Un souvenir

Lorsque l’on m’a proposé d’écrire sur les rapports hommes-femmes et sur le regard que mes élèves portent dessus… J’ai immédiatement pensé à la semaine du 8 mars 2021. Les membres du CVL (Conseil de la Vie Lycéenne) avaient organisé des interventions au sein de différentes classes (dont l’une des miennes) pour attirer l’attention de leurs camarades, notamment, sur les violences domestiques faites aux femmes et aux enfants. On était en plein confinement et ce type de violences ne cessait d’augmenter. On en parlait enfin beaucoup.

D’abord, j’ai cru que les élèves (des 1eres spécialité Anglais Monde Contemporain) ne seraient pas trop réceptif·ves, ou peut-être pas trop informé·e·s sur le sujet. J’ai eu tort de penser ainsi.

Cette intervention a donné naissance à une discussion que je n’aurais jamais eu avec eux·elles autrement. Les élèves ont été sensibles à ces violences domestiques et ont aussi pu exprimer leurs doutes et leurs frustrations. Iels se sont confié·e·s et ont fait part des pressions qu’iels pouvaient subir en tant que garçons ou en tant que filles. On a pu parler des clichés qui irriguent encore notre monde à savoir : « les garçons ne pleurent pas », « les garçons et les filles ne peuvent jamais être ami·e·s, ce n’est pas possible, il doit forcément y avoir une attirance à un moment », « les filles doivent être plus respectueuses des autres » etc. J’ai été très heureusement surprise de constater que les garçons prenaient part activement à la discussion et l’alimentaient. J’ai même appris que beaucoup parlaient de ces stéréotypes et du rôle qu’ils étaient censés jouer, en tant que jeune homme, avec leur père ou leur frère.

Un espoir

J’ai des élèves, cette année encore, assez sensibles aux questions de genre, de sexualité, de discriminations… On me parle souvent de non-binarité, de pressions que les femmes et que les filles subissent au quotidien ou au sein même du lycée.

Quand je compare avec ma propre expérience quand j’avais leur âge, je vois que la parole commence à se libérer peu à peu. J’ai l’impression que mes élèves sont plus ouvert·e·s d’esprit et plus inclusif·ves que les personnes que je côtoyais quand j’étais au lycée et iels sont bien plus informé·e·s que je ne l’étais sur ces questions.

Bien entendu, je parle des élèves que j’ai en face de moi en ce moment mais j’ai bien sûr eu mon petit lot d’élèves ouvertement misogynes et fiers de l’être, mais heureusement, cela demeure rare !

Comment je parle de cela en cours ?

Je constate que les élèves demandent de plus en plus à parler d’enjeux qui les touchent, qu’iels peuvent associer à ce qu’iels ont vu sur les réseaux sociaux comme TikTok. Je pense par exemple à des phénomènes de sociétés tels que le body positive movement ou encore les luttes contre la transphobie. Les élèves ont bien conscience que lutter pour les droits des femmes, c’est aussi lutter contre toute forme de discrimination.

En cours de langues, l’égalité hommes-femmes est souvent abordée par le biais des luttes féministes pour l’égalité des salaires. J’ai fait une séquence il y a peu portant sur la représentation des femmes dans les séries télé (House of Cards, Killing Eve…), les films (Thelma and Louise) et dans les livres pour jeunes adultes. D’elles-mêmes et d’eux-mêmes, les élèves m’ont parlé du male gaze (le regard masculin stéréotypé porté sur les femmes) ou encore d’émancipation féminine.

On montre aussi fréquemment le discours d’Emma Watson aux Nations Unies que l’actrice a prononcé en 2014 pour promouvoir les égalités hommes-femmes. J’ai aussi pu montrer un discours que Michelle Obama avait prononcé le 8 mars 2021 ou encore un extrait Why We Should All Be Feminists de Chimamanda Ngozi Adichie. Et, tout comme cette intervention du CVL en mars 2021, je tiens aussi à intégrer les garçons dans cette conversation nécessaire.

 

Enfin, je garde toujours à l’esprit un article lu pendant mes études, expliquant que les professeur·e·s avaient tendance à accorder davantage la parole aux garçons qu’aux filles. Ce constat m’avait terrifiée. Alors j’essaye de vraiment faire attention à la façon dont je répartis la parole en cours. Je veille à ce que certains éléments ne se sentent pas étouffés par d’autres. En tant que professeur·e·s, c’est notre devoir de signaler immédiatement le moindre écart discriminatoire auquel on peut être confronté·e·s.

 

Une chronique d’Astrid Fizyczak

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