Que vient faire Darwin dans la réforme ?

Non, rassurez-vous, je ne vais pas traiter du nouveau programme de SVT. Alors pourquoi Darwin ?

Et bien, il se produit quelques fois des rapprochements incongrus dans le quotidien qui tiennent plus de la collision que de la rencontre.

paon

Comme dans le grand collisionneur du CERN,  il en naît, au delà de l’explosion une gerbe d’éléments qui composent les briques élémentaires de cette « matière » éclatée. Un grand flash qui vous éclaire comme une fulgurance…

Car en ce moment, je traite « l’évolution » (avec mes secondes et mes terminales) – « Bravo » vous dites-vous, quand vous êtes prof de SVT, « il tient son programme ! »

Mais pour les autres : Où est la gerbe d’étincelles ???

Eh bien, elle surgit de cette rencontre, improbable, avec la réforme du lycée.

En effet la DHG vient de tomber ! (ndlr : Dotation Horaire Globalisée)

Aïe !

Non pas pour elle ! Mais pour nous !

Négociations

Nous qui nous engageons maintenant dans la phase délicate (et parfois douloureuse) de négociation entre disciplines et avec la direction.

Évolution/négociations des horaires (disons « évonégo » pour faire du néologisme), quel est le lien ?

Darwin ne connaît rien à la réforme (évidemment, il est mort depuis longtemps !!), mais pourtant. Il a posé quelques bases des mécanismes de l’évolution et finalement, ça colle pas mal à ce que l’on peut observer dans nos établissements.

Le premier, le plus connu, mais le moins compris (que d’idées fausses sur ce concept) :  la sélection naturelle.

Rassurez-vous, je vais faire court.

La sélection naturelle

Dans un milieu, quand un individu présente un caractère qui l’avantage (survivre mieux, être plus efficace pour se reproduire) il a plus de descendants et donc le caractère qu’il porte devient de plus en plus fréquent dans les générations successives.

Jusqu’ici vous me suivez ?

Évidemment, ça dépend beaucoup du milieu.

En effet, si le milieu exerce une forte pression (beaucoup de prédateurs, pas assez de nourriture pour tout le monde), la sélection naturelle est plus forte.

Si le milieu change (par exemple le climat), les caractères avantageux ne sont plus les mêmes et on assiste à un changement drastique chez les descendants. À tel point que certaines espèces peuvent disparaître.

Là je sens je vous ai perdu (si si, avouez !).

Allez, passons au concret maintenant !

Une grosse météorite, de fortes éruptions volcaniques, et hop ! Au revoir les dinosaures ! Et voilà de la place pour les petits mammifères qui vivaient dans leur ombre.

Remarquez : un groupe de dinosaures a survécu : les oiseaux.

Alors, vous voyez où je veux en venir ?

Dans les négociations qui sont entamées actuellement, la sélection naturelle est à l’œuvre.

Le changement de programme, finalement, c’est un changement de milieu.

La pression du milieu devient très forte (avec les pertes d’heures conséquentes dans beaucoup d’établissements comme le mien) et la lutte pour la survie de nos disciplines s’engage.

Ainsi, qui aurait pu prévoir que le dinosaure que représente les mathématiques (jusqu’alors avantagé dans le milieu) se retrouve menacé d’extinction ?

Bon j’exagère un peu. La météorite n’est pas si grosse. Mais elle devrait faire pas mal de dégâts.

On devrait conserver, cependant, quelques « oiseaux » (les maths complémentaires).

La place est libre, alors, pour exploiter la niche écologique qui se libère ?

À vrai dire, la lutte est féroce, car la niche s’est réduite entre temps !

À la guerre comme à la guerre

Les prédateurs des disciplines voisinent rodent (c’est la guerre !) et la nourriture (les heures à se partager) est moins abondante.

À chacun de montrer ses caractères avantageux à la direction qui s’occupera de la sélection  (« Regardez M/Mme le/la Proviseur(e) : c’est dans le programme ! »)

Qui héritera des heures à effectifs dédoublés, pardon, réduits ?…(ndlr : classe divisée par 2 = dédoublée, classe – 2 élèves =  réduit)

Il paraît que les meilleurs sauces sont celles qui ont été réduites…

Un deuxème mécanisme a été énoncé par Darwin, mais il est moins connu, et pourtant plus « glamour ». Il s’agit de la sélection sexuelle.

Là, je sens que j’ai retrouvé votre attention.

Faire la roue

Pour résumer : certains caractères n’avantagent pas pour la survie, mais par contre favorisent l’accouplement et la reproduction. Donc ils seront de plus en plus présents dans les générations successives.

Un exemple : le paon.

La taille des plumes qui lui servent à faire la roue est un handicap pour s’envoler rapidement et échapper aux prédateurs, mais lui donne un avantage pour séduire une femelle. Il en va de même pour les parades nuptiales (qui nécessitent de développer beaucoup d’énergie).

Pour les négociations qui sont actuellement à l’œuvre, c’est la même chose !

Ainsi, si l’on ne peut prétendre à avoir un programme qui vous avantage, alors il va falloir « faire la roue » ou engager une parade nuptiale (fort coûteuse en énergie) pour séduire la direction.

Monter des projets séduisants (je n’ai pas dit racoleurs), organiser des concours, des expos, camper devant le bureau du proviseur.

Bref, dépenser beaucoup d’énergie, mais cela est nécessaire pour pouvoir continuer à être présent dans les années à venir.

Je vous entends dire, il fait du « Darwinisme social » on n’est pas loin de la « lutte des classes disciplines ».

Et vous avez raison.

D’un point de vue purement scientifique, je dois bien avouer que j’ai exclu d’autres mécanismes évolutifs qui, depuis Darwin, ont été mis en évidence.

Enfin, je me dois de reconnaître que le trait est franchement exagéré mais ce n’est que pour souligner délicatement les tensions (inéluctables ?) de la réforme qui s’engage (avec une petite pensée pour mes collègues de maths).

Une chronique de Damien THOMAS (toujours en course pour la survie)

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