lignes 1 à 5 sur l’idée que…. ) et en entrant le plus possible dans le détail des idées ( « …c’est-à-dira que l’auteur veut ici nous dire que… et donc…. ») et en n’hésitant pas à étayer votre explication sur d’autres auteurs ( « Ici on retrouve une idée de Kant… ») en veillant à bien respecter la chronologie ( on ne peut pas retrouver Kant chez Platon, mais Platon peut annoncer Kant) ou sur ce que dit l’auteur dans d’autres oeuvres.

– Pour finir, une synthèse avec rappel de la thèse, des principaux arguments et de la logique administrative.

Si les 20 minutes ne sont pas épuisées, le prof vous posera alors des questions

sur un point du texte pour vous demander de préciser votre explication ou vous donner la chance de vous reprendre si celle-ci n’était pas satisfaisante

sur la thèse du texte: en vous demandant ce que vous en pensez, ce que d’autres philosophes en pensent, quelles sont les critiques possibles

autour du thème du texte pour tester vos connaissances en philosophie ( références, définitions, etc…)

Voilà, c’est fini et vous aurez, j’espère, rattrapé vos points manquants et partirez  le soir même ou le soir du deuxième jour de rattrapage, avec le bac en poche!