Ça s’en va et ça revient

C’était passé et voilà que ça revient ! Pas plus tard qu’hier, une question en voie de disparition, un commentaire dépassé : « Mais madame, on fait du français là ? » En une fraction de seconde, le conflit ancestral de la matière et de l’anti-matière était de retour.

combat-matiere

Retour en arrière. J’explique la situation : je travaille en ce moment avec mes élèves de quatrième sur les médias. Avant les vacances, je leur demande d’effectuer un sondage sur ce thème, dans le collège. Les congés passent, vient la rentrée : je donne pour consigne d’analyser les résultats obtenus, de les transposer en pourcentages, d’en faire enfin un article de presse.

Premier round

C’est là précisément que le combat commence. La « matière » assène un premier coup, alors qu’un élève tente d’expliquer aux autres les fondements du produit en croix, une voix sortie de nulle part : « Là c’est clair on ne fait plus du français… »

C’est vrai, on est « en français », mais on ne fait plus « du français ». En fait, c’est souvent qu’on ne fait pas du français, et c’est de plus en plus fréquent. Souvent, on fait de l’histoire, avec les 3e (Seconde Guerre mondiale oblige), mais pas que ! En ce moment, on plonge dans le Moyen-Âge avec les 5e et les chevaliers ; juste avant, on a fait de la géo, placer la Grèce et Troie sur une carte. Souvent, on fait des Arts plastiques : du mail art, des boîtes à lecture, du street poem… Et oui, les maths, on les utilise aussi, on fait des pourcentages, des patrons de dés pour le jeu de l’oie spécial français…

« Bien sûr qu’on ne fait pas du français. Mais on ne peut pas faire QUE du français. » Et c’est là que je leur explique pourquoi : on s’efforce de concevoir la vie, l’existence, pour qu’elle entre dans les cases qui nous rassurent. On est POUR ce qui rassure, c’est humain. Seulement, la vie dépasse, elle déborde des cases, sort du cadre, pas nous, elle. La vie est un fourre-tout. L’école n’est pas pareille.

Dans la vie quotidienne, on a besoin de tout et tout le temps. L’anti-matière riposte !

Deuxième round

Et pourtant, la « matière » a un sens, ses motivations sont louables. Des professeurs formés dans un domaine, pour lequel ils sont davantage passionnés. Des experts de leur matière et dans leur matière. Des théoriciens chevronnés, à même d’enseigner, de transmettre leur savoir dans leur domaine. La matière, c’est le savoir pur. « Et bim », un point en faveur de la matière.

Mais aussi, de façon très pragmatique, l’emploi du temps pose un cadre, administratif, en plus d’être rassurant pour nos élèves. D’ailleurs, nos collègues qui enseignent à l’école primaire le pratiquent aussi, cet emploi du temps par matières, bien qu’ils soient les interlocuteurs privilégiés des élèves pour la plupart d’entre elles.

Face à l’évidence du match nul, ou de l’absence de match, finalement, quelles pourraient être les alternatives à la « matière » au collège ?

« Bi ou poly-matière » ?

« Pédagogie de projet » appliquée à l’emploi du temps (enseignement polytechnique) ?

« Ateliers : civiques, techniques, artistiques… » ?

Ceci est un autre débat ! Et fera peut-être l’objet d’une autre chronique 😉

Une chronique de Marine Vendrisse

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